Si, dans certains cas, la solidarité organique n’est pas tout ce qu’elle doit être, [...] c’est que toutes les conditions d’existence de la première ne sont pas réalisées.
1893
Source: La division du travail social
Quand vous en avez marre de lire des idiots vivants.
David Émile Durkheim (15 avril 1858 – 15 novembre 1917) était un sociologue français. Il a officiellement établi la discipline académique de la sociologie et, avec Karl Marx et Max Weber, est communément cité comme le principal architecte des sciences sociales modernes.
Si, dans certains cas, la solidarité organique n’est pas tout ce qu’elle doit être, [...] c’est que toutes les conditions d’existence de la première ne sont pas réalisées.
1893
Source: La division du travail social
Pour que la solidarité organique existe, il ne suffit pas qu’il y ait un système d’organes nécessaires les uns aux autres [...], mais il faut encore que la manière dont ils doivent concourir [...] soit prédéterminée.
1893
Source: La division du travail social
Le contrat n’est qu’une trêve et assez précaire ; il ne suspend que pour un temps les hostilités.
1893
Source: La division du travail social
Le rôle de la solidarité n’est pas de supprimer la concurrence, mais de la modérer.
1893
Source: La division du travail social
Les habitudes, à mesure qu’elles prennent de la force, se transforment en règles de conduite. Le passé prédétermine l’avenir.
1893
Source: La division du travail social
La règle ne crée donc pas l’état de dépendance mutuelle où sont les organes solidaires, mais ne fait que l’exprimer d’une manière sensible et définie.
1893
Source: La division du travail social
Si la division du travail ne produit pas la solidarité, c’est que les relations des organes ne sont pas réglementées ; c’est qu’elles sont dans un état d’anomie.
1893
Source: La division du travail social
L’état d’anomie est impossible partout où les organes solidaires sont en contact suffisant et suffisamment prolongé.
1893
Source: La division du travail social
Le producteur ne peut plus embrasser le marché du regard, ni même par la pensée ; il ne peut plus s’en représenter les limites, puisqu’il est pour ainsi dire illimité.
1893
Source: La division du travail social
Les règles de la méthode sont à la science ce que les règles du droit et des mœurs sont à la conduite ; elles dirigent la pensée du savant comme les secondes gouvernent les actions des hommes.
1893
Source: La division du travail social
On l’a souvent accusée [la division du travail] de diminuer l’individu en le réduisant au rôle de machine.
1893
Source: La division du travail social
Si la morale a pour fin la société, elle ne peut laisser se tarir la source même de la vie sociale.
1893
Source: La division du travail social
Un tel remède [l'instruction générale] ne rendrait donc la spécialisation inoffensive qu’en la rendant intolérable et, par conséquent, plus ou moins impossible.
1893
Source: La division du travail social
La division du travail ne produit pas ces conséquences [...] en vertu d’une nécessité de sa nature, mais seulement dans des circonstances exceptionnelles et anormales.
1893
Source: La division du travail social
La division du travail suppose que le travailleur, bien loin de rester courbé sur sa tâche, ne perd pas de vue ses collaborateurs immédiats [...]. Il sent qu’il sert à quelque chose.
1893
Source: La division du travail social
Il est très vrai que les relations contractuelles [...] se multiplient à mesure que le travail social se divise. Mais [...] les relations non contractuelles se développent en même temps.
1893
Source: La division du travail social
En même temps que les obligations domestiques deviennent plus nombreuses, elles prennent [...] un caractère public.
1893
Source: La division du travail social
Car tout n’est pas contractuel dans le contrat.
1893
Source: La division du travail social
Partout où le contrat existe, il est soumis à une réglementation qui est l’œuvre de la société et non celle des particuliers, et qui devient toujours plus volumineuse et plus compliquée.
1893
Source: La division du travail social
Les contrats [...] obligent non seulement à ce qui y est exprimé, mais encore à toutes les suites que l’équité, l’usage ou la loi donnent à l’obligation d’après sa nature.
1893
Source: La division du travail social
Si la division du travail rend les intérêts solidaires, elle ne les confond pas : elle les laisse distincts et rivaux.
1893
Source: La division du travail social
Chacun des contractants, tout en ayant besoin de l’autre, cherche à obtenir aux moindres frais ce dont il a besoin, c’est-à-dire à acquérir le plus de droits possible en échange des moindres obligations possible.
1893
Source: La division du travail social
Si nous n’étions liés que par les termes de nos contrats, [...] il n’en résulterait qu’une solidarité précaire.
1893
Source: La division du travail social
Nous coopérons parce que nous l’avons voulu, mais notre coopération volontaire nous crée des devoirs que nous n’avons pas voulus.
1893
Source: La division du travail social
Le droit des contrats exerce [...] une action régulatrice de la plus haute importance, puisqu’il prédétermine ce que nous devons faire et ce que nous pouvons exiger.
1893
Source: La division du travail social
Il y a des obligations professionnelles, purement morales et qui sont pourtant très strictes.
1893
Source: La division du travail social
Le contrat ne se suffit pas à soi-même, mais il n’est possible que grâce à une réglementation du contrat qui est d’origine sociale.
1893
Source: La division du travail social
L’entente des parties ne peut rendre juste une clause qui par elle-même ne l’est pas, et il y a des règles de justice dont la justice sociale doit prévenir la violation [...].
1893
Source: La division du travail social
Le rôle de la société ne saurait donc [...] se réduire à faire exécuter passivement les contrats ; il est aussi de déterminer à quelles conditions ils sont exécutoires.
1893
Source: La division du travail social
Il y a deux sortes de solidarité positive : la première relie directement l’individu à la société sans aucun intermédiaire. Dans la seconde, il dépend de la société parce qu’il dépend des parties qui la composent.
1893
Source: La division du travail social
La société peut être un ensemble [...] de croyances et de sentiments communs à tous [...] : c’est le type collectif. Ou bien, un système de fonctions différentes et spéciales qu’unissent des rapports définis.
1893
Source: La division du travail social
La première solidarité ne peut être forte que dans la mesure où les idées et les tendances communes [...] dépassent en nombre et en intensité celles qui appartiennent personnellement à chacun d’eux.
1893
Source: La division du travail social
La solidarité [par ressemblance] ne peut donc s’accroître qu’en raison inverse de la personnalité.
1893
Source: La division du travail social
Il y a dans chacune de nos consciences deux consciences : l’une, [...] est la société vivant et agissant en nous ; l’autre, [...] ne représente que nous dans ce que nous avons de personnel et de distinct.
1893
Source: La division du travail social
La solidarité qui dérive des ressemblances est à son maximum quand la conscience collective recouvre exactement notre conscience totale [...]; mais à ce moment notre individualité est nulle.
1893
Source: La division du travail social
Si nous avons un vif penchant à penser et à agir par nous-même, nous ne pouvons pas être fortement enclin à penser et à agir comme les autres.
1893
Source: La division du travail social
Au moment où la solidarité par ressemblance exerce son action, notre personnalité s’évanouit, [...] car nous ne sommes plus nous-même, mais l’être collectif.
1893
Source: La division du travail social
Nous proposons d’appeler mécanique cette espèce de solidarité [...] par analogie avec la cohésion qui unit entre eux les éléments des corps bruts.
1893
Source: La division du travail social
Dans les sociétés où cette solidarité [mécanique] est très développée, l’individu ne s’appartient pas ; c’est littéralement une chose dont dispose la société.
1893
Source: La division du travail social
La solidarité que produit la division du travail [...] suppose que les individus diffèrent les uns des autres.
1893
Source: La division du travail social
La solidarité [organique] n’est possible que si chacun a une sphère d’action qui lui est propre, par conséquent une personnalité.
1893
Source: La division du travail social
Chacun dépend d’autant plus étroitement de la société que le travail est plus divisé, et, d’autre part, l’activité de chacun est d’autant plus personnelle qu’elle est plus spécialisée.
1893
Source: La division du travail social
L’individualité du tout s’accroît en même temps que celle des parties ; la société devient plus capable de se mouvoir avec ensemble, en même temps que chacun de ses éléments a plus de mouvements propres.
1893
Source: La division du travail social
En raison de cette analogie [avec les corps vivants], nous proposons d’appeler organique la solidarité qui est due à la division du travail.
1893
Source: La division du travail social
À mesure que la société s’étend et se concentre, elle enveloppe de moins près l’individu et [...] peut moins bien contenir les tendances divergentes qui se font jour.
1893
Source: La division du travail social
Dans les petites villes, quiconque cherche à s’émanciper des usages reçus se heurte à des résistances qui sont parfois très vives.
1893
Source: La division du travail social
Dans les grandes cités, l’individu est beaucoup plus affranchi du joug collectif.
1893
Source: La division du travail social
Nous dépendons d’autant plus étroitement de l’opinion commune qu’elle surveille de plus près toutes nos démarches.
1893
Source: La division du travail social
On n’est nulle part aussi bien caché que dans une foule.
1893
Source: La division du travail social
Plus un groupe est étendu et dense, plus l’attention collective, dispersée sur une large surface, est incapable de suivre les mouvements de chaque individu.
1893
Source: La division du travail social
La curiosité collective est d’autant plus vive que les relations personnelles entre les individus sont plus continues et plus fréquentes.
1893
Source: La division du travail social
Comme la mutuelle indifférence a pour effet de relâcher la surveillance collective, la sphère d’action libre de chaque individu s’étend en fait et, peu à peu, le fait devient un droit.
1893
Source: La division du travail social
Une règle ne paraît plus aussi respectable quand elle cesse d’être respectée, et cela impunément.
1893
Source: La division du travail social
Une fois que nous avons usé d’une liberté, nous en contractons le besoin ; elle nous devient aussi nécessaire et nous paraît aussi sacrée que les autres.
1893
Source: La division du travail social
À mesure que la densité morale de la société s’élève, elle devient elle-même semblable à une grande cité qui contiendrait dans ses murs le peuple tout entier.
1893
Source: La division du travail social
Pour que le contrôle social soit rigoureux et que la conscience commune se maintienne, il faut que la société soit divisée en compartiments assez petits et qui enveloppent complètement l’individu.
1893
Source: La division du travail social
Les actes que les mœurs sont seules à réprimer ne sont pas d’une autre nature que ceux que la loi châtie ; ils sont seulement moins graves.
1893
Source: La division du travail social
Quand on n’est plus du tout sensible aux petites fautes, on l’est moins aux grandes.
1893
Source: La division du travail social
Quand les sentiments les plus faibles perdent de leur énergie, les sentiments plus forts, mais qui sont de même espèce [...], ne peuvent garder intégralement la leur.
1893
Source: La division du travail social
Jusqu’à présent, les sociologues se sont peu préoccupés de caractériser et de définir la méthode qu’ils appliquent à l’étude des faits sociaux.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Dans toute l’œuvre de [...] Spencer, le problème méthodologique n’occupe aucune place.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Les grands sociologues [...] ne sont guère sortis des généralités sur la nature des sociétés, sur les rapports du règne social et du règne biologique, sur la marche générale du progrès.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Pour traiter ces questions philosophiques, des procédés spéciaux et complexes ne sont pas nécessaires.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
On se contentait [...] de peser les mérites comparés de la déduction et de l’induction et de faire une enquête sommaire sur les ressources les plus générales dont dispose l’investigation sociologique.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Les précautions à prendre dans l’observation des faits, la manière dont les principaux problèmes doivent être posés, le sens dans lequel les recherches doivent être dirigées [...] restaient indéterminées.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Il faut sortir de ces questions trop générales et aborder un certain nombre de problèmes particuliers.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Nous avons été amené, par la force même des choses, à nous faire une méthode plus définie, [...] plus exactement adaptée à la nature particulière des phénomènes sociaux.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Ce sont ces résultats de notre pratique que nous voudrions exposer ici dans leur ensemble et soumettre à la discussion.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Il y a [...] intérêt à dégager [les règles de la méthode], à les formuler à part, en les accompagnant de leurs preuves et en les illustrant d’exemples.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
On pourra mieux juger ainsi de l’orientation que nous voudrions essayer de donner aux études de sociologie.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
La loi générale de la morale n’a de valeur scientifique que si elle peut rendre compte de la diversité de faits moraux ; il faut commencer par étudier ces derniers pour arriver à la découvrir.
1893
Source: La division du travail social
Comment, alors que nous ne sommes pas fixés sur la nature des devoirs et des droits particuliers, pourrions-nous nous entendre sur la nature de leur principe ?
1893
Source: La division du travail social
La morale [...] n'est pas faite de deux ou trois règles très générales [...], mais d'un très grand nombre de préceptes spéciaux. Il n’y a pas un devoir, mais des devoirs.
1893
Source: La division du travail social
Ici comme ailleurs, ce qui existe c’est le particulier et l’individuel, et le général n’en est qu’une expression schématique.
1893
Source: La division du travail social
Ce sont les règles particulières, au contraire, qui, directement et sans intermédiaire, obligent à chaque instant la volonté.
1893
Source: La division du travail social
Il y a des manières d’agir définies et spéciales qui s’imposent à nous. [...] [Ce] sont comme autant de moules dans lesquels nous sommes tenus de couler notre action.
1893
Source: La division du travail social
[Les pratiques morales sont] des réflexes qui sont inscrits non à l’intérieur de l’organisme, mais dans le droit et dans les mœurs : ce sont des phénomènes sociaux.
1893
Source: La division du travail social
Les moralistes [...] raisonnent comme si la morale était tout entière à créer, comme s’ils se trouvaient en présence d’une table rase sur laquelle ils peuvent à leur gré édifier leur système.
1893
Source: La division du travail social
[Les moralistes] partent du concept de l’homme, en déduisent un idéal [...], puis ils font de l’obligation de réaliser cet idéal la règle suprême de la conduite, la loi morale.
1893
Source: La division du travail social
La déduction, à elle seule, ne constitue pas une démonstration suffisante. Pourquoi en serait-il autrement du moraliste ?
1893
Source: La division du travail social
Qui nous dit que [la morale] ne sert pas à des fins exclusivement sociales auxquelles l’individu est tenu de se subordonner ?
1893
Source: La division du travail social
Pour pouvoir tirer la loi générale de la moralité [...], il faudrait savoir quelle est la fonction de la morale, et, pour cela, le seul moyen est d’observer les faits moraux.
1893
Source: La division du travail social
L'histoire a démontré que ce qui était moral pour un peuple pouvait être immoral pour un autre, et non pas seulement en fait, mais en droit.
1893
Source: La division du travail social
Si les peuples qui nous ont précédés avaient eu pour la dignité individuelle le respect que nous professons aujourd’hui, ils n’auraient pas pu vivre.
1893
Source: La division du travail social
Les règles morales ne sont morales que par rapport à certaines conditions expérimentales et, par conséquent, on ne saurait rien comprendre à la nature des phénomènes moraux, si l’on ne détermine ces conditions.
1893
Source: La division du travail social
Plus les croyances et les pratiques sont définies, moins elles laissent de place aux divergences individuelles.
1893
Source: La division du travail social
[Les croyances] sont des moules uniformes dans lesquels nous coulons tous uniformément nos idées et nos actions ; le consensus est donc aussi parfait que possible.
1893
Source: La division du travail social
Plus les règles de la conduite et celles de la pensée sont générales et indéterminées, plus la réflexion individuelle doit intervenir pour les appliquer aux cas particuliers.
1893
Source: La division du travail social
La réflexion individuelle ne peut s’éveiller sans que les dissidences éclatent [...]. Les tendances centrifuges vont donc en se multipliant aux dépens de la cohésion sociale.
1893
Source: La division du travail social
Les états forts et définis de la conscience commune sont les racines du droit pénal.
1893
Source: La division du travail social
Le nombre [des règles à sanction répressive] est moindre aujourd’hui qu’autrefois, et [...] diminue progressivement à mesure que les sociétés se rapprochent de notre type actuel.
1893
Source: La division du travail social
S’il y a plus de choses communes à tous, il y en a aussi beaucoup plus qui sont personnelles à chacun.
1893
Source: La division du travail social
Les dissemblances entre les hommes sont devenues plus prononcées à mesure qu’ils se sont cultivés.
1893
Source: La division du travail social
Dans chaque conscience particulière, la sphère personnelle s’est beaucoup plus agrandie que [la sphère commune].
1893
Source: La division du travail social
Parce que la personnalité individuelle s’est développée [...], il y a plus d’attentats possibles contre elle ; mais le sentiment qu’ils offensent est toujours le même.
1893
Source: La division du travail social
Plus [les états de la conscience commune] sont nombreux, plus aussi il doit y avoir d’espèces criminelles, et [...] les variations des unes reflètent exactement celles des autres.
1893
Source: La division du travail social
Il nous faut [...] non pas nombrer les règles, mais les grouper en classes [...], suivant qu’elles se rapportent au même sentiment ou à des sentiments différents.
1893
Source: La division du travail social
[La conscience collective] a d’autant plus d’action sur l’individu qu’elle a plus de vitalité. Si [...] elle n’est faite que d’impulsions faibles, elle ne l’entraîne que faiblement dans le sens collectif.
1893
Source: La division du travail social
[...] les mythes [...] ont pour objet d’interpréter des rites existants plutôt que de commémorer des événements passés ; ils sont une explication du présent beaucoup plus qu’une histoire.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Le nombre et l’importance des interdictions qui isolent une chose sacrée [...] correspondent au degré de sainteté dont elle est investie.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
[...] les images de l’être totémique sont plus sacrées que l’être totémique lui-même.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Dans la plante ou dans l’animal [sacré] est censé résider un principe redoutable qui ne peut pénétrer dans un organisme profane sans le désorganiser ou le détruire.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
[...] la prohibition [...] paraît avoir toujours été suspendue en cas de nécessité, par exemple quand l’indigène est affamé et qu’il n’a rien d’autre pour se nourrir.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Les vieillards, [...] parvenus à une haute dignité religieuse sont affranchis des interdits [...]: ils peuvent manger de la chose sainte parce qu’ils sont saints eux-mêmes.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Nous sommes enclins [...] à concevoir l’homme du commun [...] comme un être essentiellement profane. Il pourrait bien se faire que cette conception ne fût vraie à la lettre d’aucune religion.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
[...] il existe chez l’homme quelque chose qui tient le profane à distance [...] ; l’organisme humain recèle dans ses profondeurs un principe sacré.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Car le nom, pour le primitif, n’est pas seulement un mot [...]; c’est quelque chose de l’être, et même quelque chose d’essentiel.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Il faut [...] se garder de voir dans le totémisme une sorte de zoolâtrie. L’homme n’a nullement [...] l’attitude du fidèle vis-à-vis de son dieu, puisqu’il appartient lui-même au monde sacré.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Chaque individu a donc une double nature : en lui coexistent deux êtres, un homme et un animal.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Les mythes ont pour objet d’établir entre l’homme et l’animal des rapports généalogiques [...]. Par cette communauté d’origine, on croit rendre compte de leur communauté de nature.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Les liens qui existent entre [l'homme et son totem] ressemblent beaucoup plus à ceux qui unissent les membres d’une même famille ; animaux et hommes sont faits de la même chair [...].
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
En raison de cette parenté, l’homme voit dans les animaux de l’espèce totémique de bienfaisants associés sur l’assistance desquels il croit pouvoir compter.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Le sang humain [...] est chose si sainte que [...] il sert très souvent à consacrer les instruments les plus respectés du culte.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Je considère [...] que l’éducation est chose éminemment sociale, par ses origines comme par ses fonctions, et que [...] la pédagogie dépend de la sociologie plus étroitement que de toute autre science.
1922
Source: Éducation et sociologie
Bien loin qu’il y ait une éducation universellement valable pour tout le genre humain, il n’y a [...] pas de société où des systèmes pédagogiques différents ne coexistent et ne fonctionnent parallèlement.
1922
Source: Éducation et sociologie
L’éducation varie avec les classes sociales ou bien même avec les habitats. Celle de la ville n’est pas celle de la campagne, celle du bourgeois n’est pas celle de l’ouvrier.
1922
Source: Éducation et sociologie
Chaque profession [...] réclame des aptitudes particulières et des connaissances spéciales [...], et comme l’enfant doit être préparé en vue de la fonction qu’il sera appelé à remplir, l’éducation, à partir d’un certain âge, ne peut plus rester la même pour tous.
1922
Source: Éducation et sociologie
Nous ne pouvons développer avec l’intensité nécessaire les facultés qu’implique spécialement notre fonction, sans laisser les autres s’engourdir dans l’inaction, sans abdiquer [...] toute une partie de notre nature.
1922
Source: Éducation et sociologie
Chaque type de peuple a son éducation qui lui est propre et qui peut servir à le définir au même titre que son organisation morale, politique et religieuse.
1922
Source: Éducation et sociologie
L’homme que l’éducation doit réaliser en nous, ce n’est pas l’homme tel que la nature l’a fait, mais tel que la société veut qu’il soit ; et elle le veut tel que le réclame son économie intérieure.
1922
Source: Éducation et sociologie
Dans le présent comme dans le passé, notre idéal pédagogique est [...] l’œuvre de la société. C’est elle qui nous trace le portrait de l’homme que nous devons être [...].
1922
Source: Éducation et sociologie
Bien loin que l’éducation ait pour objet unique ou principal l’individu et ses intérêts, elle est avant tout le moyen par lequel la société renouvelle perpétuellement les conditions de sa propre existence.
1922
Source: Éducation et sociologie
La société ne peut vivre que s’il existe entre ses membres une suffisante homogénéité. L’éducation perpétue et renforce cette homogénéité en fixant d’avance dans l’âme de l’enfant les similitudes essentielles que suppose la vie collective.
1922
Source: Éducation et sociologie
En chacun de nous, il existe deux êtres [...]. L’un est l'être individuel [...]. L’autre est l’être social. Constituer cet être en chacun de nous, telle est la fin de l’éducation.
1922
Source: Éducation et sociologie
Spontanément, l’homme n’était pas enclin à se soumettre à une autorité politique, à respecter une discipline morale, à se dévouer, à se sacrifier.
1922
Source: Éducation et sociologie
[L'éducation] crée dans l’homme un homme nouveau [...], fait de tout ce qu’il y a de meilleur en nous, de tout ce qui donne du prix et de la dignité à la vie.
1922
Source: Éducation et sociologie
[Les aptitudes que suppose la vie sociale] ne peuvent se transmettre d’une génération à l’autre par la voie de l’hérédité. C’est par l’éducation que se fait la transmission.
1922
Source: Éducation et sociologie
Se borner à regarder au-dedans de nous-même, ce serait détourner nos regards de la réalité même qu’il nous faut atteindre ; ce serait nous mettre dans l’impossibilité de rien comprendre au mouvement qui entraîne le monde autour de nous.
1922
Source: Éducation et sociologie
Quoique la division du travail ne date pas d’hier, c’est seulement à la fin du siècle dernier que les sociétés ont commencé à prendre conscience de cette loi, que jusque-là elles subissaient presque à leur insu.
1893
Source: La division du travail social
Loin de la condamner et de la combattre, les économistes [...] en proclament la nécessité. Ils voient [dans la division du travail] la loi supérieure des sociétés humaines et la condition du progrès.
1893
Source: La division du travail social
La division du travail n’est pas spéciale au monde économique ; on en peut observer l’influence croissante dans les régions les plus différentes de la société.
1893
Source: La division du travail social
Les fonctions politiques, administratives, judiciaires, se spécialisent de plus en plus. Il en est de même des fonctions artistiques et scientifiques.
1893
Source: La division du travail social
Nous sommes loin du temps où la philosophie était la science unique ; elle s’est fragmentée en une multitude de disciplines spéciales dont chacune a son objet, sa méthode, son esprit.
1893
Source: La division du travail social
De demi-siècle en demi-siècle, les hommes qui ont marqué dans les sciences sont devenus plus spéciaux.
1893
Source: La division du travail social
Non seulement le savant ne cultive plus simultanément des sciences différentes, mais il n’embrasse même plus l’ensemble d’une science tout entière. Le cercle de ses recherches se restreint à un ordre déterminé de problèmes ou même à un problème unique.
1893
Source: La division du travail social
La loi de la division du travail s’applique aux organismes comme aux sociétés ; on a même pu dire qu’un organisme occupe une place d’autant plus élevée dans l’échelle animale que les fonctions y sont plus spécialisées.
1893
Source: La division du travail social
[La division du travail] n’est plus seulement une institution sociale qui a sa source dans l’intelligence et dans la volonté des hommes ; mais c’est un phénomène de biologie générale [...].
1893
Source: La division du travail social
La division du travail social n’apparaît plus que comme une forme particulière de ce processus général, et les sociétés, en se conformant à cette loi, semblent céder à un courant qui est né bien avant elles [...].
1893
Source: La division du travail social
Un pareil fait ne peut évidemment pas se produire sans affecter profondément notre constitution morale.
1893
Source: La division du travail social
Notre devoir est-il de chercher à devenir un être achevé et complet, un tout qui se suffit à soi-même, ou bien au contraire de n’être que la partie d’un tout, l’organe d’un organisme ?
1893
Source: La division du travail social
En un mot, la division du travail, en même temps qu’elle est une loi de la nature, est-elle aussi une règle morale de la conduite humaine [...] ?
1893
Source: La division du travail social
Tout le monde sent bien qu’elle [la division du travail] est et qu’elle devient de plus en plus une des bases fondamentales de l’ordre social.
1893
Source: La division du travail social
La science [...] peut bien éclairer le monde, mais elle laisse la nuit dans les cœurs ; c’est au cœur lui-même à se faire sa propre lumière.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
À quoi bon se travailler pour connaître le réel, si la connaissance que nous en acquérons ne peut nous servir dans la vie ?
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Pour les sociétés comme pour les individus, la santé est bonne et désirable, la maladie, au contraire, est la chose mauvaise et qui doit être évitée.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Entre la science et l’art il n’y a plus un abîme ; mais on passe de l’une à l’autre sans solution de continuité. [...] l’art n’est que le prolongement de la science.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Il faut renoncer à cette habitude [...] de juger une institution, une pratique, une maxime morale, comme si elles étaient bonnes ou mauvaises en elles-mêmes et par elles-mêmes, pour tous les types sociaux indistinctement.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Un fait social ne peut être dit normal pour une espèce sociale déterminée, que par rapport à une phase, également déterminée, de son développement.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
La plus grande fréquence des [formes d'organisation les plus répandues] est donc la preuve de leur supériorité.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Pour agir en connaissance de cause, il ne suffit pas de savoir ce que nous devons vouloir, mais pourquoi nous le devons.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
S’il est un fait dont le caractère pathologique paraît incontestable, c’est le crime.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Classer le crime parmi les phénomènes de sociologie normale, [...] c’est affirmer qu’il est un facteur de la santé publique, une partie intégrante de toute société saine.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Imaginez une société de saints, un cloître exemplaire et parfait. Les crimes proprement dits y seront inconnus ; mais les fautes qui paraissent vénielles au vulgaire y soulèveront le même scandale que fait le délit ordinaire.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Le crime est donc nécessaire ; il est lié aux conditions fondamentales de toute vie sociale, mais, par cela même, il est utile.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Pour que l'originalité de l’idéaliste qui rêve de dépasser son siècle puisse se manifester, il faut que celle du criminel, qui est au-dessous de son temps, soit possible. L’une ne va pas sans l’autre.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Contrairement aux idées courantes, le criminel n’apparaît plus comme un être radicalement insociable, [...] c’est un agent régulier de la vie sociale.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Le devoir de l’homme d’État n’est plus de pousser violemment les sociétés vers un idéal [...], mais son rôle est celui du médecin : il prévient l’éclosion des maladies par une bonne hygiène et, quand elles sont déclarées, il cherche à les guérir.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Si le travail se divise davantage à mesure que les sociétés deviennent plus volumineuses et plus denses, [...] c’est que la lutte pour la vie y est plus ardente.
1893
Source: La division du travail social
La concurrence entre deux organismes est d’autant plus vive qu’ils sont plus analogues. Ayant les mêmes besoins et poursuivant les mêmes objets, ils se trouvent partout en rivalité.
1893
Source: La division du travail social
Les hommes subissent la même loi. Dans une même ville, les professions différentes peuvent coexister sans être obligées de se nuire réciproquement, car elles poursuivent des objets différents.
1893
Source: La division du travail social
Le médecin oculiste ne fait pas concurrence à celui qui soigne les maladies mentales, ni le cordonnier au chapelier [...]. Comme ils rendent des services différents, ils peuvent les rendre parallèlement.
1893
Source: La division du travail social
Plus les fonctions se rapprochent, plus il y a entre elles de points de contact, plus, par conséquent, elles sont exposées à se combattre.
1893
Source: La division du travail social
Toute condensation de la masse sociale, surtout si elle est accompagnée d’un accroissement de la population, détermine nécessairement des progrès de la division du travail.
1893
Source: La division du travail social
De tous ces changements résulte-t-il un accroissement du bonheur moyen ? On ne voit pas à quelle cause il serait dû. [...] L'intensité plus grande de la lutte implique de nouveaux et pénibles efforts.
1893
Source: La division du travail social
Tout se passe mécaniquement. Une rupture d’équilibre dans la masse sociale suscite des conflits qui ne peuvent être résolus que par une division du travail plus développée : tel est le moteur du progrès.
1893
Source: La division du travail social
La division du travail est donc un résultat de la lutte pour la vie ; mais elle en est un dénouement adouci.
1893
Source: La division du travail social
Grâce à [la division du travail], les rivaux ne sont pas obligés de s’éliminer mutuellement, mais peuvent coexister les uns à côté des autres.
1893
Source: La division du travail social
Un individu chétif peut trouver dans les cadres complexes de notre organisation sociale une place où il lui est possible de rendre des services.
1893
Source: La division du travail social
Plus le milieu est sujet au changement, plus la part de l’intelligence dans la vie devient grande ; car elle seule peut retrouver les conditions nouvelles d’un équilibre qui se rompt sans cesse.
1893
Source: La division du travail social
Ce n’est pas sans raison que les maladies mentales marchent du même pas que la civilisation, ni qu’elles sévissent dans les villes de préférence aux campagnes.
1893
Source: La division du travail social
Qui dit changements ne dit pas nécessairement progrès. On voit combien la division du travail nous apparaît sous un autre aspect qu’aux économistes.
1893
Source: La division du travail social
Si nous nous spécialisons, ce n’est pas pour produire plus, mais c’est pour pouvoir vivre dans les conditions nouvelles d’existence qui nous sont faites.
1893
Source: La division du travail social
[Un] choix ne se fit pas sans une entente plus ou moins concertée entre les différents groupes.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Il y a [...] l’extrême contagiosité des forces religieuses.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
[Les forces religieuses] envahissent tout objet à leur portée, quel qu’il soit.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Une même force religieuse peut animer les choses les plus différentes qui, par cela même, se trouvent étroitement rapprochées et classées dans un même genre.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
La contagiosité [des forces religieuses] [...] tient aux origines sociales de la notion de sacré.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Quand un acte qui [...] est astreint à se conformer à une règle morale s’en écarte, la société [...] intervient pour mettre obstacle à cette déviation. Elle réagit d’une manière active contre son auteur.
1893
Source: La division du travail social
Cette réaction prédéterminée, exercée par la société sur l’agent qui a enfreint la règle, constitue ce qu’on appelle une sanction. [...] Nous pouvons dire que tout fait moral consiste dans une règle de conduite sanctionnée.
1893
Source: La division du travail social
Ce qui distingue les règles morales, c’est qu’elles sont obligatoires.
1893
Source: La division du travail social
Il est impossible que les membres d’une société reconnaissent une règle de conduite comme obligatoire sans réagir contre tout acte qui la viole.
1893
Source: La division du travail social
La réalité d’une obligation n’est certaine que si elle se manifeste par quelque sanction.
1893
Source: La division du travail social
Il faut que le moraliste procède de manière à ne prendre pour obligatoire que ce qui est obligatoire et non ce qui lui paraît tel ; qu’il prenne pour matière de ses recherches des réalités et non des apparences subjectives.
1893
Source: La division du travail social
Nous croyons [...] que le droit et la morale sont des domaines trop intimement unis pour pouvoir être radicalement séparés. Il se produit entre eux des échanges continuels.
1893
Source: La division du travail social
Si on laisse la morale pénétrer dans le droit, elle l’envahit et, si elle n’y pénètre pas, elle reste à l’état de lettre morte, de pure abstraction, au lieu d’être une discipline effective des volontés.
1893
Source: La division du travail social
La science positive de la morale est une branche de la sociologie ; car toute sanction est chose sociale au premier chef.
1893
Source: La division du travail social
[Les devoirs individuels] ne sont individuels qu’en apparence et ne peuvent dépendre eux aussi que de conditions sociales.
1893
Source: La division du travail social
Il y a des actes que l’opinion publique impose, d’autres qu’elle abandonne aux initiatives privées. Ces derniers sont donc gratuits et libres.
1893
Source: La division du travail social
Le fait moral proprement dit ne consiste pas dans l’acte conforme à la règle, mais dans la règle elle-même. Or, il n’y a pas de règle là où il n’y a pas d’obligation.
1893
Source: La division du travail social
Ce qu’indique cette contingence, [...] c’est que ces actes [au-delà du devoir] ne sont pas nécessaires, ne sont ajustés à aucune fin vitale, en un mot sont un luxe ; c’est dire qu’ils sont du domaine de l’art.
1893
Source: La division du travail social
De même que le jeu est l’esthétique de la vie physique, l’art, l’esthétique de la vie intellectuelle, [l'accomplissement d'actes au-delà du devoir] est l’esthétique de la vie morale.
1893
Source: La division du travail social
Nous croyons au contraire que l’anomie est la négation de toute morale.
1893
Source: La division du travail social
S’il [le culte négatif] prescrit au fidèle de fuir le monde profane, c’est pour le rapprocher du monde sacré.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Toutes les forces, même les plus spirituelles, s’usent par l’effet du temps, si rien ne vient leur rendre l’énergie qu’elles perdent [...]: il y a là une nécessité primordiale qui [...] est la raison profonde du culte positif.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Il n’y a pas de rite positif qui, au fond, ne constitue un véritable sacrilège ; car l’homme ne peut commercer avec les êtres sacrés sans franchir la barrière qui, normalement, doit l’en tenir séparé.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
C’est lui [l'homme] qui fait ses dieux [...] ou, du moins, c’est lui qui les fait durer ; mais, en même temps, c’est par eux qu’il dure.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Les êtres sacrés ne sont que parce qu’ils sont représentés comme tels dans les esprits. Que nous cessions d’y croire, et ils seront comme s’ils n’étaient pas.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
La foi commune se ranime tout naturellement au sein de la collectivité reconstituée ; elle renaît, parce qu’elle se retrouve dans les conditions mêmes où elle était née primitivement.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Sans les dieux, les hommes ne pourraient vivre. Mais, d’un autre côté, les dieux mourraient si le culte ne leur était pas rendu.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Ce que le fidèle donne réellement à son dieu, ce ne sont pas les aliments qu’il dépose sur l’autel, ni le sang qu’il fait couler de ses veines : c’est sa pensée.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Si [...] le principe sacré n’est autre chose que la société hypostasiée et transfigurée, la vie rituelle doit pouvoir s’interpréter en termes laïcs et sociaux.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
L’individu tient de la société le meilleur de soi-même [...]. Qu’on retire à l’homme le langage, les sciences, les arts, les croyances de la morale, et il tombe au rang de l’animalité.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
La société n’existe et ne vit que dans et par les individus. Que l’idée de la société s’éteigne dans les esprits individuels [...] et la société mourra.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Le rythme auquel obéit la vie religieuse ne fait qu’exprimer le rythme de la vie sociale, et il en résulte.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
La seule façon de rajeunir les représentations collectives [...] est de les retremper à la source même de la vie religieuse, c’est-à-dire dans les groupes assemblés.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Ce qui constitue essentiellement le sacrifice, ce n’était plus [...] l’acte de renoncement que le mot de sacrifice exprime d’ordinaire ; c’était, avant tout, un acte de communion alimentaire.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Le culte a réellement pour effet de recréer périodiquement un être moral dont nous dépendons comme il dépend de nous. Or cet être existe : c’est la société.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Aujourd’hui, cette culture générale, tant vantée jadis, ne nous fait plus l’effet que d’une discipline molle et relâchée.
1893
Source: La division du travail social
Nous voulons que l’activité, au lieu de se disperser sur une large surface, se concentre et gagne en intensité ce qu’elle perd en étendue.
1893
Source: La division du travail social
L’honnête homme d’autrefois n’est plus pour nous qu’un dilettante et nous refusons au dilettantisme toute valeur morale.
1893
Source: La division du travail social
Nous voyons bien plutôt la perfection dans l’homme compétent qui cherche, non à être complet, mais à produire, qui a une tâche délimitée et qui s’y consacre.
1893
Source: La division du travail social
L’idéal moral, d’un, de simple et d’impersonnel qu’il était, va-t-il de plus en plus en se diversifiant.
1893
Source: La division du travail social
Nous ne pensons plus que le devoir fondamental de l’homme soit de réaliser en lui les qualités de l’homme en général ; mais nous croyons qu’il est non moins tenu d’avoir celles de son emploi.
1893
Source: La division du travail social
Par un de ses aspects, l’impératif catégorique de la conscience morale est en train de prendre la forme suivante : Mets-toi en état de remplir utilement une fonction déterminée.
1893
Source: La division du travail social
Jamais [...] la division du travail n’a été déclarée bonne absolutely et sans réserve, mais seulement dans de certaines limites qu’il ne faut pas dépasser.
1893
Source: La division du travail social
Il en est de la vie morale comme de la vie du corps [...] ; rien n’y est bon indéfiniment et sans mesure.
1893
Source: La division du travail social
Un devoir peut être contenu et modéré par un autre devoir, mais non par des nécessités purement économiques.
1893
Source: La division du travail social
La morale vit de la vie du monde ; il est donc impossible que ce qui est nécessaire au monde pour vivre soit contraire à la morale.
1893
Source: La division du travail social
Tout en commandant aux hommes de se spécialiser, [l'opinion publique] semble toujours craindre qu’ils ne se spécialisent trop.
1893
Source: La division du travail social
À mesure que le principe de la division du travail reçoit une application plus complète… l’art fait des progrès, l’artisan rétrograde.
1893
Source: La division du travail social
Pour savoir ce qu’est objectivement [un fait social], il ne suffit pas de développer le contenu de l’idée que nous nous en faisons, mais il faut le traiter comme un fait objectif, observer, comparer.
1893
Source: La division du travail social
Ce qui distingue la sanction restitutive, c’est qu’elle n’est pas expiatoire, mais se réduit à une simple remise en état.
1893
Source: La division du travail social
Une souffrance proportionnée à son méfait n’est pas infligée à celui qui a violé le droit [...]; il est simplement condamné à s’y soumettre.
1893
Source: La division du travail social
Le juge dit le droit, il ne dit pas de peines.
1893
Source: La division du travail social
L’idée que le meurtre puisse être toléré nous indigne, mais nous acceptons très bien que le droit successoral soit modifié [...].
1893
Source: La division du travail social
Les règles à sanction restitutive ou bien ne font pas du tout partie de la conscience collective, ou n’en sont que des états faibles.
1893
Source: La division du travail social
Le droit répressif correspond au cœur, au centre de la conscience commune ; [...] le droit restitutif prend naissance dans des régions très excentriques.
1893
Source: La division du travail social
Tandis que le droit répressif tend à rester diffus dans la société, le droit restitutif se crée des organes de plus en plus spéciaux.
1893
Source: La division du travail social
Quand la société est amenée à intervenir, ce n’est pas pour mettre d’accord des intérêts individuels ; [...] elle applique au cas particulier les règles générales et traditionnelles du droit.
1893
Source: La division du travail social
Le droit est chose sociale au premier chef, et qui a un tout autre objet que l’intérêt des plaideurs.
1893
Source: La division du travail social
Si le contrat a le pouvoir de lier, c’est la société qui le lui communique.
1893
Source: La division du travail social
Tout contrat suppose que, derrière les parties qui s’engagent, il y a la société prête à intervenir pour faire respecter les engagements pris.
1893
Source: La division du travail social
La société ne prête cette force obligatoire qu’aux contrats qui ont par eux-mêmes une valeur sociale, c’est-à-dire qui sont conformes aux règles du droit.
1893
Source: La division du travail social
Les rapports que [les règles restitutives] déterminent [...] s’établissent, non entre l’individu et la société, mais entre des parties restreintes et spéciales de la société qu’ils relient entre elles.
1893
Source: La division du travail social
[Les relations du droit restitutif] sont bien différentes de celles que réglemente le droit répressif, car celles-ci rattachent directement et sans intermédiaire la conscience particulière à la conscience collective.
1893
Source: La division du travail social
Toutes les religions connues ont été [...] des systèmes d’idées qui tendaient à embrasser l’universalité des choses et à nous donner une représentation totale du monde.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Pour l’Australien, les choses elles-mêmes, toutes les choses qui peuplent l’univers, font partie de la tribu ; elles [...] ont donc, tout comme les hommes, une place déterminée dans les cadres de la société.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
C’est parce que les hommes étaient groupés qu’ils ont pu grouper les choses ; car pour classer ces dernières, ils se sont bornés à leur faire place dans les groupes qu’ils formaient eux-mêmes.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
L’unité de ces premiers systèmes logiques ne fait que reproduire l’unité de la société.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Les notions fondamentales de l’esprit, les catégories essentielles de la pensée peuvent être le produit de facteurs sociaux.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Le genre, c’est le cadre extérieur [...]. Le contenu ne peut pas fournir lui-même le cadre dans lequel il se dispose.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
L’animal est capable de former des images génériques, tandis qu’il ignore l’art de penser par genres et par espèces.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Nous n’aurions [...] jamais pensé à réunir les êtres de l’univers en groupes homogènes, appelés genres, si nous n’avions eu sous les yeux l’exemple des sociétés humaines.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
La hiérarchie est exclusivement une chose sociale. C’est seulement dans la société qu’il existe des supérieurs, des inférieurs, des égaux.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
C’est la société qui a fourni le canevas sur lequel a travaillé la pensée logique.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
L’homme voit dans les choses de son clan des parents ou des associés ; il les appelle des amis, il les considère comme faits de la même chair que lui.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
[...] il n’existe rien de connu qui ne soit classé dans un clan et sous un totem, il n’existe également rien qui ne reçoive, à des degrés divers, quelque reflet de religiosité.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Tout comme la religion grecque, [la religion totémique] met du divin partout ; la formule célèbre πάντα πλήρη θεῶν peut également lui servir de devise.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Les différents cultes totémiques [...] s’impliquent mutuellement ; ils ne sont que les parties d’un même tout, les éléments d’une même religion.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
Pour se faire une idée adéquate du totémisme, il ne faut pas s’enfermer dans les limites du clan, mais considérer la tribu dans sa totalité.
1912
Source: Les Formes élémentaires de la vie religieuse
La vie sociale dérive d’une double source : la similitude des consciences et la division du travail social.
1893
Source: La division du travail social
L’individu est socialisé [...] soit parce que, n’ayant pas d’individualité propre, il se confond avec ses semblables, soit parce qu’il dépend d’eux dans la mesure même où il s’en distingue.
1893
Source: La division du travail social
La similitude des consciences donne naissance à des règles juridiques qui [...] imposent à tout le monde des croyances et des pratiques uniformes.
1893
Source: La division du travail social
La division du travail donne naissance à des règles juridiques qui déterminent la nature et les rapports des fonctions divisées.
1893
Source: La division du travail social
Là où le droit restitutif est très développé, il y a pour chaque profession une morale professionnelle.
1893
Source: La division du travail social
Les règles de la morale et du droit professionnels [...] obligent l’individu à agir en vue de fins qui ne lui sont pas propres, à faire des concessions, à tenir compte d’intérêts supérieurs aux siens.
1893
Source: La division du travail social
Même là où la société repose le plus complètement sur la division du travail, elle ne se résout pas en une poussière d’atomes juxtaposés [...].
1893
Source: La division du travail social
Les membres [de la société] sont unis par des liens qui s’étendent bien au delà des moments si courts où l’échange s’accomplit.
1893
Source: La division du travail social
Parce que nous remplissons telle fonction, [...] nous sommes pris dans un réseau d’obligations dont nous n’avons pas le droit de nous affranchir.
1893
Source: La division du travail social
L’altruisme n’est pas destiné à devenir [...] une sorte d’ornement agréable de notre vie sociale ; mais c’en sera toujours la base fondamentale.
1893
Source: La division du travail social
Les hommes ne peuvent vivre ensemble sans s’entendre et [...] sans se faire des sacrifices mutuels, sans se lier les uns aux autres d’une manière forte et durable.
1893
Source: La division du travail social
Toute société est une société morale.
1893
Source: La division du travail social
Parce que l’individu ne se suffit pas, c’est de la société qu’il reçoit tout ce qui lui est nécessaire, comme c’est pour elle qu’il travaille.
1893
Source: La division du travail social
[L'individu] s’habitue à s’estimer à sa juste valeur, c’est-à-dire à ne se regarder que comme la partie d’un tout, l’organe d’un organisme.
1893
Source: La division du travail social
La société apprend à regarder ses membres [...] non plus comme des choses sur lesquelles elle a des droits, mais comme des coopérateurs dont elle ne peut se passer et vis-à-vis desquels elle a des devoirs.
1893
Source: La division du travail social
L’école ne saurait être la chose d’un parti, et le maître manque à ses devoirs quand il use de l’autorité dont il dispose pour entraîner ses élèves dans l’ornière de ses partis pris personnels.
1922
Source: Éducation et sociologie
Il y a [...], à la base de notre civilisation, un certain nombre de principes qui [...] sont communs à tous [...]: respect de la raison, de la science, des idées et des sentiments qui sont à la base de la morale démocratique.
1922
Source: Éducation et sociologie
L’éducation ne fait pas l’homme de rien [...]; elle s’applique à des dispositions qu’elle trouve toutes faites.
1922
Source: Éducation et sociologie
Une des caractéristiques de l’homme, c’est que les prédispositions innées sont chez lui très générales et très vagues.
1922
Source: Éducation et sociologie
Quoi qu’on en ait dit, on ne naît pas criminel ; encore moins est-on voué, dès la naissance, à tel ou tel genre de crime.
1922
Source: Éducation et sociologie
Entre les virtualités indécises qui constituent l’homme au moment où il naît et le personnage défini qu’il doit devenir [...], la distance est considérable. C’est cette distance que l’éducation doit faire parcourir à l’enfant.
1922
Source: Éducation et sociologie
Bien loin que nous devions nous décourager de notre impuissance, nous avons plutôt lieu d’être effrayés par l’étendue de notre pouvoir.
1922
Source: Éducation et sociologie
L'éducation doit être essentiellement chose d’autorité. [...] Rien n’est faux et décevant comme la conception [...] d’après laquelle l’homme peut se former en se jouant et sans autre aiguillon que l’attrait du plaisir.
1922
Source: Éducation et sociologie
Le sentiment du devoir, voilà, en effet, quel est, pour l’enfant et même pour l’adulte, le stimulant par excellence de l’effort.
1922
Source: Éducation et sociologie
On a quelquefois opposé la liberté et l’autorité [...]. Mais cette opposition est factice. [...] La liberté est fille de l’autorité bien entendue.
1922
Source: Éducation et sociologie
Être libre, ce n’est pas faire ce qui plaît ; c’est être maître de soi, c’est savoir agir par raison et faire son devoir.
1922
Source: Éducation et sociologie
L’éducation, c’est l’action exercée sur les enfants par les parents et les maîtres. [...] La pédagogie [...] consiste, non en actions, mais en théories.
1922
Source: Éducation et sociologie
Il est vain de croire que nous élevons nos enfants comme nous voulons. Nous sommes forcés de suivre les règles qui règnent dans le milieu social où nous vivons.
1922
Source: Éducation et sociologie
[L’éducation] crée dans l’homme un homme nouveau et cet homme est fait de tout ce qu’il y a de meilleur en nous, de tout ce qui donne du prix et de la dignité à la vie.
1922
Source: Éducation et sociologie
L’éducation est chose éminemment sociale, par ses origines comme par ses fonctions, et [...] la pédagogie dépend de la sociologie plus étroitement que de toute autre science.
1922
Source: Éducation et sociologie
Du moment que des hommes forment une société, si rudimentaire qu’elle soit, il y a nécessairement des règles qui président à leurs relations et, par conséquent, une morale [...].
1893
Source: La division du travail social
Il ne peut y avoir de vol que dans la mesure où il y a de la propriété.
1893
Source: La division du travail social
De ce qu’une société ne trouve pas révoltant le pillage aux dépens des nations voisines, on ne peut pas conclure qu’elle tolère les mêmes pratiques dans ses relations intérieures [...].
1893
Source: La division du travail social
Le fait que, dans des conditions spéciales, il est dérogé à une règle, ne prouve pas qu’elle n’existe pas.
1893
Source: La division du travail social
Les individus peuvent admirer le courage de l'homme sans que l'acte soit toléré en principe.
1893
Source: La division du travail social
S’il est une règle commune à toutes les morales, c’est certainement celle qui prohibe les attentats contre la personne [...].
1893
Source: La division du travail social
Si tous les individus [...] sont aujourd’hui également protégés, cet adoucissement des mœurs est dû, non à l’apparition d’une règle pénale nouvelle, mais à l’extension d’une règle ancienne.
1893
Source: La division du travail social
Ce n’est pas [les sentiments collectifs] qui se sont multipliés, mais l’objet auquel ils se rapportent.
1893
Source: La division du travail social
Dans l’ensemble, la conscience commune compte de moins en moins de sentiments forts et déterminés [...].
1893
Source: La division du travail social
Les seuls sentiments collectifs qui soient devenus plus intenses sont ceux qui ont pour objet, non des choses sociales, mais l’individu.
1893
Source: La division du travail social
Il faut que la personnalité individuelle soit devenue un élément beaucoup plus important de la vie de la société [...].
1893
Source: La division du travail social
Il faut que [la conscience personnelle] se soit émancipée du joug de [la conscience commune] et, par conséquent, que celle-ci ait perdu de l'empire qu'elle exerçait dans le principe.
1893
Source: La division du travail social
Des hommes qui se ressemblent ne peuvent vivre ensemble sans que chacun éprouve pour ses semblables une sympathie qui s’oppose à tout acte de nature à les faire souffrir.
1893
Source: La division du travail social
Est-ce que le général qui envoie un régiment à une mort certaine [...] agit autrement que le prêtre qui immole une victime pour apaiser le dieu national ?
1893
Source: La division du travail social
Si dans les sociétés inférieures une si petite place est faite à la personnalité individuelle, ce n’est pas que celle-ci ait été comprimée ou refoulée artificiellement, c’est tout simplement qu’à ce moment de l’histoire elle n’existait pas.
1893
Source: La division du travail social
Les individus ne peuvent être soumis qu’à un despotisme collectif ; car les membres d’une société ne peuvent être dominés que par une force qui leur soit supérieure, et il n’en est qu’une qui ait cette qualité : c’est celle du groupe.
1893
Source: La division du travail social
Une personnalité quelconque, si puissante qu’elle soit, ne pourrait rien à elle seule contre une société tout entière.
1893
Source: La division du travail social
Bien loin qu’on puisse faire dater de l’institution d’un pouvoir despotique l’effacement de l’individu, il faut au contraire y voir le premier pas qui ait été fait dans la voie de l’individualisme.
1893
Source: La division du travail social
Les chefs sont en effet les premières personnalités individuelles qui se soient dégagées de la masse sociale.
1893
Source: La division du travail social
Une source d’initiative se trouve donc ouverte, qui n’existait pas jusque-là. Il y a désormais quelqu’un qui peut produire du nouveau et même [...] déroger aux usages collectifs. L’équilibre est rompu.
1893
Source: La division du travail social
Toutes les fois qu’on se trouve en présence d’un appareil gouvernemental doué d’une grande autorité, il faut aller en chercher la raison [...] dans la nature des sociétés qu’ils gouvernent.
1893
Source: La division du travail social
Le despotisme, du moins quand il n’est pas un phénomène pathologique et de décadence, n’est autre chose qu’un communisme transformé.
1893
Source: La division du travail social
On voit [...] combien est fausse la théorie qui veut que l’égoïsme soit le point de départ de l’humanité, et que l’altruisme, au contraire, soit une conquête récente.
1893
Source: La division du travail social
Partout où il y a des sociétés, il y a de l’altruisme parce qu’il y a de la solidarité.
1893
Source: La division du travail social
Nous trouvons [l'altruisme] dès le début de l’humanité et même sous une forme vraiment intempérante.
1893
Source: La division du travail social
Scientifiquement, une conduite est égoïste dans la mesure où elle est déterminée par des sentiments et des représentations qui nous sont exclusivement personnels.
1893
Source: La division du travail social
Il ne faut donc pas dire que l’altruisme est né de l’égoïsme ; une pareille dérivation ne serait possible que par une création ex nihilo.
1893
Source: La division du travail social
Ces deux ressorts de la conduite [l'égoïsme et l'altruisme] se sont trouvés présents dès le début dans toutes les consciences humaines.
1893
Source: La division du travail social
Chez le civilisé, l’égoïsme s’introduit jusqu’au sein des représentations supérieures : chacun de nous a ses opinions, ses croyances, ses aspirations propres, et y tient.
1893
Source: La division du travail social
L’ensemble des croyances et des sentiments communs à la moyenne des membres d’une même société forme un système déterminé qui a sa vie propre ; on peut l’appeler la conscience collective ou commune.
1893
Source: La division du travail social
Un acte est criminel quand il offense les états forts et définis de la conscience collective.
1893
Source: La division du travail social
Il ne faut pas dire qu’un acte froisse la conscience commune parce qu’il est criminel, mais qu’il est criminel parce qu’il froisse la conscience commune. [...] Il est un crime parce que nous le réprouvons.
1893
Source: La division du travail social
[La conscience collective] est tout autre chose que les consciences particulières, quoiqu’elle ne soit réalisée que chez des individus. Elle est le type psychique de la société [...].
1893
Source: La division du travail social
Il y a une multitude d’actes qui ont été ou sont encore regardés comme criminels, sans que par eux-mêmes ils soient nuisibles à la société.
1893
Source: La division du travail social
Alors même que l’acte criminel est certainement nuisible à la société, il s’en faut que le degré de nocivité [...] soit régulièrement en rapport avec l’intensité de la répression qui le frappe.
1893
Source: La division du travail social
Si les sentiments [collectifs] sont abolis, l’acte le plus funeste à la société pourra être non seulement toléré, mais honoré et proposé en exemple.
1893
Source: La division du travail social
Le seul caractère commun à tous les crimes, c’est qu’ils consistent [...] en des actes universellement réprouvés par les membres de chaque société.
1893
Source: La division du travail social
Le crime froisse des sentiments qui, pour un même type social, se retrouvent dans toutes les consciences saines.
1893
Source: La division du travail social
Cette fixité du droit pénal témoigne de la force de résistance des sentiments collectifs auxquels il correspond.
1893
Source: La division du travail social
Les choses sont bonnes parce que nous les aimons, bien loin que nous les aimions parce qu’elles sont bonnes. [...] Il en est de même dans la vie sociale. Un acte est socialement mauvais parce qu’il est repoussé par la société.
1893
Source: La division du travail social
Le droit pénal [...] ne commande pas de respecter la vie d’autrui, mais de frapper de mort l’assassin. Il ne dit pas tout d’abord, comme fait le droit civil, voici le devoir, mais tout de suite, voici la peine.
1893
Source: La division du travail social
C’est [...] à la conscience collective qu’il faut revenir ; c’est d’elle que [...] découle toute criminalité. Le crime n’est pas simplement la lésion d’intérêts [...], c’est une offense contre une autorité [...] transcendante.
1893
Source: La division du travail social
Si différents que paraissent au premier abord les actes ainsi qualifiés, il est impossible qu’ils n’aient pas quelque fond commun. Car ils affectent partout de la même manière la conscience morale des nations.
1893
Source: La division du travail social
Le lien de solidarité sociale [...] est celui dont la rupture constitue le crime ; nous appelons de ce nom tout acte qui [...] détermine contre son auteur cette réaction caractéristique qu’on nomme la peine.
1893
Source: La division du travail social
Il suffit que chaque individu se consacre à une fonction spéciale pour se trouver par la force des choses solidaire des autres.
1893
Source: La division du travail social
L’hypothèse d’un contrat social est [...] inconciliable avec le principe de la division du travail.
1893
Source: La division du travail social
La vie sociale, comme toute vie en général, ne peut s’organiser naturellement que par une adaptation inconsciente et spontanée, [...] et non d’après un plan médité de l’intelligence réfléchie.
1893
Source: La division du travail social
La conception du contrat social est [...] bien difficile à défendre, car elle est sans rapport avec les faits. L’observateur ne la rencontre pour ainsi dire pas sur son chemin.
1893
Source: La division du travail social
La vie sociale, partout où elle est normale, est spontanée : et si elle est anormale, elle ne peut pas durer.
1893
Source: La division du travail social
Si l’intérêt rapproche les hommes, ce n’est jamais que pour quelques instants ; il ne peut créer entre eux qu’un lien extérieur.
1893
Source: La division du travail social
Dans le fait de l’échange, les divers agents restent en dehors les uns des autres et, l’opération terminée, chacun se retrouve et se reprend tout entier.
1893
Source: La division du travail social
Les consciences ne sont que superficiellement en contact ; ni elles ne se pénètrent, ni elles n’adhèrent fortement les unes aux autres.
1893
Source: La division du travail social
Toute harmonie d’intérêts recèle un conflit latent ou simplement ajourné.
1893
Source: La division du travail social
Là où l’intérêt règne seul, [...] chaque moi se trouve vis-à-vis de l’autre sur le pied de guerre et toute trêve à cet éternel antagonisme ne saurait être de longue durée.
1893
Source: La division du travail social
L’intérêt est en effet ce qu’il y a de moins constant au monde. Aujourd’hui, il m’est utile de m’unir à vous ; demain, la même raison fera de moi votre ennemi.
1893
Source: La division du travail social
[L'appareil du droit], bien loin de diminuer, va de plus en plus en s’accroissant et en se compliquant.
1893
Source: La division du travail social
Si le droit répressif perd du terrain, le droit restitutif, qui n’existait pas du tout à l’origine, ne fait que s’accroître.
1893
Source: La division du travail social
Si la société intervient davantage, on n’a pas le droit de dire que la spontanéité individuelle suffit de plus en plus à tout.
1893
Source: La division du travail social
L’éducation est chose éminemment sociale.
1922
Source: Éducation et sociologie
L’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale.
1922
Source: Éducation et sociologie
Chaque société se fait un certain idéal de l’homme. C’est cet idéal qui est le pôle de l’éducation.
1922
Source: Éducation et sociologie
L’éducation est le moyen par lequel [chaque société] prépare dans le cœur des enfants les conditions essentielles de sa propre existence.
1922
Source: Éducation et sociologie
La société se trouve [...], à chaque génération nouvelle, en présence d’une table presque rase sur laquelle il lui faut construire à nouveaux frais.
1922
Source: Éducation et sociologie
À l’être égoïste et asocial qui vient de naître, [la société] en surajoute un autre, capable de mener une vie morale et sociale. Voilà quelle est l’œuvre de l’éducation.
1922
Source: Éducation et sociologie
En chacun de nous [...] il existe deux êtres [...]. L’un est l'être individuel. L’autre est [...] l’être social. Constituer cet être en chacun de nous, telle est la fin de l’éducation.
1922
Source: Éducation et sociologie
On est si accoutumé à opposer la société à l’individu, que toute doctrine qui fait du mot société un usage fréquent semble sacrifier l’individu.
1922
Source: Éducation et sociologie
Si faire une personne est actuellement le but de l’éducation, et si éduquer, c’est socialiser, concluons donc qu'il est possible d’individualiser en socialisant.
1922
Source: Éducation et sociologie
Dire que l’éducation est chose sociale, ce n’est pas formuler un programme d’éducation ; c’est constater un fait.
1922
Source: Éducation et sociologie
Considérer les faits sociaux comme des choses, telle est la première règle de [la] méthode.
1922
Source: Éducation et sociologie
Les institutions ne sont ni absolument plastiques, ni absolument réfractaires à toute modification délibérée.
1922
Source: Éducation et sociologie
Mieux on connaît la nature des choses, mieux on a chance de l’utiliser efficacement.
1922
Source: Éducation et sociologie
Les idéaux sont des réalités.
1922
Source: Éducation et sociologie
L’enseignement le plus élémentaire doit être le plus philosophique.
1922
Source: Éducation et sociologie
Prouver une hypothèse, ce n’est pas montrer qu’elle rend assez bien compte de quelques faits [...], c’est constituer des expériences méthodiques.
1893
Source: La division du travail social
Il n’y a aucune contradiction à ce que la sphère de l’action individuelle grandisse en même temps que celle de l’État.
1893
Source: La division du travail social
Rien n’est moins complexe que le gouvernement despotique d’un chef barbare ; les fonctions qu’il remplit sont rudimentaires et peu nombreuses.
1893
Source: La division du travail social
L’organe directeur de la vie sociale peut avoir absorbé en lui toute cette dernière [...] sans être pour cela très développé, si la vie sociale elle-même n’est pas très développée.
1893
Source: La division du travail social
L'histoire montre [...] que, d’une manière régulière, le droit administratif est d’autant plus développé que les sociétés appartiennent à un type plus élevé.
1893
Source: La division du travail social
Une multitude de fonctions qui étaient diffuses se concentrent. Le soin de veiller à l’éducation [...], de protéger la santé générale, de présider à l’assistance publique [...] rentre peu à peu dans la sphère d’action de l’organe central.
1893
Source: La division du travail social
Il est [...] contraire à toute méthode de regarder les dimensions actuelles de l’organe gouvernemental comme un fait morbide, dû à un concours de circonstances accidentelles.
1893
Source: La division du travail social
[La croissance de l'État est] un phénomène normal, qui tient à la structure même des sociétés supérieures, puisqu’il progresse d’une manière continue à mesure que les sociétés se rapprochent de ce type.
1893
Source: La division du travail social
Ce phénomène [la centralisation] se produit avec une nécessité mécanique, et d’ailleurs il est utile, car il correspond au nouvel état des choses.
1893
Source: La division du travail social
Dans une colonie de polypes, un des individus peut être malade sans que les autres s’en ressentent. Il n’en est plus de même quand la société est formée par un système d’organes.
1893
Source: La division du travail social
Par suite de leur mutuelle dépendance, ce qui atteint l’un en atteint d’autres, et ainsi tout changement un peu grave prend un intérêt général.
1893
Source: La division du travail social
La fermeture d’un petit atelier ne cause que des troubles très limités [...] ; la faillite d’une grande société industrielle est au contraire une perturbation publique.
1893
Source: La division du travail social
Il n'est pas vrai que le [cerveau social] ne fasse que présider aux relations externes. [...] son véritable rôle est de présider [...] à l’ensemble de la vie.
1893
Source: La division du travail social
Ce qui fait que l’organe gouvernemental est plus ou moins considérable, ce n’est pas que les peuples sont plus ou moins pacifiques ; mais il croît à mesure que [...] les sociétés comprennent plus d’organes différents plus intimement solidaires.
1893
Source: La division du travail social
Nous ne voulons pas tirer la morale de la science, mais faire la science de la morale, ce qui est bien différent.
1893
Source: La division du travail social
Les faits moraux sont des phénomènes comme les autres ; il doit donc être possible de les observer, de les décrire, de les classer et de chercher les lois qui les expliquent.
1893
Source: La division du travail social
Si la morale est telle ou telle à un moment donné, c’est que les conditions dans lesquelles vivent alors les hommes ne permettent pas qu’elle soit autrement.
1893
Source: La division du travail social
La morale se forme, se transforme et se maintient pour des raisons d’ordre expérimental ; ce sont ces raisons seules que la science de la morale entreprend de déterminer.
1893
Source: La division du travail social
Nous estimerions que nos recherches ne méritent pas une heure de peine si elles ne devaient avoir qu’un intérêt spéculatif.
1893
Source: La division du travail social
Si nous séparons avec soin les problèmes théoriques des problèmes pratiques, ce n’est pas pour négliger ces derniers ; c’est, au contraire, pour nous mettre en état de les mieux résoudre.
1893
Source: La division du travail social
La science peut nous aider à trouver le sens dans lequel nous devons orienter notre conduite, à déterminer l’idéal vers lequel nous tendons confusément.
1893
Source: La division du travail social
L’idéal ne repose sur rien s’il ne tient pas par ses racines à la réalité.
1893
Source: La division du travail social
Un fait ne se change pas en un tour de main, même quand c’est désirable.
1893
Source: La division du travail social
Tout fait d’ordre vital [...] ne peut généralement pas durer s’il ne sert à quelque chose, s’il ne répond pas à quelque besoin ; tant que la preuve contraire n’est pas faite, il a droit à notre respect.
1893
Source: La division du travail social
Ce qui réconcilie la science et la morale, c’est la science de la morale ; car, en même temps qu’elle nous enseigne à respecter la réalité morale, elle nous fournit les moyens de l’améliorer.
1893
Source: La division du travail social
La science, ici comme ailleurs, suppose une entière liberté d’esprit. Il faut se défaire de ces manières de voir et de juger qu’une longue accoutumance a fixées en nous.
1893
Source: La division du travail social
Il n’y a, en effet, qu’un moyen de faire une science, c’est de l’oser, mais avec méthode.
1893
Source: La division du travail social
Comment se fait-il que, tout en devenant plus autonome, l’individu dépende plus étroitement de la société ? Comment peut-il être à la fois plus personnel et plus solidaire ?
1893
Source: La division du travail social
Puisque [...] les phénomènes sociaux échappent à l’action de l’opérateur, la méthode comparative est la seule qui convienne à la sociologie.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Ce prétendu axiome de la pluralité des causes est une négation du principe de causalité.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Pour le savant, [la relation causale] ne fait pas question ; elle est supposée par la méthode même de la science.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
À un même effet correspond toujours une même cause.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Si le suicide dépend de plus d’une cause, c’est que, en réalité, il y a plusieurs espèces de suicides.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
La concomitance constante est donc, par elle-même, une loi, quel que soit l’état des phénomènes restés en dehors de la comparaison.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
La manière dont un phénomène se développe en exprime la nature ; pour que deux développements se correspondent, il faut qu’il y ait aussi une correspondance dans les natures qu’ils manifestent.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Quand deux phénomènes varient régulièrement l’un comme l’autre, il faut maintenir ce rapport alors même que, dans certains cas, l’un se présenterait sans l’autre.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
On ne prouve rien quand [...] on se contente de faire voir par des exemples [...] que les faits ont varié comme le veut l’hypothèse.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Illustrer une idée n’est pas la démontrer.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Une société ne crée pas de toutes pièces son organisation ; elle la reçoit, en partie, toute faite de celles qui l’ont précédée.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Pour expliquer un fait social de quelque complexité, il faut en suivre le développement intégral à travers toutes les espèces sociales.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
La sociologie comparée n’est pas une branche particulière de la sociologie ; c’est la sociologie même, en tant qu’elle aspire à rendre compte des faits.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
Ce qu’il faut, c’est comparer non des variations isolées, mais des séries de variations, régulièrement constituées.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
L’enfant reçoit de ses parents des facultés et des prédispositions qui n’entrent en jeu que tardivement dans sa vie.
1895
Source: Les Règles de la méthode sociologique
En même temps que les sociétés, les individus se transforment par suite des changements qui se produisent dans le nombre des unités sociales et leurs rapports.
1893
Source: La division du travail social
L’homme [...] dépend de causes sociales.
1893
Source: La division du travail social
Plus il y a d’associés et plus ils réagissent les uns sur les autres, plus aussi le produit de ces réactions déborde l’organisme.
1893
Source: La division du travail social
Dans l’humanité [...], ce sont les causes sociales qui se substituent aux causes organiques. C’est l’organisme qui se spiritualise.
1893
Source: La division du travail social
Les progrès de la conscience sont en raison inverse de ceux de l’instinct.
1893
Source: La division du travail social
La conscience [...] ne fait que remplir l’espace que l’instinct laisse libre.
1893
Source: La division du travail social
La grande différence qui sépare l’homme de l’animal [...] se ramène à sa plus grande sociabilité.
1893
Source: La division du travail social
Si [...] l’homme est un animal raisonnable, c’est qu’il est un animal sociable [...].
1893
Source: La division du travail social
À mesure que les sociétés deviennent plus vastes et [...] plus condensées, les diversités individuelles [...] s’en dégagent, prennent du relief et se multiplient.
1893
Source: La division du travail social
Chacun d’eux devient une source d’activité spontanée. Les personnalités particulières se constituent, prennent conscience d’elles-mêmes.
1893
Source: La division du travail social
Il n’y a que la société qui ait assez changé pour pouvoir expliquer les changements parallèles de la nature individuelle.
1893
Source: La division du travail social
Il ne faut donc pas [...] présenter la vie sociale comme une simple résultante des natures individuelles, puisqu’au contraire c’est plutôt celles-ci qui résultent de celle-là.
1893
Source: La division du travail social
Presque tout ce qui se trouve dans les consciences individuelles vient de la société.
1893
Source: La division du travail social
[Dans les faits sociaux], c’est bien plutôt la forme du tout qui détermine celle des parties.
1893
Source: La division du travail social
Quoique la société ne soit rien sans les individus, chacun d’eux est beaucoup plus un produit de la société qu’il n’en est l’auteur.
1893
Source: La division du travail social