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Étienne Bonnot de Condillac

Étienne Bonnot de Condillac

Étienne Bonnot de Condillac (30 septembre 1714 – 3 août 1780) était un philosophe et épistémologue français, qui a étudié dans des domaines tels que la psychologie et la philosophie de l'esprit.

Il faut, dans une monarchie, que les charges de magistrature soient vénales ; parce que si elles ne l’étoient pas, l’intrigue les vendroit, et l’administration de la justice seroit un brigandage.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Un office qu’il [le souverain] vend, est proprement un emprunt dont il paie l’intérêt sous le nom de gages.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[Une] exemption absurde [...] s’explique naturellement chez des peuples barbares d’origine.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

On créa des offices, uniquement pour vendre la noblesse. Alors le peuple se trouva de plus en plus surchargé.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Le public ne voyoit pas que c’étoit lui qui contractoit une dette, lorsque le souverain empruntoit.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Pour tenter la cupidité, il [le gouvernement] imagina des tontines.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Il est vrai que les dettes s’éteignoient : mais les impôts subsistoient ; et on les accumuloit [...].

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[L'opération] remplissoit les villes de gens oisifs et inutiles, qui subsistoient néanmoins aux dépens de l’état.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Cette monnoie de papier parut mettre un grand mouvement dans la circulation, et on se crut plus riche.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

On conçoit combien cette nouvelle façon de penser portoit coup à l’agriculture. Les terres baissèrent de prix.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Il n’en est pas des papiers, qui n’ont qu’une valeur fictice, comme de l’or et de l’argent qui ont une valeur réelle.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

La richesse en papier étoit si commode, qu’on ne cherchoit qu’à se faire illusion ; et [...] on les recevoit encore avec confiance.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

L’agiotage deviendra la profession de bien des personnes qui ne seront occupées qu’à répandre tour-à-tour la confiance et l’allarme.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

La banque elle-même, lorsqu’elle sera sûre de pouvoir rétablir son crédit, le fera tomber par intervalles, afin de faire elle-même l’agiotage de ses actions.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Il ne manquoit plus au gouvernement que de faire la banque lui-même, et il la fit.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les arts multiplient les choses de seconde nécessité, ils les perfectionnent ; et à proportion de leurs progrès, ils mettent dans le commerce une plus grande quantité de marchandises [...] d’un plus haut prix.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

C’est aux manufactures [...] à produire une circulation générale. Les ouvrages qui en sortent, faits pour être recherchés par-tout, se vendent par-tout ; et le commerce qu’on en fait [...] met tout en valeur.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Plus les provinces marchandes ont besoin de subsistances, plus elles en demandent aux provinces agricoles ; et, par conséquent, elles y font fleurir l’agriculture.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

C’est ainsi que les unes manquant de ce qui est surabondant chez les autres, elles concourent toutes à leur avantage commun.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Il ne faudrait pas, pour peupler davantage quelques provinces et pour les enrichir, faire des autres autant de déserts, ou n’y laisser qu’un peuple misérable.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Si l’agriculture tomboit dans les provinces agricoles [...], les provinces marchandes qui en auroient causé la ruine, se ruineroient elles-mêmes par contre-coup.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

L’appas du gain les a trop multipliées, et [les entreprises] se nuisent par la concurrence.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Il y aura entre toutes les provinces un balancement continuel de richesses et de population ; balancement qui sera entretenu par l’industrie et par la concurrence.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Si une province croyait s’enrichir en s’occupant des moyens d’attirer et de retenir chez elle l’or et l’argent de toutes les autres, ce serait de sa part une erreur aussi funeste que grossière.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Il faut donc que l’or et l’argent entre et sorte librement. C’est alors que les richesses se balanceront entre toutes les provinces : toutes seront dans l’abondance par échange de leur travail.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Si une province se croit plus riche, parce qu’elle a plus d’argent, elle est [...] dans l’illusion.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Tous les peuples travailleront à l’exemple les uns des autres, parce que tous voudront participer aux mêmes avantages.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Le commerce sera comme un fleuve, qui se distribuerait dans une multitude de canaux, pour arroser successivement toutes les terres. Cette révolution ne s’achèvera que pour recommencer.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

La liberté a [...] l’avantage de [...] garantir toutes [les régions] de la pauvreté, et en même-temps d’arrêter [...] le progrès des richesses, lorsque l’excès en ce genre pourrait nuire.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Par la liberté du commerce, [les provinces] sont toutes en même-temps et agricoles et marchandes. C’est que, dans chacune, on s’occupe de tout, et qu’aucune ne connaît les préférences exclusives.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

L’idée dont on est le plus frappé, est celle qu’on est naturellement porté à énoncer la première.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Si nous pouvions remonter à tous les noms primitifs, nous reconnoîtrions qu’il n’y a point de substantif abstrait qui ne dérive de quelque adjectif ou de quelque verbe.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Les hommes [...] rapportent leurs dernières connoissances à quelques-unes de celles qu’ils ont déjà acquises. Par-là les idées moins familières se lient à celles qui le sont davantage.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

[...] il est [...] certain que les termes les plus abstraits dérivent des premiers noms qui ont été donnés aux objets sensibles.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

On oublia l’origine de ces signes, aussitôt que l’usage en fut familier ; & on tomba dans l’erreur de croire qu’ils étoient les noms les plus naturels des choses spirituelles.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Nous sommes naturellement portés à croire que les autres ont les mêmes idées que nous, parce qu’ils se servent du même langage.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Il est curieux de remarquer avec quelle confiance on se sert du langage dans le moment même qu’on en abuse le plus.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Les philosophes ont eux-mêmes affecté d’être obscurs. Chaque secte a été intéressée à imaginer des termes ambigus, ou vuides de sens. C’est par-là qu’on a cherché à cacher les endroits foibles de tant de systêmes.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

On ne se trompe [...] que parce qu’on prend pour plus naturel un ordre qui n’est qu’une habitude que le caractère de notre langue nous a fait contracter.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

[...] les idées ne sont dispersées qu’afin que l’esprit, obligé de les rapprocher lui-même, en sente la liaison ou le contraste avec plus de vivacité.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

[...] il est naturel que nous nous accoutumions à lier nos idées conformément au génie de la langue dans laquelle nous sommes élevés [...].

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Chaque langue exprime le caractère du peuple qui la parle.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Il en est des langues comme des chiffres des géométres : elles donnent de nouvelles vûes, & étendent l’esprit à proportion qu’elles sont plus parfaites.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Le succès des génies les mieux organisés dépend tout-à-fait des progrès du langage pour le siècle où ils vivent.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Pour être original, [l'écrivain] est obligé de préparer la ruine d’une langue, dont un siècle plutôt il eut hâté les progrès.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Les philosophes, pour rendre raison des phénomènes de la vue, ont supposé que nous formons certains jugemens, dont nous n’avons nulle conscience.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Joignant à la vision un jugement que nous confondons avec elle, nous nous formons l’idée d’une figure convexe, quoique dans le fond nos yeux ne nous représentent qu’un plan.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Pour moi, quand je regarde un globe, je vois autre chose qu’un cercle plat : expérience à laquelle il me paroît tout naturel de m’en rapporter.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Je vois un bas-relief, je sais à n’en pas douter qu’il est peint sur une surface platte [...] cependant cette connoissance [...] n’empêche point que je ne voye des figures convexes.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Une raison qui suffiroit seule pour détruire cette opinion [...], c’est qu’il est impossible de nous faire avoir conscience de ces sortes de jugemens.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

L’objet se remue, je juge que c’est un homme, & dès cet instant cet homme me paroît de la grandeur ordinaire.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Si la perception de la vue est l’effet d’un jugement [...], cet homme devroit tout-à-coup disparoître à mes yeux, ou [...] continuer à le voir de la même grandeur.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

L’ouïe par elle-même n’est pas faite pour nous donner l’idée de la distance [...] l’idée qu’elle en fournit, est encore la plus imparfaite de toutes.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

J’ouvre ma fenêtre, & j’apperçois un homme à l’extrémité de la ruë : je vois qu’il est loin de moi, avant que j’aye encore formé aucun jugement.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Je vois une lumière répandue en tout sens [...] qui n’est pas concentrée dans un point [...]. Je trouve là, indépendamment de tout jugement, [...] l’idée de l’étendue avec toutes ses dimensions.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

De quelques sens que l’étendue vienne à notre connoissance, elle ne peut être représentée de deux manières différentes.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

[L'aveugle-né] ne distingua de long-tems ni grandeurs, ni distances, ni situations, ni même figures. [...] Tout ce qu’il voyoit, lui sembloit d’abord être sur ses yeux, & les toucher.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

[L'aveugle-né] y porta la main & fut étonné de ne point trouver [...] ces corps solides [...]. Il demandoit quel étoit le trompeur du sens du toucher, ou du sens de la vûe.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Il fallut un exercice de plusieurs jours pour faire jouer ensemble des ressorts si roidis par le tems. Voilà pourquoi ce jeune homme tâtonna pendant deux mois.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Je devois me faire une loi de ne rien établir qui ne fût incontestable, & que chacun ne pût, avec la moindre réflexion, appercevoir en lui-même.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Nous ne tombons dans plus d’erreurs, que parce que nous aquérons plus de connoissances.

1755

Source: Traité des animaux

De tous les êtres créés, celui qui est le moins fait pour se tromper, est celui qui a la plus petite portion d’intelligence.

1755

Source: Traité des animaux

Cependant nous avons un instinct, puisque nous avons des habitudes, et il est le plus étendu de tous.

1755

Source: Traité des animaux

[...] nous pressentons quelquefois la vérité avant d’en avoir saisi la démonstration. Nous la discernons par instinct.

1755

Source: Traité des animaux

L’histoire même de la philosophie n’est bien souvent que le tissu des erreurs où [les faux pressentiments] ont jetté les philosophes.

1755

Source: Traité des animaux

Le goût [...] n’a été dans les commencemens que juger de [l'objet] par comparaison avec d’autres.

1755

Source: Traité des animaux

Chacun est prévenu que son sentiment est la mesure de celui des autres. Il ne croit pas qu’on puisse prendre du plaisir à une chose qui ne lui en fait point.

1755

Source: Traité des animaux

[...] si nous savions que le sentiment n’est dans son origine qu’un jugement fort lent ; nous reconnoîtrions que ce qui n’est pour nous que jugement, peut être devenu sentiment pour les autres.

1755

Source: Traité des animaux

Nous croyons avoir un goût naturel, inné, qui nous rend juges de tout, sans avoir rien étudié. Ce préjugé est général, et il devoit l’être.

1755

Source: Traité des animaux

Le hasard n’est qu’un mot, et le besoin qu’ils en ont pour bâtir leurs sistêmes, prouve combien il est nécessaire de reconnoître un premier principe.

1755

Source: Traité des animaux

Le premier objet de l’amour-propre est [...] d’écarter tout sentiment désagréable ; et c’est par-là qu’il tend à la conservation de l’individu.

1755

Source: Traité des animaux

Desirer est donc le plus pressant de tous nos besoins ; [...] nous ne vivons plus que pour desirer et qu’autant que nous desirons.

1755

Source: Traité des animaux

Les hommes [...] s’aprennent mutuellement comment leur force s’acroît, s’affaiblit, s’éteint. Enfin, ceux qui meurent les premiers disent qu’ils ne sont plus, en cessant de dire qu’ils existent.

1755

Source: Traité des animaux

Les habitudes qui à certains égards conspirent ensemble, se nuisent à d’autres égards. [...] elles se combattent mutuellement, et c’est la source des contradictions que nous éprouvons quelquefois.

1755

Source: Traité des animaux

Sensation, besoin, liaison des idées : voila donc le sistême auquel il faut raporter toutes les opérations des animaux.

1755

Source: Traité des animaux

Nous ne ſaurions nous rappeler l’ignorance, dans laquelle nous ſommes nés : c’eſt un état qui ne laiſſe point de traces après lui.

1754

Source: Traité des sensations

Nous ne nous ſouvenons d’avoir ignoré, que ce que nous nous ſouvenons d’avoir appris [...].

1754

Source: Traité des sensations

[...] c’eſt là l’origine de ce penchant que nous avons à croire [nos premières connaissances] nées avec nous.

1754

Source: Traité des sensations

Dire que nous avons appris à voir, à entendre, à goûter, à ſentir, à toucher, paroît le paradoxe le plus étrange.

1754

Source: Traité des sensations

Il ſemble que la nature nous a donné l’entier uſage de nos ſens, à l’inſtant même qu’elle les a formés [...].

1754

Source: Traité des sensations

[Il faut] conſidérer ſéparément nos ſens, [...] diſtinguer avec préciſion les idées que nous devons à chacun d’eux, & d’obſerver avec quels progrès ils s’inſtruiſent.

1754

Source: Traité des sensations

Pour remplir cet objet, nous imaginâmes une Statue organiſée intérieurement comme nous, & animée d’un eſprit privé de toute eſpéce d’idées.

1754

Source: Traité des sensations

Le principe qui détermine le développement des facultés [de l'esprit] est ſimple ; les Senſations mêmes le renferment.

1754

Source: Traité des sensations

[...] toutes [les sensations] étant néceſſairement agréables ou déſagréables, [l'être] eſt intéreſſé à jouir des unes & à ſe dérober aux autres.

1754

Source: Traité des sensations

Cet intérêt ſuffit pour donner lieu aux opérations de l’entendement & de la volonté.

1754

Source: Traité des sensations

Le jugement, la réflexion, les déſirs, les paſſions, &c. ne ſont que la Senſation même qui ſe tranſforme différemment.

1754

Source: Traité des sensations

La nature nous donne des organes, pour nous avertir par le plaiſir de ce que nous avons à rechercher, & par la douleur de ce que nous avons à fuir. Mais elle s’arrête là.

1754

Source: Traité des sensations

[La nature] laiſſe à l’expérience le ſoin de nous faire contracter des habitudes, & d’achever l’ouvrage qu’elle a commencé.

1754

Source: Traité des sensations

Peut-on ne pas admirer, qu’il n’ait fallu que rendre l’homme ſenſible au plaiſir & à la douleur, pour faire naître en lui des idées, des déſirs, des habitudes & des talens de toute eſpece ?

1754

Source: Traité des sensations

L’organe du tact eſt en [les bêtes] moins parfait ; & par conſéquent, il ne ſauroit être pour elles la cauſe occaſionnelle de toutes les opérations qui ſe remarquent en nous.

1754

Source: Traité des sensations

Quand on ne s’enrichit que lentement et à force de travail, on peut être économe ; mais on dissipe, quand l’argent se reproduit facilement [...].

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[...] à mesure que les consommations croissoient parmi les citoyens de tout état, les prix haussoient dans tous les marchés.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Plus funeste aux gens à rentes ou à gages, il [le renchérissement] leur ôtoit pour toujours une partie de leur subsistance [...].

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Dans cet instant de prospérité, on disoit : les mines font la puissance d’un état. C’est une source abondante, qui fait, pour ainsi dire, déborder les autres sources de richesses.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Cette vérité n’étoit que momentanée, et il falloit se hâter de la dire.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[...] quand une plus grande quantité d’argent eut encore haussé les prix, on acheta chez l’étranger où tout coûtoit moins, ce qu’on achetoit auparavant dans le royaume.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les manufactures, l’agriculture, le commerce, tout tomba ; et parmi ceux qui vivoient auparavant de leur travail, les uns sortirent du royaume, les autres y restèrent pour mendier.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Le produit des mines étoit donc en derniere analyse, dépopulation et misère.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

L’argent qu’on en retiroit, franchissoit les provinces, et passoit chez l’étranger sans laisser de traces.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Enfin le renchérissement vint au point, qu’on fut obligé d’abandonner les mines. Les frais [...] devinrent si grands, qu’il n’y avoit plus de bénéfice à les exploiter.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Il arrive donc un temps où l’exploitation des mines ne peut plus se faire avec bénéfice. Il n’en est pas de même de la culture des productions, qui se consomment pour se reproduire.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[La culture des terres] est une source qui ne tarit point. Plus on puise, plus elle croît. Tel est l’avantage de l’exploitation des terres sur l’exploitation des mines.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Que seroit-il arrivé, si l’or et l’argent fussent devenus aussi communs que le fer ? Ces métaux auroient cessé d’être la mesure commune des valeurs [...].

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[Si les métaux précieux devenaient communs,] plus de villes, par conséquent, plus de grandes fortunes. Mais aussi plus de mendicité [...].

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Que nous serions heureux, si nous trouvions des mines assez riches pour rendre inutiles tout notre or et tout notre argent !

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

On ne pouvoit point faire le trafic des bleds sans en avoir obtenu la permission. [...] il falloit encore avoir de la protection.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

La protection ne s’accordoit gueres qu’à ceux qui la payoient, ou qui cédoient une part dans leur bénéfice.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Le droit de faire le monopole des grains se vendoit donc, en quelque sorte, au plus offrant et dernier enchérisseur.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

...quand on l’avoit acheté, il falloit encore donner de l’argent pour empêcher qu’il ne fût vendu à d’autres.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Il ne leur importoit pas de faire un grand trafic : il leur importoit seulement de faire un gros bénéfice.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[Les monopoleurs] font la loi aux fermiers qui ne peuvent vendre qu’à eux.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Pour confirmer ces bruits, ils faisoient entr’eux, publiquement dans les marchés, des ventes simulées [...] au plus bas prix.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Il y a donc disette : ce n’est pas que le bled manque, mais on l’a soustrait à la consommation.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Il faut qu’ils puissent se faire honneur du bon marché qu’ils maintiennent dans quelques provinces, pour se justifier de la cherté qu’ils mettent dans d’autres.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

On voyoit quelquefois, dans une province, le peuple condamné à se nourrir de mauvaises racines ; tandis que, dans une province voisine, on jettoit le plus beau froment aux bestiaux.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Chargés seuls de faire réfluer les grains par-tout où ils manquoient, ils le faisoient lentement [...] et trouvoient, dans leur lenteur, un grand bénéfice, parce qu’elle faisoit durer la cherté.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Il y en avoit d’autres qui ne s’enrichissoient pas moins, et qui cependant achetoient cher, et vendoient bon marché.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[Les commissionnaires] achetoient de grains, et plus ils les achetoient cher ; plus, par conséquent, ils avoient de bénéfice.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Ne pouvant [...] soutenir la concurrence sans se ruiner, [les marchands] renoncèrent les uns après les autres au commerce des grains.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

C’est le gouvernement qui faisoit toutes les avances pour les achats, comme toutes les pertes dans les ventes.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

On ne peut multiplier les productions qu’à proportion de la quantité des terres, de leur étendue, et des soins qu’on donne à la culture.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Suivant l’emploi des terres, la population sera donc plus ou moins grande.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Il n’y a jamais dans un pays que la quantité d’habitants qu’il peut nourrir.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

C’est une chose de fait que les hommes multiplient toutes les fois que les pères sont assurés de la subsistance de leurs enfants.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les consommations, qui se multiplient comme les besoins, changent l’emploi des terres.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les productions, nécessaires à la subsistance de l’homme, diminuent dans la proportion où les autres augmentent.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Plus les nouvelles consommations se multiplieront, plus il y aura de mouvement dans le commerce qui embrassera tous les jours de nouveaux objets.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

De proche en proche, tous, à l’exemple les uns des autres, consommeront de plus en plus.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[Une société] n’imaginera pas que la population puisse diminuer dans un siècle où chaque citoyen jouit de plus d’abondance [...], et c’est néanmoins par cette raison qu’elle diminue.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Chaque homme veut pouvoir entretenir sa famille dans l’aisance dont l’habitude fait un besoin à tous ceux de son état.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Ce n’est pas la plus grande population, considérée en elle-même, qui doit faire juger de la prospérité d’un État.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[La prospérité, c'est] la plus grande population qui [...] se concilie avec l’abondance à laquelle tous les citoyens ont droit de prétendre.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Une grande population ne prouve rien en faveur du gouvernement : elle prouve seulement que les terres ont une grande fertilité et [...] qu'elles sont cultivées par des hommes qui ont peu de besoins.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les terres seront en valeur partout où l’agriculture jouira d’une entière liberté ; et alors la population [...] sera aussi grande qu’elle peut l’être. Voilà la prospérité de l’État.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Est-il plus avantageux pour un royaume que ses habitants aient le moins de besoins possibles, ou qu’ils en aient beaucoup ?

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[...] la valeur, fondée sur le besoin, croît dans la rareté et diminue dans l’abondance.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

S’il n’y avoit point de richesses foncières, il n’y auroit point de richesses mobilières.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les formes qui donnent aux matières premières une utilité leur donnent une valeur.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Produire, en effet, c’est donner de nouvelles formes à la matière [...].

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

La valeur de la forme ne peut être que la valeur du travail qui la donne. Elle est le salaire dû à l’ouvrier.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

À parler exactement, le [cultivateur] ne produit rien, il dispose seulement la terre à produire.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

L’artisan, au contraire, produit une valeur, puisqu’il y en a une dans les formes qu’il donne aux matières premières.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les richesses mobiliaires font plus que se remplacer, elles s’accumulent.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[Les richesses mobiliaires] se multiplient comme nos besoins factices, qui peuvent se multiplier sans fin.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les richesses foncières sont [...] des richesses du premier ordre, [...] sans lesquelles il n’y auroit point d’autres richesses.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Le [cultivateur] produit plus qu’il ne consomme. C’est avec son surabondant qu’il fait subsister ceux qui ne cultivent pas.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les richesses foncières [...] produites pour être consommées, ne se reproduisent qu’en raison de la consommation.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les richesses mobiliaires ne se multiplient qu’avec le secours des richesses foncières.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les ouvrages de l’art ont [...] plus de valeur, lorsqu’ils sont de nature à ne pouvoir être faits que par un petit nombre d’artisans, puisqu’alors ils sont plus rares.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les peuples chez qui l’histoire montre des vertus dirigées par les lois, sont ceux qui s’agrandissent par degrés, et qui, conduits seulement par les circonstances, apprennent de l’expérience à se gouverner.

1768

Source: Discours de réception à l’Académie française d’Étienne Bonnot de Condillac

L’ignorance d’une multitude de besoins superflus [...] garantit long-temps d’une multitude de vices. La corruption n’arrive qu’après plusieurs siècles.

1768

Source: Discours de réception à l’Académie française d’Étienne Bonnot de Condillac

[Les] ames, humaines et généreuses [...] deviennent féroces dans l’enceinte des villes, et cette férocité est l’effet des besoins superflus, de ces mêmes besoins qui adoucissent les mœurs des peuples civilisés.

1768

Source: Discours de réception à l’Académie française d’Étienne Bonnot de Condillac

La superstition [...] devint une arme de plus, et il en naquit de nouveaux troubles.

1768

Source: Discours de réception à l’Académie française d’Étienne Bonnot de Condillac

L’expérience du passé ôtoit donc jusqu’à l’illusion sur l’avenir, et les peuples étoient malheureux, comme ils l’auroient été, si c’étoit la nature qui les eût condamnés à l’être.

1768

Source: Discours de réception à l’Académie française d’Étienne Bonnot de Condillac

C’est que l’opinion seule les gouvernoit. [Les peuples] respectoient en elle [...] jusqu’aux abus qu’elle consacre.

1768

Source: Discours de réception à l’Académie française d’Étienne Bonnot de Condillac

Moins les préjugés trouvent d’obstacles quand ils se répandent, plus on en trouve quand on les veut détruire.

1768

Source: Discours de réception à l’Académie française d’Étienne Bonnot de Condillac

Pour attaquer [les préjugés] avec succès, il faut avoir appris à les combattre, il faut [...] trouver dans les esprits des dispositions favorables ; il faut qu’ils soient préparés de loin.

1768

Source: Discours de réception à l’Académie française d’Étienne Bonnot de Condillac

Le faux savoir, plus funeste encore que l’ignorance, avoit asservi les esprits.

1768

Source: Discours de réception à l’Académie française d’Étienne Bonnot de Condillac

La raison se développe sans effort, tant que nous l’exerçons sur des objets peu compliqués ; mais impuissante par elle seule à manier les autres, [...] elle a besoin de leviers.

1768

Source: Discours de réception à l’Académie française d’Étienne Bonnot de Condillac

Il n’en est pas de même du goût, il se développe de lui-même aussitôt qu’un peuple commence à s’éclairer. Il est proprement l’aurore du jour qui va luire.

1768

Source: Discours de réception à l’Académie française d’Étienne Bonnot de Condillac

On ne nous trompe pas sur ce que nous jugeons agréable, comme on peut nous tromper sur ce que nous jugeons vrai.

1768

Source: Discours de réception à l’Académie française d’Étienne Bonnot de Condillac

Pour nous former le goût, il ne suffit pas d’étudier les langues mortes, il faut encore cultiver celle qui nous est devenue naturelle ; parce que c’est dans cette langue que nous pensons.

1768

Source: Discours de réception à l’Académie française d’Étienne Bonnot de Condillac

Les limites que nous élevons pour circonscrire chaque science, interceptent la lumière et jettent nécessairement des ombres. Enlevons les limites, aussitôt les ombres se dissipent.

1768

Source: Discours de réception à l’Académie française d’Étienne Bonnot de Condillac

Plus heureux que les Italiens, parce que nous sommes venus plus tard, notre langue s’est perfectionnée dans des circonstances plus favorables.

1768

Source: Discours de réception à l’Académie française d’Étienne Bonnot de Condillac

Depuis qu’on écrit sur le luxe, les uns en font l’apologie, les autres en font la satire, et on ne prouve rien. C’est qu’on ne cherche pas à s’entendre.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

On parle du luxe comme d’une chose dont on se seroit fait une idée absolue, et cependant nous n’en avons qu’une idée relative.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Ce qui est luxe pour un peuple ne l’est pas pour un autre ; et, pour le même peuple, ce qui l’a été peut cesser de l’être.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Luxe, dans la première acception du mot, est la même chose qu’excès.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les hommes ne jugent différemment de ce que tous s’accordent à nommer excès que parce que n’ayant pas les mêmes besoins, il est naturel que ce qui paroît excès à l’un ne le paroisse pas à l’autre.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Le luxe consiste [...] dans les choses qui [...] sont, par leur nature, réservées pour le petit nombre à l’exclusion du plus grand.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Quelque recherchées que les choses aient pu paroître dans les commencemens, elles ne sont point un excès lorsqu’elles sont de nature à devenir d’un usage commun.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les gens riches, dont le goût est en proportion avec la rareté des mets, les jugeroient excellentes.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Le prix de la main-d’œuvre transforme [...] en choses de luxe les matières premières que notre sol produit en plus grande abondance.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[La condition de l'ouvrier de luxe] fera voir [...] combien l’industrie dans les villes a d’avantages sur les travaux de la campagne. On désertera donc les villages.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Pour juger des inconvéniens du luxe par rapport aux particuliers, j’en distingue de trois espèces : luxe de magnificence, luxe de commodités, luxe de frivolités.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Le luxe de frivolités, assujetti aux caprices de la mode, [...] jette dans des dépenses dont on ne voit point les bornes.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Que deviennent les mœurs lorsque les principaux citoyens [...] ne connoissent que le besoin d'argent, que tout moyen d’en faire est reçu parmi eux, et qu’aucun ne déshonore ?

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

C’est une chose de fait que la vie simple peut seule rendre un peuple riche, puissant, et heureux.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

C’est dans l’opinion qu’on a des quantités, plutôt que dans les quantités mêmes, que se trouvent l’abondance, la surabondance ou la disette.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

J’appelle naturels les besoins qui sont une suite de notre conformation, et factices les besoins que nous devons à l’habitude.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Il viendra un temps où les besoins factices, à force de s’écarter de la nature, finiront par la changer totalement et par la corrompre.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Dire qu’une chose vaut, c’est dire que nous l’estimons bonne à quelque usage. Cette estime est ce que nous appelons valeur.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

La valeur des choses est donc fondée sur leur utilité, ou, ce qui revient au même, sur le besoin que nous en avons.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Puisqu’un besoin plus senti donne aux choses une plus grande valeur, [...] la valeur des choses croît dans la rareté, et diminue dans l’abondance.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[La valeur] peut même, dans l’abondance, diminuer au point de devenir nulle. Un surabondant sera sans valeur, toutes les fois qu’on n’en pourra faire aucun usage.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Le plus ou moins de valeur, l’utilité étant la même, seroit uniquement fondé sur le degré de rareté ou d’abondance [...]. Mais ce degré ne sauroit jamais être connu.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Une chose n’a pas une valeur, parce qu’elle coûte, comme on le suppose ; mais elle coûte, parce qu’elle a une valeur.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

La valeur est moins dans la chose que dans l’estime que nous en faisons, et cette estime est relative à notre besoin.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Quoiqu’on ne donne point d’argent pour se procurer une chose, elle coûte, si elle coûte un travail.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Travailler, c’est donc agir pour se procurer une chose dont on a besoin.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

L'air a une valeur : il coûte tout ce que je fais pour le respirer, pour en changer, pour le renouveler. J’ouvre ma fenêtre, je sors. Or chacune de ces actions est un travail.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

On est porté à regarder la valeur comme une qualité absolue, qui est inhérente aux choses indépendamment des jugemens que nous portons, et cette notion confuse est une source de mauvais raisonnemens.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les choses n’auroient point de valeur pour nous, si nous ne jugions pas qu’elles ont des qualités propres à nos usages. Leur valeur est donc principalement dans le jugement que nous portons de leur utilité.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

De génération en génération, les terres [...] se partagent entre les enfants, [...] elles se diviseront souvent au point que les différentes portions ne suffiront plus à la subsistance de ceux à qui elles seront échues.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Tantôt un [homme] négligent ou dissipateur sera forcé de vendre ses [biens] à un [autre] plus soigneux ou plus économe, qui fera continuellement de nouvelles acquisitions.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les marchands, que le négoce et l’économie auront enrichis, s’approprieront vraisemblablement peu-à-peu une partie des terres.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[Les gens] sont plus équitables qu’on ne pense : ils le seraient plus encore si on les vexait moins, et d’ailleurs la concurrence les force à l’être.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

L’expérience apprend [...] la quantité et la qualité des productions sur lesquelles on peut moralement compter, [...] et on les estime d’après les prix courants des marchés.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les propriétaires [...] se rassemblent aux environs des marchés, où ils sont plus à portée de pourvoir à tous leurs besoins. Ce concours attire [...] des artisans et des marchands [...], et il se forme une ville.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Il se fait alors une révolution dans la manière de vivre.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Lorsque les [gens], rassemblés dans des villes, se communiquent mutuellement les productions [...], il est naturel qu’ils veuillent tous jouir de toutes ces productions.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[Les gens] se font par conséquent de nouveaux besoins, et ils consomment plus qu’ils ne faisaient auparavant.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les agréments de cette manière de vivre augmenteront l’affluence dans les villes. Les consommations croîtront dans la même proportion.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[Les producteurs], plus assurés de vendre leurs récoltes, donneront plus de soin à l’agriculture. [...] les productions se multiplieront.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Leurs consommations, tout-à-la-fois plus grandes et plus variées, exciteront de plus en plus l’industrie, et par conséquent l’agriculture, les arts et le commerce fleuriront.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les productions et les consommations se balanceront continuellement ; et, suivant la proportion où elles seront entre elles, elles feront hausser et baisser tour-à-tour le prix de chaque chose.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

La liberté entière dont jouit le commerce proportionnera bientôt les productions aux consommations, et mettra chaque chose aux prix qu’elle doit avoir.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Entre une vie grossière et une vie molle, je voudrais distinguer une vie simple, et en déterminer l’idée, s’il est possible, avec quelque précision.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Nous passons de la vie grossière à la vie simple, et de la vie simple à la vie molle par une suite de ces choses que l’habitude nous rend nécessaires.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Il faut que les arts fassent quelques progrès pour nous tirer d’une vie grossière ; et il faut qu’ils s’arrêtent après quelques progrès, pour nous empêcher de tomber dans une vie molle.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Tant que l’agriculture a été regardée comme le premier art, [...] les hommes, bien loin de pouvoir s’amollir, ont été nécessairement sobres et laborieux.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

C’est dans les temps de corruption que les lois se multiplient. On en fait continuellement, parce qu’on en sent continuellement le besoin, et il semble qu’on en fait toujours inutilement.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

S’il importe d’un côté que chaque citoyen puisse vivre de son travail, il est certain de l’autre qu’on ne pourra donner de l’occupation à tous, qu’autant que les arts auront fait de nouveaux progrès.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[La recherche du luxe se trouve] dans le travail, lorsqu’on préfère un ouvrage plus fini, quoiqu’il n’en soit ni plus solide, ni plus utile.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Ce sont surtout les jouissances exclusives qui font disparaître la simplicité.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Quand on commence à croire qu’on en vaut mieux, parce qu’on jouit des choses dont les autres ne jouissent pas, on ne cherche plus à valoir que par ces sortes de choses.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

On cesse d’être simple, non seulement parce qu’on n’est pas comme les autres, mais encore parce qu’on veut paraître ce qu’on n’est pas.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

La concurrence, qui distribue les emplois, met chacun à sa place : tous subsistent, et l’État est riche des travaux de tous.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Le luxe [...] fera hausser le prix des choses les plus nécessaires à la vie ; et, pour un petit nombre de citoyens qui vivront dans l’opulence, la multitude tombera dans la misère.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Ce sont les choses dont l’usage fait sentir la nécessité qui doivent être la règle de l’emploi des hommes [...].

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Le commerce extérieur, toujours gêné [...], sera d’autant moins florissant, qu’il sera plus dispendieux.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les nations se nuisent [...] mutuellement, parce qu’elles se privent chacune des avantages qu’elles se procuroient les unes aux autres par des échanges.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

À chaque fois qu’elles prennent les armes, [les nations] détruisent un fonds de richesses qu’elles auroient mis dans la circulation [...].

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les productions diminueront, par conséquent, et avec elles la population.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[...] cette gloire que les peuples, dans leur stupidité, attachent aux conquêtes, et que les historiens, plus stupides encore, aiment à célébrer [...].

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Ce n’est qu’en exterminant qu'[une nation] assurera sa domination sur des peuples auparavant libres.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

La guerre coûtera des provinces à la nation même qui aura fait des conquêtes.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Je regarde, comme perdues, les provinces où la population et la culture auront été ruinées ou considérablement détériorées.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Un empire, qui se dépeuplerait et qui tomberait en friches, n’en serait pas plus grand pour avoir reculé ses bornes.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Mais cet équilibre [des puissances], parviendra-t-on à l’établir ? Jamais.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[...] l’inquiétude paraîtra l’unique cause motrice des puissances : elles se livreront [...] aux projets les plus ruineux, pour les exécuter d’une manière plus ruineuse encore.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[...] la guerre ôtant toute liberté au commerce, le surabondant cessera de passer réciproquement d’une nation chez l’autre.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Dès qu’il [le surabondant] cessera de se consommer, il cessera de se reproduire.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Dans ces intervalles de paix, on ne réparera pas tous les maux que la guerre aura faits ; et cependant on mettra de nouveaux obstacles au commerce.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Le besoin que les citoyens ont les uns des autres les met tous dans une dépendance mutuelle.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Tel est en général le caractère des hommes : celui de qui on dépend veut s’en prévaloir, et tous seroient despotes s’ils le pouvoient.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Quand [...] la dépendance est mutuelle, tous sont forcés de céder les uns aux autres, et personne ne peut abuser du besoin qu’on a de lui.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les intérêts se rapprochent, ils se confondent, et, quoique les hommes paroissent tous dépendans, tous, dans le fait, sont indépendans.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les fermiers, comme première cause des productions, paroissent [...] tenir tous les citoyens dans leur dépendance. C’est leur travail qui les fait subsister.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[C'est] l’époque où tous les citoyens tombent dans la dépendance des marchands, et où les choses commencent à avoir une valeur appréciée par une mesure commune.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Auparavant les consommations se régloient d’après les productions ; alors les productions se régleront d’après les consommations.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Dès qu’ils [les producteurs] auront remarqué que [les variations de goût] sont possibles, ils mettront toute leur industrie à les faire naître.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Tout l’argent, qui doit circuler [...] et être le prix de tous les effets commerçables, est originairement aux [propriétaires].

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Le commerce [...] réveillera l’industrie [...] et tout prendra une nouvelle vie. Mais cela n’est vrai que dans la supposition où le commerce seroit parfaitement libre.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

S’il [le commerce] n’étoit pas libre, il dégénéreroit [...] en un état de convulsion, qui, faisant hausser et baisser sans règles le prix des choses [...] répandroit le désordre dans les fortunes.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Un peuple [...] est véritablement riche, parce que ses richesses sont à lui, et ne sont qu’à lui. C’est dans ses possessions uniquement qu’il en trouve toutes les sources.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les consommations, multipliées [...] doivent donc multiplier les productions tant qu’il reste des terres à cultiver [...].

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[Les] richesses iront toujours en croissant, et elles n’auront un terme que dans les derniers progrès de l’agriculture.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Heureux le peuple libre, qui, riche de son sol, ne seroit pas à portée de commercer avec les autres !

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Nous ne jugeons des situations que parce que nous voyons les objets dans un lieu où ils occupent un espace déterminé ; et nous ne jugeons du mouvement que parce que nous les voyons changer de situation.

1754

Source: Traité des sensations

N'ayant qu'une idée confuse et indéterminée d'étendue, privée de toute idée de figure, de lieu, de situation et de mouvement, [la conscience] sent seulement qu'elle existe de bien des manières.

1754

Source: Traité des sensations

La réunion des sens augmente le nombre des manières d’être : la chaîne des idées en est plus étendue et plus variée.

1754

Source: Traité des sensations

Les objets de son attention, de ses désirs et de sa jouissance se multiplient.

1754

Source: Traité des sensations

Il lui semble qu'elle aperçoit en elle une multitude d’êtres tout différents. Mais elle continue à ne voir qu’elle, et rien ne la peut encore arracher à elle-même, pour la porter au-dehors.

1754

Source: Traité des sensations

Elle ne soupçonne donc pas qu'elle doive ses manières d’être à des causes étrangères.

1754

Source: Traité des sensations

Elle voit, elle sent, elle goûte, elle entend, sans savoir qu’elle a des yeux, un nez, une bouche, des oreilles : elle ne sait pas qu’elle a un corps.

1754

Source: Traité des sensations

Si nous faisions succéder en elle les odeurs, les saveurs et les sons, elle se regarderait comme une couleur, qui est successivement odoriférante, savoureuse et sonore.

1754

Source: Traité des sensations

C’est dans la manière d’être, où elle se retrouve toujours, qu’elle doit sentir ce moi, qui lui paraît le sujet de toutes les modifications, dont elle est susceptible.

1754

Source: Traité des sensations

Quand nous sommes portés à regarder l’étendue comme le sujet de toutes les qualités sensibles, est-ce parce qu’en effet elle en est le sujet, ou seulement parce que cette idée [...] nous est familière ?

1754

Source: Traité des sensations

Quand des philosophes assurent qu’il n’y a que de l’étendue, [...] n’en jugent-ils ainsi que parce que cette idée leur est familière, et qu’ils la retrouvent partout ?

1754

Source: Traité des sensations

[La conscience] aurait autant de raison de croire qu’elle n’est qu’une couleur, ou qu’une odeur ; et que cette couleur, ou cette odeur est son être, sa substance.

1754

Source: Traité des sensations

Ainsi, par le seul instinct, ces hommes se demandoient & se prêtoient des secours. Je dis par le seul instinct ; car la réflexion n’y pouvoit encore avoir part.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

L’usage de ces signes étendit peu à peu l’exercice des opérations de l’ame ; &, à leur tour, celles-ci ayant plus d’exercice perfectionnèrent les signes, & en rendirent l’usage plus familier.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Le langage d’action, alors si naturel, étoit un grand obstacle à surmonter. Pouvoit-on l’abandonner pour un autre dont on ne prévoyoit pas encore les avantages, & dont la difficulté se faisoit si bien sentir ?

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Le défaut des françois, c’est de borner les arts à force de vouloir les rendre simples. Par-là ils se privent quelquefois du meilleur, pour ne conserver que le bon.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Si [un ouvrage ancien] nous paroît obscur, ne nous en prenons qu’à l’habitude où nous sommes de juger des ouvrages de l’antiquité par les nôtres.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Voilà un exemple bien sensible des erreurs où l’on tombe [...] lorsqu’on parle d’un art dont on ne connoît pas les principes.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

L’imagination est plus vivement affectée d’un langage qui est tout en action.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Moins nous permettons d’écart dans la voix & dans le geste, plus nous exigeons de finesse dans le jeu.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

La prévention pour la coutume a été, de tous temps, un obstacle aux progrès des arts.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Plus nous sommes ignorans, plus nous avons besoin de guides, & plus nous sommes portés à croire que ceux qui sont venus avant nous ont bien fait tout ce qu’ils ont fait, & qu’il ne nous reste qu’à les imiter.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

On parle beaucoup de la belle nature ; il n’y a pas même de peuple poli qui ne se pique de l’imiter : mais chacun croit en trouver le modèle dans sa manière de sentir.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Le style, dans son origine, a été poëtique ; puisqu’il a commencé par peindre les idées avec les images les plus sensibles, & qu’il étoit d’ailleurs extrêmement mesuré.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Notre langue [...] rejette même si fort [les sous-entendus], qu’on diroit quelquefois qu’elle se méfie de notre pénétration.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

[Toutes] les marchandises ont une valeur fondée sur leur utilité ; et cette valeur augmente ou diminue à proportion qu’on les juge plus rares ou plus abondans.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Ce n’est [...] pas uniquement par la quantité que nous jugeons de l’abondance ou de la rareté d’une chose : c’est par la quantité considérée relativement aux usages que nous en faisons.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[La] quantité relative diminue à mesure que nous employons une chose à un plus grand nombre d’usages, et qu’elle augmente à mesure que nous l’employons à un plus petit nombre.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[Les choses] sont [...] plus rares ou plus abondantes, suivant que nous les employons à plus ou moins d’usages.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

On n’achète les choses qu’autant qu’on en veut faire usage.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

La valeur relative des [choses] est [...] appréciée dans les marchés.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[La valeur] ne peut [...] être [déterminée] avec une exacte précision. Mais enfin les marchés seuls font la règle, et le gouvernement est obligé de la suivre.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Si [la] valeur doit varier de temps à autre, les variations n’en sont jamais brusques, parce que les usages changent toujours lentement.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Entre des peuples voisins, le commerce tend à rendre les mêmes choses également abondantes [...] et par conséquent il leur donne chez tous la même valeur.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[Les marchandises] circulent parmi plusieurs nations, comme elles circuleroient dans une seule ; et elles se vendent dans tous les marchés, comme si elles se vendoient dans un seul marché commun.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Si on permet [aux marchandises] de circuler librement [...], on les appréciera d’après le rapport où elles sont [...] chez toutes les nations prises ensemble.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Lorsque des nations éloignées ne peuvent pas avoir entr’elles un commerce continuel [...], la valeur s’apprécie différemment chez chacune.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Les marchés font la loi au gouvernement.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[Le gouvernement] éviteroit toutes [...] les pertes s’il se conformoit au prix du marché commun.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Étudions bien les opérations de l’âme ; connaissons toute leur étendue, sans nous en cacher la faiblesse ; [...] ne les appliquons qu’aux objets qui sont à notre portée.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Il y a trois opérations qu’il est à propos de rapprocher pour en faire mieux sentir la différence. Ce sont l’instinct, la folie, et la raison.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

L’instinct n’est qu’une imagination [...] qui, par sa vivacité, concourt parfaitement à la conservation de notre être.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

La folie admet [...] l’exercice de toutes les opérations ; mais c’est une imagination déréglée qui les dirige.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

La raison résulte de toutes les opérations de l’âme bien conduites.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Faute d’une bonne méthode pour analyser nos idées, nous nous contentons souvent de nous entendre à peu près.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Il faut du discernement dans les recherches philosophiques, et du jugement dans la conduite de la vie.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Le goût est une manière de sentir si heureuse, qu’on aperçoit le prix des choses sans le secours de la réflexion [...].

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Nous ne créons pas proprement des idées ; nous ne faisons que combiner [...] celles que nous recevons par les sens. L’invention consiste à savoir faire des combinaisons neuves.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Un homme à talent [...] est égalé et même quelquefois surpassé. Un homme de génie a un caractère original, il est inimitable.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

On ne peut analyser l’enthousiasme quand on l’éprouve, puisqu’alors on n’est pas maître de sa réflexion.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Par le nombre et la beauté des idées que les expressions abrégées réveillent [...], elles ont l’avantage de frapper l'âme d'une manière admirable ; et sont, pour cette raison, ce qu'on nomme sublime.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Pour avoir de l’esprit, il ne manque quelquefois à un homme que des passions. Elles sont même absolument nécessaires pour certains talents.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Le bon sens, l’esprit, la raison et leurs contraires naissent également d’un même principe, qui est la liaison des idées les unes avec les autres.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

L'influence des passions est si grande, que souvent sans elles l'entendement n'aurait presque point d'exercice.

1746

Source: Essai sur l'origine des connaissances humaines

Il suffiroit d’augmenter ou de diminuer le nombre des sens, pour nous faire porter des jugemens tout différens de ceux, qui nous sont aujourd’hui si naturels.

1754

Source: Traité des sensations

Le plaisir & la douleur sont l’unique principe, qui [...] doit [nous] élever par dégrés à toutes les connoissances, dont [nous sommes] capables.

1754

Source: Traité des sensations

Si [une personne] ne restoit aucun souvenir de ses modifications, à chaque fois elle croiroit sentir pour la premiere : des années entieres viendroient se perdre dans chaque moment présent.

1754

Source: Traité des sensations

Comparer n’est autre chose que donner en même-temps son attention à deux idées.

1754

Source: Traité des sensations

Un jugement n’est donc que la perception d’un rapport entre deux idées, que l’on compare.

1754

Source: Traité des sensations

C’est toujours le plaisir & la douleur qui sont le premier mobile de [nos] facultés.

1754

Source: Traité des sensations

L’imagination est la mémoire même, parvenue à toute la vivacité dont elle est susceptible.

1754

Source: Traité des sensations

On entend par volonté, un desir absolu, & tel, que nous pensons qu’une chose desirée est en notre pouvoir.

1754

Source: Traité des sensations

Abstraire, c’est séparer une idée d’une autre, à laquelle elle paroît naturellement unie.

1754

Source: Traité des sensations

La notion de la durée est [...] toute relative : chacun n’en juge que par la succession de ses idées.

1754

Source: Traité des sensations

[Notre] moi n’est que la collection des sensations qu’[on] éprouve, & de celles que la mémoire [...] rappele. [...] c’est tout à la fois la conscience de ce qu’[on] est, & le souvenir de ce qu’[on] a été.

1754

Source: Traité des sensations

Nous n’avons que les idées que nous y savons remarquer. [...] nous voyons tous les mêmes objets ; mais parce que nous n’avons pas le même plaisir, le même intérêt à les observer, nous en avons chacun des idées bien différentes.

1754

Source: Traité des sensations

Quand le désordre est parvenu à un certain point, une révolution, quelque sage qu’elle soit, ne s’achève jamais, sans occasionner de violentes secousses.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Pour réussir dans quelque espèce de commerce que ce soit, il ne suffit pas d’avoir la liberté de le faire ; il faut [...] avoir acquis des connoissances, et ces connoissances ne peuvent être que le fruit de l’expérience.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

La liberté, rendue au commerce [...], étoit un bienfait dont on ne pouvoit pas jouir aussi-tôt qu’il étoit accordé. Un mot du monarque avoit pu anéantir cette liberté ; un mot ne la reproduisoit pas.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

On ne vouloit pas voir que le monopole n’avoit pas pu tomber sous les premiers coups qu’on lui portoit.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Il faut un salaire aux marchands : il leur est dû. Mais ce n’est ni au souverain, ni au peuple à régler ce salaire : c’est à la concurrence, à la concurrence seule.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Le [bien] sera [...] à plus bas prix, lorsque les marchands se multiplieront avec la liberté, que lorsque le nombre en sera réduit par des réglements.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[Les marchands] ont autant besoin de vendre, que nous d’acheter.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[Le peuple] croyoit que l’unique affaire du gouvernement étoit de lui procurer du pain à bon marché. Les réglements [...] produisoient à la vérité un effet contraire : mais on ne le savoit pas.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

[Ces mesures] accoutumoient le peuple à penser que c’étoit au gouvernement à lui procurer le pain à bon marché, quoiqu’il en coûtât, soit de l’argent, soit des injustices.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Le peuple [...] regardoit les marchands [...] comme des hommes avides qui abusoient de ses besoins. Cette opinion une fois établie, on ne pouvoit plus, si on étoit jaloux de sa réputation, s’engager dans ce commerce.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

C’est la conduite du gouvernement, qui avoit produit ces préjugés.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Des droits d’humanité opposés à des droits de propriété ! Quel jargon !

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Ignorez-vous d’ailleurs que le bon marché est nécessairement toujours suivi de la cherté ; et que, par conséquent, il est une calamité pour le peuple ?

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Il est impossible de rien établir de précis, quand on veut mettre des bornes à la liberté du commerce. Où en effet poseroit-on ces bornes ?

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre

Sourd à tous les propos, le [...] ministre montroit du courage. Il laissoit parler, écrire, et il persistoit dans ses premieres démarches.

1776

Source: Le Commerce et le gouvernement considérés l'un par rapport à l'autre