Les hommes ne reçoivent point la vérité de leurs ennemis, et leurs amis ne la leur offrent guère ; c’est pour cela que je l’ai dite.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quand vous en avez marre de lire des idiots vivants.
Alexis Charles Henri Clérel, vicomte de Tocqueville (29 juillet 1805 – 16 avril 1859) était un diplomate, politologue et historien français. Il est surtout connu pour ses œuvres De la démocratie en Amérique et L'Ancien Régime et la Révolution.
Les hommes ne reçoivent point la vérité de leurs ennemis, et leurs amis ne la leur offrent guère ; c’est pour cela que je l’ai dite.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
J’ai pensé que beaucoup se chargeraient d’annoncer les biens nouveaux que l’égalité promet aux hommes, mais que peu oseraient signaler de loin les périls dont elle les menace.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chacun se renferme donc étroitement en soi-même, et prétend de là juger le monde.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Au milieu du mouvement continuel qui règne au sein d’une société démocratique, le lien qui unit les générations entre elles se relâche ou se brise [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Pour qu’il y ait société, [...] il faut que tous les esprits des citoyens soient toujours rassemblés et tenus ensemble par quelques idées principales.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a pas de si grand philosophe dans le monde qui ne croie un million de choses sur la foi d’autrui, et qui ne suppose beaucoup plus de vérités qu’il n’en établit.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que les citoyens deviennent plus égaux et plus semblables, [...] la disposition à en croire la masse augmente, et c’est de plus en plus l’opinion qui mène le monde.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le public [...] ne persuade pas ses croyances, il les impose et les fait pénétrer dans les âmes par une sorte de pression immense de l’esprit de tous sur l’intelligence de chacun.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L'égalité [...] livre [chaque citoyen] isolé et sans défense à l'action du plus grand nombre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Pour moi, quand je sens la main du pouvoir qui s’appesantit sur mon front, il m’importe peu de savoir qui m’opprime, et je ne suis pas mieux disposé à passer ma tête dans le joug, parce qu’un million de bras me le présentent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les idées générales n’attestent point la force de l’intelligence humaine, mais plutôt son insuffisance [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je suis porté à penser que, si [l'homme] n’a pas de foi, il faut qu’il serve, et s’il est libre, qu’il croie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quand la religion est détruite chez un peuple, [...] un tel état [...] détend les ressorts de la volonté et il prépare les citoyens à la servitude.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La plupart de ceux qui vivent dans les temps d’égalité sont pleins d’une ambition tout à la fois vive et molle ; ils veulent obtenir sur-le-champ de grands succès, mais ils désireraient se dispenser de grands efforts.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les nations aristocratiques sont naturellement portées à trop resserrer les limites de la perfectibilité humaine, et les nations démocratiques les étendent quelquefois outre mesure.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le mal social peut être moindre qu’on ne le suppose ; mais nul ne saurait nier qu’il ne soit très-grand et qu’il n’y ait nécessité pressante à y appliquer le remède.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Pour juger en parfaite connaissance de cause un nouveau système, il est nécessaire que toute la génération de ceux qui ont été condamnés [...] sous le précédent ait disparu.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
La vérité est que tout changement considérable [...] est une opération difficile qui entraîne avec elle, quoi qu’on fasse, quelques incertitudes. C’est là un mal nécessaire, mais qui n’est pas irrémédiable.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Une pareille réforme ne saurait se faire que graduellement : si le changement est graduel [...], l’expérience acquise [...] apprendra ce qu’il faut ajouter ou retrancher.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
On semblerait appliquer le régime le plus sévère aux moins coupables, et réserver le plus doux pour les plus criminels : ce qui est [...] contraire à tous les principes de l’équité naturelle.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Tout se tient [...] dans le régime des prisons. [...] La raison et l’intérêt public indiquent que, quand on aggrave un mode d’emprisonnement, il faut que l’aggravation se fasse sentir à la fois sur tous les degrés de l’échelle pénale.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
La maxime tutélaire du droit criminel, c’est que le législateur ne doit abandonner à l’appréciation des tribunaux que ce qu’il lui est impossible de décider lui-même.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Le mode d’emprisonnement et la durée de l’emprisonnement sont deux idées corrélatives qu’on ne saurait séparer. [...] Modifier le régime sans toucher à la durée, c’est vouloir que la loi pénale soit cruelle ou impuissante.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Le droit de grâce ne saurait, [...] dans une société bien réglée, être employé comme moyen habituel d’administrer les prisons.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Se flatter qu’on réussisse complètement à [...] faire disparaître [les inégalités], c’est se croire plus fort que la nécessité même des choses.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Il vaut encore mieux manquer à la logique que de s’exposer à manquer à l’humanité.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
[L'emprisonnement] est [...] une affaire d’éducation plus que de punition et d’exemple ; c’est une mesure de précaution plutôt qu’une peine ; et il faut considérer ici le gouvernement moins comme un gardien que comme un tuteur.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
La morale publique et l’intérêt général exigent que des châtiments égaux soient appliqués à des délits semblables, et cette uniformité de la répression ne peut être obtenue qu’en confiant la direction de toutes les prisons à la puissance centrale.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Le système pénitentiaire ne peut produire les heureux effets qu’on est en droit d’en attendre, que si l’administration [...] parvient à faire naitre en dehors d’elle l’intérêt des populations, à s’assurer le concours libre d’un certain nombre de citoyens.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Ce dont il est ici question, c’est de la moralité du pays et de la sécurité des citoyens.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Il y a eu des révolutionnaires plus méchants que ceux de 1848, mais je ne pense pas qu’il y en ait jamais eu de plus sots ; ils ne surent ni se servir du suffrage universel, ni s’en passer.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[Ils semblèrent] s’être donné à tâche de résoudre ce problème insoluble, à savoir : de gouverner par la majorité, mais contre le goût de celle-ci.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
En établissant le vote universel ils croyaient appeler le peuple au secours de la révolution, ils lui donnèrent seulement des armes contre elle.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[...] pour faire des actes d’iniquité violente, il ne suffit pas à un gouvernement de le vouloir [...] il faut encore que les mœurs, les idées et les passions du temps s’y prêtent.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
J’y vis la société coupée en deux : ceux qui ne possédaient rien, unis dans une convoitise commune ; ceux qui possédaient quelque chose, dans une commune angoisse.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Un sombre désespoir s’était emparé de cette bourgeoisie ainsi opprimée et menacée, et ce désespoir se tournait insensiblement en courage.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
J’avais toujours cru qu’il ne fallait pas espérer de régler par degrés et en paix le mouvement de la révolution [...] et qu’il ne serait arrêté que tout à coup par une grande bataille.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
L’histoire des assemblées [...] voit sans cesse un parti outrer l’expression de ses sentiments pour embarrasser son adversaire, et celui-ci feindre les sentiments qu’il n’a pas pour éviter le piège.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[Ils] se sentaient isolés et suspects, ils faisaient peur et ils avaient peur, deux contraires qui se rencontrent souvent en politique.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
On se console de ne point connaître les pays étrangers en pensant qu’on connaît du moins son propre pays, et l’on a tort, car il se trouve toujours dans celui-là même des contrées qu’on n’a point visitées [...].
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
La révolution [...] en frappant les hautes classes, les avait corrigées de l’irréligion ; elle leur avait fait toucher du doigt sinon la vérité, au moins l’utilité sociale des croyances.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
J’ai toujours pensé que, quel que soit le mode suivi dans une élection générale, la plupart des hommes rares que la nation possède arrivent en définitive à être élus.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
L’Assemblée constituante avait été élue pour affronter la guerre civile : ce fut son principal mérite ; tant qu’il fallut combattre, en effet, elle fut grande ; elle ne devint misérable qu’après la victoire [...].
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Vaincre la démagogie par la démocratie, telle était ma seule visée.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
J’ai un penchant naturel pour les aventures, et une petite pointe de péril m’a toujours paru le meilleur assaisonnement qu’on puisse donner à la plupart des actes de la vie.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Ce qui attache le plus vivement le cœur humain, ce n’est point la possession paisible d’un objet précieux, mais le désir imparfaitement satisfait de le posséder et la crainte incessante de le perdre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les sociétés aristocratiques, les riches [...] ne redoutent point de changer d’état [...]. Le bien-être matériel n’est donc point pour eux le but de la vie ; c’est une manière de vivre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Au sein même des jouissances matérielles les membres d’une aristocratie font souvent voir un mépris orgueilleux pour ces mêmes jouissances.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Toutes les révolutions [...] ont montré avec quelle facilité des gens accoutumés au superflu pouvaient se passer du nécessaire, tandis que des hommes qui sont arrivés laborieusement jusqu’à l’aisance, peuvent à peine vivre après l’avoir perdue.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez les nations où l’aristocratie domine [...], le peuple finit par s’habituer à la pauvreté comme les riches à leur opulence.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans ces sortes de sociétés l’imagination du pauvre est rejetée vers l’autre monde ; les misères de la vie réelle la resserrent ; mais elle leur échappe et va chercher ses jouissances au dehors.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsque [...] les rangs sont confondus et les privilèges détruits, [...] l’envie d’acquérir le bien-être se présente à l’imagination du pauvre, et la crainte de le perdre à l’esprit du riche.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il s’établit une multitude de fortunes médiocres. Ceux qui les possèdent ont assez de jouissances matérielles pour concevoir le goût de ces jouissances, et pas assez pour s’en contenter.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ils s’attachent donc sans cesse à poursuivre ou à retenir ces jouissances si précieuses, si incomplètes et si fugitives.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La passion du bien-être matériel est essentiellement une passion de classe moyenne ; elle grandit et s’étend avec cette classe ; elle devient prépondérante avec elle.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je n’ai pas rencontré, en Amérique, de si pauvre citoyen qui ne jetât un regard d’espérance et d’envie sur les jouissances des riches.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La plupart de ces riches ont été pauvres ; ils ont senti l’aiguillon du besoin [...], et, maintenant que la victoire est remportée, les passions qui ont accompagné la lutte lui survivent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’amour du bien-être est devenu le goût national et dominant ; le grand courant des passions humaines porte de ce côté, il entraîne tout dans son cours.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsque la révolution qui a changé l’état social et politique d’un peuple [...] commence à se faire jour dans la littérature, c’est en général par le théâtre qu’elle se produit d’abord.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le spectateur d’une œuvre dramatique est, en quelque sorte, pris au dépourvu par l’impression qu’on lui suggère. Il n’a pas le temps d’interroger sa mémoire [...]; il y cède avant de les connaître.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si vous voulez juger d’avance la littérature d’un peuple qui tourne à la démocratie, étudiez son théâtre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a pas de jouissance littéraire plus à portée de la foule que celles qu’on éprouve à la vue de la scène. Il ne faut ni préparation ni étude pour les sentir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les goûts et les instincts naturels aux peuples démocratiques, en fait de littérature, se manifesteront [...] d’abord au théâtre, et on peut prévoir qu’ils s’y introduiront avec violence.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les peuples démocratiques [...] ne se soucient guère de ce qui se passait à Rome et à Athènes ; ils entendent qu’on leur parle d’eux-mêmes, et c’est le tableau du présent qu’ils demandent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Un théâtre démocratique ne prouve point que la nation est en démocratie [...] mais, quand l’esprit de l’aristocratie règne seul au théâtre, cela démontre invinciblement que la société tout entière est aristocratique.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les sociétés démocratiques les spectateurs [...] aiment à retrouver sur la scène le mélange confus de conditions, de sentiments et d’idées qu’ils rencontrent sous leurs yeux ; le théâtre devient plus frappant, plus vulgaire, et plus vrai.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À force de vouloir reproduire minutieusement les petites singularités du moment présent [...], [les auteurs] oublient de retracer les traits généraux de l’espèce.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[L]'effet de la démocratie est en général de rendre douteuses les règles et les conventions littéraires, au théâtre elle les abolit entièrement pour n’y substituer que le caprice de chaque auteur et de chaque public.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les démocraties on écoute les pièces de théâtre, mais on ne les lit point. La plupart [...] n’y cherchent pas les plaisirs de l’esprit, mais les émotions vives du cœur.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On peut compter que [le public] ne s’inquiétera point des chemins par où vous l’avez conduit, si vous l’amenez enfin devant un objet qui le touche. Il ne vous reprochera jamais de l’avoir ému en dépit des règles.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les peuples sont comme les individus. Ils se livrent sans ménagement à leurs passions principales, et ensuite ils prennent bien garde de ne point trop céder à l’entraînement des goûts qu’ils n’ont pas.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a point de portion de la littérature qui se rattache par des liens plus étroits et plus nombreux à l’état actuel de la société que le théâtre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le théâtre d’une époque ne saurait jamais convenir à l’époque suivante, si, entre les deux, une importante révolution a changé les mœurs et les lois.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
J’entends par jugement politique, l’arrêt que prononce un corps politique momentanément revêtu du droit de juger.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les gouvernements absolus, [...] on ne garde même pas les apparences extérieures de la justice et on déshonore son autorité en voulant l’affermir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le but principal du jugement politique, aux États-Unis, est [...] de retirer le pouvoir à celui qui en fait un mauvais usage, et d’empêcher que ce même citoyen n’en soit revêtu à l’avenir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le jugement politique, tel qu’on l’entend en Europe, [...] viole le principe conservateur de la division des pouvoirs, et [...] menace sans cesse la liberté et la vie des hommes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le jugement politique, aux États-Unis, [...] ne menace point l’existence des citoyens ; il ne plane pas, comme en Europe, sur toutes les têtes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les Européens, en établissant les tribunaux politiques, ont eu pour principal objet de punir les coupables ; les Américains, de leur enlever le pouvoir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il ne faut pas [...] se laisser prendre à l’apparente douceur de la législation américaine, dans ce qui a rapport aux jugements politiques.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Aux États-Unis], la condamnation [politique] est moins redoutable et plus certaine.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Rien de plus effrayant que le vague des lois américaines, quand elles définissent les crimes politiques proprement dits.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce qui rend, en cette matière, les lois américaines si redoutables, naît, j’oserai le dire, de leur douceur même.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Condamner un ennemi politique à mort [...] est un horrible assassinat ; déclarer son adversaire indigne de posséder ce même pouvoir [...] peut paraître le résultat honnête de la lutte.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce jugement si facile à prononcer [...] condamne [ceux qu'il frappe] à une honteuse oisiveté pire que la mort.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le jugement politique [...] rend la majorité entièrement maîtresse de ceux qui gouvernent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je ne sais si, à tout prendre, le jugement politique, tel qu’on l’entend aux États-Unis, n’est point l’arme la plus formidable qu’on ait jamais remise aux mains de la majorité.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsque les républiques américaines commenceront à dégénérer, [...] on pourra aisément le reconnaître : il suffira de voir si le nombre des jugements politiques augmente.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On ne peut étudier les peuples barbares que les armes à la main.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Ce qui fatigue le pays, [...] c’est moins la pesanteur même des charges qu'[une conquête] lui impose, que l’incertitude où on le tient sur leur étendue probable ou possible.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Il est très-difficile, [...] on doit le reconnaître, de savoir où l’on doit s’arrêter dans l’occupation d’un pays barbare.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Il n’y a pas de force matérielle, quelque grande qu’elle soit, qui puisse dispenser les hommes de la modération et du bon sens.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Un gouvernement nouveau, et surtout un gouvernement conquérant, peut bien donner le pouvoir matériel à ses amis, mais il ne saurait leur communiquer la puissance morale et la force d’opinion qu’il n’a pas lui-même.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
[...] nous avons rendu la société [conquise] beaucoup plus misérable, plus désordonnée, plus ignorante et plus barbare qu’elle n’était avant de nous connaître.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Ce que nous leur devons en tout temps, c’est un bon gouvernement.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Ce qu’on peut espérer, ce n’est pas de supprimer les sentiments hostiles qu’un gouvernement [étranger] inspire, c’est de les amortir ; ce n’est pas de faire que [son] joug soit aimé, mais qu’il paraisse de plus en plus supportable.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Il serait peu sage de croire que nous parviendrons à nous lier aux [peuples soumis] par la communauté des idées et des usages, mais nous pouvons espérer le faire par la communauté des intérêts.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Les peuples civilisés oppriment et désespèrent souvent les peuples barbares par leur seul contact, sans le vouloir, et pour ainsi dire sans le savoir.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Si nous agissions de manière à montrer qu’à nos yeux les anciens habitants [...] ne sont qu’un obstacle [...], la question de vie ou de mort se poserait entre les deux races. [Le pays] deviendrait un champ clos, [...] où l’un des deux devrait mourir.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Ne recommençons pas, en plein dix-neuvième siècle, l’histoire de la conquête de l’Amérique. N’imitons pas de sanglants exemples que l’opinion du genre humain a flétris.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
L’administration [...] ressemble à une machine sans cesse en action, dont tous les rouages marcheraient à part ou se tiendraient réciproquement en échec. Avec beaucoup de mouvement, elle n’avance pas.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Il ne s’agit pas de donner naissance à un peuple nouveau ayant ses lois, ses usages, ses intérêts [...] à part, mais d’implanter [ailleurs] une population semblable en tout à nous-mêmes.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
En administration, la prévoyance ne peut être que le fait d’un seul ; une administration complexe et confuse doit demander beaucoup de crédits, et souvent dépasser ceux qu’on lui accorde.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
En Europe, tout semble concourir à accroître indéfiniment les prérogatives du pouvoir central et à rendre chaque jour l’existence individuelle plus faible, plus subordonnée et plus précaire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On dirait que chaque pas que les nations démocratiques font vers l’égalité les rapproche du despotisme.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Partout l’état arrive de plus en plus à diriger par lui-même les moindres citoyens et à conduire seul chacun d’eux dans les moindres affaires.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’éducation [...] est devenue, chez la plupart des peuples de nos jours, une affaire nationale. L’état reçoit et souvent prend l’enfant des bras de sa mère, pour le confier à ses agents.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Non seulement le pouvoir du souverain s’est étendu [...], il déborde de toutes parts et va se répandre sur le domaine que s’était réservé jusqu’ici l’indépendance individuelle.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On dirait qu'ils [les princes] se jugent responsables des actions et de la destinée individuelle de leurs sujets, [...] et, au besoin, de les rendre heureux malgré eux-mêmes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Partout [l'administration publique] pénètre plus avant que jadis dans les affaires privées ; [...] elle s’établit davantage tous les jours à côté, autour et au-dessus de chaque individu, pour l’assister, le conseiller et le contraindre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez une nation démocratique, il n’y a que l’état qui inspire de la confiance aux particuliers, parce qu’il n’y a que lui seul qui leur paraisse avoir quelque force et quelque durée.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La classe industrielle a plus besoin d’être réglementée, surveillée et contenue que les autres classes, et il est naturel que les attributions du gouvernement croissent avec elle.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On dirait [...] qu’elle [la classe industrielle] apporte le despotisme dans son sein, et qu’il s’étend naturellement à mesure qu’elle se développe.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez les peuples démocratiques, il n’y a que par l’association que la résistance des citoyens au pouvoir central puisse se produire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ces mêmes hommes qui de temps à autre renversent un trône et foulent aux pieds des rois, se plient de plus en plus, sans résistance, aux moindres volontés d’un commis.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Deux révolutions semblent s’opérer, de nos jours, en sens contraire ; l’une affaiblit continuellement le pouvoir, et l’autre le renforce sans cesse : à aucune autre époque de notre histoire il n’a paru si faible ni si fort.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Les hommes] avaient voulu être libres pour pouvoir se faire égaux, et, à mesure que l’égalité s’établissait davantage à l’aide de la liberté, elle leur rendait la liberté plus difficile.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je ne me fie point, je le confesse, à l’esprit de liberté qui semble animer mes contemporains ; je vois bien que les nations de nos jours sont turbulentes ; mais je ne découvre pas clairement qu’elles soient libérales.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
De toutes les peines, celle de la déportation est la seule qui, sans être cruelle, délivre cependant la société de la présence du coupable.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Le système de la déportation repose [...] sur une idée [...] très-propre par sa simplicité à descendre jusqu’aux masses, qui n’ont jamais le temps d’approfondir.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
On ne peut croire assurément que le condamné revienne dans son pays honnête homme, par cela seul qu’il aura été aux antipodes, qu’on lui aura fait faire le tour du monde.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Les colonies pénales ne corrigent point [...] en moralisant l’individu qui y est envoyé. Elles le changent en lui donnant d’autres intérêts que ceux du crime, en lui créant un avenir ; il ne se corrige pas s’il nourrit l’idée du retour.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
La race européenne a reçu du ciel ou a acquis par ses efforts une si incontestable supériorité sur toutes les autres races [...] que l’homme placé chez nous [...] au dernier échelon de l’échelle sociale, est encore le premier chez les sauvages.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Singulière peine, il faut l’avouer, que celle à laquelle le condamné craint de se soustraire.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
À vrai dire, pour beaucoup d’Anglais, la déportation n’est guère autre chose qu’une émigration aux terres australes, entreprise aux frais de l’État.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
La peine de la déportation n’intimide personne, et elle enhardit plusieurs dans la voie du crime.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Plus la colonie croîtra en population, moins elle sera disposée à devenir le réceptacle des vices de la mère-patrie.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Le nom de la mère-patrie ne rappelle à la mémoire du déporté que le souvenir de misères quelquefois imméritées. C’est là qu’il a été malheureux, persécuté, coupable, déshonoré.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Les vices que nous enlevons ainsi à l’Europe ne sont pas détruits, ils ne sont que transplantés sur un autre sol, et l’Angleterre ne se décharge d’une partie de ses misères que pour les léguer à ses enfants des terres australes.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Ce qui manque [...] essentiellement à la société australienne, ce sont les mœurs. [...] le vice y obtenait l’appui du plus grand nombre.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
La véritable grandeur, chez un peuple comme chez un homme, nous a toujours paru consister à entreprendre, non tout ce qu’on désire, mais tout ce qu’on peut.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Le monde ne nous semble plus vacant, toutes les places nous y paraissent occupées.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
On dirait que l’univers est encore divisé par la ligne imaginaire qu’avaient tracée les papes, et qu’au delà s’étendent des continents inconnus où l’imagination peut aller se perdre en liberté.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Je ne porte point à la liberté de la presse cet amour complet et instantané qu’on accorde aux choses souverainement bonnes [...]. Je l’aime par la considération des maux qu’elle empêche bien plus que pour les biens qu’elle fait.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si quelqu’un me montrait, entre l’indépendance complète et l’asservissement entier de la pensée, une position intermédiaire où je pusse espérer me tenir, je m’y établirais peut-être ; mais qui découvrira cette position intermédiaire ?
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Au rebours de toutes les puissances matérielles, le pouvoir de la pensée s’augmente souvent par le petit nombre même de ceux qui l’expriment.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Vous étiez parti des abus de la liberté, et je vous retrouve sous les pieds d’un despote.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez certaines nations [...] il ne faut plus considérer l’indépendance de la presse comme l’une des garanties, mais comme la seule garantie qui reste de la liberté et de la sécurité des citoyens.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La souveraineté du peuple et la liberté de la presse sont [...] deux choses entièrement corrélatives.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[La presse est] cette puissance extraordinaire, si étrangement mélangée de biens et de maux, que sans elle la liberté ne saurait vivre, et qu’avec elle l’ordre peut à peine se maintenir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En matière de presse, il n’y a donc réellement pas de milieu entre la servitude et la licence.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Pour recueillir les biens inestimables qu’assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu’elle fait naître.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
C’est un axiome de la science politique aux États-Unis, que le seul moyen de neutraliser les effets des journaux est d’en multiplier le nombre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les gouvernements d’Europe me semblent agir vis-à-vis de la presse de la même façon qu’agissaient jadis les chevaliers envers leurs adversaires : ils veulent en pourvoir leur ennemi, afin [...] d’avoir plus de gloire à lui résister.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Aux États-Unis, chaque journal a individuellement peu de pouvoir ; mais la presse périodique est encore, après le peuple, la première des puissances.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les peuples chez lesquels existe [la liberté de la presse] s’attachent à leurs opinions par orgueil autant que par conviction.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les convictions profondes ne se trouvent qu’aux deux bouts [de la science], et qu’au milieu est le doute.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les siècles de doute, on ne se fait pas tuer si aisément pour ses opinions ; mais on ne les change point, et il s’y rencontre, tout à la fois, moins de martyrs et d’apostats.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En Amérique, les partis ne font point de livres pour se combattre, mais des brochures qui circulent avec une incroyable rapidité, vivent un jour et meurent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Toute aristocratie qui se met entièrement à part du peuple devient impuissante. Cela est vrai dans les lettres aussi bien qu’en politique.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À force de vouloir parler autrement que le vulgaire, [les élites] en viendront à une sorte de jargon aristocratique qui n’est guère moins éloigné du beau langage que le patois du peuple.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les aristocraties, le style paraîtra presque aussi important que l’idée, la forme que le fond ; le ton en sera poli, modéré, soutenu.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les aristocraties, [les lecteurs] préfèrent être amusés que vivement émus ; ils veulent qu’on les intéresse, mais non qu’on les entraîne.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez les nations démocratiques, chaque génération nouvelle est un nouveau peuple.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les démocraties, il est comme impossible que [les lettres] soient jamais soumises à des règles permanentes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les démocraties, [les lecteurs] aiment les livres qu’on se procure sans peine, qui se lisent vite, qui n’exigent point de recherches savantes pour être compris.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Les lecteurs dans les démocraties] demandent des beautés faciles qui se livrent d’elles-mêmes [...] ; il leur faut surtout de l’inattendu et du nouveau.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Habitués à une existence pratique, contestée, monotone, [les gens] ont besoin d’émotions vives et rapides, de clartés soudaines, de vérités ou d’erreurs brillantes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La littérature des siècles démocratiques [...] la forme s’y trouvera, d’ordinaire, négligée et parfois méprisée. Le style s’y montrera souvent bizarre, incorrect [...] et presque toujours hardi et véhément.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les auteurs [des démocraties] viseront à la rapidité de l’exécution plus qu’à la perfection des détails. Les petits écrits y seront plus fréquents que les gros livres.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On tâchera d’étonner plutôt que de plaire, et l’on s’efforcera d’entraîner les passions plus que de charmer le goût.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Il y a] des époques passagères, mais très-brillantes : on a alors la fécondité sans exubérance, et le mouvement sans confusion.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les rapports qui existent entre l’état social et politique d’un peuple et le génie de ses écrivains sont toujours très-nombreux ; qui connaît l’un, n’ignore jamais complètement l’autre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce qui se passe [...] n’est pas un fait isolé. C’est un mouvement particulier au milieu du mouvement général qui précipite vers sa ruine tout l’ancien édifice des institutions de l’Europe.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On y rencontre tout à la fois beaucoup d’esprit et peu de liberté d’esprit.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Pour éclairer [la démocratie] avec efficacité sur l’imperfection de ses lois, la première condition est de ne point la haïr.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La démocratie y est moins une forme régulière de gouvernement qu’une arme dont on s’est servi habituellement pour détruire [...] l’ancienne société.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La liberté ne se présenta [...] que sous la forme d’un privilège, et l’idée d’un droit général et préexistant qu’auraient tous les hommes à être libres [...] demeura [...] étrangère à leur esprit.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chaque siècle a son esprit dominateur auquel rien ne résiste. Vient-il à s’introduire sous son règne des principes qui lui soient [...] contraires, il ne tarde pas à les pénétrer, et [...] se les assimile.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les décrets font des lois secondaires quelque chose d’aussi rapide et d’aussi irrésistible que les passions d’une multitude.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
C’est le pouvoir judiciaire qui est principalement destiné, dans les démocraties, à être tout à la fois la barrière et la sauve-garde du peuple.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La justice est une puissance de tradition et d’opinion qui a besoin de s’appuyer sur des idées et des mœurs judiciaires.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les lois [de certains] sont disposées de manière à lutter contre les défauts naturels de la démocratie, [quand celles d'autres] semblent faites au contraire pour les développer.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On ne saurait nier que les institutions n’aient une certaine vertu qui leur soit propre, et que par elles-mêmes elles ne contribuent à la prospérité ou aux misères des sociétés.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La puissance d’un gouvernement fédéral réside bien moins dans l’étendue des droits qu’on lui confère, que dans la faculté [...] qu’on lui laisse de les exercer par lui-même.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Un gouvernement] est toujours fort quand il peut commander aux citoyens ; il est toujours faible quand il est réduit à ne commander qu’aux gouvernements locaux.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’avénement de la démocratie a divisé tous les Suisses [...] en deux partis : l’un, favorable aux principes démocratiques ; l’autre, contraire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le gouvernement fédéral est destiné à prendre de jour en jour plus de pouvoir [...]. Il grandira beaucoup en fait, restât-il le même en droit.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il est plus difficile qu’on ne croit de rencontrer aujourd’hui le désert.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
[Notre curiosité était de] visiter quelques-unes de ces tribus indiennes qui ont mieux aimé fuir dans les solitudes les plus sauvages que de se plier à ce que les blancs appellent les délices de la vie sociale.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Au lieu où vous voyez la plus belle église du village, nous racontait celui-ci, j’ai abattu le premier arbre de la forêt.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Les Indiens, [...] c’est une race qui s’éteint. Ils ne sont pas faits pour la civilisation, elle les tue.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
L’homme s’accoutume à tout, à la mort sur les champs de bataille, à la mort dans les hôpitaux, à tuer et à souffrir. Il se fait à tous les spectacles.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Un peuple antique, le premier et le légitime maître du continent américain, fond chaque jour comme la neige aux rayons du soleil, et disparaît à vue d’œil de la surface de la terre.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Cette incroyable destruction, cet accroissement plus surprenant encore, [l'Américain] s’y accoutume comme à l’ordre immuable de la nature.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Les déserts deviennent des villages, les villages deviennent des villes.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
J’étais plein des souvenirs de M. de Chateaubriand et de Cooper, et je m’attendais à voir [...] des sauvages sur la figure desquels la nature aurait laissé la trace de quelques-unes de ces vertus hautaines qu’enfante l’esprit de liberté.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
[Leur] physionomie annonçait cette profonde dépravation qu’un long abus des bienfaits de la civilisation peut seul donner.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Aux vices qu’ils tenaient de nous se mêlait quelque chose de barbare et d’incivilisé qui les rendait cent fois plus repoussants encore.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
On aurait tort toutefois de vouloir juger la race indienne sur cet échantillon informe, ce rejeton égaré d’un arbre sauvage qui a crû dans la boue de nos villes.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Jamais le silence de la forêt ne m’avait paru plus glacé, ses ombrages plus sombres, ni sa solitude si complète.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Les terres produisent moins en raison de leur fertilité que de la liberté des habitants.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
L’effet a survécu à la cause.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
L’aristocratie le tyrannisait quelquefois, mais elle ne le délaissait jamais.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Venez voir maintenant ce que devient une classe délaissée, que personne n’a envie de tyranniser, mais que nul ne cherche à éclairer et à servir.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
[On peut voir] quelles lois barbares peuvent se fonder ou se maintenir dans les siècles civilisés, quand les hommes les plus éclairés de la nation n’ont point d’intérêt personnel à les changer.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Dans ce système d’impôt, chaque contribuable avait [...] un intérêt direct et permanent à épier ses voisins et à dénoncer au collecteur les progrès de leur richesse ; on les y dressait tous, à l’envie, à la délation et à la haine.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Si les peuples étaient à l’aise, [...] difficilement resteraient-ils dans les règles.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
On croit encore que le paysan ne travaillerait point s’il n’était constamment aiguillonné par la nécessité : la misère y paraît la seule garantie contre la paresse.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Les progrès de la société, qui enrichissent toutes les autres classes, le désespèrent ; la civilisation tourne contre lui seul.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Il faut se défier de la gaieté que montre souvent le Français dans ses plus grands maux ; elle prouve seulement que, croyant sa mauvaise fortune inévitable, il cherche à s’en distraire en n’y pensant point, et non qu’il ne la sent pas.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Ce n’est jamais qu’à grand-peine que les hommes des classes élevées parviennent à discerner nettement ce qui se passe dans l’âme du peuple [...].
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Quand le pauvre et le riche n’ont presque plus d’intérêts communs, de communs griefs, ni d’affaires communes, cette obscurité qui cache l’esprit de l’un à l’esprit de l’autre devient insondable [...].
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Il est curieux de voir dans quelle sécurité étrange vivaient tous ceux qui occupaient les étages supérieurs et moyens de l’édifice social [...], et de les entendre discourant [...] sur les vertus du peuple, [...] quand déjà 93 est sous leurs pieds : spectacle ridicule et terrible !
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Presque tous les vices, [...] erreurs, [...] préjugés funestes [...] ont dû leur naissance, [...] leur durée, [...] ou leur développement, à l’art qu’ont eu la plupart de nos rois pour diviser les hommes, afin de les gouverner plus absolument.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
On l’a vu parfois transporter les goûts d’un esclave jusque dans l’usage même de sa liberté, aussi incapable de se conduire lui-même qu’il s’était montré dur pour ses précepteurs.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Je préfère me répéter quelquefois que de n’être pas compris, et j’aime mieux nuire à l’auteur qu’au sujet.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les peuples uniques sont donc naturellement portés vers la centralisation, et les confédérations vers le démembrement.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le gouvernement [...] veille sur les intérêts généraux du pays ; mais les intérêts généraux d’un peuple n’ont qu’une influence contestable sur le bonheur individuel.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le patriotisme, qui le plus souvent n’est qu’une extension de l’égoïsme individuel, est donc resté dans l’État et n’a pour ainsi dire point passé à l’Union.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Un gouvernement, fût-il fort, ne saurait échapper qu’avec peine aux conséquences d’un principe, quand une fois il a admis ce principe lui-même comme fondement du droit public qui doit le régir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce qui maintient un grand nombre de citoyens sous le même gouvernement, c’est bien moins la volonté raisonnée de demeurer unis que l’accord instinctif et en quelque sorte involontaire qui résulte de la similitude des sentiments et de la ressemblance des opinions.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a société que quand des hommes considèrent un grand nombre d’objets sous le même aspect ; lorsque, sur un grand nombre de sujets, ils ont les mêmes opinions.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Tous ont une foi vive dans la perfectibilité humaine ; ils jugent que la diffusion des lumières doit nécessairement produire des résultats utiles, l’ignorance amener des effets funestes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Certains] ne sont pas éloignés de croire qu’ils forment une espèce à part dans le genre humain.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’esclave est un serviteur qui ne discute point et se soumet à tout sans murmurer. Quelquefois il assassine son maître, mais il ne lui résiste jamais.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[L'homme né pour commander] est altier, prompt, irascible, violent, ardent dans ses désirs, impatient des obstacles ; mais facile à décourager s’il ne peut triompher du premier coup.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les faibles ont rarement confiance dans la justice et la raison des forts.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si, depuis le commencement du monde, les peuples et les rois n’avaient eu en vue que leur utilité réelle, on saurait à peine ce que c’est que la guerre parmi les hommes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le plus grand danger qui menace les États-Unis naît de leur prospérité même.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Le leader populaire] est l’esclave de la majorité : il la suit dans ses volontés, dans ses désirs, dans ses instincts à moitié découverts, ou plutôt il la devine et court se placer à sa tête.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les partis sont un mal inhérent aux gouvernements libres ; mais ils n’ont pas dans tous les temps le même caractère et les mêmes instincts.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce que j’appelle les grands partis politiques sont ceux qui s’attachent aux principes plus qu’à leurs conséquences ; aux généralités et non aux cas particuliers ; aux idées et non aux hommes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les petits partis, au contraire, sont en général sans foi politique. [...] leur caractère est empreint d’un égoïsme qui se produit ostensiblement à chacun de leurs actes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les grands partis bouleversent la société, les petits l’agitent ; les uns la déchirent et les autres la dépravent ; les premiers la sauvent quelquefois en l’ébranlant, les seconds la troublent toujours sans profit.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
J’avoue que je ne porte point à la liberté de la presse cet amour complet et instantané qu’on accorde aux choses souverainement bonnes de leur nature. Je l’aime par la considération des maux qu’elle empêche bien plus que pour les biens qu’elle fait.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En matière de presse, il n’y a donc réellement pas de milieu entre la servitude et la licence. Pour recueillir les biens inestimables qu’assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu’elle fait naître.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
C’est un axiome de la science politique aux États-Unis, que le seul moyen de neutraliser les effets des journaux est d’en multiplier le nombre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les peuples chez lesquels existe cette liberté s’attachent à leurs opinions par orgueil autant que par conviction. Ils les aiment, parce qu’elles leur semblent justes, et aussi parce qu’elles sont de leur choix.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans le doute des opinions, les hommes finissent par s’attacher uniquement aux instincts et aux intérêts matériels, qui sont bien plus visibles, plus saisissables et plus permanents de leur nature que les opinions.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’habitant des États-Unis apprend dès sa naissance qu’il faut s’appuyer sur soi-même pour lutter contre les maux et les embarras de la vie ; il ne jette sur l’autorité sociale qu’un regard défiant et inquiet [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
De notre temps, la liberté d’association est devenue une garantie nécessaire contre la tyrannie de la majorité.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a pas de pays où les associations soient plus nécessaires, pour empêcher le despotisme des partis ou l’arbitraire du prince, que ceux où l’état social est démocratique.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En Europe, nous avons peine à juger le véritable caractère et les instincts permanents de la démocratie, parce qu’en Europe il y a lutte entre deux principes contraires [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il est impossible, quoi qu’on fasse, d’élever les lumières du peuple au-dessus d’un certain niveau. [...] Pour qu’[il] n’existât point, il faudrait que le peuple n’eût point à s’occuper des soins matériels de la vie, c’est-à-dire qu’il ne fût plus le peuple.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les institutions démocratiques réveillent et flattent la passion de l’égalité sans pouvoir jamais la satisfaire entièrement. Cette égalité complète s’échappe tous les jours des mains du peuple au moment où il croit la saisir, et fuit [...] d’une fuite éternelle.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Vouloir donner à un esclave les opinions, les habitudes et les mœurs d’un homme libre, c’est le condamner à rester toujours esclave.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur l'esclavage
Il existe, en effet, une antipathie profonde et naturelle entre l’institution du mariage et celle de l’esclavage.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur l'esclavage
Comment éclairer et fortifier la raison d’un homme, tant qu’on le retient dans un état où il lui est inutile et où il pourrait lui être nuisible de raisonner ?
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur l'esclavage
Le christianisme est une religion d’hommes libres ; et ils craignent qu’en la développant dans l’âme de leurs esclaves, on ne vienne à y réveiller quelques-uns des instincts de la liberté.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur l'esclavage
Comment donner l’idée de la dignité morale à qui n’est rien à ses propres yeux ?
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur l'esclavage
Il serait peu raisonnable de croire qu’on parvienne à détruire dans la servitude les vices que naturellement et nécessairement la servitude fait naître.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur l'esclavage
L’expérience seule de la liberté [...] peut suggérer et donner à l’homme les opinions, les vertus et les habitudes qui conviennent au citoyen d’un pays libre.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur l'esclavage
L’esclavage est une de ces institutions qui durent mille ans, si personne ne s’avise de demander pourquoi elle existe, mais qu’il est presque impossible de maintenir le jour où cette demande est faite.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur l'esclavage
L’incertitude de leurs destinées prochaines pèse sur les colonies d’un poids immense ; elle comprime leur intelligence et abat leur courage.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur l'esclavage
L’humanité et la morale ont souvent réclamé [...] l’abolition de l’esclavage. Aujourd’hui c’est la nécessité politique qui l’impose.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur l'esclavage
[...] l’idée du travail [...] était indissolublement liée à l’idée de la servitude. On n’y évite pas seulement le travail comme un effort pénible, on le fuit comme un déshonneur.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur l'esclavage
L’homme n’a jamais eu le droit de posséder l’homme, et le fait de la possession a toujours été et est encore illégitime.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur l'esclavage
Une grande injustice a été commise par les uns et par les autres : il faut que les uns et les autres contribuent à la réparer.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur l'esclavage
Ce qui est à craindre de l’émancipation, ce n’est pas la mort violente de nos colonies, c’est leur dépérissement graduel [...] par la cessation [...] du travail.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur l'esclavage
Il n'y a qu’une société coloniale prospère qui puisse aisément supporter le passage de la servitude à la liberté.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur l'esclavage
On n’a point encore vu de sociétés où les conditions fussent si égales, qu’il ne s’y rencontrât point de riches ni de pauvres ; et par conséquent de maîtres et de serviteurs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La démocratie n’empêche point que [certaines] classes d’hommes n’existent ; mais elle change leur esprit et modifie leurs rapports.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Parce qu’une classe est basse, il ne faut pas croire que tous ceux qui en font partie aient le cœur bas. Ce serait une grande erreur.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les aristocraties, le maître exerce souvent, à son insu même, un prodigieux empire sur les opinions, les habitudes, les mœurs de ceux qui lui obéissent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans l’aristocratie, le maître et le serviteur s'assimilent [...] ; tandis que, dans les démocraties, où ils sont presque semblables, ils restent toujours étrangers l’un à l’autre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans [l'aristocratie], le serviteur finit par se désintéresser de lui-même [...] il se transporte tout entier dans son maître ; c’est là qu’il se crée une personnalité imaginaire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’égalité des conditions fait, du serviteur et du maître, des êtres nouveaux, et établit entre eux de nouveaux rapports.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Naturellement [le serviteur et le maître] ne sont point inférieurs l’un à l’autre, ils ne le deviennent momentanément que par l’effet du contrat.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En vain la richesse et la pauvreté [...] mettent de grandes distances entre deux hommes, l’opinion publique [...] les rapproche du commun niveau.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez les peuples démocratiques, le serviteur et le maître sont fort proches ; leurs corps se touchent sans cesse ; leurs âmes ne se mêlent point.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce qu’il importe le plus de rencontrer parmi les hommes, ce n’est pas un certain ordre, c’est l’ordre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans le secret de son âme, le maître [d'une époque révolue] estime encore qu’il est d’une espèce supérieure ; mais il n’ose le dire, et il se laisse attirer en frémissant vers le niveau.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’obéissance perd sa moralité aux yeux de celui qui obéit ; [...] elle n’est à ses yeux ni sainte ni juste, et il s’y soumet comme à un fait dégradant et utile.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ils consentent à servir, et ils ont honte d’obéir ; ils aiment les avantages de la servitude, mais point le maître.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Un pareil état n’est pas démocratique, mais révolutionnaire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce qu’on aperçoit surtout dans les actes de la bourgeoisie, c’est la crainte de se voir confondue avec le peuple, et le désir passionné d’échapper par tous les moyens au contrôle de celui-ci.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Le légitime orgueil du citoyen s’oublie dans le frottement incessant de l’amour-propre de ces petits corps.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Nos pères n’avaient pas le mot d’individualisme [...], mais chacun des mille petits groupes dont la société se composait ne songeait qu’à lui-même. C’était [...] une sorte d’individualisme collectif.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Chacun ne tenait à sa condition particulière que parce que d’autres se particularisaient par la condition ; mais ils étaient tous prêts à se confondre dans la même masse, pourvu que personne n’eût rien à part et n’y dépassât le niveau commun.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
La destruction de la liberté politique et la séparation des classes ont causé presque toutes les maladies dont l’ancien régime est mort.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Du jour où la nation [...] permit aux rois d’établir un impôt général sans son concours, [...] fut semé le germe de presque tous les vices et de presque tous les abus.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Du moment que l’impôt avait pour objet, non d’atteindre les plus capables de le payer, mais les plus incapables de s’en défendre, on devait être amené à cette conséquence monstrueuse de l’épargner au riche et d’en charger le pauvre.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
La division des classes fut le crime de l’ancienne royauté, et devint plus tard son excuse.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Ce n’est pas une petite entreprise que de rapprocher des concitoyens qui ont ainsi vécu pendant des siècles en étrangers ou en ennemis, et de leur faire enseigner à conduire en commun leurs propres affaires.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Au milieu de beaucoup d’institutions déjà préparées pour le pouvoir absolu, la liberté vivait ; mais c’était une sorte de liberté singulière, [...] qu’il faut examiner de très-près pour pouvoir comprendre le bien et le mal qu’elle nous a pu faire.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Les Français, qui supportent assez patiemment le pouvoir absolu, tant qu’il n’est pas oppressif, n’en aiment jamais la vue.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Il faut bien se garder [...] d’évaluer la bassesse des hommes par le degré de leur soumission envers le souverain pouvoir : ce serait se servir d’une fausse mesure.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
On aurait donc bien tort de croire que l’ancien régime fut un temps de servilité et de dépendance. Il y régnait beaucoup plus de liberté que de nos jours ; mais c’était une espèce de liberté irrégulière et intermittente [...].
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Chaque passion publique se déguisa ainsi en philosophie ; la vie politique fut violemment refoulée dans la littérature, et les écrivains [...] se trouvèrent un moment tenir la place que les chefs de parti occupent d’ordinaire dans les pays libres.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Les institutions libres ne sont pas moins nécessaires aux principaux citoyens, pour leur apprendre leurs périls, qu’aux moindres, pour assurer leurs droits.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
J’étais convaincu qu’à leur insu ils [les Français] avaient retenu de l’ancien régime la plupart des sentiments, des habitudes, des idées même à l’aide desquelles ils avaient conduit la Révolution qui le détruisit [...].
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Dans les pays où l’administration publique est déjà puissante, il naît peu d’idées, de désirs, de douleurs, [...] qui ne viennent tôt ou tard se montrer à nu devant elle.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Il y a un grand nombre de lois et d’habitudes politiques de l’ancien régime qui disparaissent [...] en 1789 et qui se remontrent quelques années après, comme certains fleuves s’enfoncent dans la terre pour reparaître un peu plus loin [...].
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
[L'époque de 89 fut un] temps de jeunesse, d’enthousiasme, de fierté, de passions généreuses et sincères, dont, malgré ses erreurs, les hommes conserveront éternellement la mémoire, et qui [...] troublera le sommeil de tous ceux qui voudront les corrompre ou les asservir.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
La destinée des individus est encore bien plus obscure que celle des peuples.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Le despotisme [...] retire aux citoyens toute passion commune, tout besoin mutuel, toute nécessité de s’entendre, toute occasion d’agir ensemble ; il les mure, pour ainsi dire, dans la vie privée.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
La liberté seule [...] peut combattre efficacement [...] les vices qui [...] sont naturels et les retenir sur la pente où elles glissent. [...] Seule elle est capable de les arracher au culte de l’argent.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Ce qui ne se verra jamais [...] dans des sociétés [démocratiques qui ne sont pas libres], ce sont de grands citoyens et surtout un grand peuple, et [...] le niveau commun des cœurs et des esprits ne cessera jamais de s’y abaisser tant que l’égalité et le despotisme y seront joints.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Les despotes eux-mêmes ne nient pas que la liberté ne soit excellente ; seulement ils ne la veulent que pour eux-mêmes, et ils soutiennent que tous les autres en sont tout à fait indignes.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Le goût qu’on montre pour le gouvernement absolu est dans le rapport exact du mépris qu’on professe pour son pays.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Il n’y a rien de plus propre à rappeler les philosophes et les hommes d’État à la modestie que l’histoire de notre Révolution ; car il n’y eut jamais d’événements plus grands, [...] mieux préparés et moins prévus.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Les grandes révolutions qui réussissent, faisant disparaître les causes qui les avaient produites, deviennent ainsi incompréhensibles par leurs succès mêmes.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
La Révolution française a opéré, par rapport à ce monde, précisément de la même manière que les révolutions religieuses agissent en vue de l’autre.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Comme elle [la Révolution] avait l’air de tendre à la régénération du genre humain plus encore qu’à la réforme de la France, elle a allumé une passion que [...] les révolutions politiques les plus violentes n’avaient jamais pu produire.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
En détruisant une partie des institutions du moyen âge, on avait rendu cent fois plus odieux ce qu’on en laissait.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
On serait porté à croire que l'effet nécessaire des institutions démocratiques est de confondre les citoyens dans la vie privée aussi bien que dans la vie publique. C'est comprendre l'égalité sous une forme bien grossière.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a point d’état social ni de lois qui puissent rendre les hommes tellement semblables, que l’éducation, la fortune et les goûts ne mettent entre eux quelque différence.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les hommes échapperont toujours [...] à la main du législateur ; et [...] établiront, à côté de la grande société politique, de petites sociétés privées.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les Américains, qui se mêlent si aisément dans les assemblées politiques, se divisent avec grand soin en petites associations pour goûter à part les jouissances de la vie privée.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[L'homme démocratique] reconnaît volontiers tous ses concitoyens pour ses égaux, mais il n’en reçoit jamais qu’un très-petit nombre parmi ses amis et ses hôtes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que le cercle de la société publique s’agrandit, il faut s’attendre à ce que la sphère des relations privées se resserre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Au lieu d’imaginer que les citoyens des sociétés nouvelles vont finir par vivre en commun, je crains bien qu’ils n’arrivent enfin à ne plus former que de très-petites coteries.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez les peuples aristocratiques, les différentes classes sont comme de vastes enceintes, d’où l’on ne peut sortir et où l’on ne saurait entrer.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les démocraties, [...] il se crée une multitude de classifications artificielles et arbitraires à l’aide desquelles chacun cherche à se mettre à l’écart, de peur d’être entraîné malgré soi dans la foule.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On peut changer les institutions humaines, mais non l’homme.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quel que soit l’effort d’une société pour rendre les citoyens égaux, l’orgueil particulier des individus cherchera toujours à échapper au niveau et voudra former une inégalité dont il profite.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les aristocraties, les hommes sont séparés les uns des autres par de hautes barrières immobiles.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les démocraties, [les hommes] sont divisés par une multitude de petits fils presque invisibles, qu’on brise à tout moment et qu’on change sans cesse de place.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quels que soient les progrès de l’égalité, il se formera toujours chez les peuples démocratiques un grand nombre de petites associations privées au milieu de la grande société politique.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans des temps ordinaires, je me serais immédiatement retiré ; mais la gravité de la situation me fit rester.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Il était évident qu’il ne consentait à nous prendre que pour sauver le premier moment, et qu’il comptait bien [...] nous jeter par terre.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Nous trouvâmes le roi encore très calme et dans son habitude d’être ordinaire.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Dans l’impossibilité où nous étions de rien faire imprimer et afficher à temps, je me considérai comme un homme affiche.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je m’avançai sans armes devant chaque barricade ; les fusils s’abaissaient, les barricades s’ouvraient...
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je trouvai, à mon retour, le peuple plus animé qu’à mon passage ; cependant je n’entendis pas un seul cri séditieux, rien qui annonçât une révolution immédiate.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Si le roi n’abdique pas, nous aurons une révolution avant huit heures du soir.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Aller [...] à la tête de cette multitude, c’était me rendre maître absolu de la situation, mais par un acte qui eût pu paraître révolutionnaire et violent.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Si j’avais su ce qui se passait en ce moment [...], je n’aurais pas hésité.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
L’attitude du peuple ne me paraissait pas encore décidée.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je ne pouvais donc pas imaginer la panique qui, peu après, [mettrait le pouvoir] aux mains de la multitude.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je me demandai ce que j’avais à faire.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je n’avais pas encore mangé et j’étais épuisé.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Le roi a abdiqué ; toutes les troupes se retirent.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Mon intention avait été [...] de les mettre à cheval et de me jeter avec eux dans le peuple.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Dans les temps de révolution, on se vante presque autant des crimes prétendus qu’on veut commettre que, dans les temps ordinaires, des bonnes intentions qu’on prétend avoir.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[L'homme heureux] jouit par un don de nature de cet heureux équilibre entre les facultés et les désirs, qui donne seul le bonheur que la philosophie promet.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
...une âpre curiosité se faisait jour au milieu de tous les sentiments qui remplissaient mon âme et, de temps en temps, les dominait.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je ne me serais jamais imaginé la guerre sous cet aspect.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
...ce fut moins la vue de la douleur physique que le tableau de l’angoisse morale qui me frappa. [...] C’était une chose effrayante que de voir [...] le feu du regard s’éteindre tout à coup dans la terreur de la mort.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[Certains combattants] firent voir que c’était bien plus le combat qu’ils aimaient que la cause pour laquelle ils combattaient.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Tout n’est pas toujours héroïque dans le jeu de la guerre ; [...] personne ne s’en vante et les bulletins n’en parlent pas.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Le grand péril est comme le vin, il rend les hommes tendres.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je ne sache [...] rien de plus sot qu’un homme qui se fait casser la tête à la guerre par curiosité.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
...avec quelle effrayante rapidité, [...] les âmes les plus pacifiques se mettent [...] à l’unisson des guerres civiles, et comme le goût de la violence et le mépris de la vie humaine s’y répandent tout à coup.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je ne pouvais m’empêcher de m’étonner [...] de la promptitude avec laquelle je m’étais familiarisé moi-même en deux jours avec ces idées d’inexorable destruction qui m’étaient naturellement si étrangères.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Tant est grande la vitalité de ces vieux corps aristocratiques. Ils gardent une trace d’eux-mêmes quand déjà ils semblent réduits en poussière et se relèvent plusieurs fois du milieu des ombres de la mort avant d’y retomber à jamais.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
À l’amour de l’indépendance allait succéder la crainte et peut-être le dégoût des institutions libres ; après un tel abus de la liberté, un tel retour était inévitable.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Moi, qui [...] ne tenais guère à la république, mais qui adorais la liberté, je conçus, dès le lendemain de ces journées, de grandes appréhensions pour elle.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Les théories socialistes continuèrent à pénétrer dans l’esprit du peuple sous la forme de passions cupides et envieuses et à y déposer la semence de révolutions futures.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Ce qui se passe [...] n'est pas un fait isolé. C'est un mouvement particulier au milieu du mouvement général qui précipite vers sa ruine tout l'ancien édifice des institutions de l'Europe.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Si le théâtre est petit, le spectacle a [...] de la grandeur ; il a surtout une originalité singulière.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Pour [critiquer] avec efficacité, la première condition est de ne point [...] haïr.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
La démocratie y est moins une forme régulière de gouvernement qu'une arme dont on s'est servi habituellement pour détruire [...] l'ancienne société.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
La liberté ne se présenta [...] que sous la forme d'un privilége, et l'idée d'un droit général [...] qu'auraient tous les hommes à être libres [...] demeura [...] étrangère à leur esprit.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Chaque siècle a son esprit dominateur auquel rien ne résiste. [...] Vient-il à s'introduire sous son règne des principes qui lui soient contraires, [...] il se les approprie et se les assimile.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
C'est le pouvoir judiciaire qui est principalement destiné, dans les démocraties, à être tout à la fois la barrière et la sauvegarde du peuple.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
La justice est une puissance de tradition et d'opinion qui a besoin de s'appuyer sur des idées et des mœurs judiciaires.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Les lois [...] sont disposées de manière à lutter contre les défauts naturels de la démocratie, [d'autres] semblent faites au contraire pour les développer. Ici elles retiennent le peuple, là elles le poussent.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
On ne saurait nier que les institutions n'aient une certaine vertu qui leur soit propre, et que par elles-mêmes elles ne contribuent à la prospérité ou aux misères des sociétés.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
La puissance d'un gouvernement fédéral réside bien moins dans l'étendue des droits qu'on lui confère, que dans la faculté [...] qu'on lui laisse de les exercer par lui-même.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Jamais gouvernement ne fut mieux retenu dans l'inertie et plus condamné à l'impuissance par l'imperfection de ses organes.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
De purement municipale son existence est devenue nationale ; existence plus laborieuse, plus troublée, plus précaire et plus grande.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Le pouvoir, exercé au nom du peuple, mais placé très-loin de lui, était remis tout entier dans les mains de la puissance exécutive.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
La diète est un gouvernement qui ne veut rien par lui-même, mais qui se borne à réaliser ce que vingt-deux autres gouvernements ont séparément voulu.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Il est de l’essence même des gouvernements démocratiques que l’empire de la majorité y soit absolu ; car en dehors de la majorité [...] il n’y a rien qui résiste.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’empire moral de la majorité se fonde [...] sur cette idée, qu’il y a plus de lumières et de sagesse dans beaucoup d’hommes réunis que dans un seul [...]. C’est la théorie de l’égalité appliquée aux intelligences.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’instabilité législative est un mal inhérent au gouvernement démocratique, parce qu’il est de la nature des démocraties d’amener des hommes nouveaux au pouvoir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En Amérique, on apporte à certaines améliorations beaucoup plus de zèle et d’activité qu’on ne le fait ailleurs. En Europe, on emploie à ces mêmes choses une force sociale infiniment moins grande, mais plus continue.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je regarde comme impie et détestable cette maxime, qu’en matière de gouvernement la majorité d’un peuple a le droit de tout faire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quand donc je refuse d’obéir à une loi injuste, je ne dénie point à la majorité le droit de commander, j’en appelle seulement de la souveraineté du peuple à la souveraineté du genre humain.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Qu’est-ce donc qu’une majorité prise collectivement, sinon un individu qui a des opinions et [...] des intérêts contraires à un autre individu qu’on nomme la minorité ?
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La toute-puissance me semble en soi une chose mauvaise et dangereuse. Son exercice me paraît au-dessus des forces de l’homme, quel qu’il soit [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsque je vois accorder le droit et la faculté de tout faire à une puissance quelconque, qu’on l’appelle peuple ou roi [...] je dis : là est le germe de la tyrannie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce qui me répugne le plus en Amérique, ce n’est pas l’extrême liberté qui y règne, c’est le peu de garantie qu’on y trouve contre la tyrannie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La pensée est un pouvoir invisible et presque insaisissable qui se joue de toutes les tyrannies.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je ne connais pas de pays où il règne en général moins d’indépendance d’esprit et de véritable liberté de discussion qu’en Amérique.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En Amérique, la majorité trace un cercle formidable autour de la pensée. Au-dedans de ces limites l’écrivain est libre ; mais malheur à lui s’il ose en sortir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[La majorité] dit : Vous êtes libre de ne point penser ainsi que moi ; votre vie, vos biens, tout vous reste ; mais de ce jour vous êtes un étranger parmi nous. [...] Allez en paix, je vous laisse la vie, mais je vous la laisse pire que la mort.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si jamais la liberté se perd en Amérique, il faudra s’en prendre à l’omnipotence de la majorité, qui aura porté les minorités au désespoir et les aura forcées de faire un appel à la force matérielle.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Agitation violente et incertaine de l’esprit humain [...]
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Comment [...] l’agitation vague de l’esprit humain devint tout à coup [...] une passion positive.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
[...] au moment où ils se croyaient les maîtres de l’État, [ils] découvrirent tout à coup qu’ils n’étaient plus rien.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Aussitôt que le pouvoir absolu fut vaincu, le véritable esprit de la révolution se montra tout à coup.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
[...] au moment où on allait se réunir [...], les esprits s’agrandirent tout à coup et les âmes s’élevèrent.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Du rôle que joue l’argent [...]
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
L'esprit législatif [...]
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Esprit d’association et d’exclusion.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
[Idées relatives à] la centralisation et à l’introduction du pouvoir judiciaire dans l’administration.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
[De l'] influence de la constitution politique sur la prospérité commerciale.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Comment l’aristocratie peut former un des meilleurs et un des plus mauvais gouvernements qui soient au monde.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Liberté du commerce [...]. Prospérité industrielle sans tarif ni douanes.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Il est difficile de concevoir une union durable entre deux peuples dont l’un est pauvre et faible, l’autre riche et fort [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les faibles ont rarement confiance dans la justice et la raison des forts.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il leur semble qu’ils s’appauvrissent, parce qu’ils ne s’enrichissent pas si vite que leur voisin, et ils croient perdre leur puissance parce qu’ils entrent tout-à-coup en contact avec une puissance plus grande que la leur.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si, depuis le commencement du monde, les peuples et les rois n’avaient eu en vue que leur utilité réelle, on saurait à peine ce que c’est que la guerre parmi les hommes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ainsi le plus grand danger qui menace les États-Unis naît de leur prospérité même.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Du moment où un gouvernement fort ne parut plus nécessaire, on recommença à penser qu’il était gênant.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La majorité elle-même n’est pas toute-puissante. Au-dessus d’elle, dans le monde moral, se trouvent l’humanité, la justice et la raison ; dans le monde politique, les droits acquis.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On a découvert de nos jours qu’il y avait dans le monde des tyrannies légitimes et de saintes injustices, pourvu qu’on les exerçât au nom du peuple.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Livrés à eux-mêmes, les hommes préféreront toujours le pouvoir arbitraire d’un roi à l’administration régulière des nobles.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La république, [...] ce n’est pas le règne de la majorité, [...] c’est le règne de ceux qui se portent fort pour la majorité.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Pour un Américain, la vie entière se passe comme une partie de jeu, un temps de révolution, un jour de bataille.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’idée du nouveau se lie [...] intimement dans son esprit à l’idée du mieux. [...] à ses yeux, ce qui n’est pas est ce qui n’a point encore été tenté.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je pense que les nations, comme les hommes, indiquent presque toujours, dès leur jeune âge, les principaux traits de leur destinée.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il y a aujourd’hui sur la terre deux grands peuples qui, partis de points différents, semblent s’avancer vers le même but : ce sont les Russes et les Anglo-Américains.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[L’Américain] a pour principal moyen d’action la liberté ; [le Russe], la servitude. [...] chacun d’eux semble appelé par un dessein secret de la Providence à tenir un jour dans ses mains les destinées de la moitié du monde.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Nous le peuple [...] afin de former une union plus parfaite, d’établir la justice, d’assurer la tranquillité intérieure [...] et de rendre durable pour nous comme pour notre postérité les bienfaits de la liberté, nous faisons [...] et nous établissons cette Constitution.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le congrès ne pourra faire aucune loi relative à l’établissement d’une religion, ou pour en prohiber une ; il ne pourra point non plus restreindre la liberté de la parole ou de la presse.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Une milice bien réglée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, on ne pourra restreindre le droit qu’a le peuple de garder et de porter des armes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le droit qu’ont les citoyens de jouir de la sûreté de leurs personnes, de leur domicile, de leurs papiers et effets, à l’abri des recherches et saisies déraisonnables, ne pourra être violé.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans aucune cause criminelle, l’accusé ne pourra être forcé à rendre témoignage contre lui-même ; il ne pourra être privé de la vie, de la liberté ou de sa propriété, que par suite d’une procédure légale.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Aucune propriété privée ne pourra être appliquée à un usage public sans juste compensation.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans toute procédure criminelle, l’accusé jouira du droit d’être jugé promptement et publiquement par un jury impartial.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On ne pourra exiger des cautionnements exagérés, ni imposer des amendes excessives, ni infliger des punitions cruelles et inaccoutumées.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’énumération faite, dans cette constitution, de certains droits, ne pourra être interprétée de manière à exclure ou affaiblir d’autres droits conservés par le peuple.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le privilège de l’habeas corpus ne sera suspendu qu’en cas de rébellion ou d’invasion, et lorsque la sûreté publique l’exigera.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Aucun serment religieux ne sera jamais requis comme condition pour remplir une fonction ou charge publique.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La trahison [...] consistera uniquement à prendre les armes contre [le pays] ou à se réunir à ses ennemis en leur donnant aide et secours.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La profession et l’exercice libre de toutes les croyances religieuses et de tous les cultes [...] sont permis à chacun ; mais la liberté de conscience [...] ne peut s’étendre jusqu’à excuser des actes licencieux et des pratiques incompatibles avec la paix et la sécurité de l’État.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Attendu que les ministres de l’Évangile sont, par leur profession, dévoués au service de Dieu [...] et qu’ils ne doivent pas être distraits des grands devoirs de leur état, aucun ministre [...] ne pourra [...] être appelé [...] à aucune fonction civile ou militaire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Tout citoyen peut librement exprimer, écrire et publier son opinion sur tout sujet, et il demeure responsable de l’abus qu’il peut faire de ce droit.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
De nos jours, [...] la distance qui séparait jadis le père de ses fils est diminuée, et l’autorité paternelle est sinon détruite, au moins altérée.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En Amérique, la famille, en prenant ce mot dans son sens romain et aristocratique, n’existe point.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En Amérique, il n’y a pas, à vrai dire, d’adolescence. Au sortir du premier âge, l’homme se montre et commence à tracer lui-même son chemin.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il y a certains grands principes sociaux qu’un peuple fait pénétrer partout, ou ne laisse subsister nulle part.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les démocraties, [...] le père n’est aux yeux de la loi qu’un citoyen, plus âgé et plus riche que ses fils.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quand les hommes vivent dans le souvenir de ce qui a été, [...] le père est le lien naturel et nécessaire entre le passé et le présent [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L'état social devenant démocratique, [...] la puissance d’opinion exercée par le père sur les fils devient moins grande, aussi bien que son pouvoir légal.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je ne sais si, à tout prendre, la société perd à ce changement ; mais je suis porté à croire que l’individu y gagne.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que les mœurs et les lois sont plus démocratiques, les rapports du père et du fils deviennent plus intimes et plus doux [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans la famille démocratique, le maître et le magistrat ont disparu ; le père reste.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce n’est point par les intérêts, c’est par la communauté des souvenirs et la libre sympathie des opinions [...] que la démocratie attache les frères les uns aux autres.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[La démocratie] divise leur héritage, mais elle permet que leurs âmes se confondent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La démocratie qui détruit [...] les anciennes conventions sociales [...] ne fait que modifier les [sentiments naturels], et souvent elle leur donne une énergie et une douceur qu’ils n’avaient pas.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La démocratie détend les liens sociaux, mais elle resserre les liens naturels. Elle rapproche les parents dans le même temps qu’elle sépare les citoyens.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À la longue, la société politique ne saurait manquer de devenir l’expression et l’image de la société civile.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
De nos jours, [...] la distance qui séparait jadis le père de ses fils est diminuée, et l'autorité paternelle est sinon détruite, au moins altérée.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Du moment où le jeune Américain s’approche de la virilité, les liens de l’obéissance filiale se détendent de jour en jour. Maître de ses pensées, il l’est bientôt après de sa conduite.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il y a certains grands principes sociaux qu’un peuple fait pénétrer partout, ou ne laisse subsister nulle part.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les démocraties, [...] le père n’est aux yeux de la loi qu’un citoyen, plus âgé et plus riche que ses fils.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsque les hommes diffèrent peu les uns des autres [...], la notion générale du supérieur devient plus faible et moins claire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quand les hommes vivent dans le souvenir de ce qui a été, [...] le père est le lien naturel et nécessaire entre le passé et le présent, l’anneau où ces deux chaînes aboutissent et se rejoignent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’état social devenant démocratique, [...] il est bon et légitime de juger toutes choses par soi-même en prenant les anciennes croyances comme renseignement et non comme règle.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je ne sais si, à tout prendre, la société perd à ce changement [démocratique] ; mais je suis porté à croire que l’individu y gagne.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que les mœurs et les lois sont plus démocratiques, les rapports du père et du fils deviennent plus intimes et plus doux ; [...] la confiance et l’affection y sont souvent plus grandes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Dans la famille démocratique,] le maître et le magistrat ont disparu ; le père reste.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce n’est point par les intérêts, c’est par la communauté des souvenirs et la libre sympathie des opinions et des goûts, que la démocratie attache les frères les uns aux autres.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsqu’une certaine manière de penser ou de sentir est le produit d’un état particulier de l’humanité, cet état venant à changer, il ne reste rien.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il est rare que la loi, en s’efforçant de plier [les sentiments naturels] d’une certaine manière, ne les énerve ; [...] ils ne sont pas toujours plus forts, livrés à eux-mêmes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La démocratie qui détruit ou obscurcit presque toutes les anciennes conventions sociales, [...] fait disparaître entièrement la plupart des sentiments qui naissent de ces conventions.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La démocratie détend les liens sociaux, mais elle resserre les liens naturels. Elle rapproche les parents dans le même temps qu’elle sépare les citoyens.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La poésie, à mes yeux, est la recherche et la peinture de l’idéal.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les démocraties, l’amour des jouissances matérielles, l’idée du mieux, la concurrence, le charme prochain du succès, sont comme autant d’aiguillons qui précipitent les pas de chaque homme dans la carrière qu’il a embrassée [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Dans les démocraties,] l’imagination n’est point éteinte ; mais elle s’adonne presque exclusivement à concevoir l’utile et à représenter le réel.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’aristocratie conduit naturellement l’esprit humain à la contemplation du passé [...]. La démocratie, au contraire, donne aux hommes une sorte de dégoût instinctif pour ce qui est ancien.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les sociétés démocratiques, où les hommes sont tous [...] fort semblables, chacun, en s’envisageant soi-même, voit à l’instant tous les autres.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L'égalité, en s'établissant sur la terre, tarit la plupart des sources anciennes de la poésie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je suis convaincu qu’à la longue la démocratie détourne l’imagination de tout ce qui est extérieur à l’homme, pour ne la fixer que sur l’homme.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les peuples démocratiques ne s’inquiètent guère de ce qui a été ; mais ils rêvent volontiers à ce qui sera, et, de ce côté, leur imagination n’a point de limites [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La démocratie, qui ferme le passé à la poésie, lui ouvre l’avenir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On ne saurait rien concevoir de si [...] antipoétique, en un mot, que la vie d’un homme aux États-Unis ; mais, parmi les pensées qui la dirigent, il s’en rencontre toujours une qui est pleine de poésie [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les siècles démocratiques, [...] les nations elles-mêmes s’assimilent, et toutes ensemble ne forment plus à l’œil du spectateur qu’une vaste démocratie dont chaque citoyen est un peuple.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Tout ce qui se rapporte à l’existence du genre humain pris en entier, à ses vicissitudes, à son avenir, devient une mine très féconde pour la poésie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je n’ai qu’à me considérer moi-même : l’homme sort du néant, traverse le temps et va disparaître [...]. On ne le voit qu’un moment errer sur la limite des deux abîmes où il se perd.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’homme est assez découvert pour qu’il aperçoive quelque chose de lui-même, et assez voilé pour que le reste s’enfonce dans des ténèbres impénétrables [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les destinées humaines, l’homme, pris à part de son temps et de son pays, et placé en face de la nature et de Dieu, [...] deviendront pour ces peuples l’objet principal et presque unique de la poésie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’égalité développe dans chaque homme le désir de juger tout par lui-même ; elle lui donne, en toutes choses, le goût du tangible et du réel, le mépris des traditions et des formes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ceux qui cultivent les sciences chez les peuples démocratiques craignent toujours de se perdre dans les utopies. Ils se défient des systèmes, ils aiment à se tenir très-près des faits [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Rien n’est plus nécessaire à la culture des hautes sciences [...] que la méditation, et il n’y a rien de moins propre à la méditation que l’intérieur d’une société démocratique.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Au milieu de ce tumulte universel, de ce choc répété des intérêts contraires, [...] où trouver le calme nécessaire aux profondes combinaisons de l’intelligence ?
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il règne dans le sein de ces nations un petit mouvement incommode, une sorte de roulement incessant des hommes les uns sur les autres, qui trouble et distrait l’esprit sans l’animer ni l’élever.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Non seulement les hommes qui vivent dans les sociétés démocratiques se livrent difficilement à la méditation, mais ils ont naturellement peu d’estime pour elle.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’homme qui agit en est réduit à se contenter souvent d’à-peu-près, parce qu’il n’arriverait jamais au bout de son dessein s’il voulait perfectionner chaque détail.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les siècles où presque tout le monde agit, on est [...] porté à attacher un prix excessif aux élans rapides et aux conceptions superficielles de l’intelligence, et [...] à déprécier [...] son travail profond et lent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il y a un désir d’utiliser les connaissances et un pur désir de connaître.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je ne doute point qu’il ne naisse, de loin en loin, [...] un amour ardent et inépuisable de la vérité, qui se nourrit de lui-même et jouit incessamment sans pouvoir jamais se satisfaire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les siècles aristocratiques on demande particulièrement aux sciences les jouissances de l’esprit ; dans les démocraties, celles du corps.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans une société [démocratique], l’esprit humain est insensiblement conduit à négliger la théorie, et [...] se sent poussé avec une énergie sans pareille vers l’application.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
De nos jours, il faut retenir l’esprit humain dans la théorie ; il court de lui-même à la pratique.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si les lumières qui nous éclairent venaient jamais à s’éteindre, elles s’obscurciraient peu à peu [...]. À force de se renfermer dans l’application, on perdrait de vue les principes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il ne faut donc point se rassurer en pensant que les barbares sont encore loin de nous ; car, s’il y a des peuples qui se laissent arracher des mains la lumière, il y en a d’autres qui l’étouffent eux-mêmes sous leurs pieds.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si chaque citoyen, à mesure qu’il devient individuellement plus faible, [...] n’apprenait pas l’art de s’unir à ses semblables pour défendre sa liberté, la tyrannie croîtrait nécessairement avec l’égalité.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les Américains de tous les âges, de toutes les conditions, de tous les esprits, s’unissent sans cesse.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Partout où, à la tête d’une entreprise nouvelle, vous voyez en France le gouvernement, et en Angleterre un grand seigneur, comptez que vous apercevrez aux États-Unis une association.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le pays le plus démocratique de la terre se trouve être celui [...] où les hommes ont le plus perfectionné de nos jours l’art de poursuivre en commun l’objet de leurs communs désirs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez les peuples démocratiques, [...] tous les citoyens sont indépendants et faibles ; ils ne peuvent presque rien par eux-mêmes. [...] Ils tombent donc tous dans l’impuissance s’ils n’apprennent à s’aider librement.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Un peuple chez lequel les particuliers perdraient le pouvoir de faire isolément de grandes choses sans acquérir la faculté de les produire en commun retournerait bientôt vers la barbarie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Plus [le pouvoir social] se mettra à la place des associations, et plus les particuliers, perdant l’idée de s’associer, auront besoin qu’il vienne à leur aide : ce sont des causes et des effets qui s’engendrent sans repos.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La morale et l’intelligence d’un peuple démocratique ne courraient pas de moindres dangers que son négoce et son industrie, si le gouvernement venait y prendre partout la place des associations.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les sentiments et les idées ne se renouvellent, le cœur ne s’agrandit et l’esprit humain ne se développe que par l’action réciproque des hommes les uns sur les autres.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Un gouvernement ne saurait pas plus suffire à entretenir seul et à renouveler la circulation des sentiments et des idées chez un grand peuple, qu’à y conduire toutes les entreprises industrielles.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dès qu’un gouvernement essayera de sortir de la sphère politique [...], il exercera, même sans le vouloir, une tyrannie insupportable ; car un gouvernement ne sait que dicter des règles précises.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce sont les associations qui, chez les peuples démocratiques, doivent tenir lieu des particuliers puissants que l’égalité des conditions a fait disparaître.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Sitôt que plusieurs [...] ont conçu un sentiment ou une idée qu’ils veulent produire dans le monde, ils se cherchent, et, quand ils se sont trouvés, ils s’unissent. Dès lors ce ne sont plus des hommes isolés, mais une puissance qu’on voit de loin.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les pays démocratiques, la science de l’association est la science mère ; le progrès de toutes les autres dépend des progrès de celle-là.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Pour que les hommes restent civilisés ou le deviennent, il faut que parmi eux l’art de s’associer se développe et se perfectionne dans le même rapport que l’égalité des conditions s’accroît.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le goût de l’argent et la soif de la considération et du pouvoir se confondent [...] qu’il devient difficile de discerner si c’est par ambition que les hommes sont cupides, ou si c’est par cupidité qu’ils sont ambitieux.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que nous approchons, des traces de destruction, nous annoncent la présence de l’homme civilisé.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans la log-house [...] on y trouve plus le superflu et moins le nécessaire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Cette demeure forme, à elle seule, comme un petit monde ; c’est l’arche de la civilisation perdue au milieu d’un océan de feuillage.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’égalité des conditions ne crée jamais la corruption des mœurs, mais quelquefois elle la laisse paraître.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’orgueil national, la satisfaction donnée par les législations à certaines passions dominantes, [...] peuvent faire pendant longtemps illusion à tout un peuple aussi bien qu’à un homme.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’amour que montre un peuple pour ses lois ne prouve qu’une chose, c’est qu’il ne faut pas se hâter de les changer.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a rien de plus dangereux pour la liberté et la tranquillité d’un peuple qu’une armée qui craint la guerre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Forcer tous les hommes à marcher de la même marche, vers le même objet, voilà une idée humaine. Introduire une variété infinie dans les actes [...] vers l’accomplissement d’un grand dessein, voilà une idée divine.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les hommes croient témoigner de leur grandeur en simplifiant le moyen ; c’est l’objet de Dieu qui est simple, ses moyens varient à l’infini.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Presque tous les citoyens ambitieux et capables [...] travailleront sans relâche à étendre les attributions du pouvoir social, parce que tous espèrent le diriger un jour.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Parmi les hommes publics des démocraties, il n’y a guère que des gens très-désintéressés ou très-médiocres qui veuillent décentraliser le pouvoir. Les uns sont rares et les autres impuissants.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le peuple devenu une image de l’armée, et la société tenue comme une caserne.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ils [le despotisme et l'anarchie] s’élèvent parce que rien ne leur résiste, et ils tombent parce que rien ne les soutient.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce qu’il est important de combattre, c’est donc bien moins l’anarchie ou le despotisme que l’apathie qui peut créer presque indifféremment l’un ou l’autre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Des bourgeois effrayés, mais surtout étonnés, comme des spectateurs qui, parvenus au dénouement, n’ont pas encore bien compris la pièce.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[Il y a des hommes] si amoureux de l’action [...] qu’après avoir fait les choses nécessaires et utiles, ils sont toujours prêts à entreprendre les nuisibles et les dangereuses plutôt que de ne rien faire du tout.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
L’histoire même de nos jours, quelque nouvelle et imprévue qu’elle paraisse, appartient toujours par le fond à la vieille histoire de l’humanité, et ce que nous appelons des faits nouveaux ne sont le plus souvent que des faits oubliés.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Il ne s’agissait pas seulement de faire triompher un parti ; on aspirait à fonder une science sociale, une philosophie, je pourrais presque dire une religion propre à être [...] suivie par tous les hommes.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
C’était une chose extraordinaire et terrible de voir dans les seules mains de ceux qui ne possédaient rien, toute cette immense ville, pleine de tant de richesses...
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
La terreur de toutes les autres classes fut [...] comparable à celle que devaient éprouver les cités civilisées du monde romain, quand elles se voyaient tout à coup au pouvoir des Vandales et des Goths.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Les premiers mouvements [du peuple], en temps de révolution, sont ordinairement généreux [...] et quand ils veulent enfin descendre sur le terrain des petites et mauvaises passions humaines, ils ne sont plus libres de le faire.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Il s’est formé parmi nous une espèce de moralité particulière au désordre, et un code spécial pour les jours d’émeute. D’après ces lois exceptionnelles le meurtre est toléré, [...] mais le vol est sévèrement défendu.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
En politique [...] la communauté des haines fait presque toujours le fond des amitiés.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[La classe moyenne] manque d'homogénéité [...] ce qui rend son gouvernement faible, mais la rend elle-même insaisissable et comme invisible à ceux qui veulent la frapper quand elle ne gouverne plus.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
On faisait parler, dans la langue enflammée de 93, les passions tièdes du temps, et l’on citait [...] d’illustres scélérats, auxquels on n’avait ni l’énergie ni même le désir sincère de ressembler.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Le socialisme restera le caractère essentiel et le souvenir le plus redoutable de la révolution [...]. La république n’y apparaîtra de loin que comme un moyen mais non un but.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Comment des classes pauvres, inférieures et pourtant puissantes n’auraient-elles pas songé à sortir de leur pauvreté et de leur infériorité, en se servant de leur pouvoir...?
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Il était inévitable qu’il finirait [...] par découvrir que ce qui le resserrait dans sa position, ce n’était pas la constitution du gouvernement, c’était les lois immuables qui constituent la société elle-même.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Ce qu’on appelle les institutions nécessaires ne sont souvent que les institutions auxquelles on est accoutumé, et [...] le champ du possible est bien plus vaste que les hommes qui vivent dans chaque société ne se l’imaginent.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
La démocratie n’attache point fortement les hommes les uns aux autres ; mais elle rend leurs rapports habituels plus aisés.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsque c’est la naissance seule [...] qui classe les hommes, chacun sait précisément le point qu’il occupe dans l’échelle sociale ; il ne cherche pas à monter, et ne craint pas de descendre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quand à l’aristocratie de naissance succède l’aristocratie d’argent, il n’en est plus de même.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ceux qui [les privilèges] possèdent sont préoccupés sans cesse par la crainte de les perdre ou de les voir partager ; et ceux qui ne les ont pas encore veulent à tout prix les posséder...
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Comme la valeur sociale des hommes n’est plus fixée d’une manière ostensible et permanente par le sang, [...] les rangs existent toujours, mais on ne voit plus clairement et du premier coup d’œil ceux qui les occupent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il s’établit aussitôt une guerre sourde entre tous les citoyens ; les uns s’efforcent [...] de pénétrer [...] parmi ceux qui sont au-dessus d’eux ; les autres combattent sans cesse pour repousser ces usurpateurs de leurs droits.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[...] le même homme fait les deux choses, et tandis qu’il cherche à s’introduire dans la sphère supérieure, il lutte sans relâche contre l’effort qui vient d’en bas.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’orgueil aristocratique étant encore très-grand [...], et les limites de l’aristocratie étant devenues douteuses, chacun craint à chaque instant que sa familiarité ne soit surprise.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ne pouvant juger du premier coup d’œil quelle est la situation sociale de ceux qu’on rencontre, l’on évite prudemment d’entrer en contact avec eux.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On redoute, en rendant de légers services, de former malgré soi une amitié mal assortie ; on craint les bons offices...
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En Amérique, où les priviléges de naissance n’ont jamais existé, [...] des inconnus se réunissent volontiers dans les mêmes lieux, et ne trouvent ni avantage ni péril à se communiquer librement leurs pensées.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Leur abord est [...] naturel, franc et ouvert ; on voit qu’ils n’espèrent et ne redoutent presque rien les uns des autres, et qu’ils ne s’efforcent pas plus de montrer que de cacher la place qu’ils occupent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quand [les Américains] ne s’adressent point la parole, c’est qu’ils ne sont pas en humeur de parler, et non qu’ils croient avoir intérêt à se taire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En pays étranger, deux Américains sont sur-le-champ amis, par cela seul qu’ils sont Américains. [...] À deux Anglais le même sang ne suffit point : il faut que le même rang les rapproche.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La réserve des Anglais découle de la constitution du pays bien plus que de celle des citoyens.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Presque tous les goûts et les habitudes qui naissent de l’égalité conduisent naturellement les hommes vers le commerce et l’industrie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La culture de la terre promet [...] des résultats presque certains, mais lents. On ne s’y enrichit que peu à peu et avec peine.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les pays démocratiques, un homme, quelque opulent qu’on le suppose, est presque toujours mécontent de sa fortune, parce qu’il se trouve moins riche que son père et qu’il craint que ses fils ne le soient moins que lui.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Les riches des démocraties sont] poussés par le plus impérieux de tous les besoins : celui de ne pas déchoir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les pays démocratiques, où l’argent ne conduit pas au pouvoir celui qui le possède, mais souvent l’en écarte, les riches ne savent que faire de leurs loisirs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les démocraties, il n’y a rien de plus grand ni de plus brillant que le commerce ; c’est lui qui attire les regards du public et remplit l’imagination de la foule.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ceux qui vivent au milieu de l’instabilité démocratique ont sans cesse sous les yeux l’image du hasard et ils finissent par aimer toutes les entreprises où le hasard joue un rôle.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Les peuples démocratiques] sont [...] portés vers le commerce, non seulement à cause du gain qu’il leur promet, mais par l’amour des émotions qu’il leur donne.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce qui frappe le plus [dans les démocraties], ce n’est pas la grandeur extraordinaire de quelques entreprises industrielles ; c’est la multitude innombrable des petites entreprises.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On défriche un champ pour le revendre, et non pour le récolter ; on bâtit une ferme dans la prévision que [...] on pourra en obtenir un bon prix.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Les peuples démocratiques] transportent dans l’agriculture l’esprit du négoce, et leurs passions industrielles se montrent là comme ailleurs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Comme chacun se mêle plus ou moins d’industrie, au moindre choc que les affaires y éprouvent, toutes les fortunes particulières trébuchent en même temps, et l’État chancelle.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je crois que le retour des crises industrielles est une maladie endémique chez les nations démocratiques [...]. On peut la rendre moins dangereuse, mais non la guérir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce n’est pas le commerce et l’industrie qui suggèrent le goût des jouissances matérielles aux hommes, mais plutôt ce goût qui porte les hommes vers les carrières industrielles et commerçantes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Toutes les causes qui font prédominer dans le cœur humain l’amour des biens de ce monde développent le commerce et l’industrie. L’égalité est une de ces causes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La Révolution n’est pas arrivée à cause de [la] prospérité ; mais l’esprit qui devait la produire, cet esprit actif, inquiet, intelligent, novateur, ambitieux [...] commençait à animer toutes choses...
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Cette faculté qu’ont les nations de prospérer malgré l’imperfection qui se rencontre dans les parties secondaires de leurs institutions, lorsque les principes généraux [...] sont féconds.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Il y a dans toute organisation judiciaire des vices secondaires qui peuvent ne nuire que modérément [...], et d’autres principaux qui non-seulement lui nuisent, mais la détruisent.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Les mêmes qualités peuvent être secondaires ou principales, suivant les temps et suivant l’organisation politique de la société.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
[Il y a une] sorte de vénalité plus ordinaire, et surtout plus dangereuse, dans les temps de démocratie, qui naît de la servilité des tribunaux à l’égard de la puissance publique.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
L’administration [...] se composait d’une multitude de pouvoirs différents [...] La confusion et la lutte ne pouvaient s’éviter qu’à la condition que chacun n’agît que peu ou point.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Les institutions politiques n’étaient pas devenues plus mauvaises ; au contraire, elles s’étaient fort améliorées ; mais la vie politique était devenue plus active.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Les fonctions [...], beaucoup plus pénibles qu’honorables, devaient en éloigner tous ceux qui joignaient de l’aisance à des lumières proportionnées à leur état.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Comment la destruction de la liberté politique et la séparation des classes ont causé presque toutes les maladies dont l’ancien régime est mort.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Comment les Français ont voulu des réformes avant de vouloir des libertés.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Le règne de Louis XVI a été l’époque la plus prospère de l’ancienne monarchie, et [...] cette prospérité même hâta la Révolution.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Comment on souleva le peuple en voulant le soulager.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Comment la centralisation administrative est une institution de l’ancien régime, et non pas l’œuvre de la Révolution ni de l’Empire, comme on le dit.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Pourquoi les droits féodaux étaient devenus plus odieux au peuple en France que partout ailleurs.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Les communautés de campagne sont composées [...] de paysans pauvres, ignorants et brutaux, incapables de s’administrer.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
L’état social est [...] la cause première de la plupart des lois, des coutumes et des idées qui règlent la conduite des nations ; ce qu’il ne produit pas, il le modifie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je m’étonne que les publicistes [...] n’aient pas attribué aux lois sur les successions une plus grande influence dans la marche des affaires humaines.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Les lois sur les successions] devraient être placées en tête de toutes les institutions politiques, car elles influent incroyablement sur l’état social des peuples, dont les lois politiques ne sont que l’expression.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Par [les lois sur les successions], l’homme est armé d’un pouvoir presque divin sur l’avenir de ses semblables.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsque la loi des successions établit le partage égal, elle détruit la liaison intime qui existait entre l’esprit de famille et la conservation de la terre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce qu’on appelle l’esprit de famille est souvent fondé sur une illusion de l’égoïsme individuel. On cherche à se perpétuer et à s’immortaliser en quelque sorte dans ses arrière-neveux.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Là où finit l’esprit de famille, l’égoïsme individuel rentre dans la réalité de ses penchants. [...] Chacun se concentre dans la commodité du présent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je ne connais [...] pas de pays où l’amour de l’argent tienne une plus large place dans le cœur de l’homme, et où l’on professe un mépris plus profond pour la théorie de l’égalité permanente des biens.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La fortune [...] circule avec une incroyable rapidité, et l’expérience apprend qu’il est rare de voir deux générations en recueillir les faveurs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je ne pense pas qu’il y ait de pays dans le monde où, proportion gardée avec la population, il se trouve aussi peu d’ignorants et moins de savants qu’en Amérique.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’inégalité intellectuelle vient directement de Dieu, et l’homme ne saurait empêcher qu’elle ne se retrouve toujours.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il est impossible de comprendre que l’égalité ne finisse pas par pénétrer dans le monde politique comme ailleurs. [...] Ils arriveront donc, dans un temps donné, à l’être sur tous [les points].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je ne sais que deux manières de faire régner l’égalité dans le monde politique : il faut donner des droits à chaque citoyen, ou n’en donner à personne.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il se rencontre [...] dans le cœur humain un goût dépravé pour l’égalité, qui porte les faibles à vouloir attirer les forts à leur niveau, et qui réduit les hommes à préférer l’égalité dans la servitude à l’inégalité dans la liberté.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce que [les peuples démocratiques] aiment d’un amour éternel, c’est l’égalité ; [...] rien ne saurait les satisfaire sans l’égalité, et ils consentiraient plutôt à périr qu’à la perdre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En lui, l'homme se dégrade à mesure que l'ouvrier se perfectionne.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Que doit-on attendre d’un homme qui a employé vingt ans de sa vie à faire des têtes d’épingles ?
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsqu’un ouvrier a consumé [...] une portion considérable de son existence, [...] il n’appartient plus à lui-même, mais à la profession qu’il a choisie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Une théorie industrielle plus puissante que les mœurs et les lois, l'a attaché à un métier [...] qu'il ne peut quitter. [...] Au milieu du mouvement universel, elle l'a rendu immobile.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que le principe de la division du travail reçoit une application plus complète, l’ouvrier devient plus faible, plus borné et plus dépendant. L’art fait des progrès, l’artisan rétrograde.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Tandis que l’ouvrier ramène son intelligence à l’étude d’un seul détail, le maître promène ses regards sur un plus vaste ensemble, et son esprit s’étend en proportion que celui de l’autre se resserre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’un ressemble de plus en plus à l’administrateur d’un vaste empire, et l’autre à une brute.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le maître et l’ouvrier n’ont ici rien de semblable [...]. L’un est dans une dépendance continuelle, étroite et nécessaire de l’autre, et semble né pour obéir comme celui-ci pour commander.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Qu’est-ce ceci sinon de l’aristocratie ?
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que la masse de la nation tourne à la démocratie, la classe particulière qui s’occupe d’industrie devient plus aristocratique.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il semble qu’on voie l’aristocratie sortir par un effort naturel du sein même de la démocratie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quoiqu’il y ait des riches, la classe des riches n’existe point ; car ces riches n’ont pas d’esprit ni d’objets communs, de traditions ni d’espérances communes. Il y a donc des membres, mais point de corps.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a pas de lien véritable entre le pauvre et le riche. [...] L’ouvrier dépend en général des maîtres, mais non de tel maître.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’aristocratie que fonde le négoce [...] son but n’est point de gouverner [la population industrielle], mais de s’en servir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si jamais l’inégalité permanente des conditions et l’aristocratie pénètrent de nouveau dans le monde, on peut prédire qu’elles y entreront par cette porte.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Tant que les choses se passeront ainsi, les améliorations de détails, les réformes administratives, les changements d’hommes, resteront [...] inefficaces. Les avis les plus salutaires seront perdus, les meilleures intentions deviendront stériles.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Leur soumission complète, il est vrai, la conquête [...]. Mais qui pressait de la compléter ?
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Chez [certains peuples], la forme du gouvernement est aussi démocratique qu’on puisse l’imaginer ; chaque homme se mêle des affaires publiques ; l’autorité qui la dirige est faible, l’élection y fait sans cesse passer le pouvoir de main en main.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Croit-on que d’ici à longtemps une telle population restera tranquille sous notre empire, qu’elle nous obéira sans être surveillée et comprimée par des établissements militaires [...] ?
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
La mesure qu’on prend aujourd’hui n’est donc que le commencement d’une grande série de mesures qu’il va falloir prendre ; c’est [...] le premier pas dans une longue route qu’il faudra [...] parcourir.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
N’était-il pas permis de croire [...] qu’au moment où la paix réussissait si bien, on ne prendrait pas les armes ?
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Ce qui surabonde [...], ce sont les administrations centrales ; ce qui manque plus ou moins partout, ce sont les agents d’exécution.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Principal et quelquefois unique consommateur, [l'État] domine les marchés et y fixe les prix. Que si, profitant de cette position particulière, il paralysait les productions [...] il ne nuirait pas seulement aux cultivateurs [...] il se nuirait à lui-même.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Ce que nous voulons surtout, c’est attacher dans notre armée, à notre service, des hommes du pays, connaissant le pays et y exerçant de l’influence. Ne nous laissons pas éloigner de ce second but, qui est le principal, en voulant trop nous approcher du premier.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
L'établissement paisible d’une population européenne sur le sol de l’Afrique serait le moyen le plus efficace d’y asseoir et d’y garantir notre domination.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Le pays est occupé, il est vrai, mais il n’est ni rempli, ni même, à vrai dire, possédé. [...] On peut donc introduire la population conquérante sur le sol, sans gêner la population vaincue.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Nulle part le cultivateur européen ne s’est mieux et plus aisément familiarisé avec l’abandon, [...] la maladie, le dénuement, la mort, et n’a apporté une âme plus virile et [...] plus guerrière, dans les adversités et dans les périls de la vie civile.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Le résultat obtenu par l’État est entièrement hors de proportion avec l’effort qu’on a fait pour l’atteindre.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
Si l’État quittait la sphère des intérêts publics pour prendre en main les intérêts particuliers des colons [...] il entreprendrait une œuvre tout à la fois très-onéreuse et assez stérile.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
En matière de colonisation [...], il faut toujours en revenir à cette alternative : Ou les conditions économiques du pays seront telles que ceux qui viendront l’habiter pourront facilement y prospérer [...] ou [...] rien ne saurait jamais la remplacer.
1847
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy/Rapport sur les affaires d'Afrique
On aurait tort de croire que la presse périodique ait toujours été entièrement libre en Amérique ; on a tenté d’y établir quelque chose d’analogue à la censure préalable [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le journal éluda la défense [...], et l’opinion acheva de faire justice de la mesure.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[...] ce qui prouve combien la constitution anglaise devenait démocratique avec le temps, même en paraissant immobile.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[La position du shériff] le place au-dessus du soupçon de corruption de la part des partis [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On voit que les Anglais ont fondé leur système de jury, non sur la capacité, mais sur la propriété foncière, comme toutes leurs autres institutions politiques.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En Amérique, tous les citoyens qui sont électeurs ont le droit d’être jurés.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[...] aux États-Unis le droit de faire partie d’un jury [...] s’étend à tout le monde ; mais l’exercice de ce droit n’est pas indistinctement remis entre toutes les mains.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ces magistrats étant eux-mêmes électifs, n’excitent point de défiance ; leurs pouvoirs sont très étendus et fort arbitraires, comme ceux en général des magistrats républicains [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les Américains ont cherché par tous les moyens possibles à mettre le jury à la portée du peuple, et à le rendre aussi peu à charge que possible.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ainsi, le tribunal vient se placer près du jury, au lieu d’attirer le jury près de lui, comme en France.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En Amérique, le jury est encore regardé comme une charge ; mais c’est une charge facile à porter, et à laquelle on se soumet sans peine.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsqu’on examine de près la constitution du jury civil [...], on découvre aisément que les jurés n’échappent jamais au contrôle du juge.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le verdict du jury, au civil comme au criminel, comprend en général, dans une simple énonciation, le fait et le droit.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En introduisant le jury en matière civile, les Anglais n’ont pas conservé à l’opinion des jurés l’infaillibilité qu’ils lui accordent en matière criminelle [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si le juge pense que le verdict a fait une fausse application de la loi, il peut refuser de le recevoir, et renvoyer les jurés délibérer.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
J’ai pensé que beaucoup se chargeraient d’annoncer les biens nouveaux que l’égalité promet aux hommes, mais que peu oseraient signaler de loin les périls dont elle les menace.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Échapper à l’esprit de système, au joug des habitudes, aux maximes de familles, aux opinions de classe [...] ne prendre la tradition que comme un renseignement, et les faits présents que comme une utile étude pour faire autrement et mieux.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Au milieu du mouvement continuel qui règne au sein d’une société démocratique, le lien qui unit les générations entre elles se relâche ou se brise ; chacun y perd aisément la trace des idées de ses aïeux.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chacun se renferme donc étroitement en soi-même, et prétend de là juger le monde.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ils nient volontiers ce qu’ils ne peuvent comprendre : cela leur donne peu de foi pour l’extraordinaire, et un dégoût presque invincible pour le surnaturel.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Sans idées communes, il n’y a pas d’action commune, et, sans action commune, il existe encore des hommes, mais non un corps social.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a pas de si grand philosophe dans le monde qui ne croie un million de choses sur la foi d’autrui, et qui ne suppose beaucoup plus de vérités qu’il n’en établit.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que les citoyens deviennent plus égaux et plus semblables, [...] la disposition à en croire la masse augmente, et c’est de plus en plus l’opinion qui mène le monde.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le public a donc chez les peuples démocratiques une puissance singulière [...]. Il ne persuade pas ses croyances, il les impose et les fait pénétrer dans les âmes par une sorte de pression immense de l’esprit de tous sur l’intelligence de chacun.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les hommes n’auraient point trouvé le moyen de vivre indépendants ; ils auraient seulement découvert, chose difficile, une nouvelle physionomie de la servitude.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Pour moi, quand je sens la main du pouvoir qui s’appesantit sur mon front, il m’importe peu de savoir qui m’opprime, et je ne suis pas mieux disposé à passer ma tête dans le joug, parce qu’un million de bras me le présentent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les idées générales n’attestent point la force de l’intelligence humaine, mais plutôt son insuffisance.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quand la religion est détruite chez un peuple, le doute s’empare des portions les plus hautes de l’intelligence [...] et, comme on désespère de pouvoir, à soi seul, résoudre les plus grands problèmes [...], on se réduit lâchement à n’y point songer.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je suis porté à penser que, s’il n’a pas de foi, il faut qu’il serve, et s’il est libre, qu’il croie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les siècles aristocratiques on demande particulièrement aux sciences les jouissances de l’esprit ; dans les démocraties, celles du corps.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’égalité des conditions et l’adoucissement des mœurs ne sont [...] pas seulement des événements contemporains, ce sont [...] des faits corrélatifs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a de sympathies réelles qu’entre gens semblables ; et, dans les siècles aristocratiques, on ne voit ses semblables que dans les membres de sa caste.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les siècles démocratiques, les hommes se dévouent rarement les uns pour les autres ; mais ils montrent une compassion générale pour tous les membres de l’espèce humaine.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le même homme qui est plein d’humanité pour ses semblables quand ceux-ci sont ses égaux, devient insensible à leurs douleurs dès que l’égalité cesse.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La démocratie n’attache point fortement les hommes les uns aux autres, mais elle rend leurs rapports habituels plus aisés.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Comme la valeur sociale des hommes n’est plus fixée d’une manière ostensible et permanente [...], il s’établit aussitôt une guerre sourde entre tous les citoyens.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’égalité des conditions, en même temps qu’elle fait sentir aux hommes leur indépendance, leur montre leur faiblesse.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les démocraties, où l’on n’accorde guère de grands bienfaits, on rend sans cesse de bons offices. Il est rare qu’un homme s’y montre dévoué, mais tous sont serviables.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les siècles d’égalité, l’esprit humain [...] se figure aisément que rien ne demeure. L’idée de l’instabilité le possède.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce qui met en danger la société, ce n’est pas la grande corruption chez quelques uns ; c’est le relâchement de tous.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La démocratie détend les liens sociaux, mais elle resserre les liens naturels. Elle rapproche les parents dans le même temps qu’elle sépare les citoyens.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a rien de moins rêveur que les citoyens d’une démocratie [...]. [Leur] esprit se détourne volontiers de l’idéal pour se diriger vers quelque but visible et prochain.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Pour oser déclarer une guerre, même légitime, aux idées de son siècle et de son pays, il faut avoir dans l’esprit une certaine disposition violente et aventureuse.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce qui était orgueil chez le premier devient vanité puérile et prétention misérable chez les autres.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La démocratie qui détruit ou obscurcit presque toutes les anciennes conventions sociales [...] ne fait que modifier les autres [sentiments], et souvent elle leur donne une énergie et une douceur qu’ils n’avaient pas.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je n’ai jamais vu [...] qui se consolât si aisément des événements fâcheux, en exposant les causes qui les avaient produits [...]. Quand il avait fini de tracer le plus sombre tableau de l’état des affaires, il terminait d’un air souriant et placide.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je ne croyais pas [...] que le gouvernement républicain fût le mieux approprié aux besoins de la France [...]. La république était un gouvernement sans contrepoids, qui promettait toujours plus, mais donnait toujours moins de liberté que la monarchie constitutionnelle.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Au milieu de cet alanguissement de toutes les passions politiques [...] une seule passion reste vivace en France : c’est la haine de l’ancien régime et la défiance contre les anciennes classes privilégiées, qui le représentent aux yeux du peuple.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
La république était [...] assez difficile à abattre. La haine qu’on lui portait était une haine molle, comme toutes les passions que ressentait alors le pays. D’ailleurs, on réprouvait son gouvernement sans en aimer aucun autre.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[Ses partisans] le choisirent, en effet, non à cause de sa valeur, mais à cause de sa médiocrité présumée. Ils crurent trouver en lui un instrument dont ils pourraient user à discrétion [...]. En quoi ils se trompèrent fort lourdement.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Sa dissimulation [...] s’aidait singulièrement de l’immobilité de ses traits et de l’insignifiance de son regard : car ses yeux étaient ternes et opaques, comme ces verres épais [...] qui laissent passer la lumière, mais à travers lesquels on ne voit rien.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Son intelligence était incohérente, confuse, remplie de grandes pensées mal appareillées [...] mais jamais sûr et toujours prêt à placer une idée bizarre à côté d’une idée juste.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
On peut dire [...] que ce fut sa folie plus que sa raison qui, grâce aux circonstances, fit son succès et sa force : car le monde est un étrange théâtre. Il s’y rencontre des moments où les plus mauvaises pièces sont celles qui réussissent le mieux.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Il désirait, d’ailleurs, avant tout, rencontrer le dévouement à sa personne et à sa cause [...]. Le mérite le gênait pour peu qu’il fût indépendant. Il lui fallait des croyants en son étoile et des adorateurs vulgaires de sa fortune.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Les correspondances officielles et les rapports de la police [...] ne sont propres qu’à donner des notions exagérées et incomplètes, toujours fausses, quand on veut juger ou prévoir les grands mouvements des partis.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Dans son enceinte, on respirait l’air de la guerre civile. Les paroles y étaient brèves, les gestes violents, les mots excessifs [...]. C’était un duel dans un tonneau.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Après avoir à moitié tiré l’épée, ils semblaient vouloir rengainer ; mais il était trop tard, le signal avait été vu par leurs amis du dehors, et, désormais, ils ne dirigeaient plus, ils étaient conduits.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je ne servirai pas autre chose, entendez-vous bien ! [...] Entre vous et nous [...] c’est à qui servira le mieux la république. Oh bien ! ma douleur c’est que vous la serviez fort mal.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Ainsi finit la seconde insurrection de Juin [...]. En juin 1848, les chefs manquèrent à l’armée ; en juin 1849, l’armée aux chefs.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Si jamais [mes adversaires] sont les maîtres et qu’ils me laissent seulement ma tête, je me tiendrai pour satisfait et prêt à déclarer que leur vertu a dépassé mon espérance.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Le bien-être général favorise la stabilité de tous les gouvernements, mais particulièrement du gouvernement démocratique, qui repose sur les dispositions du plus grand nombre [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsque le peuple gouverne, il est nécessaire qu’il soit heureux, pour qu’il ne bouleverse pas l’État. La misère produit chez lui ce que l’ambition fait chez les rois.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez [les Américains], le désir du bien-être est devenu une passion inquiète et ardente qui s’accroît en se satisfaisant.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Souvent les Américains appellent une louable industrie ce que nous nommons l’amour du gain, et ils voient une certaine lâcheté de cœur dans ce que nous considérons comme la modération des désirs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les passions qui agitent le plus profondément les Américains sont des passions commerciales et non des passions politiques, ou plutôt ils transportent dans la politique des habitudes du négoce.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Laissez l’esprit humain suivre sa tendance, et il réglera d’une manière uniforme la société politique et la cité divine ; il cherchera [...] à harmoniser la terre avec le ciel.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Tandis que l’Européen cherche à échapper à ses chagrins domestiques en troublant la société, l’Américain puise dans sa demeure l’amour de l’ordre, qu’il porte ensuite dans les affaires de l’État.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La religion, qui, chez les Américains, ne se mêle jamais directement au gouvernement de la société, doit donc être considérée comme la première de leurs institutions politiques [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les Américains confondent si complètement dans leur esprit le christianisme et la liberté, qu’il est presque impossible de leur faire concevoir l’un sans l’autre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
C’est le despotisme qui peut se passer de la foi, mais non la liberté.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Comment la société pourrait-elle manquer de périr si, tandis que le lien politique se relâche, le lien moral ne se resserrait pas ?
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’incrédulité est un accident ; la foi seule est l’état permanent de l’humanité.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En s’unissant aux différentes puissances politiques, la religion ne saurait donc contracter qu’une alliance onéreuse. Elle n’a pas besoin de leur secours pour vivre, et en les servant elle peut mourir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je suis convaincu que la situation la plus heureuse et les meilleures lois ne peuvent maintenir une constitution en dépit des mœurs [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Aujourd’hui que l’individu disparaît de plus en plus dans la foule [...], qui peut dire où s’arrêteraient les exigences du pouvoir et les complaisances de la faiblesse ?
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le texte fourni étant une table des matières, il ne contient aucun passage à extraire. Les citations suivantes sont des extraits célèbres d'Alexis de Tocqueville qui correspondent à votre demande.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Les peuples démocratiques ont un goût naturel pour la liberté [...]. Mais ils ont pour l'égalité une passion ardente, insatiable, éternelle, invincible.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
L'histoire est une galerie de tableaux où il y a peu d'originaux et beaucoup de copies.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Quand le passé n'éclaire plus l'avenir, l'esprit marche dans les ténèbres.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
[Le pouvoir] ressemblerait à la puissance paternelle si [...] il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Ils veulent l'égalité dans la liberté, et, s'ils ne peuvent l'obtenir, ils la veulent encore dans l'esclavage.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
En politique, ce qu'il y a de plus difficile à apprécier et à comprendre, c'est ce qui se passe sous nos yeux.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
La vie n'est ni un plaisir, ni une douleur ; c'est une affaire grave dont nous sommes chargés, et qu'il faut conduire et terminer à notre honneur.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
En Amérique, la majorité trace un cercle formidable autour de la pensée. Au-dedans de ces limites, l'écrivain est libre ; mais malheur à lui s'il ose en sortir.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Il n'y a rien de plus fécond en merveilles que l'art d'être libre ; mais il n'y a rien de plus dur que l'apprentissage de la liberté.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
L'individualisme est un sentiment réfléchi et paisible qui dispose chaque citoyen à s'isoler de la masse de ses semblables [...].
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Ce qui corrompt les hommes, ce n'est pas l'usage du pouvoir [...], c'est l'usage d'un pouvoir qu'ils considèrent comme illégitime.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
De temps en temps, l’Américain se dérobe en quelque sorte à lui-même, et [...] s’arrachant pour un moment aux petites passions qui agitent sa vie [...], il pénètre tout à coup dans un monde idéal où tout est grand, pur, éternel.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les Américains montrent, par leur pratique, qu’ils sentent toute la nécessité de moraliser la démocratie par la religion.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Tout l’art du législateur consiste à bien discerner d’avance ces pentes naturelles des sociétés humaines, afin de savoir où il faut aider l’effort des citoyens, et où il serait plutôt nécessaire de le ralentir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Tandis que l’homme se complaît dans cette recherche [...] du bien-être, il est à craindre qu’il ne perde enfin l’usage de ses plus sublimes facultés, et qu’en voulant tout améliorer autour de lui, il ne se dégrade enfin lui-même.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il faut que les législateurs des démocraties [...] s’appliquent sans relâche à y soulever les âmes et à les tenir dressées vers le ciel.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le matérialisme est chez toutes les nations une maladie dangereuse de l’esprit humain ; mais il faut particulièrement le redouter chez un peuple démocratique [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La démocratie favorise le goût des jouissances matérielles. Ce goût, s’il devient excessif, dispose bientôt les hommes à croire que tout n’est que matière ; et le matérialisme [...] achève de les entraîner [...]. Tel est le cercle fatal.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsqu’une religion a jeté de profondes racines au sein d’une démocratie, gardez-vous de l’ébranler ; mais conservez-la plutôt avec soin comme le plus précieux héritage des siècles aristocratiques.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
S’il fallait absolument qu’une démocratie fît un choix [...], je jugerais que ses citoyens risquent moins de s’abrutir en pensant que leur âme va passer dans le corps d’un porc, qu’en croyant qu’elle n’est rien.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La croyance à un principe immatériel et immortel [...] est si nécessaire à la grandeur de l’homme, qu’elle produit encore de beaux effets lorsqu’on n’y joint pas l’opinion des récompenses et des peines [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le cœur de l’homme est plus vaste qu’on ne le suppose ; il peut renfermer à la fois le goût des biens de la terre et l’amour de ceux du ciel ; quelquefois il semble se livrer éperduement à l’un des deux ; mais il n’est jamais longtemps sans songer à l’autre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’instinct et le goût du genre humain soutiennent [le spiritualisme] ; ils le sauvent souvent en dépit des hommes eux-mêmes, et font surnager les noms de ceux qui s’y attachent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je ne crois pas à la prospérité non plus qu’à la durée des philosophies officielles, et, quant aux religions d’État, j’ai toujours pensé qu’elles devenaient toujours tôt ou tard fatales à l’Église.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je suis si convaincu qu’il faut à tout prix maintenir le christianisme dans le sein des démocraties nouvelles, que j’aimerais mieux enchaîner les prêtres dans le sanctuaire que de les en laisser sortir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je crois que le seul moyen efficace dont les gouvernements puissent se servir pour mettre en honneur le dogme de l’immortalité de l’âme, c’est d’agir chaque jour comme s’ils y croyaient eux-mêmes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L'insurrection de Juin fut la plus singulière [...] car les insurgés y combattirent sans cri de guerre, sans chefs, sans drapeaux et pourtant avec un ensemble merveilleux et une expérience militaire qui étonna les plus vieux officiers.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[L'insurrection] n’eut pas pour but de changer la forme du gouvernement, mais d’altérer l’ordre de la société. Elle ne fut pas [...] une lutte politique [...] mais un combat de classe, une sorte de guerre servile.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
C’est ce mélange de désirs cupides et de théories fausses qui rendit cette insurrection si formidable après l’avoir fait naître.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Cette notion obscure et erronée des droits, se mêlant à la force brutale, communiqua à celle-ci une énergie, une ténacité et une puissance qu’elle n’aurait jamais eues seule.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Le peuple de Paris a besoin de beau temps pour se battre, et il craint plus la pluie que la mitraille.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Il n’y a rien de plus misérable que la vue d’une assemblée dans un moment de crise, quand le gouvernement lui-même manque. Elle ressemble à un homme [...] qui s’agite puérilement au milieu de l’impuissance de ses organes.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
L’esprit d’insurrection circulait [...] comme le sang dans un seul corps ; il avait pénétré dans nos maisons, autour, au-dessus, au-dessous de nous. C’était comme une atmosphère de guerre civile qui enveloppait tout Paris.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Nous périssions, si nous n’eussions été si près de périr.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Si la révolte avait eu un caractère moins radical [...], il est probable que la plupart des bourgeois seraient restés dans leurs maisons [...]. Mais l'insurrection fut de telle nature que toute transaction avec elle parut sur-le-champ impossible.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Il est ordinaire que les insurrections [...] commencent sans chef ; mais elles finissent toujours par en rencontrer. Celle-ci se termina sans en avoir trouvé.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Les passions cupides, aveugles et grossières [...] sont presque aussi redoutables pour ceux qui y sympathisent sans s’y abandonner entièrement que pour ceux qui les réprouvent et les combattent.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Dans les moments de violentes crises, les actions même qui n’ont aucun rapport à la politique prennent un caractère singulier de désordre et de colère, [...] indice très sûr de l’état général des esprits.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Les sots montrent grossièrement leur peur toute nue, mais les autres savent la couvrir d’un voile si fin [...] de petits mensonges vraisemblables qu’il y a quelque plaisir à considérer ce travail ingénieux de l’intelligence.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Jamais peuple ne fut si aise d’être débarrassé de sa liberté et de son gouvernement.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Les assemblées sont comme les enfants, l’oisiveté ne manque guère de leur faire dire ou faire beaucoup de sottises.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Tous ces fonctionnaires [...] ressemblent souvent à ceux d’aujourd’hui [...]; mais ils en diffèrent profondément par la position [...] ils n’avaient aucune idée de [quitter leurs fonctions] ni aucun espoir de monter plus haut: ce qui suffisait pour en faire tout autre chose que ce que nous connaissons aujourd’hui.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
C’est cette habitude qui, s’étendant et se fortifiant de plus en plus, finit par faire considérer le fisc comme un tyran odieux et de mauvaise foi, non l’agent de tous, mais l’ennemi commun.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
[Les villes] contractent des dettes, et puis on les autorise à établir des impôts [...] temporaires pour se libérer. À quoi il faut ajouter que, plus tard, on rend perpétuels ces impôts temporaires [...], et alors le gouvernement en prend sa part.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Rien ne montre mieux dans quel avilissement les libertés locales étaient tombées que ce remuement éternel de leurs lois, auxquelles personne ne semble faire attention. Cette mobilité seule aurait suffi pour détruire d’avance [...] tout patriotisme local.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Quand on donne l’administration d’une ville [...] à certains hommes, et qu’on accorde à ces hommes [...] des privilèges qui les mettent personnellement hors d’atteinte des suites que leur administration peut avoir [...], la tutelle administrative peut paraître une nécessité.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
La classe moyenne était aussi avide de places alors et cherchait aussi peu que de nos jours le champ de son activité hors des fonctions publiques. La seule différence était [...] qu’alors on achetait la petite importance que donnent les places, et qu’aujourd’hui les solliciteurs demandent qu’on leur fasse la charité de la leur procurer gratis.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
L’assemblée de paroisse n’est qu’une enquête administrative [...], elle n’aboutit jamais à un vote, [...] elle ne contient que des opinions individuelles, et n’enchaîne nullement la volonté du gouvernement.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
C’est dans les colonies qu’on peut le mieux juger la physionomie du gouvernement de la métropole, parce que c’est là que d’ordinaire tous les traits qui le caractérisent grossissent et deviennent plus visibles.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
[L'administration est] presque aussi nombreuse que la population, prépondérante, agissante, réglementante, contraignante, voulant prévoir tout, se chargeant de tout, toujours plus au courant des intérêts de l’administré qu’il ne l’est lui-même, sans cesse active et stérile.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Il n’y avait qu’un gouvernement [...] prenant toujours les hommes à part [...] qui eût pu maintenir l’inégalité ridicule et insensée [...]; le plus léger contact du self-government l’aurait profondément modifiée et rapidement transformée ou détruite.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Les libertés provinciales peuvent subsister quelque temps sans que la liberté nationale existe [...]; mais il est déraisonnable de croire qu’on puisse, à volonté, créer des libertés locales, ou même les maintenir longtemps, quand on supprime la liberté générale.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
La Révolution, ayant brisé ces liens sociaux sans établir à leur place de liens politiques, a préparé à la fois l’égalité et la servitude.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Tant on a tort de confondre l’indépendance avec la liberté. Il n’y a rien de moins indépendant qu’un citoyen libre.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Aujourd’hui, [quand un gouvernement a des passions dépensières], on fait des emprunts dont l’effet immédiat est presque inaperçu, et dont le résultat final ne sera senti que par la génération suivante.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
C’était moins [...] la raison humaine que [les philosophes] adoraient que leur propre raison. Jamais on n’a montré moins de confiance que ceux-là dans la sagesse commune. [...] La soumission [...] pour les volontés de la majorité leur était aussi étrangère que la soumission aux volontés divines.
1856
Source: L'Ancien Régime et la Révolution
Le plus redoutable de tous les maux qui menacent l’avenir des États-Unis naît de la présence des noirs sur leur sol.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
il est un mal qui pénètre dans le monde furtivement : [...] il se nourrit ensuite de lui-même, s’étend sans effort, et croît naturellement avec la société qui l’a reçu : ce mal est l’esclavage.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le souvenir de l’esclavage déshonore la race, et la race perpétue le souvenir de l’esclavage.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La loi peut détruire la servitude ; mais il n’y a que Dieu seul qui puisse en faire disparaître la trace.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les modernes, après avoir aboli l’esclavage, ont [...] à détruire trois préjugés bien plus insaisissables et plus tenaces que lui : le préjugé du maître, le préjugé de race, et enfin le préjugé du blanc.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si l’inégalité créée seulement par les lois est si difficile à déraciner, comment détruire celle qui semble [...] avoir ses fondements immuables dans la nature elle-même ?
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le préjugé de race me paraît plus fort dans les États qui ont aboli l’esclavage que dans ceux où l’esclavage existe encore [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[...] le préjugé qui repousse les nègres semble croître à proportion que les nègres cessent d’être esclaves, et que l’inégalité se grave dans les mœurs à mesure qu’elle s’efface dans les lois.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce n’est pas dans l’intérêt des nègres, mais dans celui des blancs, qu’on détruit l’esclavage aux États-Unis.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’influence de l’esclavage s’étend [...] jusque dans l’âme même du maître, et imprime une direction particulière à ses idées et à ses goûts.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Aujourd’hui, il n’y a que le Nord qui ait des vaisseaux, des manufactures, des routes de fer et des canaux.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les nègres peuvent rester longtemps esclaves sans se plaindre ; mais entrés au nombre des hommes libres, ils s’indigneront bientôt d’être privés de presque tous les droits de citoyens [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Donner à un homme la liberté et le laisser dans la misère et l’ignominie, qu’est-ce faire, sinon fournir un chef futur à la révolte des esclaves ?
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans l’Antiquité, on cherchait à empêcher l’esclave de briser ses fers ; de nos jours, on a entrepris de lui en ôter le désir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’esclavage [...] au milieu de la liberté démocratique et des lumières de notre âge, n’est point une institution qui puisse durer. Il cessera par le fait de l’esclave ou par celui du maître.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La constitution [...] repose en effet sur une théorie entièrement nouvelle, et qui doit marquer comme une grande découverte dans la science politique de nos jours.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En Amérique, l’Union a pour gouvernés, non des États, mais de simples citoyens.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’esprit humain invente plus facilement les choses que les mots : de là vient l’usage de tant de termes impropres et d’expressions incomplètes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez les petites nations, l’œil de la société pénètre partout ; l’esprit d’amélioration descend jusque dans les moindres détails.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsque la tyrannie vient à s’établir dans le sein d’une petite nation, elle y est plus incommode que partout ailleurs, parce qu’agissant dans un cercle plus restreint, elle s’étend à tout.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La liberté forme, à vrai dire, la condition naturelle des petites sociétés.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’histoire du monde ne fournit pas d’exemple d’une grande nation qui soit restée longtemps en république, ce qui a fait dire que la chose était impraticable.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je pense qu’il est bien imprudent à l’homme de vouloir borner le possible, et juger l’avenir, lui auquel le réel et le présent échappent tous les jours.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Toutes les passions fatales aux républiques grandissent avec l’étendue du territoire, tandis que les vertus qui leur servent d’appui ne s’accroissent point suivant la même mesure.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Rien n’est si contraire au bien-être et à la liberté des hommes que les grands empires.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La force est donc souvent pour les nations une des premières conditions du bonheur et même de l’existence.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’Union est libre et heureuse comme une petite nation, glorieuse et forte comme une grande.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le législateur ressemble à l’homme qui trace sa route au milieu des mers. Il peut [...] diriger le vaisseau qui le porte, mais il ne saurait en changer la structure, créer les vents, ni empêcher l’Océan de se soulever sous ses pieds.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Une idée fausse, mais claire et précise, aura toujours plus de puissance dans le monde qu’une idée vraie, mais complexe.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La souveraineté de l’Union est un être abstrait [...]. La souveraineté des États est naturelle ; elle existe par elle-même, sans efforts, comme l’autorité du père de famille.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le mal social peut être moindre qu’on ne le suppose ; mais nul ne saurait nier qu’il ne soit très-grand et qu’il n’y ait nécessité pressante à y appliquer le remède.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Pour juger en parfaite connaissance de cause un nouveau système, il est nécessaire que toute la génération de ceux qui ont été [...] sous le précédent ait disparu.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
On pourra [...] se demander si [un système] qui réussit chez un peuple ne trouve pas dans le caractère et les dispositions naturelles d’un autre des obstacles insurmontables.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
La vérité est que tout changement considérable [...] est une opération difficile qui entraîne avec elle [...] quelques incertitudes. C’est là un mal nécessaire, mais qui n’est pas irrémédiable.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Une [...] réforme ne saurait se faire que graduellement : si le changement est graduel [...], l’expérience acquise dans les premières étapes apprendra ce qu’il faut ajouter ou retrancher dans les autres.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
On semblerait appliquer le régime le plus sévère aux moins coupables, et réserver le plus doux pour les plus criminels : ce qui est [...] contraire à tous les principes de l’équité naturelle.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Tout se tient [...] dans un système pénal. La raison et l’intérêt public indiquent que, quand on aggrave un mode de sanction, il faut que l’aggravation se fasse sentir à la fois sur tous les degrés de l’échelle pénale.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Tout changement profond dans le code pénal [est] un danger qu’il ne fallait courir que quand il était nécessaire de le faire.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
C’est [...] une innovation très-considérable et très-dangereuse que de créer une classe particulière de condamnés, et d’établir pour eux une peine spéciale.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
La maxime tutélaire du droit criminel, c’est que le législateur ne doit abandonner à l’appréciation des tribunaux que ce qu’il lui est impossible de décider lui-même.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Modifier le régime sans toucher à la durée, c’est vouloir que la loi pénale soit cruelle ou impuissante.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Il [...] est contraire à l’idée d’une justice régulière qu’on abandonnât à l’administration [...] le soin de régler les conséquences pénales des arrêts du tribunal.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Le droit de grâce ne saurait, [...] dans une société bien réglée, être employé comme moyen habituel d’administrer.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Le devoir du législateur est de rendre les inégalités aussi rares [...] que possible. Mais se flatter qu’on réussisse complètement à les faire disparaître, c’est se croire plus fort que la nécessité même des choses.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
il valait encore mieux manquer à la logique que de s’exposer à manquer à l’humanité.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
C’est comprendre, sous une forme bien grossière et bien tyrannique, l’égalité que la démocratie fait naître.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a point d’état social ni de lois qui puissent rendre les hommes tellement semblables, que l’éducation, la fortune et les goûts ne mettent entre eux quelque différence [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Les hommes] établiront, à côté de la grande société politique, de petites sociétés privées, dont la similitude des conditions, des habitudes et des mœurs sera le lien.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chacun d’eux reconnaît volontiers tous ses concitoyens pour ses égaux, mais il n’en reçoit jamais qu’un très-petit nombre parmi ses amis ou ses hôtes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que le cercle de la société publique s’agrandit, il faut s’attendre à ce que la sphère des relations privées se resserre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Au lieu d’imaginer que les citoyens des sociétés nouvelles vont finir par vivre en commun, je crains bien qu’ils n’arrivent enfin à ne plus former que de très-petites coteries.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsque ni la loi ni la coutume ne se chargent d’établir des relations fréquentes [...], la ressemblance accidentelle des opinions et des penchants en décide.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les démocraties, [...] il se crée une multitude de classifications artificielles et arbitraires à l’aide desquelles chacun cherche à se mettre à l’écart, de peur d’être entraîné malgré soi dans la foule.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On peut changer les institutions humaines, mais non l’homme.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quel que soit l’effort général d’une société pour rendre les citoyens égaux et semblables, l’orgueil particulier des individus cherchera toujours à échapper au niveau.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les aristocraties, les hommes sont séparés les uns des autres par de hautes barrières immobiles ; dans les démocraties, ils sont divisés par une multitude de petits fils presque invisibles.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quels que soient les progrès de l’égalité, il se formera toujours chez les peuples démocratiques un grand nombre de petites associations privées au milieu de la grande société politique.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez la plupart des peuples européens, lorsqu’un homme commence à sentir ses forces et à étendre ses désirs, la première idée qui se présente à lui est d’obtenir un emploi public.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsque les fonctions publiques sont en petit nombre [...] et que, d’autre part, les carrières industrielles sont nombreuses et productives, c’est vers l’industrie et non vers l’administration que se dirigent [...] les nouveaux et impatients désirs que fait naître chaque jour l’égalité.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[...] les citoyens, désespérant d’améliorer par eux-mêmes leur sort, accourent tumultueusement vers le chef de l’État et demandent son aide.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Se mettre plus à l’aise aux dépens du trésor public leur paraît être [...] la voie la plus aisée et la mieux ouverte à tous pour sortir d’une condition qui ne leur suffit plus.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La recherche des places devient la plus suivie de toutes les industries.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce désir universel et immodéré des fonctions publiques [...] détruit, chez chaque citoyen, l’esprit d’indépendance, et répand dans tout le corps de la nation une humeur vénale et servile [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Une industrie de cette espèce ne crée qu’une activité improductive et agite le pays sans le féconder.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le gouvernement qui favorise une semblable tendance risque sa tranquillité et met sa vie même en grand péril.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce qui peut paraître durant une certaine période une cause de force, devient assurément à la longue un grand sujet de trouble et de faiblesse.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez les peuples démocratiques [...], le nombre des ambitieux n’en a point [de bornes] ; il s’accroît sans cesse, par un mouvement graduel et irrésistible, à mesure que les conditions s’égalisent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsque l’ambition n’a d’issue que vers l’administration seule, le gouvernement finit nécessairement par rencontrer une opposition permanente.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[La tâche du gouvernement] est de satisfaire avec des moyens limités des désirs qui se multiplient sans limites.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
De tous les peuples du monde, le plus difficile à contenir et à diriger, c’est un peuple de solliciteurs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les princes de notre temps, qui s’efforcent d’attirer vers eux seuls tous les nouveaux désirs que l’égalité suscite [...] finiront par se repentir de s’être engagés dans une semblable entreprise.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il eût été plus honnête et plus sûr d’enseigner à chacun de leurs sujets l’art de se suffire à lui-même.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Une sorte d’ordre méthodique [...] a présidé à la séparation des terres et des eaux [...]. Un arrangement simple et majestueux s’y révèle au milieu même de la confusion des objets.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La vallée que le Mississipi arrose semble avoir été créée pour lui seul ; il y dispense à volonté le bien et le mal, et il en est comme le dieu.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La vallée du Mississipi est, à tout prendre, la plus magnifique demeure que Dieu ait jamais préparée pour l’habitation de l’homme, et pourtant [...] elle ne forme encore qu’un vaste désert.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Sur cette langue de terre aride sont nées et ont grandi les colonies [...] qui devaient devenir un jour les États-Unis d’Amérique. C’est encore là que se trouve aujourd’hui le foyer de la puissance.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La mort était cachée sous ce manteau brillant [...] et il régnait [...] dans l'air de ces climats je ne sais quelle influence énervante qui attachait l’homme au présent, et le rendait insouciant de l’avenir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’Amérique du Nord parut sous un autre aspect : tout y était grave, sérieux, solennel ; on eût dit qu’elle avait été créée pour devenir le domaine de l’intelligence, comme l’autre la demeure des sens.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ainsi la mort venait en quelque sorte y aider à la vie. L’une et l’autre étaient en présence, elles semblaient avoir voulu mêler et confondre leurs œuvres.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’Indien ne devait rien qu’à lui-même ; ses vertus, ses vices, ses préjugés, étaient son propre ouvrage : il avait grandi dans l’indépendance sauvage de sa nature.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La grossièreté des hommes du peuple, dans les pays policés, ne vient pas seulement de ce qu’ils sont ignorants et pauvres, mais de ce qu’étant tels ils se trouvent journellement en contact avec des hommes éclairés et riches.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le sentiment de leur infériorité et de leur dépendance les irrite et les humilie. Cet état intérieur de l’âme se reproduit dans leurs mœurs [...] ; ils sont tout à la fois insolents et bas.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Cet effet fâcheux du contraste des conditions ne se retrouve point dans la vie sauvage : les Indiens, en même temps qu’ils sont tous ignorants et pauvres, sont tous égaux et libres.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Doux et hospitalier dans la paix, impitoyable dans la guerre [...], l’Indien s’exposait à mourir de faim pour secourir l’étranger qui frappait le soir à la porte de sa cabane.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’Indien savait vivre sans besoins, souffrir sans se plaindre, et mourir en chantant.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chose bizarre ! il y a des peuples qui sont si complètement disparus de la terre, que le souvenir même de leur nom s’est effacé ; [...] leur gloire s’est évanouie comme un son sans écho.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ainsi, de tous les ouvrages de l’homme, le plus durable est encore celui qui retrace le mieux son néant et ses misères !
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il faut avoir vu l’amour ainsi aiguillonné par la crainte pour savoir avec quel excès d’idolâtrie peuvent aimer les hommes.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
L’emportement de la faveur qu’on lui témoignait alors ne saurait se comparer à rien, sinon, peut-être, à l’excès de l’injustice dont on usa bientôt envers lui.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Il voyait donc pour lui presque autant de dommages et de périls à vaincre qu’à être vaincu.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je ne pense pas qu’il lui fût possible [...] de garder longtemps le pouvoir ; je crois qu’il ne lui restait que la chance de le perdre avec gloire, en sauvant le pays.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
J’ai vu une foule d’hommes troubler le pays pour se grandir : c’est la perversité courante.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je n’ai jamais connu [...] d’esprit moins sincère, ni qui eût un mépris plus complet pour la vérité. [...] il ne l’honorait point assez pour s’occuper d’elle d’aucune manière.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
En parlant ou en écrivant, il sort du vrai et y rentre sans y prendre garde ; uniquement préoccupé d’un certain effet qu’il veut produire à ce moment-là.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
En France la mendicité politique est de tous les régimes, elle s’accroît par les révolutions mêmes qui sont faites contre elle [...].
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
...de façon à donner au pays assez de sécurité pour en être béni, mais pas assez pour en être oublié.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Jamais les partis ne montrèrent mieux cette sorte d’hypocrisie pédante qui leur fait cacher les intérêts derrière les idées.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
...le besoin du moment força chaque parti à s’abriter derrière des théories, qui lui étaient étrangères ou même opposées.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[Il était] incapable de faire couper le cou à aucun de ses adversaires, si ce n’est peut-être par réminiscence historique ou par condescendance pour ses amis.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[Les partis] ne songent jamais qu’au plaisir que leur procure [...] la parole de leur grand orateur et jamais à l’excitation dangereuse qu’elle va donner à leurs adversaires.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Comment prévoir, en effet, où peut aller une imagination toujours bondissante que la raison ou la vertu ne limitent pas ?
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je le tenais pour capable de tout, excepté d’agir lâchement et de parler d’une façon vulgaire.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
La révolution [...], en frappant les hautes classes, leur avait fait toucher du doigt sinon la vérité, au moins l’utilité sociale des croyances.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Le système électoral qu’on adopte n’exerce une grande influence que sur l’espèce des hommes ordinaires que renferme l’Assemblée et qui forment le fond de tout corps politique.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
L’Assemblée [...] fut grande tant qu’il fallut combattre ; elle ne devint misérable qu’après la victoire et quand elle sentit qu’elle s’affaissait par l’effet même [...] de cette victoire.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je n’avais [...] point de cause à défendre sinon celle de la liberté et de la dignité humaine.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Vaincre la démagogie par la démocratie, telle était ma seule visée.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Il faut avoir vu l’amour ainsi aiguillonné par la crainte pour savoir avec quel excès d’idolâtrie peuvent aimer les hommes.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
J’ai vu une foule d’hommes troubler le pays pour se grandir : c’est la perversité courante ; mais [d'autres] m'ont semblé toujours prêts à bouleverser le monde pour se distraire.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je n’ai jamais connu [...] d’esprit qui eût un mépris plus complet pour la vérité. En parlant ou en écrivant, il sort du vrai et y rentre sans y prendre garde, uniquement préoccupé d’un certain effet qu’il veut produire.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Jamais les partis ne montrèrent mieux cette sorte d’hypocrisie pédante qui leur fait cacher les intérêts derrière les idées.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[Les partis] ne songent jamais qu’au plaisir que leur procure [...] la parole de leur grand orateur et jamais à l’excitation dangereuse qu’elle va donner à leurs adversaires.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
J’ai toujours pensé que dans les révolutions [...] les fous, non pas ceux auxquels on donne ce nom par courtoisie, mais les véritables, ont joué un rôle politique très considérable.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Les partis ne se connaissent jamais les uns les autres : ils s’approchent, ils se pressent, ils se saisissent, ils ne se voient point.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[L'insurrection] ne fut pas [...] une lutte politique, mais un combat de classe, une sorte de guerre servile.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Cette notion obscure et erronée des droits, se mêlant à la force brutale, communiqua à celle-ci une énergie, une ténacité et une puissance qu’elle n’aurait jamais eues seule.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Les sots montrent grossièrement leur peur toute nue, mais les [autres] savent la couvrir d’un voile si fin [...] de petits mensonges vraisemblables qu’il y a quelque plaisir à considérer ce travail ingénieux de l’intelligence.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
En Amérique, l’indépendance de la femme vient se perdre sans retour au milieu des liens du mariage.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si la jeune fille y est moins contrainte que partout ailleurs, l’épouse s’y soumet à des obligations plus étroites.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les peuples religieux et les nations industrielles se font une idée particulièrement grave du mariage.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[...] il règne aux États-Unis une opinion publique inexorable, qui renferme avec soin la femme dans le petit cercle des intérêts et des devoirs domestiques [...]
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
C’est dans l’usage de l’indépendance qu’elle a puisé le courage d’en subir sans lutte et sans murmure le sacrifice quand le moment est venu de se l’imposer.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’Américaine [...] ne tombe jamais dans les liens du mariage comme dans un piége tendu à sa simplicité et à son ignorance. [...] Elle supporte courageusement sa condition nouvelle, parce qu’elle l’a choisie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Pour la femme les sources du bonheur sont dans la demeure conjugale. Voyant d’avance [...] le seul chemin qui peut conduire à la félicité domestique, elle y entre dès ses premiers pas [...]
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a pas de pays au monde où les fortunes particulières soient plus instables qu’aux États-Unis.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les femmes d’Amérique supportent ces révolutions avec une tranquille et indomptable énergie. On dirait que leurs désirs se resserrent avec leur fortune, aussi aisément qu’ils s’étendent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que nous approchons, des traces de destruction, nous annoncent la présence de l’homme civilisé.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Le pionnier] appartient à cette race inquiète, raisonnante et aventurière, qui fait froidement ce que l’ardeur seule des passions explique [...]
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[...] en exerçant l’hospitalité, [le pionnier] semble se soumettre à une nécessité pénible de son sort : il y voit un devoir que sa position lui impose, non un plaisir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On voit répandu sur toute sa physionomie une résignation religieuse, une paix profonde des passions, et [...] une fermeté naturelle et tranquille qui affronte tous les maux de la vie sans les craindre ni les braver.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À voir leur force et sa faiblesse, on dirait qu’elle s’est épuisée en leur donnant la vie, et qu’elle ne regrette pas ce qu’ils lui ont coûté.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Cette demeure forme, à elle seule, comme un petit monde ; c’est l’arche de la civilisation perdue au milieu d’un océan de feuillage.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La république était [...] difficile à maintenir, car ceux qui l’aimaient étaient, la plupart, incapables ou indignes de la diriger et ceux qui étaient en état de la conduire la détestaient.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
La haine qu’on lui portait était une haine molle, comme toutes les passions que ressentait alors le pays.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Le monde est un étrange théâtre. Il s’y rencontre des moments où les plus mauvaises pièces sont celles qui réussissent le mieux.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
S’il avait une sorte d’adoration abstraite pour le peuple, il ressentait très peu de goût pour la liberté.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Le trait caractéristique et fondamental de son esprit, en matière politique, était la haine et le mépris des assemblées.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Il lui fallait des croyants en son étoile et des adorateurs vulgaires de sa fortune.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Les correspondances officielles et les rapports de la police [...] ne sont propres qu’à donner des notions [...] toujours fausses, quand on veut juger ou prévoir les grands mouvements des partis.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
On s’y touchait, tout en se détestant ; on s’y pressait les uns contre les autres, en dépit des haines [...]. C’était un duel dans un tonneau.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Après avoir à moitié tiré l’épée, ils semblaient vouloir rengainer ; mais il était trop tard [...], désormais, ils ne dirigeaient plus, ils étaient conduits.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
C’est après un grand succès que se rencontrent, d’ordinaire, les chances les plus dangereuses de ruine : [...] après la victoire, on commence à avoir affaire à soi-même.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Bon Dieu ! préserve-moi de mes amis, je me garderai moi-même de mes adversaires.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Le seul moyen qui restât, après une si violente révolution, de sauver la liberté était de la restreindre.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
On ne peut jamais satisfaire les hommes en ne s’occupant que de leur bien général sans tenir compte de leur vanité et de leurs intérêts particuliers.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
C’est avec la vanité des hommes qu’on peut entretenir le négoce le plus avantageux, car on obtient souvent d’elle des choses très substantielles, en donnant en retour fort peu de substance.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Les affaires ne deviennent pas toujours plus difficiles en devenant plus grandes [...]. Il arrive même souvent qu’elles prennent un aspect plus simple, à mesure que leurs conséquences peuvent être plus étendues et plus redoutables.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Ils aiment le changement ; mais ils redoutent les révolutions.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsque les conditions sont égales, chacun s’isole volontiers en soi-même et oublie le public.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les sociétés démocratiques, il n’y a guère que de petites minorités qui désirent les révolutions ; mais les minorités peuvent quelquefois les faire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les hommes remuent sans cesse, l’esprit humain semble presque immobile.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce qui m’a frappé [...], c’est la peine qu’on éprouve à désabuser la majorité d’une idée qu’elle a conçue [...]. L’expérience seule en vient à bout.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On ne croit guère sur parole son semblable ou son égal.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il est très-difficile de se faire écouter des hommes qui vivent dans les démocraties, lorsqu’on ne les entretient point d’eux-mêmes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le feu qu’ils mettent aux affaires les empêche de s’enflammer pour les idées.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez [les peuples démocratiques], la faveur publique semble aussi nécessaire que l’air que l’on respire, et c’est, pour ainsi dire, ne pas vivre que d’être en désaccord avec la masse.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Toutes les fois que les conditions sont égales, l’opinion générale pèse d’un poids immense sur l’esprit de chaque individu ; elle l’enveloppe, le dirige et l’opprime.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La majorité n’a pas besoin de le contraindre ; elle le convainc.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce que je redoute le plus pour les générations à venir, ce ne sont pas les révolutions.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
De toutes les armées, celles qui désirent le plus ardemment la guerre sont les armées démocratiques, et, parmi les peuples, ceux qui aiment le plus la paix sont les peuples démocratiques.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Tous ceux qui cherchent à détruire la liberté dans le sein d’une nation démocratique doivent savoir que le plus sûr et le plus court moyen d’y parvenir est la guerre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’égalité produit deux tendances : l’une mène les hommes à l’indépendance et peut les pousser jusqu’à l’anarchie ; l’autre les conduit par un chemin plus long, plus secret, mais plus sûr, vers la servitude.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La démocratie [...] introduit l’esprit industriel au sein de la littérature.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les aristocraties, les lecteurs sont difficiles et peu nombreux ; dans les démocraties [...] leur nombre est prodigieux.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez les nations démocratiques, un écrivain peut se flatter d’obtenir à bon marché une médiocre renommée et une grande fortune.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’est pas nécessaire pour cela qu’on l’admire, il suffit qu’on le goûte.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La foule toujours croissante des lecteurs et le besoin continuel qu’ils ont du nouveau, assurent le débit d’un livre qu’ils n’estiment guère.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les temps de démocratie le public en agit souvent avec les auteurs, comme le font d’ordinaire les rois avec leurs courtisans ; il les enrichit et les méprise.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les littératures démocratiques fourmillent toujours de ces auteurs qui n’aperçoivent dans les lettres qu’une industrie [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[...] pour quelques grands écrivains qu’on y voit, on y compte par milliers des vendeurs d’idées.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je n’ai jamais su ce que c’était que de vouloir renverser un gouvernement que j’ai servi.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
[...] l’ancienne société aristocratique avait disparu pour toujours, et qu’il ne restait plus aux hommes de notre temps qu’à organiser progressivement et prudemment sur ses ruines la société démocratique nouvelle.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Il faut [...] en arriver peu à peu au gouvernement du pays par le pays.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Je n’ai point renfermé mes opinions dans des paroles obscures qu’on explique, qu’on rétracte ou qu’on nie suivant le besoin du moment, mais dans des écrits qui restent et qui m’engagent.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Je veux, il est vrai, un progrès constant, mais je le veux graduel.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
J’aime la liberté, et non la démagogie.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Je sais que [mon pays] a tout à la fois besoin d’indépendance et de repos, et qu’il faut lui éviter toute révolution nouvelle.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Je n’aime point l’obscurité. J’aime la lumière et je veux vivre au milieu d’elle.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
J’ai toujours pensé que, pour un homme qui se destine à la vie publique, la véritable dignité ne consistait pas à éluder des interpellations, mais à y répondre.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Il faut que le député vive en quelque sorte en présence du corps électoral : qu’il lui explique ses votes [...], ou que du moins il les lui fasse connaître par des rapports directs qui, pour être utiles et paraître sincères, doivent être fréquents.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
[Les] lettres anonymes [...] publiées le jour de l’élection, afin qu’on n’ait pas le temps d’y répondre, [...] ce sont de lâches et déloyales manœuvres que les honnêtes gens de tous les partis flétrissent.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Je suis un homme nouveau qui n’apporte dans les circonstances nouvelles qui se présentent qu’un esprit libre, un amour ardent et sincère du gouvernement représentatif, et de la dignité du pays.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Je suis fermement attaché à des principes, mais je ne suis pas lié à un parti.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Je suis [...] dans une complète et entière indépendance vis-à-vis du gouvernement ; je ne suis pas candidat ministériel et je ne veux point l’être.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
On n’a point encore vu de sociétés où les conditions fussent si égales, qu’il ne s’y rencontrât point de riches ni de pauvres ; et, par conséquent de maîtres et de serviteurs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La démocratie n’empêche point que [certaines] classes d’hommes n’existent ; mais elle change leur esprit et modifie leurs rapports.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Parce qu’une classe est basse, il ne faut pas croire que tous ceux qui en font partie aient le cœur bas. Ce serait une grande erreur.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Le chef], dans les aristocraties, exerce souvent, à son insu même, un prodigieux empire sur les opinions, les habitudes, les mœurs de ceux qui lui obéissent [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans l'aristocratie, une longue communauté de souvenirs attache les hommes [...]; tandis que, dans les démocraties, où ils sont presque semblables, ils restent toujours étrangers l'un à l'autre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’égalité des conditions fait [...] des êtres nouveaux, et établit entre eux de nouveaux rapports.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Les hommes] ne sont point inférieurs l’un à l’autre, ils ne le deviennent momentanément que par l’effet du contrat.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’opinion publique [...] crée entre [les hommes] une sorte d’égalité imaginaire, en dépit de l’inégalité réelle de leurs conditions.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans la démocratie, [les hommes] sont sans mépris et sans colère, et ils ne se trouvent ni humbles ni fiers en se regardant.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez les peuples démocratiques, [les hommes] sont fort proches ; leurs corps se touchent sans cesse ; leurs âmes ne se mêlent point.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce qu’il importe le plus de rencontrer parmi les hommes, ce n’est pas un certain ordre, c’est l’ordre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[En période de transition,] l'obéissance perd sa moralité aux yeux de celui qui obéit ; [...] il s'y soumet comme à un fait dégradant et utile.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ils consentent à servir, et ils ont honte d’obéir ; ils aiment les avantages de la servitude, mais point le maître.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[En période révolutionnaire,] les lignes qui divisent l’autorité de la tyrannie, la liberté de la licence, le droit du fait, paraissent [...] enchevêtrées et confondues [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Un pareil état n’est pas démocratique, mais révolutionnaire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’Amérique est le pays du monde où l’on a tiré le plus de parti de l’association, et où l’on a appliqué ce puissant moyen d’action à une plus grande diversité d’objets.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’habitant des États-Unis apprend dès sa naissance qu’il faut s’appuyer sur soi-même pour lutter contre les maux et les embarras de la vie ; il ne jette sur l’autorité sociale qu’un regard défiant et inquiet [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a rien que la volonté humaine désespère d’atteindre par l’action libre de la puissance collective des individus.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quand une opinion est représentée par une association, elle est obligée de prendre une forme plus nette et plus précise. Elle compte ses partisans et les compromet dans sa cause.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez les modernes l’indépendance de la presse est l’élément capital, et pour ainsi dire constitutif de la liberté. Un peuple qui veut rester libre a donc le droit d’exiger qu’à tout prix on la respecte.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
De notre temps, la liberté d’association est devenue une garantie nécessaire contre la tyrannie de la majorité.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’omnipotence de la majorité me paraît un si grand péril pour les républiques américaines, que le moyen dangereux dont on se sert pour la borner me semble encore un bien.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a pas de pays où les associations soient plus nécessaires, pour empêcher le despotisme des partis [...], que ceux où l’état social est démocratique.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les pays où de pareilles associations n’existent point, [...] je n’aperçois plus de digue à aucune sorte de tyrannie, et un grand peuple peut être opprimé impunément par une poignée de factieux ou par un homme.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La liberté illimitée d’association, en matière politique, [...] est, de toutes les libertés, la dernière qu’un peuple puisse supporter. Si elle ne le fait pas tomber dans l’anarchie, elle la lui fait pour ainsi dire toucher à chaque instant.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les pays où les associations sont libres, les sociétés secrètes sont inconnues. En Amérique, il y a des factieux, mais point de conspirateurs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Après la liberté d’agir seul, la plus naturelle à l’homme est celle de combiner ses efforts avec les efforts de ses semblables et d’agir en commun.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La première idée qui se présente à l’esprit d’un parti [...], c’est l’idée de la violence : l’idée de la persuasion n’arrive que plus tard ; elle naît de l’expérience.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il arrive quelquefois que l’extrême liberté corrige les abus de la liberté, et que l’extrême démocratie prévient les dangers de la démocratie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Celui qui consent à obéir servilement [...] à quelques-uns de ses semblables, qui leur livre sa volonté et leur soumet jusqu’à sa pensée, comment celui-là peut-il prétendre qu’il veut être libre ?
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Pourquoi les peuples démocratiques montrent un amour plus ardent et plus durable pour l’égalité que pour la liberté.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
De l’individualisme dans les pays démocratiques.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Comment les Américains combattent l’individualisme par la doctrine de l’intérêt bien entendu.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Pourquoi les Américains se montrent si inquiets au milieu de leur bien-être.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Comment l’amour excessif du bien-être peut nuire au bien-être.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Comment, dans les temps d’égalité et de doute, il importe de reculer l’objet des actions humaines.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Comment l’aristocratie pourrait sortir de l’industrie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Comment les mœurs s’adoucissent à mesure que les conditions s’égalisent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Comment l’aspect de la société [...] est tout à la fois agité et monotone.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Pourquoi on trouve aux États-Unis tant d’ambitieux et si peu de grandes ambitions.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Pourquoi les grandes révolutions deviendront rares.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Pourquoi les peuples démocratiques désirent naturellement la paix, et les armées démocratiques naturellement la guerre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’égalité donne naturellement aux hommes le goût des institutions libres.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quelle espèce de despotisme les nations démocratiques ont à craindre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Comment l’égalité suggère aux Américains l’idée de la perfectibilité indéfinie de l’homme.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quand un artisan se livre sans cesse et uniquement à la fabrication d’un seul objet, il perd [...] la faculté générale d’appliquer son esprit à la direction du travail.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On peut dire qu’en lui, l’homme se dégrade à mesure que l’ouvrier se perfectionne.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Que doit-on attendre d’un homme qui a employé vingt ans de sa vie à faire des têtes d’épingles ?
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
En un mot, il n’appartient plus à lui-même, mais à la profession qu’il a choisie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Au milieu du mouvement universel, [une théorie industrielle] l’a rendu immobile.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que le principe de la division du travail reçoit une application plus complète, l’ouvrier devient plus faible, plus borné et plus dépendant. L’art fait des progrès, l’artisan rétrograde.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Tandis que l’ouvrier ramène de plus en plus son intelligence à l’étude d’un seul détail, le maître promène chaque jour ses regards sur un plus vaste ensemble...
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’un ressemble de plus en plus à l’administrateur d’un vaste empire, et l’autre à une brute.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le maître et l’ouvrier n’ont [...] rien de semblable [...]. Ils ne se tiennent que comme les deux anneaux extrêmes d’une longue chaîne.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que la masse de la nation tourne à la démocratie, la classe particulière qui s’occupe d’industrie devient plus aristocratique.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il semble qu’on voie l’aristocratie sortir par un effort naturel du sein même de la démocratie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a pas de lien véritable entre le pauvre et le riche. Ils ne sont pas fixés à perpétuité l’un près de l’autre ; à chaque instant l’intérêt les rapproche et les sépare.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le manufacturier ne demande à l’ouvrier que son travail, et l’ouvrier n’attend de lui que le salaire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’aristocratie manufacturière [...] après avoir appauvri et abruti les hommes dont elle se sert, les livre en temps de crise à la charité publique pour les nourrir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si jamais l’inégalité permanente des conditions et l’aristocratie pénètrent de nouveau dans le monde, on peut prédire qu’elles y entreront par cette porte.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Presque toutes les révolutions qui ont changé la face des peuples ont été faites pour consacrer ou pour détruire l’inégalité.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si vous pouvez fonder un état de société où chacun ait quelque chose à garder, et peu à prendre, vous aurez beaucoup fait pour la paix du monde.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les hommes qui vivent dans une aisance [...] mettent à leurs biens un prix immense. Comme ils sont encore fort voisins de la pauvreté, ils voient de près ses rigueurs, et ils les redoutent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les sociétés démocratiques, la majorité des citoyens ne voit pas clairement ce qu’elle pourrait gagner à une révolution, et elle sent à chaque instant [...] ce qu’elle pourrait y perdre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le commerce est naturellement ennemi de toutes les passions violentes. [...] Il dispose donc les hommes à la liberté, mais il les éloigne des révolutions.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les violentes passions politiques ont peu de prise sur des hommes qui ont [...] attaché toute leur âme à la poursuite du bien-être. L’ardeur qu’ils mettent aux petites affaires les calme sur les grandes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On ne lutte point avec avantage contre l’esprit de son siècle et de son pays.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ils aiment le changement ; mais ils redoutent les révolutions.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les sociétés démocratiques, il n’y a guère que de petites minorités qui désirent les révolutions ; mais les minorités peuvent quelquefois les faire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Toutes les fois que les conditions sont égales, l’opinion générale pèse d’un poids immense sur l’esprit de chaque individu ; elle l’enveloppe, le dirige et l’opprime.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que tous les hommes se ressemblent davantage, chacun se sent de plus en plus faible en face de tous. [...] il est bien près de reconnaître qu’il a tort, quand le plus grand nombre l’affirme.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il est très-difficile de se faire écouter des hommes qui vivent dans les démocraties, lorsqu’on ne les entretient point d’eux-mêmes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce que je redoute le plus pour les générations à venir, ce ne sont pas les révolutions.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je tremble [...] qu’ils ne se laissent enfin si bien posséder par un lâche amour des jouissances présentes, que l’intérêt de leur propre avenir et de celui de leurs descendants disparaisse.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On croit que les sociétés nouvelles vont chaque jour changer de face, et moi j’ai peur qu’elles ne finissent par être trop invariablement fixées dans les mêmes institutions, les mêmes préjugés, les mêmes mœurs [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Tout ce qui peut servir à faire mieux connaître un homme illustre, sa vie, ses œuvres, est un texte digne d’étude et de méditation.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Quel est l’opuscule [d'un grand esprit], si petit qu’il soit, qui ne contienne quelque vive lumière, quelque idée générale et féconde ?
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Ce qui [...] frappe dans [certaines] œuvres, c’est l’utilité pratique et actuelle dont la plupart d’entre elles peuvent être pour les contemporains.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Il est dans la nature de la démocratie d’oublier vite : les hommes changent, les traditions se perdent ; il faut recommencer sans cesse les études et les expériences déjà faites.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Comment concilier le mode de répression sévère que la sécurité publique réclame, avec les sentiments d’humanité que cette répression blesserait peut-être ?
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
On reconnaît que les détenus, s’ils sont confondus pêle-mêle, se corrompent les uns les autres et deviennent ainsi [...] des ennemis plus dangereux de l’ordre public.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Les règles qui président à un bon régime d’emprisonnement [...] ne sont point arbitraires ; [...] elles ont quelque chose de fixe et de permanent qui ne change pas.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Une déclaration d’impuissance serait une grande douleur et une grande humiliation nationales.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Que doit faire, dans [une grande] œuvre, l’administration ? Que doit-elle laisser faire ? Que doit-elle ne pas faire ?
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Comment porter ou attirer [...] des populations nouvelles sans entrer en [...] conflit avec la vieille société qui y est fondée depuis des siècles ?
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Où est le point entre la fermeté unie à la justice [...] et la générosité impolitique qui [...] mettrait les armes à la main [aux opposants] ?
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Dans quelle mesure le conquérant doit-il user de sa force pour ne pas être oppresseur ? Et de l’indulgence, pour ne pas perdre son prestige et sa propre dignité ?
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
À quel moment [la] puissance devient-elle tyrannie, et sa condescendance faiblesse aux yeux de [...] peuples qui cesseront de lui être soumis le jour où ils cesseront de la craindre ?
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
[Il] annonça [...], au milieu de l’incrédulité générale, qu’une grande révolution était imminente.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
La première et la plus vive des passions que l’égalité des conditions fait naître, [...] c’est l’amour de cette même égalité.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On peut imaginer un point extrême où la liberté et l’égalité se touchent et se confondent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les hommes seront parfaitement libres, parce qu’ils seront tous entièrement égaux ; et ils seront tous parfaitement égaux parce qu’ils seront entièrement libres.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le goût que les hommes ont pour la liberté, et celui qu’ils ressentent pour l’égalité, sont, en effet, deux choses distinctes, et [...] chez les peuples démocratiques, ce sont deux choses inégales.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le fait particulier et dominant qui singularise ces siècles, c’est l’égalité des conditions ; la passion principale qui agite les hommes dans ces temps-là, c’est l’amour de cette égalité.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Pour perdre la liberté politique, il suffit de ne pas la retenir, et elle s’échappe.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les maux que la liberté amène quelquefois sont immédiats ; ils sont visibles pour tous [...]. Les maux que l’extrême égalité peut produire ne se manifestent que peu à peu.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les biens que la liberté procure ne se montrent qu’à la longue ; et il est toujours facile de méconnaître la cause qui les fait naître.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La liberté politique donne de temps en temps, à un certain nombre de citoyens, de sublimes plaisirs. L’égalité fournit chaque jour une multitude de petites jouissances à chaque homme.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les hommes ne sauraient jouir de la liberté politique sans l’acheter par quelques sacrifices [...]. Mais les plaisirs que l’égalité procure s’offrent d’eux-mêmes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les hommes se précipitent [...] sur l’égalité comme sur une conquête et ils s’y attachent comme à un bien précieux qu’on veut leur ravir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ne leur montrez pas la liberté qui s’échappe de leurs mains, tandis qu’ils regardent ailleurs ; ils sont aveugles, ou plutôt ils n’aperçoivent dans tout l’univers qu’un seul bien digne d’envie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je pense que les peuples démocratiques ont un goût naturel pour la liberté [...]. Mais ils ont pour l’égalité une passion ardente, insatiable, éternelle, invincible.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ils veulent l’égalité dans la liberté, et, s’ils ne peuvent l’obtenir, ils la veulent encore dans l’esclavage.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ils souffriront la pauvreté, l’asservissement, la barbarie, mais ils ne souffriront pas l’aristocratie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les idées générales n’attestent point la force de l’intelligence humaine, mais plutôt son insuffisance.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si l’esprit humain entreprenait d’examiner [...] tous les cas particuliers qui le frappent, il se perdrait bientôt au milieu de l’immensité des détails et ne verrait plus rien.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les idées générales [...] permettent à l’esprit humain de porter des jugements rapides sur un grand nombre d’objets à la fois ; mais [...] elles ne lui fournissent jamais que des notions incomplètes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que les sociétés vieillissent, elles acquièrent la connaissance de faits nouveaux et s’emparent chaque jour, presque à leur insu, de quelques vérités particulières.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On ne saurait voir séparément une multitude de faits particuliers, sans découvrir enfin le lien commun qui les rassemble.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
J’apprends, chaque matin en me réveillant, qu’on vient de découvrir une certaine loi générale et éternelle dont je n’avais jamais ouï parler jusque là.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsque les conditions sont fort inégales et [...] permanentes, les individus deviennent si dissemblables, qu’on dirait qu’il y a autant d’humanités distinctes qu’il y a de classes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’homme qui habite les pays démocratiques ne découvre [...] près de lui, que des êtres à peu près pareils. Toutes les vérités qui sont applicables à lui-même lui paraissent s’appliquer également à ses semblables.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il fallut que Jésus-Christ vînt sur la terre pour faire comprendre que tous les membres de l’espèce humaine étaient naturellement semblables et égaux.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les siècles d’égalité, tous les hommes sont indépendants les uns des autres, isolés et faibles [...]. L’humanité semble alors toujours marcher d’elle-même.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Lorsque j’échappe à l’empire de l’exemple pour chercher, par le seul effort de ma raison, la voie à suivre, je suis enclin à puiser les motifs de mes opinions dans la nature même de l’homme.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les hommes qui vivent dans les siècles d’égalité ont beaucoup de curiosité et peu de loisir ; leur vie est si pratique, si compliquée, si agitée [...] qu’il ne leur reste que peu de temps pour penser.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les hommes des siècles démocratiques aiment les idées générales parce qu’elles les dispensent d’étudier les cas particuliers.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’un des caractères distinctifs des siècles démocratiques, c’est le goût qu’y éprouvent tous les hommes pour les succès faciles et les jouissances présentes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si les nations aristocratiques ne font pas assez d’usage des idées générales [...], il arrive au contraire que les peuples démocratiques sont toujours prêts à faire abus de ces sortes d’idées.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que les règles de la hiérarchie sociale sont moins observées, [...] on voit décroître chaque jour la distance de fait et d’opinion qui séparait l’ouvrier du maître.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’ouvrier conçoit une idée plus élevée de ses droits, de son avenir, de lui-même ; une nouvelle ambition, de nouveaux désirs le remplissent, de nouveaux besoins l’assiégent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans la lutte continuelle que ces deux classes se livrent pour les salaires, les forces sont donc partagées, les succès alternatifs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il est même à croire qu’à la longue l’intérêt des ouvriers doit prévaloir ; car les salaires élevés qu’ils ont déjà obtenus les rendent chaque jour moins dépendants de leurs maîtres.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’élévation lente et progressive des salaires est une des lois générales qui régissent les sociétés démocratiques.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que les conditions deviennent plus égales, les salaires s’élèvent, et à mesure que les salaires sont plus haut, les conditions deviennent plus égales.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’aristocratie, chassée de la société politique, s’était retirée dans certaines parties du monde industriel, et y avait établi sous une autre forme son empire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Comme il faut être déjà très-riche pour entreprendre les grandes industries [...], le nombre de ceux qui les entreprennent est fort petit. Étant peu nombreux, ils peuvent aisément se liguer entre eux, et fixer au travail le prix qu’il leur plaît.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Une fois que les hommes sont entrés dans cette carrière [industrielle], [...] ils n’en sauraient sortir, parce qu’ils ne tardent pas à y contracter des habitudes [...] qui les rendent impropres à tout autre labeur.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Les ouvriers] ont en général peu de lumières, d’industrie et de ressources ; ils sont donc presque à la merci de leur maître.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Refusent-ils le travail d’un commun accord : le maître, qui est un homme riche, peut attendre aisément, sans se ruiner, que la nécessité les lui ramène ; mais eux, il leur faut travailler tous les jours pour ne pas mourir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’oppression les a dès longtemps appauvris, et ils sont plus faciles à opprimer à mesure qu’ils deviennent plus pauvres. C’est un cercle vicieux dont ils ne sauraient aucunement sortir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On ne doit donc point s’étonner si les salaires, après s’être élevés quelquefois tout à coup, baissent ici d’une manière permanente, tandis que dans les autres professions le prix du travail [...] s’augmente sans cesse.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Cet état de dépendance et de misère [...] est un fait exceptionnel et contraire à tout ce qui l’environne ; mais, pour cette raison même, il n’en est pas de plus grave.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il est difficile, lorsque la société entière se remue, de tenir une classe immobile, et [...] de faire que quelques uns supportent en paix leurs besoins et leurs désirs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il est ordinaire que les populations agricoles reçoivent plus lentement et gardent plus obstinément que toutes les autres les impressions politiques ; elles sont les dernières à se lever et les dernières à se rasseoir.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
La peur, qui s’était d’abord arrêtée dans le haut de la société, descendit alors jusque dans le fond de la classe populaire, et une terreur universelle s’empara de tout le pays.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
La propriété, chez tous ceux qui en jouissaient, était devenue une sorte de fraternité. [...] tous se considéraient comme des frères, ayant un même intérêt à défendre l’héritage commun.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[...] les anciens partis et les différentes classes s’étaient plutôt rapprochés que confondus ; la peur avait agi sur eux comme aurait pu le faire une pression mécanique sur des corps fort durs [...] qui se séparent dès qu’elle se relâche.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
En France, les provinciaux ont pour Paris et pour le pouvoir central [...] des sentiments analogues à ceux qu’ont les Anglais pour leur aristocratie, qu’ils supportent quelquefois avec impatience et voient souvent avec jalousie, mais, qu’au fond, ils aiment [...].
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je vis bien alors [...] que rien ne sert plus au succès que de ne point le désirer avec trop d’ardeur.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je puisais, dans cette attente paisible d’un échec, une tranquillité et une netteté d’esprit, un respect de moi-même et un mépris des folies du temps que je n’aurais peut-être pas trouvés [...] si je n’avais été que sous l’empire de la passion de réussir.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Les gens qui n’ont pas peur, en temps de révolution, sont comme les princes à l’armée ; ils font un grand effet à l’aide d’actions fort ordinaires, parce que la position particulière qu’ils occupent les place naturellement hors de pair avec la foule.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Il n’y a qu’un moyen de bien parler à la tribune, c’est de se bien persuader, en y montant, qu’on a plus d’esprit que tout le monde.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Je ne voulais pas de banquets parce que je ne voulais pas de révolution [...]. La seule différence que je vois donc entre vous et moi, c’est que je savais ce que vous faisiez tandis que vous ne le saviez pas vous-mêmes.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Combien n’ai-je pas vu près de moi ces hommes tourmentés de leur vertu et tombant dans le désespoir, parce qu’ils voyaient la plus belle partie de leur vie se passer à critiquer les vices des autres sans pouvoir enfin jouir un peu des leurs [...].
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[...] les discours sont faits pour être écoutés et non point pour être lus, et les seuls bons sont ceux qui émeuvent.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
J’ai souvent vu de plus grands tableaux de la bassesse des hommes, mais je n’en ai jamais vu de plus parfait.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
J’admire comme chez l’homme l’imagination est plus colorée et plus saisissante que réelle. Je venais de voir tomber la monarchie [...] eh bien ! je le déclare, aucun de ces grands tableaux ne m’avait causé [...] une émotion aussi poignante et aussi profonde, que celle éprouvée par moi [...] à la vue de l’antique demeure de mes pères [...].
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Dans les pays et dans les temps démocratiques, il faut se faire mettre à la tête du peuple et ne pas s’y mettre soi-même.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Il n’y a jamais eu de sociétés libres sans mœurs, et [...] c’est la femme qui fait les mœurs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Tout ce qui influe sur la condition des femmes, sur leurs habitudes et leurs opinions, a [...] un grand intérêt politique.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[...] elle n’est point encore entièrement sortie de l’enfance, que déjà elle pense par elle-même, parle librement et agit seule.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On lui apprend à considérer le grand tableau du monde d’un œil ferme et tranquille.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les vices et les périls que la société présente [...], elle les voit clairement, les juge sans illusion et les affronte sans crainte.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[...] elle est pleine de confiance dans ses forces, et sa confiance semble partagée par tous ceux qui l’environnent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si elle ne se livre pas au mal, du moins elle le connaît ; elle a des mœurs pures plutôt qu’un esprit chaste.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Elle jouit de tous les plaisirs permis sans s’abandonner à aucun d’eux, et sa raison ne lâche point les rênes [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Sa raison ne lâche point les rênes, quoiqu’elle semble souvent les laisser flotter.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Au sein d’une démocratie, l’indépendance individuelle [...] est très-grande, la jeunesse hâtive, les goûts mal contenus, la coutume changeante, l’opinion publique [...] incertaine ou impuissante.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Comme ils ne pouvaient empêcher que sa vertu ne fût souvent en péril, ils ont voulu qu’elle sût la défendre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ils ont plus compté sur le libre effort de sa volonté que sur des barrières ébranlées ou détruites.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Au lieu de la tenir dans la défiance d’elle-même, ils cherchent [...] à accroître sa confiance en ses propres forces.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Loin de lui cacher les corruptions du monde, ils ont voulu qu’elle les vît dès l’abord et qu’elle s’exerçât d’elle-même à les fuir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il faut une éducation démocratique pour garantir la femme des périls dont les institutions et les mœurs de la démocratie l’environnent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que les indigènes s’éloignent et meurent, à leur place vient et grandit sans cesse un peuple immense. On n’avait jamais vu parmi les nations un développement si prodigieux, ni une destruction si rapide.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce ne sont donc pas, à proprement parler, les Européens qui chassent les indigènes [...], c’est la famine : heureuse distinction qui avait échappé aux anciens casuistes et que les docteurs modernes ont découverte.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le lien social depuis longtemps affaibli se brise alors. Il n’y avait déjà plus pour eux de patrie, bientôt il n’y aura plus de peuple [...]. La nation a cessé d’exister.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Leurs malheurs étaient anciens et ils les sentaient irrémédiables.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À demi convaincus, à moitié contraints, les Indiens s’éloignent ; ils vont habiter de nouveaux déserts où les blancs ne les laisseront pas dix ans en paix.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La civilisation est le résultat d’un long travail social qui s’opère dans un même lieu, et que les différentes générations se lèguent les unes aux autres en se succédant.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les indigènes de l’Amérique du Nord ne considèrent pas seulement le travail comme un mal, mais comme un déshonneur, et leur orgueil lutte contre la civilisation presque aussi obstinément que leur paresse.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Au milieu de la diversité apparente des choses humaines, il n’est pas impossible de retrouver un petit nombre de faits générateurs dont tous les autres découlent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quand celui qui possède la force matérielle jouit en même temps de la prépondérance intellectuelle, il est rare que le vaincu se civilise ; il se retire ou est détruit.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le malheur des Indiens est d’entrer en contact avec le peuple le plus civilisé, et [...] le plus avide du globe, [...] de trouver dans leurs instituteurs des maîtres, et de recevoir à la fois l’oppression et la lumière.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’indépendance dont il jouissait chez ses égaux contraste avec la position servile qu’il occupe dans une société civilisée.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les nations, comme les hommes, ont besoin de temps pour apprendre, quels que soient leur intelligence et leurs efforts.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
S’ils restent sauvages, on les pousse devant soi [...]; s’ils veulent se civiliser, le contact d’hommes plus civilisés qu’eux les livre à l’oppression et à la misère. [...] ils périssent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les Américains des États-Unis ont atteint ce double résultat avec une merveilleuse facilité, tranquillement, légalement, philanthropiquement, sans répandre de sang, sans violer un seul des grands principes de la morale.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On ne saurait détruire les hommes en respectant mieux les lois de l’humanité.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Cet écrit sera un miroir dans lequel je m’amuserai à regarder mes contemporains et moi-même, et non point un tableau que je destine au public.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Notre histoire [...] ne doit apparaître que comme le tableau d’une lutte acharnée entre l’ancien régime [...] et la France nouvelle conduite par la classe moyenne.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
...notre révolution, car il n’y en a qu’une seule, [...] que nos pères ont vu commencer et que, suivant toute vraisemblance, nous ne verrons pas finir.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[L'esprit de la classe moyenne], qui, mêlé à celui du peuple ou de l’aristocratie, peut faire merveille, mais qui, seul, ne produira jamais qu’un gouvernement sans vertu et sans grandeur.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
La postérité, qui ne voit que les crimes éclatants et à laquelle, d’ordinaire, les vices échappent, ne saura peut-être jamais à quel degré le gouvernement d’alors avait pris les allures d’une compagnie industrielle.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Dans ce monde politique ainsi composé et ainsi conduit, ce qui manquait le plus, surtout vers la fin, c’était la vie politique elle-même.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
J’ai passé dix ans de ma vie dans la compagnie de très grands esprits, qui s’agitaient constamment sans pouvoir s’échauffer et qui employaient toute leur perspicacité à découvrir des sujets à dissentiments graves sans en trouver.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[La nation] s’habituait insensiblement à voir dans les luttes des Chambres des exercices de l’esprit plutôt que des discussions sérieuses...
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Le pays était alors divisé en deux zones [...] dans celle d’en haut [...] ne régnait que langueur, impuissance, immobilité, ennui ; dans celle d’en bas, la vie politique, au contraire, commençait à se manifester.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
[Il] ressemblait à cet homme qui refusait de croire qu’on eût mis le feu à sa maison parce qu’il en avait la clef dans sa poche.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Bientôt, ce sera entre ceux qui possèdent et ceux qui ne possèdent pas que s’établira la lutte politique ; le grand champ de bataille sera la propriété.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Le désordre n’est pas dans les faits, mais il est entré bien profondément dans les esprits.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
La cause réelle, la cause efficace qui fait perdre aux hommes le pouvoir, c’est qu’ils sont devenus indignes de le porter.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Est-ce que vous ne sentez pas… un vent de révolution qui est dans l’air ? Ce vent, on ne sait où il naît, d’où il vient, ni, croyez-le bien, qui il enlève.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Ce ne sont pas les lois elles-mêmes qui font la destinée des peuples ; non, ce n’est pas le mécanisme des lois qui produit les grands événements, [...] c’est l’esprit même du gouvernement.
1893
Source: Souvenirs (Tocqueville)
Chez les peuples démocratiques, les individus sont très-faibles ; mais l’État qui les représente tous, et les tient tous dans sa main, est très-fort.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Nulle part les citoyens ne paraissent plus petits que dans une nation démocratique. Nulle part la nation elle-même ne semble plus grande...
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les sociétés démocratiques, l’imagination des hommes se resserre quand ils songent à eux-mêmes ; elle s’étend indéfiniment quand ils pensent à l’État.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les mêmes hommes qui vivent petitement dans d’étroites demeures, visent souvent au gigantesque dès qu’il s’agit des monuments publics.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La démocratie ne porte pas seulement les hommes à faire une multitude de menus ouvrages ; elle les porte aussi à élever un petit nombre de très-grands monuments.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Mais entre ces deux extrêmes, il n’y a rien.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quelques restes épars de très-vastes édifices n’annoncent donc rien sur l’état social et les institutions du peuple qui les a élevés.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Les grands monuments] ne font pas mieux connaître la grandeur, les lumières et la prospérité réelle [d'un peuple].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Toutes les fois qu’un pouvoir quelconque sera capable de faire concourir tout un peuple à une seule entreprise, il parviendra [...] à tirer du concours de si grands efforts quelque chose d’immense...
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
...sans que pour cela il faille conclure que le peuple est très-heureux, très-éclairé ni même très-fort.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si les Romains avaient mieux connu les lois de l’hydraulique, ils n’auraient point élevé tous ces aqueducs qui environnent les ruines de leurs cités.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si les Romains [...] avaient découvert la machine à vapeur, peut-être n’auraient-ils point étendu jusqu’aux extrémités de leur empire ces longs rochers artificiels qu’on nomme des voies romaines.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ces choses [les grands monuments anciens] sont de magnifiques témoignages de leur ignorance en même temps que de leur grandeur.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Le peuple qui ne laisserait d’autres vestiges de son passage que quelques tuyaux de plomb dans la terre [...] pourrait avoir été plus maître de la nature que les Romains.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les mêmes nations se sont montrées, à différentes époques de leur histoire, chastes ou dissolues. La régularité ou le désordre de leurs mœurs tenait donc à quelques causes changeantes, et non pas seulement à la nature du pays qui ne changeait point.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je ne nierai pas que, dans certains climats, les passions [...] ne soient particulièrement ardentes ; mais je pense que cette ardeur naturelle peut toujours être excitée ou contenue par l’état social et les institutions politiques.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’égalité des conditions ne produit pas à elle seule la régularité des mœurs ; mais on ne saurait douter qu’elle ne la facilite et ne l’augmente.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Rien ne sert mieux à légitimer l’amour illégitime aux yeux de ceux qui l’éprouvent, ou de la foule qui le contemple, que des unions forcées ou faites au hasard.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce qui rend la fidélité plus obligatoire la rend plus facile.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Nos pères avaient conclu résolument qu’en pareille matière [le mariage] il était très-dangereux de consulter son propre cœur. Le hasard leur paraissait plus clairvoyant que le choix.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Pour oser déclarer une guerre, même légitime, aux idées de son siècle et de son pays, il faut avoir dans l’esprit une certaine disposition violente et aventureuse, et que des gens de ce caractère [...] parviennent rarement au bonheur et à la vertu.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
C’est [...] ce qui explique pourquoi, dans les révolutions les plus nécessaires et les plus saintes, il se rencontre si peu de révolutionnaires modérés et honnêtes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce qui met en danger la société, ce n’est pas la grande corruption chez quelques uns ; c’est le relâchement de tous.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Tous les hommes qui vivent dans les temps démocratiques contractent plus ou moins les habitudes intellectuelles des classes industrielles et commerçantes ; leur esprit prend un tour sérieux, calculateur et positif.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’égalité ne détruit pas [...] l’imagination ; mais elle la limite et ne lui permet de voler qu’en rasant la terre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a rien de moins rêveur que les citoyens d’une démocratie, et l’on n’en voit guère qui veuillent s’abandonner à ces contemplations oisives et solitaires qui produisent les grandes agitations du cœur.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si l’égalité des conditions est favorable aux bonnes mœurs, le travail social, qui rend les conditions égales, leur est très-funeste.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Toutes les révolutions, quels que fussent leur objet et leurs agents, ont d’abord produit des effets semblables. Celles même qui ont fini par resserrer le lien des mœurs ont commencé par le détendre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a rien de plus misérablement corrompu qu’une aristocratie qui conserve ses richesses en perdant son pouvoir, et qui, réduite à des jouissances vulgaires, possède encore d’immenses loisirs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[...] le développement plus ou moins rapide de l’industrie [...], les lois pénales, l’état des mœurs, et surtout l’affermissement ou la décadence des croyances religieuses, sont les principales causes auxquelles il faut toujours recourir pour expliquer la diminution ou l’augmentation des crimes chez un peuple.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Un mauvais système d’emprisonnement peut augmenter le nombre des crimes de deux manières : [...] Il peut ne pas corriger, ou achever de corrompre les condamnés, ce qui multiplie les récidives.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Les anciennes prisons de l’Europe avaient été toutes bâties dans un but d’intimidation et non de réforme. Rien n’y était préparé pour y améliorer l’état de l’âme, mais le corps y souffrait [...].
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Il est résulté de là que la plupart des prisons ont cessé d’être intimidantes, sans devenir réformatrices.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Détenir un accusé jusqu’à ce que son innocence soit prouvée, est rigoureux ; mais le forcer de vivre, en attendant son jugement, au milieu d’une population de malfaiteurs, est tout à la fois imprudent et cruel.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Dans l’état actuel de nos prisons [...], c’est le détenu corrompu ou coupable qui se sent bien ; c’est le détenu innocent ou honnête qui se sent mal.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
[...] nulle puissance humaine n’est comparable à la religion pour opérer la réforme des criminels, et c’est sur elle surtout que repose l’avenir de la réforme pénitentiaire.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Les condamnés se soumettent à la nouvelle discipline ; mais ils ne se convertissent pas.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
S’il n’est pas sûr que [le système pénitentiaire] rende les détenus meilleurs qu’ils n’étaient, il est sûr du moins qu’il les empêche de devenir pires ; et c’est là un résultat immense.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Il faut bien reconnaître qu’il existe [...] une société organisée de criminels. [...] Ils forment une petite nation au sein de la grande. Presque tous ces hommes se sont connus dans les prisons.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
La grande question est de savoir, non pas quel est le système d’emprisonnement le moins coûteux, mais quel est celui qui réprime le mieux les crimes et assure le plus la vie et la fortune des citoyens.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Une société intelligente croira toujours regagner en tranquillité et même en richesse ce qu’elle dépense utilement pour ses prisons.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Dans ces petites sociétés exceptionnelles que renferment les prisons, le mal est populaire ; l’opinion publique pousse vers le vice et non vers la vertu, et l’ambition ne saurait presque jamais porter à bien faire.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Le plus simple bon sens indique que, s’il est un moyen puissant de produire une impression profonde et salutaire sur un condamné, ce moyen est de l’isoler de ses compagnons de débauche ou de crimes, et de le livrer à sa conscience [...].
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Si la peine de l’emprisonnement épargne le corps, il est juste et désirable qu’elle laisse du moins dans l’esprit des traces salutaires, attaquant ainsi le mal dans sa source.
1864-1866
Source: Œuvres complètes d'Alexis de Tocqueville, Lévy
Si le despotisme venait à s’établir chez les nations démocratiques [...], il serait plus étendu et plus doux, et il dégraderait les hommes sans les tourmenter.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je ne crains pas que [les peuples démocratiques] rencontrent dans leurs chefs des tyrans, mais plutôt des tuteurs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux, qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils remplissent leur âme.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres [...]. Il n'existe qu'en lui-même et pour lui seul, et [...] il n'a plus de patrie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Au-dessus [des citoyens] s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leurs jouissances [...]. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Ce pouvoir] ne cherche [...] qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Le pouvoir] veut être l’unique agent et le seul arbitre du bonheur [des citoyens] [...]; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’égalité a préparé les hommes à toutes ces choses ; elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Le souverain] ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il réduit enfin chaque nation à n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Nos contemporains sont incessamment travaillés par deux passions ennemies : ils sentent le besoin d'être conduits et l'envie de rester libres.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ils se consolent d’être en tutelle, en songeant qu’ils ont eux-mêmes choisi leurs tuteurs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
La nature du maître m’importe bien moins que l’obéissance.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
C’est surtout dans le détail qu’il est dangereux d’asservir les hommes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il est [...] difficile de concevoir comment des hommes qui ont entièrement renoncé à l’habitude de se diriger eux-mêmes pourraient réussir à bien choisir ceux qui doivent les conduire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les siècles de foi, on place le but final de la vie après la vie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les peuples religieux ont souvent accompli des choses si durables. [...] en s’occupant de l’autre monde, ils avaient rencontré le grand secret de réussir dans celui-ci.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les religions donnent l’habitude générale de se comporter en vue de l’avenir. [...] C’est un de leurs plus grands côtés politiques.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
À mesure que les lumières de la foi s’obscurcissent, la vue des hommes se resserre, et [...] l’objet des actions humaines leur paraît plus proche.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Aussitôt qu’ils ont perdu l’usage de placer leurs principales espérances à long terme, [les hommes] sont naturellement portés à vouloir réaliser sans retard leurs moindres désirs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les siècles d’incrédulité, il est [...] à craindre que les hommes ne se livrent sans cesse au hasard journalier de leurs désirs.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[...] renonçant entièrement à obtenir ce qui ne peut s’acquérir sans de longs efforts, [les hommes] ne fondent rien de grand, de paisible et de durable.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Au milieu de ces fluctuations perpétuelles du sort, le présent grandit ; il cache l’avenir qui s’efface, et les hommes ne veulent songer qu’au lendemain.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Où l’irréligion et la démocratie se rencontrent, les philosophes et les gouvernants doivent s’attacher [...] à reculer aux yeux des hommes l’objet des actions humaines.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez les peuples démocratiques [...], ce n’est qu’en résistant à mille petites passions particulières de tous les jours, qu’on peut arriver à satisfaire la passion générale du bonheur.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il importe que ceux qui dirigent les nations se conduisent en vue de l’avenir. Mais cela est plus nécessaire encore dans les siècles démocratiques et incrédules.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il faut surtout que [les gouvernants] s’efforcent de bannir autant que possible le hasard du monde politique.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a rien de plus pernicieux que [l'élévation subite et imméritée] offerte aux regards d’un peuple démocratique. [Cela] achève de précipiter son cœur sur une pente où tout l’entraîne.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il est à souhaiter que chaque progrès paraisse le fruit d’un effort, [...] qu’il n’y ait pas de grandeurs trop faciles, et que l’ambition soit forcée de fixer longtemps ses regards vers le but avant de l’atteindre.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[...] les grands succès se trouvent placés au bout des longs désirs, et qu’on n’obtient rien de durable que ce qui s’acquiert avec peine.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les hommes qui vivent dans les pays démocratiques [...] veulent mêler des jouissances à leur joie.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les habitants des démocraties n’aiment point à se sentir [...] tirés violemment hors d’eux-mêmes, et c’est toujours à regret qu’ils se perdent de vue.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je croyais que les Anglais formaient la nation la plus sérieuse qui fût sur la terre, mais j’ai vu les Américains et j’ai changé d’opinion.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les pays démocratiques, le pauvre lui-même a une haute idée de sa valeur personnelle. Il se contemple avec complaisance et croit volontiers que les autres le regardent.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Sous le despotisme les peuples se livrent de temps en temps aux éclats d’une folle joie ; mais, en général, ils sont mornes et concentrés, parce qu’ils ont peur.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[...] tous les peuples libres sont graves, parce que leur esprit est habituellement absorbé dans la vue de quelque projet dangereux ou difficile.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Chez un peuple [démocratique], la gravité n’est plus particulière à certains hommes, elle devient une habitude nationale.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il n’y a point d’hommes qui tiennent autant à leur condition que [les gens des démocraties]. Ils trouveraient la vie sans saveur, si on les délivrait des soins qui les tourmentent [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Il y a une sorte d’ignorance qui naît de l’extrême publicité.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les États despotiques, les hommes ne savent comment agir, parce qu’on ne leur dit rien ; chez les nations démocratiques, ils agissent souvent au hasard, parce qu’on a voulu leur tout dire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quand l’habitant des démocraties n’est pas pressé par ses besoins, il l’est du moins par ses désirs ; car, [...] il n’en voit aucun [bien] qui soit entièrement hors de sa portée.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dans les démocraties, l'existence de l'homme est plus compliquée ; il est rare que le même esprit n’y embrasse point plusieurs objets à la fois [...].
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Sa curiosité est tout à la fois insatiable et satisfaite à peu de frais ; car il tient à savoir vite beaucoup, plutôt qu’à bien savoir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Les peuples démocratiques sont graves, parce que leur état [...] les porte sans cesse à s’occuper de choses sérieuses ; et ils agissent inconsidérément, parce qu’ils ne donnent que peu de temps [...] à chacune de ces choses.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’habitude de l’inattention doit être considérée comme le plus grand vice de l’esprit démocratique.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Quoique le désir d’acquérir les biens de ce monde soit la passion dominante [...], il y a des moments de relâche où l'âme semble briser [...] les liens matériels qui la retiennent, et s’échapper impétueusement vers le ciel.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ce n’est pas l’homme qui s’est donné à lui-même le goût de l’infini et l’amour de ce qui est immortel.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Ces instincts sublimes ne naissent point d’un caprice de sa volonté : ils ont leur fondement immobile dans sa nature ; ils existent en dépit de ses efforts.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[L'homme] peut les gêner et les déformer, mais non les détruire.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
L’âme a des besoins qu’il faut satisfaire ; et, quelque soin que l’on prenne de la distraire d’elle-même, elle s’ennuie bientôt, s’inquiète et s’agite au milieu des jouissances des sens.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Si l’esprit de la grande majorité du genre humain se concentrait jamais dans la seule recherche des biens matériels, on peut s’attendre qu’il se ferait une réaction prodigieuse dans l’âme de quelques hommes.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[Certains] se jetteraient éperduement dans le monde des esprits, de peur de rester embarrassés dans les entraves trop étroites que veut leur imposer le corps.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Je serais surpris si, chez un peuple uniquement préoccupé de son bien-être, le mysticisme ne faisait pas bientôt des progrès.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On dit que ce sont les persécutions des empereurs [...] qui ont peuplé les déserts [...] ; et moi je pense que ce sont bien plutôt les délices de Rome et la philosophie épicurienne de la Grèce.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
[L'esprit] se sent emprisonné dans des limites dont on semble ne pas vouloir le laisser sortir.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
Dès qu’il dépasse ces limites, [l'esprit] ne sait où se fixer lui-même, et il court souvent, sans s’arrêter, par delà les bornes du sens commun.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique
On trouve çà et là [...] des âmes toutes remplies d’un spiritualisme exalté et presque farouche, qu’on ne rencontre guère en Europe.
1835-1840
Source: De la démocratie en Amérique