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Antoine-Louis-Claude Destutt de Tracy

Antoine-Louis-Claude Destutt de Tracy

Antoine Louis Claude Destutt, comte de Tracy (20 juillet 1754 – 9 mars 1836) était un philosophe des Lumières français qui a inventé le terme « idéologie ».

Puisque tout discours est la manifestation de nos idées, c’est la connaissance parfaite de ces idées qui peut seule nous faire découvrir la véritable organisation du discours, et nous dévoiler complètement le mécanisme secret de sa composition.

1803

Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie

Sentir et juger, voilà toute notre intelligence : [...] voilà tout notre être, tout ce que nous sommes. C’est notre existence toute entière.

1803

Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie

C’est à [la faculté de juger] sur-tout, que se rapporte l’artifice du discours ; et c’est à manifester ses résultats qu’il est principalement, sinon uniquement destiné.

1803

Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie

Juger n’est [...] pas la faculté de sentir des rapports en général : mais [...] c’est uniquement la faculté spéciale de sentir entre une idée et une autre, le rapport du contenant au contenu.

1803

Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie

[...] quand j’ai une perception, une idée, je sens : et toutes les fois que je démêle une circonstance dans cette perception, je juge. C’est-là un point capital qu’il ne faut jamais perdre de vue.

1803

Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie

Il faut, pour exprimer un jugement, énoncer les deux idées dont l’une contient l’autre, plus l’acte de l’esprit qui aperçoit ce rapport. [...] C’est ce qui constitue une proposition.

1803

Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie

Sans la faculté de juger, nous n’aurions pas même d’idées à communiquer, excepté nos simples sensations ; à plus forte raison nous n’en aurions ni le projet ni les moyens.

1803

Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie

Ce n’est point par le détail, mais par les masses que commencent toutes nos expressions, ainsi que toutes nos connaissances.

1803

Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie

L’essence du discours est donc d’être composé de propositions, d’énoncés de jugemens. Ce sont là ses vrais élémens immédiats.

1803

Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie

[...] ce que l’on appelle improprement les élémens, les parties du discours, ce sont réellement les élémens, les parties de la proposition.

1803

Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie

[Le langage des animaux] est tout composé de propositions, d'énoncés de jugemens, et il ne renferme jamais de simples noms d'idées.

1803

Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie

C'est [...] cette capacité d'isoler une idée partielle, [...] de séparer un sujet de son attribut, d'abstraire en un mot et d'analyser [...], qui manque aux animaux, [...] et qui constitue toute la différence entr'eux et nous.

1803

Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie

C'est donc à la décomposition de la proposition dans ses éléments que se marque la séparation entre la brute et l'espèce intelligente par excellence.

1803

Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie

Jusqu’à présent la Logique n’a été que l’art de tirer des conséquences légitimes d’une proposition supposée vraie et avouée comme telle.

1817

Source: Principes logiques

Si [les propositions d'un syllogisme] étaient parfaitement égales, l’une ne dirait rien de plus que l’autre, et on ne serait pas plus avancé à la troisième qu’à la première.

1817

Source: Principes logiques

On s’est contenté de [...] écarter [les sceptiques] et de les accabler d’un mépris affecté, qui cache et décèle en même temps l’impuissance de les vaincre ; car il est plus aisé de dédaigner que de répondre.

1817

Source: Principes logiques

L’homme a nécessairement senti avant de juger. [...] il a fait des propositions particulières avant d’en faire de générales.

1817

Source: Principes logiques

Nous n’existons que parce que nous sentons ; nous n’existerions pas si nous ne sentions pas. Notre existence consiste à la sentir [...].

1817

Source: Principes logiques

Notre sensibilité, comme tout autre objet, ne se manifeste à nous que par ses effets. Pour remonter à ses causes, il faut auparavant la connaître, et pour la connaître, il faut étudier ses effets.

1817

Source: Principes logiques

Cette action de juger consiste à voir que l’idée que j’ai d’une chose appartient à l’idée que j’ai d’une autre.

1817

Source: Principes logiques

Tout par nos sensations et rien sans elles, voilà notre histoire ; et notre manière constante de les élaborer, c’est de nous ressouvenir en conséquence de sentir, et de vouloir en conséquence de juger.

1817

Source: Principes logiques

Pour nous, exister c’est avoir des perceptions ; et exister relativement à nous, c’est nous causer des perceptions.

1817

Source: Principes logiques

Notre idée d’un être n’est jamais que la réunion des perceptions qu’il nous cause, des qualités que nous lui connaissons.

1817

Source: Principes logiques

Ce sont [...] les faits particuliers bien examinés, et les jugemens justes que nous en portons qui sont le principe de toute vérité [...].

1817

Source: Principes logiques

La Logique ne peut consister que dans l’étude de notre intelligence, puisque ce sont les procédés de notre intelligence qu’il s’agit d’examiner et de juger.

1817

Source: Principes logiques

Le premier soin [de la Logique] doit être de chercher quelle est la première chose dont nous sommes sûrs, afin de passer de celle-là à toutes celles qui en dérivent nécessairement.

1817

Source: Principes logiques

Douter, ou seulement croire douter, c’est sentir, c’est penser quelque chose ; et penser ou sentir c’est exister.

1817

Source: Principes logiques

Mais Descartes, tout de suite après un si beau commencement, s’est égaré, parce qu’il a sauté des intermédiaires.

1817

Source: Principes logiques

Il s’agit uniquement ici d’observer notre sensibilité, ses actes, c’est-à-dire ses différents modes, qui constituent nos différentes manières d’exister.

1817

Source: Principes logiques

Il n’est nullement question de découvrir quel est l’être qui est doué de cette sensibilité, ni quelle est sa nature, son commencement, sa fin ou sa destination ultérieure.

1817

Source: Principes logiques

Ayant fait de la pensée et de l’étendue deux substances, [Descartes] a été obligé de dire que la pensée, dès qu’elle est créée, pense toujours [...].

1817

Source: Principes logiques

Il est bien constant que nous ne connaissons jamais que nos perceptions, et que nous ne voyons jamais rien dans ce monde que nos propres idées [...].

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

C’est là la base de toute certitude : et il semble d’abord que [...] nous devrions être inaccessibles à toute erreur.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Toutes nos connaissances ne consistent que dans les combinaisons que nous fesons de nos premières perceptions [...] et il est facile de s’appercevoir qu’il n’en faut pas davantage pour que la vérité nous échappe très-souvent.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

[Les nomenclatures] sont bonnes dès qu’elles sont capables d’aider notre esprit dans ses recherches, et qu’elles ne lui font pas prendre de fausses notions.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Il n’y a place ni au doute ni à l’erreur dans les idées simples ; et c’est une chose bien importante à remarquer.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

La seule chose qui soit incertaine, est de savoir si [nos] idées sont bien conformes aux êtres dont nous les croyons les images [...].

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

À proprement parler, nous ne pouvons pas avoir de souvenir réel d’une simple et pure sensation : aussi ne pouvons-nous pas la faire connaître véritablement à un autre qui ne l’a pas éprouvée.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Nous ne devons pas être étonnés de la différence qui existe dans nos raisonnemens, quand nous sommes actuellement animés par une passion [...] et quand nous y réfléchissons tranquillement. Dans les deux cas nous n’opérons réellement pas sur les mêmes perceptions.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Il n’y a entre [l'esprit et le coeur] d’autre différence que celle d’un degré plus ou moins grand d’énergie et de vivacité ; mais c’est toujours sentir.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Nos pures sensations ou idées simples, sont absolument et complètement réelles, certaines, et inaccessibles à toute erreur, parcequ’elles consistent uniquement dans ce sentiment infaillible que nous en avons.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Nos idées ne sont sujettes à erreur que par les jugemens qui s’y mêlent ; et que pourtant nos jugemens sont en eux-mêmes aussi inaccessibles à l’erreur, que toutes nos autres perceptions.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Il me paraît prouvé en rigueur qu’il a fallu avoir porté beaucoup de jugemens avant d’avoir créé un seul signe articulé.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Les connaissances et les langages marchent toujours de front ; [...] le niveau se rétablit à chaque instant entre l’idée et le signe.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Penser c’est toujours sentir quelque chose, c’est sentir. Penser ou sentir, c’est pour nous la même chose qu’exister.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Il n’est pas douteux que nous devons tout ce que nous sommes à la possibilité de communiquer avec nos semblables.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Une idée toute faite est une chose absolument intransmissible ; que pour en avoir réellement la conscience, [...] il faut nécessairement [...] l’avoir éprouvée.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Chacun n’a que les idées qu’il s’est faites, et que personne ne peut penser pour un autre.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Par le bienfait de la communication des idées, chacun se trouve agir, réfléchir et choisir pour tous ; tout ce qui est découvert devient un bien commun, source de nouveaux progrès.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

[Les signes], si nous leur devons presque tous les progrès de notre intelligence, je les crois aussi la cause de presque tous ses écarts.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Sans nous en apercevoir nous avons chacun un langage différent, que tous nous en changeons à chaque instant, et que c’est avec ces langages si mobiles que nous pensons.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Dans ce que l’on croyait [...] une idée simple, une perception unique, il y a beaucoup de parties distinctes ; et [...] beaucoup d’opérations intellectuelles différentes ont été nécessaires pour assembler ces parties.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Un objet quelconque, ce n’est pas une affection seule et unique qu’il produit en nous ; c’est une multitude d’impressions différentes [...].

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

C’est du rapprochement de toutes ces impressions et des combinaisons que nous en fesons [...] que se forme pour nous la perception ou l’idée individuelle d'un objet.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Suivant que [notre] idée ou perception sera plus ou moins détaillée, [...] plus ou moins conforme à la réalité des choses, les jugemens postérieurs que nous porterons [...] seront très-différens.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Examiner avec soin le sujet qu’on veut connaître avant d’en porter un jugement ; et savoir avec précision ce qu’on en veut dire, avant d’en parler.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Le principe primitif de toutes nos connaissances, est la conscience de notre propre existence produite par le sentiment de nos perceptions les plus simples [...].

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Il avait dit : je pense, donc j’existe : il aurait dû dire plus exactement : je sens, donc j’existe.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Si l’on entreprenait d’expliquer toutes nos connaissances, et de les prouver toutes, on les rendrait toutes problématiques.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Les premières vérités [...] sont des propositions si claires, qu’elles ne peuvent être prouvées ni combattues par des propositions qui le soient davantage.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Le nom [...] est toujours le sujet de la proposition ; que le verbe en est l’attribut ; et que les autres élémens [...] ne sont que des modificatifs de ceux-là, ce qui jette un grand jour sur l’acte de juger.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Je suis fort fâché de ne connaître que depuis très-peu de temps ces opinions [...] ; si je les avais vues plutôt [...], elles m’auraient épargné beaucoup de peines et d’hésitations.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Sentir est notre existence toute entière, et juger n’est encore que démêler une circonstance dans une perception antérieure, c’est-à-dire, sentir distinctement une partie de ce qu’on avait senti d’abord confusément.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Les raisons convainquent, le sentiment entraîne, les prestiges étourdissent, le tems seul et la fréquente répétition des mêmes actes produisent l’état de calme et d’aisance nommé habitude.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Si un novateur quelconque a jamais eu des succès prompts, c’est qu’il n’a fait que déclarer [...] des opinions qui couvaient déjà dans toutes les têtes.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Un raisonnement est un jugement dont les motifs sont développés ; c’est, si l’on peut s’exprimer ainsi, un jugement en plusieurs pièces.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

[...] nos perceptions sont tout pour nous, et [...] elles seules sont pour nous les vraies choses réelles.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Nous ne pouvons jamais nous tromper sur la perception que nous avons actuellement ; et comme nos perceptions sont tout pour nous, il semblerait [...] que nous sommes complètement inaccessibles à l’erreur.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

La cause de toutes nos erreurs est l’infidélité de nos souvenirs, comme la base de toute la certitude dont nous sommes capables, est la vérité invincible de notre sentiment actuel.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Un jugement n’est jamais faux en lui-même et pris isolément ; [...] il ne l’est que relativement à des jugemens précédens.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Il n’y a rien de contingent : il ne peut y avoir rien de contingent dans ce monde. Tout ce qui est, est nécessairement en vertu d’une cause quelconque qui le produit.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Nous appelons contingens les effets dont nous voyons la cause, sans voir l’enchaînement des causes de cette cause.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

La contingence commence pour nous [...] au moment où la possibilité de déduire nous manque, et nous fait éprouver le besoin de sentir de nouvelles perceptions.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Il ne s’agit donc toujours que de recevoir des impressions et de voir ce qu’elles renferment.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Si calculer est raisonner, raisonner n’est pas calculer. [...] Le raisonnement est le genre ; le calcul n’est que l’espèce.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Une proposition générale ne peut jamais être la cause réelle de la vérité d’une proposition particulière.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Cette pierre n’est pas pesante parceque tous les corps le sont, mais parcequ’elle manifeste les phénomènes de la pesanteur.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Additionner ou soustraire ce n’est pas réunir ou séparer en général deux êtres [...]. C’est les réunir ou les séparer uniquement et spécialement sous le rapport de la quantité.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

On appelle habitude la disposition, la manière d’être permanente qui naît de cette fréquente répétition : c’est là le vrai sens du mot habitude.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

L’inexactitude des expressions naît toujours de la confusion des idées ; voilà pourquoi les langues se perfectionnent à mesure que les connaissances se débrouillent.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Plus nous répétons souvent le même mouvement, quel qu’il soit, plus nous l’exécutons avec facilité et rapidité.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Plus un mouvement est facile et rapide, moins il est senti, ensorte que souvent il finit par [...] être tout-à-fait inaperçu.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Tant que [nos jugements] sont pénibles et lents, nous en avons une conscience détaillée, et dès qu’ils ont été répétés assez souvent [...], ils ont lieu presque sans que nous nous en apercevions.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Une sensation souvent éprouvée devient moins vive pour nous [...] plus elle se renouvelle souvent, moins elle attire notre attention.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Plus nous avons eu souvent une perception quelconque, plus nous en avons aisément le souvenir ; mais aussi moins ce souvenir nous frappe et nous émeut.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Plus un souvenir se renouvelle, plus il réveille aisément tous les souvenirs collatéraux [...]. C’est ainsi que s’établit cette liaison des idées.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

La perfection de la science serait de voir tous les faits possibles naître d’une seule cause.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

C’est une loi générale de tous nos mouvemens, que plus ils sont répétés, plus ils deviennent faciles et rapides ; et que plus ils sont faciles et rapides, moins ils sont perceptibles.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

La raison éclaire et ne conduit pas : [ajoutez], quand les décisions contraires aux siennes sont devenues habituelles.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

[Il est important de] rendre habituels les jugemens justes. C’est là l’éducation morale tout entière, tant celle des hommes que celle des enfans.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Il y a [en nous] conflit de jugemens, les uns aperçus, les autres inaperçus, et ce sont toujours les plus habituels qui l’emportent, souvent à tort.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Ce n’est point le merveilleux qui doit nous révolter, c’est l’absurde. [...] il n’y a de démontré impossible que ce qui implique contradiction.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Il se passe en nous continuellement un nombre prodigieux de mouvemens, et [...] une quantité incroyable d’opérations intellectuelles, dont nous n’avons pas même la conscience.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

L’important n’est pas que les peines soient très-rigoureuses, mais qu’elles soient inévitables.

1797-1798

Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?

Le plus utile principe de morale [...] est que tout crime est une cause certaine de souffrance pour celui qui le commet.

1797-1798

Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?

Si [...] par cette crainte on va jusqu’à soutenir qu’il faut que les formes soient tellement favorables à l’accusé, que beaucoup de coupables puissent se sauver [...], je dis que par humanité on pose de tous les principes le plus cruel.

1797-1798

Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?

L’idée de tien et mien dérive inévitablement de celle de toi et moi ; nous ne pouvons la détruire. Faisons que toi et moi ne soient ni oppresseurs, ni opprimés.

1797-1798

Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?

Toute loi inutile [...] ne remédie à aucun mal, et en crée un nouveau, en fournissant une nouvelle occasion de manquer [...] au respect dû à l’autorité publique.

1797-1798

Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?

Toutes les lois qui prohibent des choses innocentes en elles-mêmes, engendrent un nouveau délit.

1797-1798

Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?

La seule manière de faire vouloir une chose est de la faire juger préférable.

1797-1798

Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?

De toutes les sciences la morale est toujours la dernière qui se perfectionne, toujours la moins avancée, toujours celle sur laquelle les opinions doivent être le plus partagées.

1797-1798

Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?

De toutes les vérités que nous connaissons, celles que nous savons toujours le moins bien, sont celles qui nous ont été enseignées directement [...].

1797-1798

Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?

Les législateurs et les gouvernans, voilà les vrais précepteurs de la masse du genre humain, les seuls dont les leçons aient de l’efficacité.

1797-1798

Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?

Une balance exacte entre les recettes et les dépenses de l’État. Tant qu’elle n’existe pas, nul ordre n’est possible dans la société.

1797-1798

Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?

Le temps présent est toujours [...] le disciple du temps antérieur, et [...] nous sommes mus aujourd’hui par les habitudes [...] acquises sous l’ancien ordre social.

1797-1798

Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?

Disposez les circonstances favorables, et ce que vous désirez arrive sans que vous ayez l’air de vous en mêler.

1797-1798

Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?

[...] les progrès des sciences morales ne précèdent jamais et même ne suivent que de loin celui des sciences physiques et mathématiques [...].

1797-1798

Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?

Tout ce que nous sentons et percevons est bien certain et bien réel pour nous ; nous ne sommes pas même susceptibles d’autre certitude et d’autre réalité.

1817

Source: Principes logiques

Les règles que l’on prescrit à nos raisonnements ne nous guident que quand nous n’en avons que faire, et nous abandonnent dans le besoin.

1817

Source: Principes logiques

Ce sont [...] les faits particuliers bien examinés, et les jugements justes que nous en portons qui sont le principe de toute vérité.

1817

Source: Principes logiques

Quant aux idées, [...] je ne connais d’autre précaution nécessaire à prendre que celle de les former avec soin, [et] d’examiner souvent si nous ne les altérons pas, et si elles sont bien toujours les mêmes sous le même signe.

1817

Source: Principes logiques

La perpétuelle et imperceptible variabilité de nos idées est la cause suffisante de toutes nos erreurs, et [...] il ne saurait y en avoir d’autre.

1817

Source: Principes logiques

Il est [...] impossible que le mot amour, par exemple, réveille exactement la même idée dans la tête d’un enfant ou d’un vieillard, d’une femme passionnée, ou timide...

1817

Source: Principes logiques

Dans toutes les sciences la certitude est également entière quand les raisonnements sont justes ; mais il est plus difficile de les faire justes dans les unes que dans les autres.

1817

Source: Principes logiques

L’étude des sciences physiques et naturelles [...] me paraît être de toutes la plus propre à former un bon esprit.

1817

Source: Principes logiques

Nous devons toujours partir des impressions que nous recevons, c’est-à-dire des faits ; les examiner avec attention pour n’y rien voir que ce qui y est [...].

1817

Source: Principes logiques

Le mécanisme de toute intelligence est bien simple [...]. Un seul fait primitif est inexplicable, tous les autres en sont des conséquences nécessaires.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Si l'on ne voit dans sa perception que ce qui y était renfermé, on a raison. Si l'on y voit ce qui n’y était pas [...], on a changé de perception sans s’en apercevoir ; et c’est là la cause de toutes nos erreurs.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

À chaque fois que l’on voit dans une idée un élément que l’on n’y avait pas encore vu, elle devient une idée nouvelle.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Les actions de l’être animé sont les signes nécessaires de ses idées. Ses semblables [...] jugent de ce qu’il sent, par ce qu’il fait.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

C’est avec des mots que nous raisonnons sur des idées [...]. Ce que nous appelons raisonner, c’est porter des jugemens qui suivent des premiers.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Pour bien raisonner, il ne s’agit que de connaître la valeur des mots [...] et de connaître les idées que ces mots représentent.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

La vérité existe pour nous, et nous sommes susceptibles d’y arriver avec certitude. [Il faut connaître] les moyens qui nous y conduisent, et les causes qui nous en écartent.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

On s’est trop hâté de tracer les règles de l’art, et nécessairement elles ont été vaines ou fausses, parce que les principes de la science [...] n’étaient pas suffisamment connus.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Toute définition est toujours et uniquement celle de l’idée que l’on a dans l’esprit, et produit l’effet de déterminer le sens du mot [...] qui exprime cette idée.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Il n’est pas vrai que les définitions soient des principes, et qu’on ne puisse pas disputer des définitions.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

La définition réellement parfaite d’une idée serait la description complète de tous ses éléments [...]. Non seulement cela serait interminable, mais c'est rigoureusement impossible.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

En discutant une question, la première chose à faire est de se bien rendre compte des idées comparées [...]. Non seulement c’est là la première chose à faire, mais encore que c’est la seule.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Pour bien raisonner, il ne faut au fond que considérer attentivement ce dont on parle et le représenter correctement.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Les métaphysiciens [...] n’ont fait qu’égarer les esprits ; s’ils ont employé la violence pour soutenir leurs décisions, ils ont été les oppresseurs et les ennemis du genre humain.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Quand deux hommes s’entendent parfaitement, ils sont toujours de même avis ; et que quand ils disputent, c’est que croyant s’entendre, ils ne se comprennent réellement pas complètement.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Quand [nos jugements] pèchent, c’est toujours par leurs relations avec des jugemens antérieurs.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

L’ancienne logique prétendait nous mener à la vérité par la puissance des formes du raisonnement. [...] La nouvelle logique [...] ne s’occupe que de la matière du raisonnement, de nos idées.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Si [des] propositions sont fausses, ce n’est pas par elles-mêmes et prises isolément, mais par leur manque de liaison avec des jugemens antérieurs vrais.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Nous ne voyons jamais dans ce monde que nos propres perceptions, et [...] toutes nos connaissances ne consistent que dans les rapports que nous découvrons entr’elles.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Nous n’avons point d’idées de substances. Nous [...] ne connaissons [les] êtres que par les impressions qu’ils nous font : ils ne consistent pour nous que dans ces impressions.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

[Les êtres sentants] ne sauraient différer quant à l’étendue des connaissances, que par le nombre et la perfection de leurs moyens de sentir.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Quand [deux personnes] disputent, c’est que croyant s’entendre, [elles] ne se comprennent réellement pas complètement.

1805

Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie

Pour avancer avec sûreté dans une recherche quelconque, rien n’est plus utile que de jeter de temps en temps un coup-d’œil en arrière sur le chemin que l’on a parcouru.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

La faculté de penser [...] consiste à sentir des sensations, des souvenirs, des rapports et des desirs.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

[Certaines idées] n’embarrassent si peu les hommes que parce qu’ils ne se mettent pas en peine de savoir ce qu’ils font quand ils pensent et qu’ils raisonnent.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Étant certains de la formation de nos idées, tout ce que nous dirons par la suite [...] reposera sur une base constante et invariable, étant prise dans la nature même de notre être.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

[Des] variations [dans les théories] indiquent déjà qu’il y a de l’arbitraire dans ces divisions, et qu’elles ne sont pas manifestement commandées par les faits.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Le vrai est qu’il vaut mieux ne pas réunir forcément sous des titres fantastiques des choses aussi différentes entr’elles que la sensibilité, la mémoire, le jugement, et la volonté.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

L’attention est l’état de l’homme qui veut surmonter une difficulté ; c’est une manière d’être, produite par l’énergie de la volonté ; c’est un effet et non pas une cause.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Juger n’est-ce pas sentir un rapport entre deux objets ? et sentir un rapport entr’eux n’est-ce pas les comparer ? [...] Pourquoi donc séparer deux choses inséparables ?

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

La réflexion n’étant qu’un certain usage que nous faisons de nos facultés intellectuelles, elle n’est point elle-même une faculté particulière.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Je persiste à penser que la pensée de l’homme ne consiste jamais qu’à sentir des sensations, des souvenirs, des jugemens et des desirs.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Toutes nos idées, toutes nos perceptions sont des choses que nous sentons, c’est-à-dire des sensations, auxquelles nous donnons différens noms, suivant leurs différens effets.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Telle est la conséquence de présenter la même idée sous un aspect ou sous un autre, que [...] j’ai cru fermement ne l’avoir pas appris de Condillac.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Il est bien extraordinaire que depuis le temps que les hommes pensent [...], ce soit une découverte nouvelle de savoir que penser est la même chose que sentir.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Il n’y a que des faits à recueillir, et ces faits se passent en nous ; chacun est pour lui-même le champ le plus riche en observations [...]. Enfin tout consiste à savoir ce que l’on sent.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Je suis sûr de sentir, et je suis certain que je ne peux rien éprouver ou connaître qu’en vertu de cette propriété que j’ai d’être susceptible d’être affecté.

1817

Source: Principes logiques

Je ne puis pas concevoir en moi [...] un désir sans un jugement préalable, implicite ou explicite, qui prononce qu’une telle affection est bonne à rechercher ou à éviter.

1817

Source: Principes logiques

Cette action de juger consiste à voir que l’idée que j’ai d’une chose appartient à l’idée que j’ai d’une autre.

1817

Source: Principes logiques

[...] tout effet de notre sensibilité, tout acte de notre pensée, tout mode de notre existence consiste toujours à sentir quelque chose.

1817

Source: Principes logiques

Nous pouvons distinguer quatre modifications [...] dans cette action de sentir, celles de sentir simplement, de se ressouvenir, de juger et de vouloir.

1817

Source: Principes logiques

[Ces distinctions sont] autant de nouveaux faits dont je suis tout aussi certain que du premier fait général, je sens ; et j’en suis certain de la même manière ; c’est-à-dire parce que je les sens.

1817

Source: Principes logiques

Quand j’imagine, j’assemble différemment des idées que j’ai déjà eues ; [...] mais tout cela en vertu de ce que je les perçois et que j’en porte des jugemens.

1817

Source: Principes logiques

Je poursuis l’examen de ma propre existence, parce que c’est la seule dont je sois sûr directement et immédiatement.

1817

Source: Principes logiques

Toutes ces perceptions ou idées que nous ne faisons que sentir, et en conséquence desquelles ensuite nous jugeons et désirons, sont fort différentes entre elles.

1817

Source: Principes logiques

[Les idées] sont d’abord individuelles et particulières. Nous les étendons ensuite à tous les faits qui se ressemblent [...] elles deviennent générales et abstraites.

1817

Source: Principes logiques

Plus [les idées] s’étendent à une grande multitude, moins elles renferment des élémens propres à chaque individu.

1817

Source: Principes logiques

Tout cela n’a pas toujours [...] été vu bien clairement, si les observateurs n’avaient pas été préoccupés de préventions antérieures.

1817

Source: Principes logiques

[...] si nous ne sommes pas possédés de la manie incurable de substituer les hypothèses et les conjectures à l’observation [...].

1817

Source: Principes logiques

Heureusement il est inutile aujourd’hui d’insister sur de pareils rêves, qui ont rempli les têtes pendant tant de temps.

1817

Source: Principes logiques

Dans la multitude innombrable d’idées, il nous est impossible d’en découvrir une qui n’ait pas son origine [...] dans nos sensations.

1817

Source: Principes logiques

Il nous est [...] impossible d’inventer une seule sensation ou un seul sens essentiellement différent de ceux dont nous sommes doués.

1817

Source: Principes logiques

Notre manière constante [...] c’est de nous ressouvenir en conséquence de sentir, et de vouloir en conséquence de juger.

1817

Source: Principes logiques

Quand nous nous voyons nettement nous-mêmes [...] nous pouvons voir nettement aussi ce que nos moyens de connaître sont capables de nous apprendre.

1817

Source: Principes logiques

Plus nous avons eu souvent une perception quelconque, plus nous en avons aisément le souvenir ; mais aussi moins ce souvenir nous frappe et nous émeut.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

[...] plus un souvenir se renouvelle, plus il réveille aisément tous les souvenirs collatéraux, quoiqu’ils deviennent moins frappans. C’est ainsi que s’établit cette liaison des idées [...].

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Il est manifeste que plus nous avons porté souvent le même jugement, plus nous le portons facilement, rapidement, [et] moins il nous frappe.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Par sa fréquence et sa durée, [un désir] met en jeu d’autres organes sensitifs, ce qui augmente le besoin primitif ; ou il rend plus fréquent le jugement que son accomplissement est nécessaire, ce qui rend la souffrance plus énergique.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

La perfection de la science serait de voir tous les faits possibles naître d’une seule cause.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

C’est une loi générale [...] que plus nos mouvemens sont répétés, plus ils deviennent faciles et rapides ; et plus ils sont faciles et rapides, moins ils sont perceptibles.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

La raison éclaire et ne conduit pas : ajoutez, quand les décisions contraires aux siennes sont devenues habituelles.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

[...] il y a simultanéité et conflit de jugemens, les uns aperçus, les autres inaperçus, et ce sont toujours les plus habituels qui l’emportent, souvent à tort.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

[...] qu’une chose soit incompréhensible, ce n’est point une raison de lui refuser notre assentiment quand son existence est prouvée. Nous ne sommes fondés à nier que ce qui est démontré impossible [...].

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Méfiez-vous des poètes, et des philosophes qui [...] raisonnent d’après leur imagination, et non d’après les faits ; ce sont d’aimables enchanteurs, mais de très-dangereux séducteurs.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

L’âge d’or, tant vanté, est le temps de la souffrance et du dénuement ; et l’état de nature est celui de la stupidité et de l’incapacité absolue.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Nous sommes entièrement les ouvrages de l’art, c’est-à-dire de notre propre travail ; et nous ressemblons aussi peu aujourd’hui à l’homme de la nature [...] qu’un chêne ressemble à un gland.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

La pratique d’un art peut être portée à un très-haut degré de perfection, quoique sa théorie soit encore complètement ignorée.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

[...] les langues sont aussi nécessaires pour penser que pour parler, pour avoir des idées que pour les exprimer.

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Les langues sont de vrais instrumens d’analyse, et l’algèbre n’est qu’une langue qui dirige l’esprit avec plus de sûreté que les autres [...].

1801

Source: Éléments d'idéologie/Première partie

Si notre volonté n’avait jamais agi [...] sur aucun corps, nous ne nous serions jamais douté de l’existence des corps.

1817

Source: Principes logiques

[Certaines] idées sont si générales, qu’elles embrouillent toutes les branches de nos connaissances, tant qu’elles restent dans le vague.

1817

Source: Principes logiques

Un être sentant qui ne connaîtrait que sa propre existence [...] pourrait avoir l’idée de durée ; il suffirait pour cela qu’il fût doué de mémoire.

1817

Source: Principes logiques

Nos perceptions étant fugitives et transitoires, leur succession dans notre esprit ne fournit aucun moyen de partager leur durée [...] en portions distinctes, séparées d’une manière fixe et précise.

1817

Source: Principes logiques

Je découvre en même temps que ce corps est étendue, et que mon mouvement consiste à le parcourir ; ces deux idées sont [...] absolument corrélatives, et ne peuvent subsister l’une sans l’autre.

1817

Source: Principes logiques

Tout mouvement opéré est toujours exactement représenté par la quantité d’étendue parcourue ; car c’est le même fait considéré de deux manières.

1817

Source: Principes logiques

L’étendue des corps [...] a un avantage inappréciable, c’est d’être extrêmement divisible et invariable. [...] C’est-là ce qui la rend éminemment mesurable.

1817

Source: Principes logiques

Plus la précision des mesures est difficile et fugitive, plus il est aisé de se tromper sur les valeurs et les nuances des perceptions qu’il s’agit d’apprécier.

1817

Source: Principes logiques

Nous ne sentons pas immédiatement les formes et les figures des corps [...], mais nous les découvrons par des expériences successives, ou nous en jugeons par des analogies.

1817

Source: Principes logiques

Ce n’est qu’au moyen des signes [...] que nous élaborons nos idées premières ; sans eux, la plupart [...] ne seraient jamais formées, ou seraient aussitôt évanouies.

1817

Source: Principes logiques