Antoine Louis Claude Destutt, comte de Tracy (20 juillet 1754 – 9 mars 1836) était un philosophe des Lumières français qui a inventé le terme « idéologie ».
Puisque tout discours est la manifestation de nos idées, c’est la connaissance parfaite de ces idées qui peut seule nous faire découvrir la véritable organisation du discours, et nous dévoiler complètement le mécanisme secret de sa composition.
1803
Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie
Sentir et juger, voilà toute notre intelligence : [...] voilà tout notre être, tout ce que nous sommes. C’est notre existence toute entière.
1803
Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie
C’est à [la faculté de juger] sur-tout, que se rapporte l’artifice du discours ; et c’est à manifester ses résultats qu’il est principalement, sinon uniquement destiné.
1803
Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie
Juger, c’est donc sentir qu’une idée en renferme une autre.
1803
Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie
Juger n’est [...] pas la faculté de sentir des rapports en général : mais [...] c’est uniquement la faculté spéciale de sentir entre une idée et une autre, le rapport du contenant au contenu.
1803
Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie
[...] quand j’ai une perception, une idée, je sens : et toutes les fois que je démêle une circonstance dans cette perception, je juge. C’est-là un point capital qu’il ne faut jamais perdre de vue.
1803
Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie
Il faut, pour exprimer un jugement, énoncer les deux idées dont l’une contient l’autre, plus l’acte de l’esprit qui aperçoit ce rapport. [...] C’est ce qui constitue une proposition.
1803
Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie
[...] toutes nos connaissances ne consistent que dans nos jugemens.
1803
Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie
Sans la faculté de juger, nous n’aurions pas même d’idées à communiquer, excepté nos simples sensations ; à plus forte raison nous n’en aurions ni le projet ni les moyens.
1803
Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie
Ce n’est point par le détail, mais par les masses que commencent toutes nos expressions, ainsi que toutes nos connaissances.
1803
Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie
L’essence du discours est donc d’être composé de propositions, d’énoncés de jugemens. Ce sont là ses vrais élémens immédiats.
1803
Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie
[...] ce que l’on appelle improprement les élémens, les parties du discours, ce sont réellement les élémens, les parties de la proposition.
1803
Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie
[Le langage des animaux] est tout composé de propositions, d'énoncés de jugemens, et il ne renferme jamais de simples noms d'idées.
1803
Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie
C'est [...] cette capacité d'isoler une idée partielle, [...] de séparer un sujet de son attribut, d'abstraire en un mot et d'analyser [...], qui manque aux animaux, [...] et qui constitue toute la différence entr'eux et nous.
1803
Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie
C'est donc à la décomposition de la proposition dans ses éléments que se marque la séparation entre la brute et l'espèce intelligente par excellence.
1803
Source: Éléments d'idéologie/Deuxième partie
Jusqu’à présent la Logique n’a été que l’art de tirer des conséquences légitimes d’une proposition supposée vraie et avouée comme telle.
1817
Source: Principes logiques
Si [les propositions d'un syllogisme] étaient parfaitement égales, l’une ne dirait rien de plus que l’autre, et on ne serait pas plus avancé à la troisième qu’à la première.
1817
Source: Principes logiques
On s’est contenté de [...] écarter [les sceptiques] et de les accabler d’un mépris affecté, qui cache et décèle en même temps l’impuissance de les vaincre ; car il est plus aisé de dédaigner que de répondre.
1817
Source: Principes logiques
L’homme a nécessairement senti avant de juger. [...] il a fait des propositions particulières avant d’en faire de générales.
1817
Source: Principes logiques
Nous n’existons que parce que nous sentons ; nous n’existerions pas si nous ne sentions pas. Notre existence consiste à la sentir [...].
1817
Source: Principes logiques
Notre sensibilité, comme tout autre objet, ne se manifeste à nous que par ses effets. Pour remonter à ses causes, il faut auparavant la connaître, et pour la connaître, il faut étudier ses effets.
1817
Source: Principes logiques
Cette action de juger consiste à voir que l’idée que j’ai d’une chose appartient à l’idée que j’ai d’une autre.
1817
Source: Principes logiques
Tout par nos sensations et rien sans elles, voilà notre histoire ; et notre manière constante de les élaborer, c’est de nous ressouvenir en conséquence de sentir, et de vouloir en conséquence de juger.
1817
Source: Principes logiques
Pour nous, exister c’est avoir des perceptions ; et exister relativement à nous, c’est nous causer des perceptions.
1817
Source: Principes logiques
Notre idée d’un être n’est jamais que la réunion des perceptions qu’il nous cause, des qualités que nous lui connaissons.
1817
Source: Principes logiques
[Nos idées générales] n’ont pas d’autre soutien dans notre esprit que le mot qui les représente.
1817
Source: Principes logiques
Ce sont [...] les faits particuliers bien examinés, et les jugemens justes que nous en portons qui sont le principe de toute vérité [...].
1817
Source: Principes logiques
Un jugement n’est donc jamais faux en lui-même, il ne peut l’être que relativement à d’autres.
1817
Source: Principes logiques
Il est presque impossible que chacun de nous y attache précisément et complètement le même sens [au même mot].
1817
Source: Principes logiques
La cause de toutes nos erreurs [...] est la perpétuelle et imperceptible variabilité de nos idées.
1817
Source: Principes logiques
La Logique ne peut consister que dans l’étude de notre intelligence, puisque ce sont les procédés de notre intelligence qu’il s’agit d’examiner et de juger.
1817
Source: Principes logiques
Le premier soin [de la Logique] doit être de chercher quelle est la première chose dont nous sommes sûrs, afin de passer de celle-là à toutes celles qui en dérivent nécessairement.
1817
Source: Principes logiques
Nous n’existons que parce que nous sentons ; nous n’existerions pas si nous ne sentions pas.
1817
Source: Principes logiques
Notre existence consiste à la sentir dans les différentes modifications qu’elle reçoit.
1817
Source: Principes logiques
La première chose que nous savons, c’est notre propre existence, et nous la savons indubitablement.
1817
Source: Principes logiques
Douter, ou seulement croire douter, c’est sentir, c’est penser quelque chose ; et penser ou sentir c’est exister.
1817
Source: Principes logiques
[Descartes], le premier entre tous les hommes, a trouvé le véritable commencement de toute Logique.
1817
Source: Principes logiques
Mais Descartes, tout de suite après un si beau commencement, s’est égaré, parce qu’il a sauté des intermédiaires.
1817
Source: Principes logiques
Je suis sûr de sentir, et mon existence consiste à sentir.
1817
Source: Principes logiques
Je suis plus immédiatement assuré de mon existence que de celle de toute autre chose quelconque.
1817
Source: Principes logiques
Il s’agit uniquement ici d’observer notre sensibilité, ses actes, c’est-à-dire ses différents modes, qui constituent nos différentes manières d’exister.
1817
Source: Principes logiques
Il n’est nullement question de découvrir quel est l’être qui est doué de cette sensibilité, ni quelle est sa nature, son commencement, sa fin ou sa destination ultérieure.
1817
Source: Principes logiques
Notre sensibilité, comme tout autre objet, ne se manifeste à nous que par ses effets.
1817
Source: Principes logiques
Pour remonter à ses causes, il faut auparavant la connaître, et pour la connaître, il faut étudier ses effets.
1817
Source: Principes logiques
Ayant fait de la pensée et de l’étendue deux substances, [Descartes] a été obligé de dire que la pensée, dès qu’elle est créée, pense toujours [...].
1817
Source: Principes logiques
Il est bien constant que nous ne connaissons jamais que nos perceptions, et que nous ne voyons jamais rien dans ce monde que nos propres idées [...].
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
C’est là la base de toute certitude : et il semble d’abord que [...] nous devrions être inaccessibles à toute erreur.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Toutes nos connaissances ne consistent que dans les combinaisons que nous fesons de nos premières perceptions [...] et il est facile de s’appercevoir qu’il n’en faut pas davantage pour que la vérité nous échappe très-souvent.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Les classes ne sont que dans nos têtes et non pas dans la nature.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
[Les nomenclatures] sont bonnes dès qu’elles sont capables d’aider notre esprit dans ses recherches, et qu’elles ne lui font pas prendre de fausses notions.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Il n’y a place ni au doute ni à l’erreur dans les idées simples ; et c’est une chose bien importante à remarquer.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
La seule chose qui soit incertaine, est de savoir si [nos] idées sont bien conformes aux êtres dont nous les croyons les images [...].
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Tout ce que nous sentons est toujours réel et certain.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Assurément le souvenir d’une douleur est bien différent de la douleur elle-même.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
À proprement parler, nous ne pouvons pas avoir de souvenir réel d’une simple et pure sensation : aussi ne pouvons-nous pas la faire connaître véritablement à un autre qui ne l’a pas éprouvée.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Nous ne devons pas être étonnés de la différence qui existe dans nos raisonnemens, quand nous sommes actuellement animés par une passion [...] et quand nous y réfléchissons tranquillement. Dans les deux cas nous n’opérons réellement pas sur les mêmes perceptions.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Il n’y a entre [l'esprit et le coeur] d’autre différence que celle d’un degré plus ou moins grand d’énergie et de vivacité ; mais c’est toujours sentir.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Nos pures sensations ou idées simples, sont absolument et complètement réelles, certaines, et inaccessibles à toute erreur, parcequ’elles consistent uniquement dans ce sentiment infaillible que nous en avons.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Nos idées ne sont sujettes à erreur que par les jugemens qui s’y mêlent ; et que pourtant nos jugemens sont en eux-mêmes aussi inaccessibles à l’erreur, que toutes nos autres perceptions.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Nos jugemens ne sont jamais faux que par l’imperfection de nos souvenirs.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Il n’existe dans la nature que des individus.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Un rapport n’est qu’une vue de l’esprit et non pas une chose existante par elle-même.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Il me paraît prouvé en rigueur qu’il a fallu avoir porté beaucoup de jugemens avant d’avoir créé un seul signe articulé.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Alternativement l’idée fait naître le signe, et le signe fait naître l’idée.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Les connaissances et les langages marchent toujours de front ; [...] le niveau se rétablit à chaque instant entre l’idée et le signe.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
La grammaire, l’idéologie, et la logique, ne sont qu’une seule et même chose.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Penser c’est toujours sentir quelque chose, c’est sentir. Penser ou sentir, c’est pour nous la même chose qu’exister.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Il n’est pas douteux que nous devons tout ce que nous sommes à la possibilité de communiquer avec nos semblables.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Une idée toute faite est une chose absolument intransmissible ; que pour en avoir réellement la conscience, [...] il faut nécessairement [...] l’avoir éprouvée.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Chacun n’a que les idées qu’il s’est faites, et que personne ne peut penser pour un autre.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Par le bienfait de la communication des idées, chacun se trouve agir, réfléchir et choisir pour tous ; tout ce qui est découvert devient un bien commun, source de nouveaux progrès.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
[Les signes], si nous leur devons presque tous les progrès de notre intelligence, je les crois aussi la cause de presque tous ses écarts.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Sans nous en apercevoir nous avons chacun un langage différent, que tous nous en changeons à chaque instant, et que c’est avec ces langages si mobiles que nous pensons.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Nous sommes presque entièrement les ouvrages des circonstances qui nous environnent.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
L’idéologie est une partie de la zoologie.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Dans ce que l’on croyait [...] une idée simple, une perception unique, il y a beaucoup de parties distinctes ; et [...] beaucoup d’opérations intellectuelles différentes ont été nécessaires pour assembler ces parties.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Un objet quelconque, ce n’est pas une affection seule et unique qu’il produit en nous ; c’est une multitude d’impressions différentes [...].
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
C’est du rapprochement de toutes ces impressions et des combinaisons que nous en fesons [...] que se forme pour nous la perception ou l’idée individuelle d'un objet.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Suivant que [notre] idée ou perception sera plus ou moins détaillée, [...] plus ou moins conforme à la réalité des choses, les jugemens postérieurs que nous porterons [...] seront très-différens.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Examiner avec soin le sujet qu’on veut connaître avant d’en porter un jugement ; et savoir avec précision ce qu’on en veut dire, avant d’en parler.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Le principe primitif de toutes nos connaissances, est la conscience de notre propre existence produite par le sentiment de nos perceptions les plus simples [...].
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Il avait dit : je pense, donc j’existe : il aurait dû dire plus exactement : je sens, donc j’existe.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Si l’on entreprenait d’expliquer toutes nos connaissances, et de les prouver toutes, on les rendrait toutes problématiques.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Les premières vérités [...] sont des propositions si claires, qu’elles ne peuvent être prouvées ni combattues par des propositions qui le soient davantage.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Le nom [...] est toujours le sujet de la proposition ; que le verbe en est l’attribut ; et que les autres élémens [...] ne sont que des modificatifs de ceux-là, ce qui jette un grand jour sur l’acte de juger.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Je suis fort fâché de ne connaître que depuis très-peu de temps ces opinions [...] ; si je les avais vues plutôt [...], elles m’auraient épargné beaucoup de peines et d’hésitations.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Sentir est notre existence toute entière, et juger n’est encore que démêler une circonstance dans une perception antérieure, c’est-à-dire, sentir distinctement une partie de ce qu’on avait senti d’abord confusément.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
La vérité est à découvert, il ne reste qu’à la saisir.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Les raisons convainquent, le sentiment entraîne, les prestiges étourdissent, le tems seul et la fréquente répétition des mêmes actes produisent l’état de calme et d’aisance nommé habitude.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Si un novateur quelconque a jamais eu des succès prompts, c’est qu’il n’a fait que déclarer [...] des opinions qui couvaient déjà dans toutes les têtes.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Un raisonnement est un jugement dont les motifs sont développés ; c’est, si l’on peut s’exprimer ainsi, un jugement en plusieurs pièces.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
[...] nos perceptions sont tout pour nous, et [...] elles seules sont pour nous les vraies choses réelles.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Nous ne pouvons jamais nous tromper sur la perception que nous avons actuellement ; et comme nos perceptions sont tout pour nous, il semblerait [...] que nous sommes complètement inaccessibles à l’erreur.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
La cause de toutes nos erreurs est l’infidélité de nos souvenirs, comme la base de toute la certitude dont nous sommes capables, est la vérité invincible de notre sentiment actuel.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Un jugement n’est jamais faux en lui-même et pris isolément ; [...] il ne l’est que relativement à des jugemens précédens.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Il n’y a rien de contingent : il ne peut y avoir rien de contingent dans ce monde. Tout ce qui est, est nécessairement en vertu d’une cause quelconque qui le produit.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Nous appelons contingens les effets dont nous voyons la cause, sans voir l’enchaînement des causes de cette cause.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
La contingence commence pour nous [...] au moment où la possibilité de déduire nous manque, et nous fait éprouver le besoin de sentir de nouvelles perceptions.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Il ne s’agit donc toujours que de recevoir des impressions et de voir ce qu’elles renferment.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Si calculer est raisonner, raisonner n’est pas calculer. [...] Le raisonnement est le genre ; le calcul n’est que l’espèce.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Une proposition générale ne peut jamais être la cause réelle de la vérité d’une proposition particulière.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Cette pierre n’est pas pesante parceque tous les corps le sont, mais parcequ’elle manifeste les phénomènes de la pesanteur.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Additionner ou soustraire ce n’est pas réunir ou séparer en général deux êtres [...]. C’est les réunir ou les séparer uniquement et spécialement sous le rapport de la quantité.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
On appelle habitude la disposition, la manière d’être permanente qui naît de cette fréquente répétition : c’est là le vrai sens du mot habitude.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
L’inexactitude des expressions naît toujours de la confusion des idées ; voilà pourquoi les langues se perfectionnent à mesure que les connaissances se débrouillent.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Plus nous répétons souvent le même mouvement, quel qu’il soit, plus nous l’exécutons avec facilité et rapidité.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Plus un mouvement est facile et rapide, moins il est senti, ensorte que souvent il finit par [...] être tout-à-fait inaperçu.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Tant que [nos jugements] sont pénibles et lents, nous en avons une conscience détaillée, et dès qu’ils ont été répétés assez souvent [...], ils ont lieu presque sans que nous nous en apercevions.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Une sensation souvent éprouvée devient moins vive pour nous [...] plus elle se renouvelle souvent, moins elle attire notre attention.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Plus nous avons eu souvent une perception quelconque, plus nous en avons aisément le souvenir ; mais aussi moins ce souvenir nous frappe et nous émeut.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Plus un souvenir se renouvelle, plus il réveille aisément tous les souvenirs collatéraux [...]. C’est ainsi que s’établit cette liaison des idées.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
La perfection de la science serait de voir tous les faits possibles naître d’une seule cause.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
C’est une loi générale de tous nos mouvemens, que plus ils sont répétés, plus ils deviennent faciles et rapides ; et que plus ils sont faciles et rapides, moins ils sont perceptibles.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
La raison éclaire et ne conduit pas : [ajoutez], quand les décisions contraires aux siennes sont devenues habituelles.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
[Il est important de] rendre habituels les jugemens justes. C’est là l’éducation morale tout entière, tant celle des hommes que celle des enfans.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Il y a [en nous] conflit de jugemens, les uns aperçus, les autres inaperçus, et ce sont toujours les plus habituels qui l’emportent, souvent à tort.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Ce n’est point le merveilleux qui doit nous révolter, c’est l’absurde. [...] il n’y a de démontré impossible que ce qui implique contradiction.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Il se passe en nous continuellement un nombre prodigieux de mouvemens, et [...] une quantité incroyable d’opérations intellectuelles, dont nous n’avons pas même la conscience.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
L’important n’est pas que les peines soient très-rigoureuses, mais qu’elles soient inévitables.
1797-1798
Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?
Le plus utile principe de morale [...] est que tout crime est une cause certaine de souffrance pour celui qui le commet.
1797-1798
Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?
Si [...] par cette crainte on va jusqu’à soutenir qu’il faut que les formes soient tellement favorables à l’accusé, que beaucoup de coupables puissent se sauver [...], je dis que par humanité on pose de tous les principes le plus cruel.
1797-1798
Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?
On ne peut assez penser combien sont dangereux les hommes dépaysés.
1797-1798
Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?
L’idée de tien et mien dérive inévitablement de celle de toi et moi ; nous ne pouvons la détruire. Faisons que toi et moi ne soient ni oppresseurs, ni opprimés.
1797-1798
Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?
Toute loi inutile [...] ne remédie à aucun mal, et en crée un nouveau, en fournissant une nouvelle occasion de manquer [...] au respect dû à l’autorité publique.
1797-1798
Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?
Toutes les lois qui prohibent des choses innocentes en elles-mêmes, engendrent un nouveau délit.
1797-1798
Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?
La seule manière de faire vouloir une chose est de la faire juger préférable.
1797-1798
Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?
De toutes les sciences la morale est toujours la dernière qui se perfectionne, toujours la moins avancée, toujours celle sur laquelle les opinions doivent être le plus partagées.
1797-1798
Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?
De toutes les vérités que nous connaissons, celles que nous savons toujours le moins bien, sont celles qui nous ont été enseignées directement [...].
1797-1798
Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?
Les législateurs et les gouvernans, voilà les vrais précepteurs de la masse du genre humain, les seuls dont les leçons aient de l’efficacité.
1797-1798
Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?
Une balance exacte entre les recettes et les dépenses de l’État. Tant qu’elle n’existe pas, nul ordre n’est possible dans la société.
1797-1798
Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?
Le temps présent est toujours [...] le disciple du temps antérieur, et [...] nous sommes mus aujourd’hui par les habitudes [...] acquises sous l’ancien ordre social.
1797-1798
Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?
Disposez les circonstances favorables, et ce que vous désirez arrive sans que vous ayez l’air de vous en mêler.
1797-1798
Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?
[...] les progrès des sciences morales ne précèdent jamais et même ne suivent que de loin celui des sciences physiques et mathématiques [...].
1797-1798
Source: Quels sont les moyens d'établir la morale chez un peuple ?
Toute notre existence consiste à sentir, et nous n’existons que par nos sensations tant internes qu’externes.
1817
Source: Principes logiques
Tout ce que nous sentons et percevons est bien certain et bien réel pour nous ; nous ne sommes pas même susceptibles d’autre certitude et d’autre réalité.
1817
Source: Principes logiques
Un jugement n’est donc jamais faux en lui-même, il ne peut l’être que relativement à d’autres.
1817
Source: Principes logiques
Il n’existe pour nous que deux sortes d’évidence, celle de sentiment et celle de déduction.
1817
Source: Principes logiques
Les règles que l’on prescrit à nos raisonnements ne nous guident que quand nous n’en avons que faire, et nous abandonnent dans le besoin.
1817
Source: Principes logiques
Ce sont [...] les faits particuliers bien examinés, et les jugements justes que nous en portons qui sont le principe de toute vérité.
1817
Source: Principes logiques
Les maximes générales ne sont la vraie cause d’aucune connaissance.
1817
Source: Principes logiques
Quant aux idées, [...] je ne connais d’autre précaution nécessaire à prendre que celle de les former avec soin, [et] d’examiner souvent si nous ne les altérons pas, et si elles sont bien toujours les mêmes sous le même signe.
1817
Source: Principes logiques
La perpétuelle et imperceptible variabilité de nos idées est la cause suffisante de toutes nos erreurs, et [...] il ne saurait y en avoir d’autre.
1817
Source: Principes logiques
Il est [...] impossible que le mot amour, par exemple, réveille exactement la même idée dans la tête d’un enfant ou d’un vieillard, d’une femme passionnée, ou timide...
1817
Source: Principes logiques
Dans toutes les sciences la certitude est également entière quand les raisonnements sont justes ; mais il est plus difficile de les faire justes dans les unes que dans les autres.
1817
Source: Principes logiques
Je ne pense pas que l’étude des Mathématiques soit plus propre qu’une autre à rendre l’esprit juste.
1817
Source: Principes logiques
L’étude des sciences physiques et naturelles [...] me paraît être de toutes la plus propre à former un bon esprit.
1817
Source: Principes logiques
L’étude de nous-mêmes est de toutes la plus importante pour nous.
1817
Source: Principes logiques
Nous devons toujours partir des impressions que nous recevons, c’est-à-dire des faits ; les examiner avec attention pour n’y rien voir que ce qui y est [...].
1817
Source: Principes logiques
Le mécanisme de toute intelligence est bien simple [...]. Un seul fait primitif est inexplicable, tous les autres en sont des conséquences nécessaires.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Si l'on ne voit dans sa perception que ce qui y était renfermé, on a raison. Si l'on y voit ce qui n’y était pas [...], on a changé de perception sans s’en apercevoir ; et c’est là la cause de toutes nos erreurs.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Le premier jugement, source de toute vérité : je suis sûr de ce que je sens.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
À chaque fois que l’on voit dans une idée un élément que l’on n’y avait pas encore vu, elle devient une idée nouvelle.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Les actions de l’être animé sont les signes nécessaires de ses idées. Ses semblables [...] jugent de ce qu’il sent, par ce qu’il fait.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
C’est avec des mots que nous raisonnons sur des idées [...]. Ce que nous appelons raisonner, c’est porter des jugemens qui suivent des premiers.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Pour bien raisonner, il ne s’agit que de connaître la valeur des mots [...] et de connaître les idées que ces mots représentent.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
La vérité existe pour nous, et nous sommes susceptibles d’y arriver avec certitude. [Il faut connaître] les moyens qui nous y conduisent, et les causes qui nous en écartent.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
On s’est trop hâté de tracer les règles de l’art, et nécessairement elles ont été vaines ou fausses, parce que les principes de la science [...] n’étaient pas suffisamment connus.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Toute définition est toujours et uniquement celle de l’idée que l’on a dans l’esprit, et produit l’effet de déterminer le sens du mot [...] qui exprime cette idée.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Il n’est pas vrai que les définitions soient des principes, et qu’on ne puisse pas disputer des définitions.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
La définition réellement parfaite d’une idée serait la description complète de tous ses éléments [...]. Non seulement cela serait interminable, mais c'est rigoureusement impossible.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
En discutant une question, la première chose à faire est de se bien rendre compte des idées comparées [...]. Non seulement c’est là la première chose à faire, mais encore que c’est la seule.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Pour bien raisonner, il ne faut au fond que considérer attentivement ce dont on parle et le représenter correctement.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Les métaphysiciens [...] n’ont fait qu’égarer les esprits ; s’ils ont employé la violence pour soutenir leurs décisions, ils ont été les oppresseurs et les ennemis du genre humain.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
La cause première de toute erreur est, en définitif, l’imperfection de nos souvenirs.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Toutes nos connaissances ne sont que des jugemens portés.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Aucun de nos jugemens pris en lui-même et isolément, n’est ni ne peut être faux.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Juger c’est encore sentir : c’est sentir le rapport de deux idées.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Quand deux hommes s’entendent parfaitement, ils sont toujours de même avis ; et que quand ils disputent, c’est que croyant s’entendre, ils ne se comprennent réellement pas complètement.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Il n’est pas possible de mal juger, de même qu’il n’est pas possible de mal sentir.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Quand [nos jugements] pèchent, c’est toujours par leurs relations avec des jugemens antérieurs.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
L’ancienne logique prétendait nous mener à la vérité par la puissance des formes du raisonnement. [...] La nouvelle logique [...] ne s’occupe que de la matière du raisonnement, de nos idées.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Si [des] propositions sont fausses, ce n’est pas par elles-mêmes et prises isolément, mais par leur manque de liaison avec des jugemens antérieurs vrais.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
La fausseté de nos jugemens ne tient pas à leur nature, mais à celle de nos souvenirs.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Nos jugemens seraient nécessairement justes si nos souvenirs étaient exacts.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Nous ne voyons jamais dans ce monde que nos propres perceptions, et [...] toutes nos connaissances ne consistent que dans les rapports que nous découvrons entr’elles.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Nous n’avons point d’idées de substances. Nous [...] ne connaissons [les] êtres que par les impressions qu’ils nous font : ils ne consistent pour nous que dans ces impressions.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
[Les êtres sentants] ne sauraient différer quant à l’étendue des connaissances, que par le nombre et la perfection de leurs moyens de sentir.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Quand [deux personnes] disputent, c’est que croyant s’entendre, [elles] ne se comprennent réellement pas complètement.
1805
Source: Éléments d'idéologie/Troisième partie
Pour avancer avec sûreté dans une recherche quelconque, rien n’est plus utile que de jeter de temps en temps un coup-d’œil en arrière sur le chemin que l’on a parcouru.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
La faculté de penser [...] consiste à sentir des sensations, des souvenirs, des rapports et des desirs.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
[Certaines idées] n’embarrassent si peu les hommes que parce qu’ils ne se mettent pas en peine de savoir ce qu’ils font quand ils pensent et qu’ils raisonnent.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Étant certains de la formation de nos idées, tout ce que nous dirons par la suite [...] reposera sur une base constante et invariable, étant prise dans la nature même de notre être.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
[Des] variations [dans les théories] indiquent déjà qu’il y a de l’arbitraire dans ces divisions, et qu’elles ne sont pas manifestement commandées par les faits.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Le vrai est qu’il vaut mieux ne pas réunir forcément sous des titres fantastiques des choses aussi différentes entr’elles que la sensibilité, la mémoire, le jugement, et la volonté.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
L’attention est l’état de l’homme qui veut surmonter une difficulté ; c’est une manière d’être, produite par l’énergie de la volonté ; c’est un effet et non pas une cause.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Juger n’est-ce pas sentir un rapport entre deux objets ? et sentir un rapport entr’eux n’est-ce pas les comparer ? [...] Pourquoi donc séparer deux choses inséparables ?
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
La réflexion n’étant qu’un certain usage que nous faisons de nos facultés intellectuelles, elle n’est point elle-même une faculté particulière.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Je persiste à penser que la pensée de l’homme ne consiste jamais qu’à sentir des sensations, des souvenirs, des jugemens et des desirs.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Sentir est un phénomène de notre organisation [...] et penser n’est rien que sentir.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Toutes nos idées, toutes nos perceptions sont des choses que nous sentons, c’est-à-dire des sensations, auxquelles nous donnons différens noms, suivant leurs différens effets.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Telle est la conséquence de présenter la même idée sous un aspect ou sous un autre, que [...] j’ai cru fermement ne l’avoir pas appris de Condillac.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Il est bien extraordinaire que depuis le temps que les hommes pensent [...], ce soit une découverte nouvelle de savoir que penser est la même chose que sentir.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Il n’y a que des faits à recueillir, et ces faits se passent en nous ; chacun est pour lui-même le champ le plus riche en observations [...]. Enfin tout consiste à savoir ce que l’on sent.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Je suis sûr de sentir, et je suis certain que je ne peux rien éprouver ou connaître qu’en vertu de cette propriété que j’ai d’être susceptible d’être affecté.
1817
Source: Principes logiques
[La volonté] consiste à désirer d’éprouver ou d’éviter une manière d’être quelconque.
1817
Source: Principes logiques
Je ne puis pas concevoir en moi [...] un désir sans un jugement préalable, implicite ou explicite, qui prononce qu’une telle affection est bonne à rechercher ou à éviter.
1817
Source: Principes logiques
Quand on juge qu’une chose est désirable, on ne la désire pas encore pour cela.
1817
Source: Principes logiques
On est affecté en jugeant autrement qu’en désirant ; c’est un autre acte de notre sensibilité.
1817
Source: Principes logiques
[...] nos langues sont pauvres et mal faites pour tout ce qui a rapport aux opérations de notre esprit.
1817
Source: Principes logiques
Ces opérations, ayant toujours été mal démêlées, ne peuvent être que mal désignées.
1817
Source: Principes logiques
Cette action de juger consiste à voir que l’idée que j’ai d’une chose appartient à l’idée que j’ai d’une autre.
1817
Source: Principes logiques
La perception appelée jugement [...] est toujours la perception qu’une idée en renferme une autre.
1817
Source: Principes logiques
Pour que j’aperçoive qu’une idée en renferme une autre, il faut qu’auparavant j’aie perçu ces deux idées.
1817
Source: Principes logiques
[...] tout effet de notre sensibilité, tout acte de notre pensée, tout mode de notre existence consiste toujours à sentir quelque chose.
1817
Source: Principes logiques
Nous pouvons distinguer quatre modifications [...] dans cette action de sentir, celles de sentir simplement, de se ressouvenir, de juger et de vouloir.
1817
Source: Principes logiques
[Ces distinctions sont] autant de nouveaux faits dont je suis tout aussi certain que du premier fait général, je sens ; et j’en suis certain de la même manière ; c’est-à-dire parce que je les sens.
1817
Source: Principes logiques
Quand j’imagine, j’assemble différemment des idées que j’ai déjà eues ; [...] mais tout cela en vertu de ce que je les perçois et que j’en porte des jugemens.
1817
Source: Principes logiques
Nous ne faisons donc jamais que percevoir, juger et vouloir.
1817
Source: Principes logiques
Je poursuis l’examen de ma propre existence, parce que c’est la seule dont je sois sûr directement et immédiatement.
1817
Source: Principes logiques
[Ma propre existence] consiste dans ce que je sens.
1817
Source: Principes logiques
Toutes ces perceptions ou idées que nous ne faisons que sentir, et en conséquence desquelles ensuite nous jugeons et désirons, sont fort différentes entre elles.
1817
Source: Principes logiques
[Les idées] sont d’abord individuelles et particulières. Nous les étendons ensuite à tous les faits qui se ressemblent [...] elles deviennent générales et abstraites.
1817
Source: Principes logiques
Plus [les idées] s’étendent à une grande multitude, moins elles renferment des élémens propres à chaque individu.
1817
Source: Principes logiques
Tout cela n’a pas toujours [...] été vu bien clairement, si les observateurs n’avaient pas été préoccupés de préventions antérieures.
1817
Source: Principes logiques
[...] si nous ne sommes pas possédés de la manie incurable de substituer les hypothèses et les conjectures à l’observation [...].
1817
Source: Principes logiques
Heureusement il est inutile aujourd’hui d’insister sur de pareils rêves, qui ont rempli les têtes pendant tant de temps.
1817
Source: Principes logiques
Toutes nos idées se forment facilement en nous, par les seules opérations de sentir et de juger.
1817
Source: Principes logiques
[Nos idées] sont autant de composés [...] d’un petit nombre d’élémens primitifs, nos simples sensations.
1817
Source: Principes logiques
Dans la multitude innombrable d’idées, il nous est impossible d’en découvrir une qui n’ait pas son origine [...] dans nos sensations.
1817
Source: Principes logiques
Il nous est [...] impossible d’inventer une seule sensation ou un seul sens essentiellement différent de ceux dont nous sommes doués.
1817
Source: Principes logiques
Tout par nos sensations et rien sans elles, voilà notre histoire.
1817
Source: Principes logiques
Notre manière constante [...] c’est de nous ressouvenir en conséquence de sentir, et de vouloir en conséquence de juger.
1817
Source: Principes logiques
Quand nous nous voyons nettement nous-mêmes [...] nous pouvons voir nettement aussi ce que nos moyens de connaître sont capables de nous apprendre.
1817
Source: Principes logiques
Plus nous avons eu souvent une perception quelconque, plus nous en avons aisément le souvenir ; mais aussi moins ce souvenir nous frappe et nous émeut.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
[...] plus un souvenir se renouvelle, plus il réveille aisément tous les souvenirs collatéraux, quoiqu’ils deviennent moins frappans. C’est ainsi que s’établit cette liaison des idées [...].
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Il est manifeste que plus nous avons porté souvent le même jugement, plus nous le portons facilement, rapidement, [et] moins il nous frappe.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Par sa fréquence et sa durée, [un désir] met en jeu d’autres organes sensitifs, ce qui augmente le besoin primitif ; ou il rend plus fréquent le jugement que son accomplissement est nécessaire, ce qui rend la souffrance plus énergique.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
La perfection de la science serait de voir tous les faits possibles naître d’une seule cause.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
C’est une loi générale [...] que plus nos mouvemens sont répétés, plus ils deviennent faciles et rapides ; et plus ils sont faciles et rapides, moins ils sont perceptibles.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
La raison éclaire et ne conduit pas : ajoutez, quand les décisions contraires aux siennes sont devenues habituelles.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
[...] il y a simultanéité et conflit de jugemens, les uns aperçus, les autres inaperçus, et ce sont toujours les plus habituels qui l’emportent, souvent à tort.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
[...] qu’une chose soit incompréhensible, ce n’est point une raison de lui refuser notre assentiment quand son existence est prouvée. Nous ne sommes fondés à nier que ce qui est démontré impossible [...].
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Méfiez-vous des poètes, et des philosophes qui [...] raisonnent d’après leur imagination, et non d’après les faits ; ce sont d’aimables enchanteurs, mais de très-dangereux séducteurs.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
L’âge d’or, tant vanté, est le temps de la souffrance et du dénuement ; et l’état de nature est celui de la stupidité et de l’incapacité absolue.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Nous sommes entièrement les ouvrages de l’art, c’est-à-dire de notre propre travail ; et nous ressemblons aussi peu aujourd’hui à l’homme de la nature [...] qu’un chêne ressemble à un gland.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
La pratique d’un art peut être portée à un très-haut degré de perfection, quoique sa théorie soit encore complètement ignorée.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
[...] les langues sont aussi nécessaires pour penser que pour parler, pour avoir des idées que pour les exprimer.
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Les langues sont de vrais instrumens d’analyse, et l’algèbre n’est qu’une langue qui dirige l’esprit avec plus de sûreté que les autres [...].
1801
Source: Éléments d'idéologie/Première partie
Si notre volonté n’avait jamais agi [...] sur aucun corps, nous ne nous serions jamais douté de l’existence des corps.
1817
Source: Principes logiques
Ce qui résiste est un être réel. Car résister, c’est être résistant, c’est être, c’est exister.
1817
Source: Principes logiques
[Certaines] idées sont si générales, qu’elles embrouillent toutes les branches de nos connaissances, tant qu’elles restent dans le vague.
1817
Source: Principes logiques
Un être sentant qui ne connaîtrait que sa propre existence [...] pourrait avoir l’idée de durée ; il suffirait pour cela qu’il fût doué de mémoire.
1817
Source: Principes logiques
[Un être] qui n'a que l'idée de durée n’aurait pas l’idée de temps, qui est celle d’une durée mesurée.
1817
Source: Principes logiques
Nos perceptions étant fugitives et transitoires, leur succession dans notre esprit ne fournit aucun moyen de partager leur durée [...] en portions distinctes, séparées d’une manière fixe et précise.
1817
Source: Principes logiques
Nous mesurons toujours la durée par le mouvement. Un temps est toujours manifesté par un mouvement opéré.
1817
Source: Principes logiques
Je découvre en même temps que ce corps est étendue, et que mon mouvement consiste à le parcourir ; ces deux idées sont [...] absolument corrélatives, et ne peuvent subsister l’une sans l’autre.
1817
Source: Principes logiques
Tout mouvement opéré est toujours exactement représenté par la quantité d’étendue parcourue ; car c’est le même fait considéré de deux manières.
1817
Source: Principes logiques
L’étendue des corps [...] a un avantage inappréciable, c’est d’être extrêmement divisible et invariable. [...] C’est-là ce qui la rend éminemment mesurable.
1817
Source: Principes logiques
La durée et le mouvement sont mesurés avec la dernière précision, grâce à l’étendue.
1817
Source: Principes logiques
Cette [...] considération nous montre la cause des différens degrés de certitude des diverses sciences.
1817
Source: Principes logiques
Plus la précision des mesures est difficile et fugitive, plus il est aisé de se tromper sur les valeurs et les nuances des perceptions qu’il s’agit d’apprécier.
1817
Source: Principes logiques
Nous ne sentons pas immédiatement les formes et les figures des corps [...], mais nous les découvrons par des expériences successives, ou nous en jugeons par des analogies.
1817
Source: Principes logiques
Ce n’est qu’au moyen des signes [...] que nous élaborons nos idées premières ; sans eux, la plupart [...] ne seraient jamais formées, ou seraient aussitôt évanouies.
1817
Source: Principes logiques