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Arthur Schopenhauer

Arthur Schopenhauer

Arthur Schopenhauer (22 février 1788 – 21 septembre 1860) était un philosophe allemand. Il est surtout connu pour son ouvrage de 1818, Le Monde comme volonté et comme représentation, qui caractérise le monde phénoménal comme le produit d'une volonté métaphysique aveugle et insatiable.

La négation de la volonté de vivre n’implique nullement la destruction d’une substance, mais purement l’acte de la non-volonté : ce qui jusqu’ici a voulu, ne veut plus.

1851

Source: Sur la religion

Entre l’éthique des Grecs et celle des Indous, il y a une grande différence. Celle-là [...] a pour but de faciliter une vie heureuse. Celle-ci, au contraire, de provoquer la délivrance et l’affranchissement de la vie en général.

1851

Source: Sur la religion

Que notre existence même implique une faute, c’est ce que prouve la mort.

1851

Source: Sur la religion

Un noble caractère ne se plaindra pas facilement de son destin [...]. Un vil égoïste, au contraire, qui limite toute réalité à lui-même [...] ne se préoccupera que de son propre sort : ce qui a pour résultat une grande sensibilité et des plaintes fréquentes.

1851

Source: Sur la religion

L’affirmation de la volonté présuppose la limitation de la conscience personnelle à l’individu, et compte sur la possibilité d’une existence favorable départie par la main du hasard.

1851

Source: Sur la religion

Le désir sexuel [...] est la quintessence de toute la duperie de ce noble monde. Il promet en effet si indiciblement, si infiniment [...] tant de choses, et il tient si misérablement sa promesse !

1851

Source: Sur la religion

Du père, l’enfant reçoit la volonté, le caractère ; de la mère, l’intellect. Celui-ci est le principe qui affranchit ; la volonté, le principe qui lie.

1851

Source: Sur la religion

Le coït se dissimule en rampant, comme un criminel.

1851

Source: Sur la religion

Jeter un être dans le monde uniquement pour qu’il y soit, sans passion subjective, [...] de propos délibéré et de sang-froid, ce serait là une action morale très discutable.

1851

Source: Sur la religion

Un vrai moine est un être excessivement honorable. Malheureusement, dans la plupart des cas, le froc est un simple déguisement derrière lequel il n’y a pas plus de moine véritable que dans le déguisement d’une mascarade.

1851

Source: Sur la religion

La moitié à peu près de l’humanité se compose de trappistes involontaires. Pauvreté, obéissance, manque de tous les plaisirs [...], tel est leur lot.

1851

Source: Sur la religion

Nous devrions envier les autres moins pour leur bonheur que pour leur malheur.

1851

Source: Sur la religion

La valeur de la vie consiste précisément à lui apprendre à ne pas vouloir d’elle.

1851

Source: Sur la religion

Chaque vie humaine [...] n’est autre chose, en règle générale, qu’une série d’espérances avortées, de projets déçus et d’erreurs reconnues trop tard.

1851

Source: Sur la religion

Une vie heureuse est impossible ; le plus haut point que l’homme puisse atteindre, c’est une carrière héroïque.

1851

Source: Sur la religion

Il n’y a qu’une chose qui ne disparaisse pas [...], c’est le concept. C’est en lui [...] que doit se trouver déposé tout le savoir de l’expérience, et c’est lui seul qui est capable de nous diriger dans la vie.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Le concept est aussi différent du mot auquel il est attaché, que de l’intuition d’où il est sorti. Il est d’une tout autre nature que ces impressions des sens.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Dans la réflexion proprement dite, on ne fait que jeter par-dessus bord tout le bagage inutile c’est ce qu’on appelle abstraire.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Si l’on veut apprendre quelque chose de nouveau, c’est à l’intuition qu’il faut recourir, comme à la source vraiment riche et féconde de nos connaissances.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Les systèmes philosophiques qui s’en tiennent aux concepts généraux, sans revenir au réel, ne sont presque que des jeux de mots.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Si en effet l’abstraction consiste simplement à éliminer, plus on la poursuit, moins on garde de réalité.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Seules les intuitions sont claires et non pas les concepts. Ceux-ci peuvent tout au plus être intelligibles.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Parole et langage, voilà donc les instruments indispensables de toute pensée claire. Mais comme tout moyen, [...] ces instruments sont en même temps une gêne et une entrave.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

[Le langage] contraint à entrer dans certaines formes fixes, les nuances infinies de la pensée toujours instable [...] : et en les fixant, il leur ôte la vie.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Comme toute chose en ce monde, un avantage ne va pas sans entraîner avec lui mille inconvénients. C’est ce qui arrive pour la raison, ce privilège exclusif de l’homme.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Par la pensée, l’intelligence humaine est ouverte à l’erreur. Seulement chaque erreur entraîne tôt ou tard toute une série de maux [...].

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Toute erreur, où qu’on la trouve, doit être poursuivie et extirpée comme nuisible à l’humanité, et qu’il ne peut y avoir d’erreurs privilégiées [...].

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

L’animal ne peut jamais s’écarter [...] du chemin de la nature ; dans nos concepts abstraits, au contraire, [...] peut entrer [...] le faux, l’impossible, l’absurde et l’insensé.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Comme la raison appartient à tous et le bon jugement à quelques-uns, il en résulte que l’homme est livré à toutes les illusions.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La culture proprement dite [...] ne peut être donnée qu’à quelques-uns, et ne peut être reçue que d’un plus petit nombre encore.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Contre le panthéisme je n’ai que cette objection, c’est qu’il ne dit rien. Appeler le monde « Dieu », ce n’est pas l’expliquer, mais simplement enrichir la langue d’un synonyme superflu du mot « monde ».

1851

Source: Sur la religion

Dites : « Le monde est Dieu », ou « le monde est le monde », cela revient au même.

1851

Source: Sur la religion

Si l’on part de ce qui est réellement donné, c’est-à-dire du monde, et si l’on dit : « Le monde est Dieu », il est évident que [...] l’inconnu est expliqué par quelque chose de plus inconnu.

1851

Source: Sur la religion

Le panthéisme présuppose au préalable le théisme. Ce n’est [...] qu’autant qu’on part d’un Dieu [...] qu’on peut finir par en arriver à l’identifier avec le monde, en vue de l’écarter d’une façon décente.

1851

Source: Sur la religion

Regarder a priori, et sans être influencé, ce monde comme un Dieu, c’est ce dont personne n’aurait l’idée.

1851

Source: Sur la religion

Ce serait un Dieu bien mal avisé, celui qui ne trouverait pas un meilleur amusement que de se transformer en un monde comme celui-ci !

1851

Source: Sur la religion

[Un Dieu] qui se transformerait en un monde [...] pour y endurer des misères, la souffrance et la mort, sans mesure ni fin, sous la forme d’innombrables millions d’êtres vivants [...].

1851

Source: Sur la religion

Le prétendu grand progrès du théisme au panthéisme [...] est donc le passage de ce qui n’est pas prouvé et est difficilement imaginable, à l’absurde proprement dit.

1851

Source: Sur la religion

Si indistincte, vacillante et confuse que puisse être la notion que l’on associe au mot « Dieu », deux attributs sont toutefois inséparables de ce mot : la puissance suprême et la sagesse suprême.

1851

Source: Sur la religion

Notre position dans le monde est manifestement telle qu’aucun être intelligent, à plus forte raison un être en possession de la sagesse suprême, ne voudrait s’y placer.

1851

Source: Sur la religion

Dans l’hypothèse du panthéisme, le Dieu créateur est lui-même le tourmenté sans fin, et, sur cette petite terre seule, il meurt une fois à chaque seconde, [...] ce qui est absurde.

1851

Source: Sur la religion

Il serait beaucoup plus juste d’identifier le monde avec le diable.

1851

Source: Sur la religion

L’esprit du mal et la nature sont un, et là où la nature n’est pas domptée, l’esprit malin n’est pas dompté non plus.

1851

Source: Sur la religion

Cette idée que le monde n’a qu’une signification physique, et non morale, est la plus lamentable erreur qu’ait jamais engendrée la perversité de l’esprit humain.

1851

Source: Sur la religion

L’entendement [...] est le médium des motifs, c’est-à-dire l'intermédiaire par lequel ils agissent sur la volonté, qui est à proprement parler le fond même de l'homme.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

[L'homme] est intellectuellement libre [...] lorsque ses actions sont le résultat véritable et non altéré de la réaction de sa volonté sous l’influence des motifs.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

Cette liberté intellectuelle est abolie [...] lorsque l’intermédiaire des motifs, l’entendement, est troublé pour toujours ou seulement passagèrement.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

[...] les motifs sont altérés, et la volonté ne peut pas se décider comme elle le ferait dans les mêmes circonstances, si l’intelligence les lui présentait sous leur aspect véritable.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

Les lois partent de cette juste présomption, que la volonté ne possède pas la liberté morale [...], mais qu’elle est soumise à la contrainte nécessitante des motifs.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

Un code pénal n’est pas autre chose qu’un dénombrement de motifs propres à tenir en échec des volontés portées au mal.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

La volonté seule constitue l’homme proprement dit ; l’intelligence est simplement son organe, ses antennes dirigées vers le dehors [...].

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

[Les actions commises sans liberté intellectuelle] ne constituent pas un trait du caractère de l’homme : ou bien il a agi autrement qu’il ne méditait de le faire, ou bien il était incapable de réfléchir à ce qui aurait dû le détourner de cet acte.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

La passion est l’excitation soudaine, violente de la volonté, par une représentation qui pénètre par le dehors et acquiert la force d’un motif.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

[La passion possède] une telle vivacité qu’elle obscurcit et ne laisse pas arriver jusqu’à l'entendement toutes celles [les représentations] qui pourraient agir contrairement en tant que motifs opposés.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

L’ivresse est un état qui prédispose aux passions, parce qu’il augmente la vivacité des représentations sensibles, en affaiblissant par contre la pensée in abstracto [...].

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

À la responsabilité des actions mêmes se substitue ici la responsabilité de l’ivresse.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

[...] de quel droit un homme s’érigerait-il en juge absolu de ses semblables au point de vue moral, et comme tel leur infligerait-il des peines en punition de leurs fautes ?

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

La loi, c’est-à-dire la menace de la peine, a bien plutôt pour but d’être un motif contraire destiné à balancer dans l’esprit des hommes les séductions du mal.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

Le criminel [...] souffre la peine [...] en conséquence de la perversité de sa nature morale, qui [...] a produit l'action d'une façon inévitable.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

Le monde est ma représentation.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

On possède alors l’entière certitude de ne connaître ni un soleil ni une terre, mais seulement un œil qui voit ce soleil, une main qui touche cette terre.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Le monde dont on est entouré n’existe que comme représentation, dans son rapport avec un être percevant.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Aucune vérité n’est [...] plus certaine, plus absolue, plus évidente que celle-ci : tout ce qui existe existe pour la pensée.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

L’univers entier n’est objet qu’à l’égard d’un sujet, perception que par rapport à un esprit percevant, en un mot, il est pure représentation.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Tout ce que le monde renferme ou peut renfermer est dans cette dépendance nécessaire vis-à-vis du sujet et n’existe que pour le sujet.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La distinction du sujet et de l’objet [...] est le mode commun à toutes [les représentations], le seul sous lequel on puisse concevoir une représentation quelconque.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

[Le dogme de l'école védanta soutient] que cette matière n’a pas une réalité indépendante de la perception de l’esprit, existence et perceptibilité étant deux termes équivalents.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

[Il y a une] répugnance naturelle des hommes à admettre que le monde ne soit qu’une simple représentation, idée néanmoins incontestable.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Cette austère vérité, bien propre à faire réfléchir l’homme, sinon à le faire trembler, voici comment il peut et doit l’énoncer [...] : « Le monde est ma volonté. »

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

À un premier point de vue [...] ce monde n’existe absolument que comme représentation ; à un autre point de vue, il n’existe que comme volonté.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Une réalité qui ne peut se ramener ni [à la représentation] ni [à la volonté] [...] est une pure chimère, un feu follet propre seulement à égarer la philosophie.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Le monde est ma représentation.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Le privilège du savoir est d’être communicable ; le sentiment ne l’est point.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La science n’explique pas l’essence des phénomènes.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Chaque mouvement du corps répond à un acte de la volonté.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Ce qu’il y a de plus clair dans la connaissance, c’est la forme ; ce qui reste obscur, c’est la réalité.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La volonté en soi n’a pas de but, parce qu’elle n’a pas de cause.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Le plaisir esthétique naît d’un exercice de la faculté de connaître, indépendant de la volonté.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

[Le joli] flatte la volonté et détruit la contemplation. Il doit être exclu de l’art.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La tragédie est la forme suprême de la poésie : elle nous montre l’aspect terrible de la vie.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La musique [...] est une expression de la volonté elle-même.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La souffrance est le fond de toute vie.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La vie humaine [...] va de la souffrance à l’ennui.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La souffrance est positive ; le bonheur n’en est que la négation.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Toute bonté est, au fond, pitié.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Le suicide, bien loin d’être la négation du vouloir-vivre, en est une affirmation passionnée.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Qui veut se familiariser avec ma philosophie doit lire jusqu’à la moindre ligne de moi.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Je ne suis pas un écrivailleur, un fabricant de manuels [...] je ne fais effort que vers la vérité.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

J’écris, comme écrivaient les anciens, dans l’unique intention de transmettre mes pensées à la postérité.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Pour me comprendre, pour apprendre quelque chose de moi, on ne peut rien négliger de ce que j’ai écrit.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Quant à me juger et à me critiquer sans se soumettre à cette condition, rien de plus facile, l’expérience l’a prouvé.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La majeure partie de mes opinions ne se trouvent exprimées qu’en un seul endroit de mes œuvres.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

De là le petit nombre de mes ouvrages, mais aussi la réflexion que j’y ai apportée, et les longs intervalles de temps qui les séparent.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Dans chaque système, [les] résultats suprêmes [...] forment comme la cime de la pyramide.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

[Il faut soulever] la question du sens intime et de la nature propre de cet amour sexuel, qui s’exalte parfois jusqu’à la passion la plus violente.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Il peut sembler paradoxal de faire rentrer une telle question dans la philosophie qui traite de la morale : il ne le semblerait pas si on avait reconnu la véritable importance du sujet.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Kant, à qui l’art est resté fort étranger [...] a pu rendre un si grand et durable service à la philosophie de l’art.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Dans toutes les considérations antérieures sur l’art et sur le beau, on n’envisageait jamais l’objet que du point de vue empirique [...].

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Pour expliquer un phénomène donné dans son effet, on doit, si l’on veut déterminer absolument l’essence de sa cause, connaître d’abord exactement cet effet lui-même.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Ce devait être le mérite de Kant d’examiner [...] l’excitation même, à la suite de laquelle, nous déclarons beau l’objet qui l’a produite, et d’essayer d’en déterminer les éléments [...] dans notre sensibilité même.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

[Le jugement sur le beau] est manifestement l’expression d’un processus du sujet et a pourtant une généralité telle, qu’il semble se rapporter à une propriété de l’objet.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

[Kant part] du jugement sur le beau, et non pas du beau lui-même. Autant vaudrait ne connaître les choses que par ouï dire et non par soi-même.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Un aveugle très intelligent pourrait, avec ce qu’il a entendu dire sur les couleurs, en composer une théorie.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La partie de la Critique du jugement qui est de beaucoup la meilleure, c’est la théorie du sublime. Elle vaut incomparablement mieux que la théorie du beau [...].

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Bien que les corps organisés nous apparaissent [...] comme soumis à un concept de finalité, rien ne nous autorise à regarder cette finalité comme objective.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La nécessité de concevoir [les corps] comme soumis au principe de finalité est d’origine subjective.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Il était nécessaire [...] de faire voir que le monde, dans son essence, ne peut être considéré comme l’effet d’une cause dirigée par des motifs.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Dès que nous abordons un domaine nouveau, les principes précédents ne nous sont plus d’aucun secours ; des lois fondamentales d’un autre genre apparaissent [...].

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Ce principe [...], je crois l’avoir déterminé, en représentant la Volonté comme la seule chose en soi.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La gloire suit aussi infailliblement le mérite que l’ombre suit le corps, bien qu’elle marche, comme l’ombre, tantôt devant, tantôt derrière.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

D’ordinaire, la gloire est d’autant plus tardive qu’elle sera plus durable, car tout ce qui est exquis mûrit lentement.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Plus un homme appartient à la postérité, autrement dit à l’humanité entière en général, plus il est étranger à son époque.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Chacun ne peut réellement comprendre et apprécier que ce qui lui est homogène.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Le mot le plus heureux est déprécié quand l’auditeur a l’oreille de travers.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Quand une tête et un livre en se heurtant rendent un son creux, cela vient-il toujours du livre ?

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

[Les] ouvrages sont des miroirs ; quand un singe s’y mire, ils ne peuvent réfléchir les traits d’un apôtre.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Dès qu’apparaît une œuvre supérieure [...], toutes les nombreuses médiocrités s’allient et se conjurent pour l’empêcher de se faire connaître [...]. Leur mot d’ordre tacite est : « A bas le mérite. »

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

La gloire fuit devant ceux qui la cherchent et suit ceux qui la négligent, parce que les premiers s’accommodent au goût de leurs contemporains, tandis que les autres l’affrontent.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Autant il est difficile d’acquérir la gloire, autant est-il facile de la conserver.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Ce qu’il y a de précieux, ce n’est donc pas la gloire, mais c’est de la mériter.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Il y a des hommes célèbres, il y en a qui méritent de l’être.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Les têtes des masses sont un local trop misérable pour que notre vrai bonheur y puisse trouver sa place.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Ce qui rend un homme digne d’envie, ce n’est pas d’être tenu pour grand par ce public si incapable de juger [...], c’est d’être grand.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Avoir gloire et jeunesse à la fois, c’est trop pour un mortel. Notre existence est si pauvre que ses biens doivent être répartis avec plus de ménagement.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Les maîtres enseignent pour gagner de l’argent et aspirent non à la sagesse, mais à son semblant et au crédit qu’elle donne.

1905

Source: Écrivains et Style

Les élèves n’apprennent pas en vue du savoir et de la pénétration d’esprit, mais pour pouvoir bavarder et se donner des airs.

1905

Source: Écrivains et Style

Étudiants et lettrés [...] visent en général à l’information, non à la pénétration. [...] Que l’information soit seulement un moyen [...], qu’elle ait par elle-même peu ou point de valeur, cela ne leur vient pas à l’idée.

1905

Source: Écrivains et Style

Oh ! combien faut-il avoir eu peu à penser, pour avoir pu lire autant !

1905

Source: Écrivains et Style

Un bon écrivain peut [...] rendre intéressant le sujet le plus aride.

1905

Source: Écrivains et Style

Pour l’immense majorité des lettrés, le savoir est un moyen, non un but. Voilà pourquoi ils ne feront jamais rien de grand.

1905

Source: Écrivains et Style

Tout ce qu’on ne cultive pas pour la chose elle-même, on ne le cultive qu’à moitié.

1905

Source: Écrivains et Style

Une once d’esprit personnel vaut deux mille livres d’esprit d’autrui.

1905

Source: Écrivains et Style

Le dilettante considère la chose comme un but ; l’homme du métier, seulement comme un moyen. [...] C’est de ces hommes-là, et non des mercenaires, que sont toujours sorties les plus grandes choses.

1905

Source: Écrivains et Style

Dans la république des lettres les choses se passent [...] comme dans la république mexicaine, où chacun ne songe qu’à son avantage [...] sans se soucier nullement de l’ensemble [...].

1905

Source: Écrivains et Style

[Dans la république des lettres] le seul point sur lequel ils s’accordent tous, c’est de ne pas laisser surgir une tête véritablement éminente [...], car elle menacerait toutes les autres.

1905

Source: Écrivains et Style

La majeure partie du savoir humain [...] n’existe que sur le papier [...]. Seule une petite partie de ce savoir est, à chaque moment donné, véritablement vivante dans certaines têtes.

1905

Source: Écrivains et Style

Des esprits de premier ordre ne seront jamais des spécialistes. L’existence dans son ensemble s’offre à eux comme un problème à résoudre.

1905

Source: Écrivains et Style

Celui-là seul peut mériter le nom de génie, qui prend le grand, l’essentiel et le général pour thème de ses travaux.

1905

Source: Écrivains et Style

Le patriotisme, s’il prétend s’affirmer dans le domaine des sciences, est un très vilain drôle qu’il faut flanquer à la porte.

1905

Source: Écrivains et Style

D'après la nature de notre intellect, les idées doivent naître, par abstraction, de nos perceptions ; celles-ci doivent donc être antérieures à celles-là.

1909

Source: Éthique, Droit et Politique

Dans l'éducation artificielle, les [...] enseignements et les lectures bourrent la tête de notions, avant l'existence de tout contact un peu sérieux avec le monde visible.

1909

Source: Éthique, Droit et Politique

Voilà pourquoi si peu de lettrés possèdent le sain bon sens qu’on trouve si fréquemment chez les illettrés.

1909

Source: Éthique, Droit et Politique

Le point capital de l’éducation [...] est qu’en chaque chose la perception précède la notion, la notion étroite la notion plus large.

1909

Source: Éthique, Droit et Politique

Il faudrait avant tout veiller à ce que les enfants n’emploient pas de mots auxquels ils n’associent aucune notion claire.

1909

Source: Éthique, Droit et Politique

Alors que l’esprit de l’enfant est tout à fait dépourvu de perceptions, on lui inculque déjà des notions et des jugements, de véritables préjugés.

1909

Source: Éthique, Droit et Politique

Qu’un homme constate [...] que la réalité des choses contredit l’idée qu’il s’est faite de celles-ci, il rejettera [...] cette évidence [...], il se fermera les yeux pour ne pas la voir.

1909

Source: Éthique, Droit et Politique

Beaucoup d’êtres humains traînent avec eux toute leur vie un tas de sornettes, de caprices, de fantaisies, d’imaginations et de préjugés qui vont jusqu’à l’idée fixe.

1909

Source: Éthique, Droit et Politique

Les enfants devraient [...] connaître la vie [...] d’abord par l’original, et seulement ensuite par la copie.

1909

Source: Éthique, Droit et Politique

On aurait peine à croire quel mal font les chimères implantées de bonne heure, et les préjugés qui en résultent.

1909

Source: Éthique, Droit et Politique

Quelle est la discipline la plus nécessaire ? C’est de désapprendre les choses mauvaises.

1909

Source: Éthique, Droit et Politique

Il faut laisser reposer le jugement, qui présuppose maturité et expérience, et se garder d’anticiper son action, en lui insufflant des préjugés qui le paralyseraient à jamais.

1909

Source: Éthique, Droit et Politique

La maturité de la connaissance [...] consiste en l’existence d’une correspondance exacte entre toutes ses notions abstraites et ses perceptions.

1909

Source: Éthique, Droit et Politique

Les romans [...] ont créé [...] toute une fausse vue de l’existence et éveillé des attentes qui ne peuvent être remplies. Ceci exerce très fréquemment la plus fâcheuse influence sur leur vie entière.

1909

Source: Éthique, Droit et Politique

La plupart des enfants ont [...] la malheureuse tendance de se contenter des mots [...] au lieu de chercher à comprendre les choses. [...] Le savoir de beaucoup de gens instruits n’est qu’un simple verbiage.

1909

Source: Éthique, Droit et Politique

Ce sont seulement les sectateurs des religions monothéistes [...] qui regardent le suicide comme un crime.

1851

Source: Sur la religion

Chacun n'a-t-il pas avant tout un droit incontestable sur sa propre personne et sur sa vie !

1851

Source: Sur la religion

Comparons l'impression que fait sur nous la nouvelle d'un crime [...] avec la nouvelle d'une mort volontaire. La première provoque une vive indignation [...], la seconde excitera la tristesse et la sympathie.

1851

Source: Sur la religion

Qui n’a pas eu de connaissances, d’amis, de parents, ayant volontairement quitté ce monde ? Et l’on devrait songer avec horreur à ces gens comme à des criminels ?

1851

Source: Sur la religion

Le fait que la justice criminelle condamne le suicide [...] est absolument ridicule, puisqu’aucun châtiment ne peut effrayer celui qui cherche la mort.

1851

Source: Sur la religion

De tous les biens que la nature a accordés à l’homme, nul ne l’emporte sur une mort prématurée ; et ce qu’il y a d’excellent en celle-ci, c’est que chacun peut se la procurer à soi-même.

1851

Source: Sur la religion

Le monologue d’Hamlet est-il la méditation d’un crime ? Il dit simplement que si nous étions certains d’être absolument anéantis par la mort, celle-ci [...] serait incontestablement préférable.

1851

Source: Sur la religion

[Le suicide] s’oppose à ce qu’on atteigne le but moral par excellence, puisqu’il substitue au véritable affranchissement de ce monde de douleur un affranchissement qui n’est qu’apparent.

1851

Source: Sur la religion

Le christianisme porte en lui cette vérité, que la souffrance (la croix) est le but proprement dit de la vie. Voilà pourquoi il rejette le suicide, comme opposé à ce but.

1851

Source: Sur la religion

Du moment où les terreurs de la vie l’emportent sur les terreurs de la mort, l’homme met fin à son existence.

1851

Source: Sur la religion

Il n’y a peut-être pas un seul être vivant qui n’aurait déjà mis fin à son existence, si cette fin était quelque chose de purement négatif [...]. Mais il y a un côté positif en elle : la destruction du corps.

1851

Source: Sur la religion

De fortes souffrances intellectuelles nous rendent insensibles aux souffrances corporelles ; nous les méprisons.

1851

Source: Sur la religion

Quand, dans un songe pénible et épouvantable, l’angoisse a atteint son point culminant, elle nous éveille [...]. La même chose arrive dans le songe de la vie, quand l’anxiété suprême nous pousse à en briser le fil.

1851

Source: Sur la religion

Le suicide peut être regardé aussi comme une expérience [...]. Mais c’est une expérience maladroite. Elle abolit en effet l’identité de la conscience, qui devrait recevoir la réponse.

1851

Source: Sur la religion

L'optimisme obligatoire de ces religions [...] attaque le suicide, pour ne pas être attaqué par lui.

1851

Source: Sur la religion

Le caractère apparaît déjà : [...] un observateur attentif le verra bientôt s’affirmer dans toute sa rigueur, et peu de temps après personne n’en pourra plus méconnaître la présence.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Ce que le prologue est au drame, notre conduite à l’école l’est à la suite de notre vie.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Les enfants prodiges deviennent généralement dans la suite des esprits superficiels ; tandis que le génie présente souvent, dans l’enfance, une certaine lenteur de conception, [...] parce qu’il pense profondément.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Un esprit prudent ne révélera point les mauvais tours de son enfance, les traits de caractère méchants et perfides qui s’y sont accusés ; il comprend en effet que ce sont là des témoins qui déposent contre son caractère actuel même.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Le caractère apparaît tout fait à partir d’un certain âge et dès lors demeure invariablement le même jusqu’à l’extrême vieillesse.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Les atteintes de l’âge, qui consume peu à peu les forces intellectuelles, n’entament point les qualités morales.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La bonté du cœur chez le vieillard nous le fait aimer et honorer, alors même que son cerveau révèle des faiblesses qui le ramèneront peu à peu à l’enfance.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Tandis que [...] la mémoire, l’esprit la raison, le génie s’usent et s’émoussent avec l’âge, la volonté seule ne subit ni atteinte ni modification.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Sur quoi repose l’identité de la personne ? [...] Elle repose sur la volonté identique, et sur le caractère immuable que celle-ci présente.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Nous avons beau vieillir, dans notre for intérieur nous nous sentons toujours le même que nous étions dans notre jeunesse [...]. Cet élément immuable [...] c’est précisément le noyau de notre être qui n’est pas dans le temps.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

L’homme se trouve dans le cœur, non dans la tête.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

« Bien vivre vaut mieux que vivre ». D’où l’on pourrait conclure : Ne pas vivre vaut mieux que mal vivre. [...] et pourtant la grande majorité préfère très mal vivre que de ne pas vivre du tout.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

C’est nous-mêmes qui sommes la volonté de vivre : voilà pourquoi nous éprouvons le besoin de vivre, que ce soit bien ou mal.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Le cerveau, avec sa fonction du connaître, n’est au fond qu’une vedette établie par la volonté, pour servir celles de ses fins qui sont situées au dehors.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Plus on est éveillé, c’est-à-dire plus on a la conscience claire et active, plus on éprouve le besoin de sommeil, plus on dort longtemps et profondément.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

L’obscurantisme est un péché, non pas peut-être envers l’esprit saint, mais envers l’esprit humain, c’est-à-dire un péché dont, loin d’accorder jamais le pardon, on doit garder toujours et partout une rancune implacable [...].

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Les discordances, les inégalités, les fluctuations de caractère de la plupart des hommes pourraient provenir [...] de ce que l’individu [...] reçoit la volonté du père et l’intellect de la mère.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Si l’on pouvait châtrer tous les scélérats, jeter dans un cloître toutes les sottes, [...] on verrait naître bientôt une génération qui nous rendrait, et au-delà, le siècle de Périclès.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Il est impossible qu’un sentiment étranger et contradictoire à la nature humaine [...] ait pu, en tout temps, être décrit sans relâche par le génie des poètes et exciter chez tous les hommes une inaltérable sympathie.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Rien n’est beau que le vrai, le vrai seul est aimable.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

[L’amour] accapare sans cesse la moitié des forces et des pensées de la partie la plus jeune de l’humanité ; but final de presque tous les efforts des hommes, il exerce dans toutes les affaires importantes une déplorable influence.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Le but dernier de toute intrigue d’amour [...] est, en réalité, supérieur à tous les autres buts de la vie humaine [...]. C’est que ce n’est rien moins que la composition de la génération future qui se décide là.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La nature ne peut atteindre son but qu’en faisant naître chez l’individu une certaine illusion, à la faveur de laquelle il regarde comme un avantage personnel ce qui en réalité n’en est un que pour l’espèce.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Chaque amant, après avoir enfin assouvi son désir, éprouve une prodigieuse déception et s’étonne de n’avoir pas trouvé dans la possession de cet objet si ardemment convoité plus de jouissance que dans n’importe quelle autre satisfaction sexuelle.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Aussi chaque amant, après le complet accomplissement du grand œuvre, trouve-t-il qu’il a été leurré ; car elle s’est évanouie, cette illusion qui a fait de lui la dupe de l’espèce.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Ce qu’on a en vue dans le mariage, ce n’est pas le plaisir de l’esprit, mais la procréation des enfants ; le mariage est une union des cœurs, non des têtes.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

En règle générale, les mariages d’amour ont une issue malheureuse, car ils pourvoient à la génération future aux dépens de la présente.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Les unions heureuses sont rares, justement parce qu’il est dans l’essence du mariage de placer sa fin principale dans la génération future, et non pas dans la présente.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

L’essence propre de l’homme réside plus dans l’espèce que dans l’individu.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Pourquoi donc alors l’amant est-il suspendu, plein de résignation, aux regards de celle qu’il a choisie, et est-il prêt à tout lui sacrifier ? — Parce que c’est la partie immortelle de son être qui désire posséder cette femme.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Ce n’est ni ce que nous faisons, ni les événements de notre vie qui sont notre œuvre : mais ce que personne ne s’avise de prendre pour tel : je veux dire notre nature, notre manière d’être.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

Dès sa naissance, l’homme a toute son existence irrévocablement déterminée jusque dans le plus petit détail [...].

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

Il suffit qu’une personne pense fortement et passionnément à nous pour susciter dans notre cerveau la vision de sa forme [...] comme une vision corporelle, qu’on ne saurait distinguer de la réalité.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

On croit la plupart du temps avoir renversé la réalité d’une apparition d’esprit, si on démontre que cette apparition a été conditionnée subjectivement. Mais de quelle valeur peut être cet argument pour celui qui a appris [...] le rôle que jouent les conditions subjectives dans l'apparition du monde des corps ?

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

En principe, [...] une apparition d’esprit n’est rien de plus qu’une vision du cerveau du voyant. Qu’un mourant puisse [...] provoquer une telle vision, c’est ce que l’expérience a souvent montré.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

La distinction entre ceux qui ont vécu autrefois et ceux qui vivent encore n’est pas absolue ; [...] chez tous également, c’est la même volonté de vivre qui se manifeste.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

L’intellect [...] n’est qu’une force superficielle, qui ne touche essentiellement et partout que l’écorce, jamais l’intérieur des choses.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

Un fait de cette nature ne se comprend que métaphysiquement ; physiquement, c’est une impossibilité.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

La clairvoyance est une confirmation de la doctrine kantienne de l’idéalité de l’espace, du temps, et de la causalité.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

La volonté comme chose en soi existe en dehors du principium individuationis (Temps et Espace) [...]. Les limites qui proviennent de l’action de ce principe n’existent donc pas pour la volonté.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

La perplexité où nous sommes [...] vient proprement de ce que [...] la distinction du sujet et de l’objet, cette première condition de toute connaissance, est justement douteuse, pas claire, très confuse.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

Est-ce en dehors de moi ou en moi ? se demande [...] tout homme auquel une vision de cette sorte n’enlève pas son sang-froid.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

D’une manière générale, la différence entre le subjectif et l’objectif, au fond, n’a rien d’absolu, mais est toujours relative. Tout objectif, en effet, toujours conditionné par un sujet [...] revient à être subjectif.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

Il se fait une communication de pensée que n’empêchent ni le silence ni la feinte.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

Nier a priori la possibilité [d'une action réelle des morts] et le tourner en dérision [...] ne peut avoir d’autre base que la conviction que la mort est la fin absolue de l’homme.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

Lorsque l’on se rend compte que l’on va être battu, on peut faire une diversion, c’est-à-dire commencer à parler de quelque chose de complètement différent, comme si ça avait un rapport avec le débat.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

[La diversion] est une stratégie effrontée pour attaquer votre adversaire.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

Le suivre dans cette voie [de la diversion] aurait été se dépouiller d’une victoire déjà acquise.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

La diversion est un stratagème particulièrement effronté lorsqu’il consiste à complètement abandonner le sujet pour soulever une objection personnelle.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

Ce stratagème est inné et peut souvent se voir lors de disputes entre tout un chacun.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

Si l’une des parties fait un reproche personnel contre l’autre, cette dernière, au lieu de la réfuter, [...] reproche à son adversaire autre chose.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

C’est ce genre de stratagème qu’utilisa Scipion lorsqu’il attaqua les Cartaginois, non pas en Italie, mais en Afrique.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

À la guerre, ce genre de diversion peut être approprié sur le moment.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

Mais lors des débats, [les diversions] sont de pauvres expédients car le reproche demeure et ceux qui ont écouté [...] ne retiennent que le pire des deux camps.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

Ce stratagème ne devrait être utilisé que faute de mieux.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

Kant a bien mérité de la morale en un point : il l’a purifiée de tout souci du bonheur [...]. L’Éthique des anciens était une doctrine du bonheur ; celle des modernes, le plus souvent, une doctrine du salut éternel.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Qui vous dit qu’il y ait des lois auxquelles nous devions soumettre notre conduite ? Qui vous dit que cela doit arriver, qui n’arrive jamais ?

1840

Source: Le Fondement de la morale

La volonté humaine a sa loi [...] c’est une loi qui peut se démontrer en toute rigueur, loi inviolable, loi sans exception [...] c’est la loi du déterminisme des motifs, qui est une forme de la loi de causalité.

1840

Source: Le Fondement de la morale

En éthique, il ne suffit pas de prêcher la loyauté, il faut la pratiquer.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Dès qu’on sépare les idées [de commandement et de loi] des hypothèses théologiques, dont elles sont un rejeton, elles perdent toute signification.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Une nécessité morale n’a de sens ni de valeur que par son rapport à une menace de châtiment, ou à une promesse de récompense.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Au fond, toute cette morale n’aboutit qu’à la recherche du bonheur : elle se fonde sur l’intérêt ; elle est cet Eudémonisme même, que d’abord Kant [...] a éconduit solennellement hors de son système.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Manquer au devoir de s’aimer soi-même, c’est ce qui est impossible [...]. L’amour de chacun pour soi est considéré comme un maximum, comme la condition de toute autre affection.

1840

Source: Le Fondement de la morale

S’il existe des raisons vraiment morales contre le suicide, il faudrait les aller chercher à une profondeur où n’arrive pas la sonde de la morale vulgaire.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Des concepts purs a priori, qui ne contiennent rien d’emprunté à l’expérience [...] voilà les points d’appui de la morale [selon Kant]. Des coquilles sans noyau.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Parler de l’être raisonnable en dehors de l’homme, c’est comme si l’on parlait d’êtres pesants en dehors des corps.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Ce qui donne au caractère une valeur [selon Kant], c'est d'arriver, sans sympathie, froid et indifférent, à répandre les bienfaits à cause d'un devoir fâcheux. Théorie qui révolte le vrai sens moral. Apothéose de l'insensibilité.

1840

Source: Le Fondement de la morale

L'intention seule décide de la valeur morale [...] d’un acte donné ; si bien qu’un même acte, selon l’intention de l’agent, peut être ou coupable ou louable.

1840

Source: Le Fondement de la morale

La règle « Quod tibi fieri non vis, alteri ne feceris » est un principe incomplet, car il comprend les devoirs de justice, non ceux de charité.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Le véritable fond de toute morale : « Neminem læde, imo omnes, quantum potes, juva. »

1840

Source: Le Fondement de la morale

Si la conversation porte autour d’une conception générale qui ne porte pas de nom, il faut choisir une métaphore favorable à votre thèse.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

Le terme protestant fut choisi par les protestants [...] mais les catholiques les appellent des hérétiques.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

Si votre adversaire propose une altération, vous l’appellerez une « innovation » car ce terme est péjoratif.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

Ce qu’une personne impartiale appellerait « pratique de la religion » serait désigné par un partisan comme « piété » et par un adversaire comme « superstition ».

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

Ce qui n’a pas été démontré est utilisé comme postulat pour en tirer un jugement.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

Là où une personne parle de « mise en détention provisoire », une autre parlera de « mettre sous les verrous ».

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

Un interlocuteur trahira ainsi souvent ses positions par les termes qu’il emploie.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

De tous les stratagèmes, celui-ci est le plus couramment utilisé et est utilisé d’instinct.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

L’un parlera de « prêtres » là où un autre parlera de « ratichons ».

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

Indiscrétion ou galanterie = adultère.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

Embarras financier = banqueroute.

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

« Par l’influence et les connexions » = « par les pots-de-vin et le népotisme ».

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

« Sincère gratitude » = « bon paiement ».

1830-1831

Source: L'Art d'avoir toujours raison

Toute explication physique [...] a besoin d’une explication métaphysique qui lui donne la clé de toutes ses suppositions.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La nécessité et la liberté peuvent être attribuées sans contradiction au même objet, suivant qu’on le considère [...] comme phénomène, soit comme chose en soi.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Sans doute tout est physique, mais alors rien n’est explicable.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Les propriétés de tout corps inorganique sont aussi mystérieuses que la vie dans l’être vivant.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Une physique qui soutiendrait que ses explications [...] épuisent l’essence du monde, serait le naturalisme proprement dit.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Le Credo obligatoire de tous les justes et de tous les bons peut-il se formuler ainsi « Je crois à une métaphysique ».

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

L’intellect n’est pas destiné primitivement à nous instruire de l’essence des choses, mais seulement à nous en montrer les relations avec notre volonté.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Physiquement tout est explicable et rien ne l’est.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Quand même vous auriez parcouru les planètes de toutes les étoiles fixes, vous n’auriez pas encore de ce fait avancé d’un pas dans la métaphysique.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Les mystères derniers et fondamentaux, l’homme les porte dans son être intime, et celui-ci est ce qui lui est le plus immédiatement accessible. Aussi est-ce là seulement qu’il peut espérer trouver la clé de l’énigme du monde [...].

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La philosophie n’est donc que l’intelligence exacte et universelle de l’expérience même, l’explication vraie de son sens et de son contenu.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La solution d’une énigme est vraie quand elle convient à tout ce qu’énonce cette énigme.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Quelque flambeau que nous allumions, quelque espace qu’il éclaire, notre horizon demeurera toujours enveloppé d’une nuit profonde.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Ceux qui prétendent connaître les raisons dernières, c’est-à-dire premières des choses [...] sont des farceurs, des fanfarons, pour ne pas dire des charlatans.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La philosophie est essentiellement la science du monde : [...] elle laisse les dieux en paix, mais elle attend, en retour, que les dieux la laissent en paix.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Ce temps infini [...] comme l’espace infini [...] n’existe que dans ma représentation, n’en est que la forme, que je porte toujours prête.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Un être, au fond, c’est ce qui se représente soi-même, et ce qui est représenté par soi, mais dont l’existence en soi n’est ni dans l’acte de la représentation ni dans la qualité d’objet représenté.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Seul un malentendu peut nous opposer l’un à l’autre [...] alors qu’en réalité ces deux existences s’accordent et ne font qu’un.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

L’espace n’existe que dans ma tête ; mais empiriquement ma tête est dans l’espace.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La loi de causalité n’est qu’un lien entre les phénomènes ; elle ne les dépasse pas. Avec elle, nous sommes et nous restons dans le monde des objets, c’est-à-dire des phénomènes.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La vue d’un bel objet, d’un beau paysage, par exemple, est aussi un phénomène du cerveau.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La pureté et la perfection du tableau ne dépendent pas simplement de l’objet, mais aussi de la nature même du cerveau, de sa forme et de sa grandeur, de la finesse de ses tissus.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Nous nous imaginons éprouver la douleur d’un membre dans le membre lui-même, tandis que nous l’éprouvons aussi dans le cerveau.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La vue est le sens de l’entendement, qui est intuitif, et l’ouïe est le sens de la raison, qui pense et qui conçoit.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La quantité de bruit qu’un homme peut supporter sans en être incommodé, est en raison inverse de son intelligence, et par conséquent peut en donner la mesure approchée.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Celui qui fait claquer habituellement les portes [...] est non seulement un homme mal élevé, mais encore une nature grossière et bornée.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

On pourrait nommer l’odorat le sens de la mémoire, parce qu’il nous rappelle plus immédiatement qu’aucun autre l’impression spécifique d’une circonstance ou d’un milieu.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Qu’est-ce que le temps ? Qu’est-ce que cet être qui ne consiste qu’en mouvement, sans rien qui le meuve lui-même ?

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

Qu’est-ce que l’espace, ce néant omniprésent en dehors duquel rien ne peut exister sans cesser d’être ?

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

La matière ne naît ni ne meurt : toute naissance et toute mort sont en elle. [...] [Elle] unit la fuite inconstante du temps et la rigoureuse immobilité de l’espace.

1819

Source: Le Monde comme volonté et représentation

ce qui décide de tout, c’est la force dans sa rudesse.

1840

Source: Le Fondement de la morale

l’homme, en fait, recourt au suicide, dès que chez lui l’instinct inné [...] de la conservation, est décidément vaincu par la grandeur des maux.

1840

Source: Le Fondement de la morale

« d’être une fin en soi », c’est une chose inconcevable, une contradictio in adjecto. Être une fin, c’est être l’objet d’une volonté.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Toute valeur est une grandeur mesurable [...] elle est relative [...] et elle est comparative [...]. Hors de ces deux rapports, le terme de valeur n’a plus ni portée ni sens.

1840

Source: Le Fondement de la morale

[...] les êtres sans raison (les bêtes par conséquent) sont des choses, doivent être traités comme des moyens qui ne sont pas en même temps des fins. [...] je dis que de telles pensées sont odieuses et abominables.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Fi ! la morale de Parias [...] qui méconnaît l’éternelle essence, présente en tout ce qui a vie, l’essence qui, dans tout œil ouvert à la lumière du soleil, resplendit [...].

1840

Source: Le Fondement de la morale

Cet égoïsme dont nous avons chacun un trésor [...] se révèle par notre empressement instinctif à rechercher, en tout objet qui s’offre à nous, un moyen propre à nous conduire à nos fins.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Car, nous ne le savons que trop, une ligne cube de désir pèse plus qu’un pouce cube de savoir.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Tant la volonté est toute-puissante sur l’intelligence.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Cette expression, « la dignité de l’homme », une fois employée par Kant, a servi ensuite de schiboleth à tous les faiseurs de morale sans idée ni but.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Quand on nous affirme l’existence d’une chose, et que cette chose est de celles dont on ne peut concevoir comment elles sont possibles, nous devons nous attendre à ce qu’on nous en démontre par des faits la réalité.

1840

Source: Le Fondement de la morale

[La morale de Kant] n’est au fond que la morale des théologiens, mais prise à rebours, et déguisée sous des formules abstraites [...].

1840

Source: Le Fondement de la morale

C’est par nos actes seulement et par expérience que nous apprenons à nous connaître, nous et les autres ; et les actes seuls pèsent sur notre conscience.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Dans le monde chaque chose agit selon ce qu’elle est, selon sa constitution [...] En cela l’homme ne fait pas exception dans la nature : lui aussi il a son caractère immuable.

1840

Source: Le Fondement de la morale

La liberté n’appartient pas au caractère empirique, mais uniquement au caractère intelligible. [...] C’est dans son « Esse » que se retrouve la liberté. Il pouvait être autre.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Que tout ce qui arrive, tout sans exception, soit absolument nécessaire, c’est une vérité qui s’offre à nous a priori, donc inébranlable : je veux l’appeler ici le fatalisme démontrable.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

Si purement accidentel que se présente le cours des choses, il n’est cependant au fond rien moins que tel, et il faudrait bien plutôt admettre que tous ces hasards eux-mêmes [...] font partie d’une nécessité tout au fond cachée [...].

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

Le cours de la vie de l’individu, si compliqué qu’il soit en apparence, forme un tout ordonné, ayant sa tendance déterminée et sa signification pleine de sens, tout comme l’épopée composée avec le plus de soin.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

Ce n’est pas dans l’histoire du monde [...] qu’on trouve réalisée l’idée d’un plan et d’un ensemble, mais bien dans la vie de l’individu. Les peuples n’existent simplement qu’in abstracto : les individus voilà ce qu’il y a de réel.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

Ce n’est que quand nous jetons un coup d’œil en arrière sur notre vie passée [...] que nous ne comprenons souvent pas comment nous avons pu faire ceci, négliger de faire cela ; de sorte qu’il semble qu’un pouvoir étrange ait guidé nos pas.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

L’homme croit conduire sa vie, se diriger lui-même ; et sa vie intérieure est irrésistiblement faite par son destin.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

Le rêve au contraire est comme quelque chose de tout à fait étranger, comme quelque chose qui, comme le monde extérieur, s’impose à nous sans notre concours, et même contre notre volonté.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

Le caractère tout à fait objectif du rêve se montre [...] dans l’objectivité, dans l’exactitude dramatique des caractères et des actions qui a donné lieu à l’aimable remarque que tout homme, quand il rêve, est un Shakespeare.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

De ce point de vue le rêve se laisse par suite désigner comme une folie passagère, la folie comme un long rêve.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

Ducunt volentem fata, nolentem trahunt. (Le destin conduit celui qui consent, et entraîne celui qui résiste.)

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

De même que chacun est l’impresario secret de ses rêves, de même ce destin, qui domine le cours de notre vie réelle vient aussi en quelque façon de cette volonté, qui est la nôtre propre.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

C’est un grand rêve que rêve cet être Un : un rêve, mais un rêve de telle sorte que tous ses personnages le rêvent avec lui. De là ceci, que tout est dans tout, que tout s’ajuste à tout.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

Chaque fois, le destin de l’un convient au destin de l’autre et que chacun est, en même temps que le héros de son propre drame, le figurant du drame d’autrui.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

Le dernier but de l’existence terrestre est de détourner la volonté de vouloir vivre.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

La mort est une crise, — au sens le plus fort du mot — un jugement dernier.

1836

Source: Mémoires sur les sciences occultes

Tout ce qui arrive, du plus grand au plus petit, arrive nécessairement. Car l’homme sait bien vite se résigner à ce qui est inévitablement nécessaire.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Le plus souvent, ce sont simplement leurs propres sottises que les gens appellent communément le sort.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Ce n’est pas le tempérament violent, c’est la prudence qui fait paraître terrible et menaçant : tellement le cerveau de l’homme est une arme plus redoutable que la griffe du lion.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Dans tout le cours de notre vie, nous ne possédons que le présent et rien au delà.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Toutes les choses sont belles à la vue et affreuses dans leur être.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Pendant l’enfance la vie se présente comme une décoration de théâtre vue de loin, pendant la vieillesse, comme la même, vue de près.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Ce qui trouble [...] les années de jeunesse [...] c’est la chasse au bonheur, entreprise dans la ferme supposition qu’on peut le rencontrer dans l’existence. C’est là la source de l’espérance toujours déçue, qui engendre à son tour le mécontentement.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Si le caractère de la première moitié de la vie est une aspiration inassouvie au bonheur, celui de la seconde moitié est l’appréhension du malheur.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

On peut [...] comparer la vie à une étoffe brodée dont chacun ne verrait, dans la première moitié de son existence, que l’endroit, et, dans la seconde, que l’envers ; ce dernier côté est moins beau, mais plus instructif, car il permet de reconnaître l’enchaînement des fils.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Il nous semble parfois que nous désirons ardemment nous retrouver dans tel lieu éloigné, tandis que nous ne regrettons, en réalité, que le temps que nous y avons passé [...]. Et voilà comment le temps nous abuse sous le masque de l’espace.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Les quarante premières années de l’existence fournissent le texte, et les trente suivantes le commentaire.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Particulièrement vers son terme, la vie rappelle la fin d’un bal masqué, quand on retire les masques. On voit à ce moment quels étaient réellement ceux avec lesquels on a été en contact pendant sa vie.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

On a coutume d’appeler la jeunesse le temps heureux, et la vieillesse le temps triste de la vie. Cela serait vrai si les passions rendaient heureux.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Tandis que le jeune homme croit qu’il pourrait conquérir en ce monde Dieu sait quelles merveilles [...], le vieillard est pénétré de la maxime de l’Ecclésiaste : « Tout est vanité ».

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

C’est un mauvais symptôme, au moral comme à l’intellectuel, pour un jeune homme, de se retrouver facilement au milieu des menées humaines [...] ; cela annonce de la vulgarité. Par contre, une attitude décontenancée, hésitante, maladroite [...] est [...] l’indice d’une nature de noble espèce.

1851

Source: Aphorismes sur la sagesse dans la vie

Le principe des choses ne peut pas être une nécessité de quelque genre qu’elle soit, mais une liberté, parce que la liberté seule est [...] absolue.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

De ce que la volonté dépend toujours des motifs qui la déterminent, faut-il conclure que la volonté n’est pas libre ? Non ; car ces motifs qui me déterminent sont mes motifs.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

La liberté consiste précisément à ne dépendre que de soi.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

Dans la vie inorganique, l’action et la réaction sont égales : dès le premier degré de la vie animale, elles s’écartent [...]. Ce juge, ce dispensateur de l’action, c’est l’âme libre.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

Il y a aujourd’hui, et il y aura longtemps encore des physiciens convaincus qu’on peut ramener tous les phénomènes de la nature [...] aux lois générales du mouvement.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

Il arrive rarement que ceux qui vivent de la philosophie vivent pour la philosophie.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

Toutes les comparaisons de ce genre pèchent par la base : elles reposent sur une confusion systématique entre les causes efficientes et les causes finales.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

La définition scolastique [...] a le défaut de s’appliquer aussi bien aux conditions d’un fait qu’à sa cause.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

L’homme ne tire point du néant l'action qu’il n’a pas faite encore [...], il la tire de la puissance très-réelle qu’il a de la faire.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

Être connu est en contradiction avec être en soi et tout ce qui est connu est par là-même phénomène.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

La probité reconnue est le plus sûr de tous les serments.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

[L'homme est] l’ouvrier de sa nature morale, et l’artisan de son bonheur ou de son malheur ici-bas.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

Nos actes sont la résultante de notre caractère et des motifs, mais [...] les motifs en eux-mêmes sont quelque chose d’absolument inerte [...], et toute la force qu’ils possèdent, c’est nous, le sujet, qui la leur donnons.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

Les philosophes anciens ont presque toujours confondu le fatalisme avec le déterminisme, qui en est, si l’on peut dire, la forme scientifique.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

La vertu suprême ne détruit pas plus le libre arbitre que la vie spirituelle n’anéantit la personnalité : elle l’achève au contraire, et en est la plus haute expression.

1839

Source: Essai sur le libre arbitre

Dès qu’une vie d’homme est en danger, nul n’a plus le droit de songer à sa propre sûreté.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Dans le domaine de la loi morale, je ne puis regarder les hommes mes compagnons que sous un aspect : comme des instruments de la Raison.

1840

Source: Le Fondement de la morale

À la façon dont va le monde, être honnête, c’est être un homme marqué entre dix mille.

1840

Source: Le Fondement de la morale

L’envie, à plus qu’à nuls autres, s’attaque à ceux qui de leurs propres ailes se sont envolés, et fuient loin de la cage commune.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Se tromper est d’un homme ; s’opiniâtrer, d’un démon.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Il n’est personne à qui les bonnes intentions s’offrent avant les mauvaises.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Le mot droit [...] signifie simplement ce qui est juste, et a un sens plutôt négatif que positif : en sorte que le droit, c’est ce qui n’est pas injuste.

1840

Source: Le Fondement de la morale

La cause de la cause est aussi cause de l’effet.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Ne me questionnez pas, je ne vous mentirai pas.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Tu es en fin de compte… ce que tu es. [...] Tu n’en demeures pas moins ce que tu es.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Périsse l’univers, et que je sois sauvé !

1840

Source: Le Fondement de la morale

On peut longtems, chez notre espèce, fermer la porte à la raison. Mais dès qu’elle entre avec adresse, elle reste dans la maison, et bientôt elle en est maîtresse.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Celui qui voit un même souverain maître au fond de tous les vivants, maître qui lorsqu’ils meurent ne meurt pas, celui-là voit le vrai.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Grande est la vérité : rien n’est aussi fort qu’elle.

1840

Source: Le Fondement de la morale

Prêcher la morale, c’est chose aisée ; la fonder, voilà le difficile.

1840

Source: Le Fondement de la morale