David Hume (7 mai 1711 – 25 août 1776) était un philosophe, historien, économiste et essayiste des Lumières écossaises, surtout connu aujourd'hui pour son système très influent d'empirisme philosophique, de scepticisme et de naturalisme.
Il y a une espece de contradiction entre les deux principes de la nature humaine sur lesquels la religion est fondée. Nos terreurs naturelles nous font voir une divinité méchante [...]; notre penchant à louer nous la peint excellente & toute-parfaite.
1757
Source: Histoire naturelle de la religion
Lorsque les hommes aggrandissent l’idée de leur divinité[,] cette exaltation, le plus souvent, ne porte que sur le pouvoir & l’intelligence ; on oublie la bonté [...].
1757
Source: Histoire naturelle de la religion
À mesure que les dieux acquièrent plus de science & d’autorité, ils deviennent plus redoutables.
1757
Source: Histoire naturelle de la religion
Plusieurs religions populaires, à en juger par les conceptions du commun des hommes, sont véritablement une espece de démonisme.
1757
Source: Histoire naturelle de la religion
Ce combat interne augmente la terreur, & donne un air plus hideux aux fantômes qui persécutent les victimes infortunées de la superstition.
1757
Source: Histoire naturelle de la religion
Il n’y a que la nécessité absolue des principes de la morale, pour le maintien de la société, qui puisse conserver ces principes purs dans notre esprit.
1757
Source: Histoire naturelle de la religion
Quelque sublime que soit la définition [...] qu’une religion puisse donner de la divinité ; [...] la plupart des croyans chercheront moins à s’attirer la faveur divine par la vertu [...] que par des observances frivoles [...], par des extases fanatiques [...].
1757
Source: Histoire naturelle de la religion
Pour peu qu’on ait acquis l’habitude des vertus, elles deviennent autant de plaisirs ; au lieu que la superstition est toujours odieuse & incommode.
1757
Source: Histoire naturelle de la religion
Ne jugeons jamais des mœurs d’un homme par la ferveur de son zele [...]. Les attentats les plus énormes sont, au contraire, très-propres à enfanter la terreur religieuse, & à augmenter la superstition.
1757
Source: Histoire naturelle de la religion
Plus le dieu est terrible, plus nous sommes dociles & soumis à ses ministres.
1757
Source: Histoire naturelle de la religion
Promenez vos regards sur les nations & les tems : examinez les maximes de religion qui ont eu vogue dans le monde, vous aurez de la peine à vous persuader que ce soit autre chose que des rêves d’un homme en délire.
1757
Source: Histoire naturelle de la religion
Écoutez les protestations des hommes, il n’y a rien dont ils soient si assurés que de la vérité de leur religion. Voyez leur conduite : vous douterez qu’ils aient jamais eu de religion du tout.
1757
Source: Histoire naturelle de la religion
L’ignorance est la mere de la dévotion, maxime proverbiale, mais confirmée par l’expérience.
1757
Source: Histoire naturelle de la religion
Tout est énigme & mystere : le doute, l’incertitude, l’irrésolution, voilà les seuls bruits de nos plus exactes recherches.
1757
Source: Histoire naturelle de la religion
Pendant que [les superstitions] se font la guerre la plus furieuse, nous nous sauvons heureusement dans les régions obscures, mais tranquilles de la philosophie.
1757
Source: Histoire naturelle de la religion
L’amour-propre, les différens intérêts opposés [...], les discussions qui en résultent dans la société, ont obligé les hommes à établir les loix de la justice, afin de conserver les avantages d’une assistance & d’une protection mutuelle.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Les contradictions continuelles dans le monde causées par l’orgueil [...] ont forcé à introduire les regles de la bienséance ou de la politesse, afin de faciliter le commerce de l’esprit & de la conversation.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Pour être propre à la bonne compagnie, il faut avoir de l’esprit aussi-bien que de la politesse.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
S’il n’est point aisé de définir l’esprit, on peut du moins décider [...] que c’est une qualité agréable aux autres, & qui [...] inspire de la joie à tous ceux qui sont en état d’en sentir le prix.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
J’ai remarqué que chez les François la premiere question sur un étranger est de demander : est-il aimable ? a-t-il de l’esprit ? Au-lieu que dans notre pays [...] c’est de dire : c’est un homme très-sensé.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Dans le monde la vivacité de la conversation fait plaisir même à ceux qui ne songent point à y prendre part ; voilà pourquoi les hommes qui content longuement [...] sont si insupportables.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
La modestie [...] annonce une défiance de son propre jugement, & une déférence convenable pour celui des autres ; cette qualité est, dans les jeunes gens surtout, un signe certain d’esprit & de sens.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Le desir de la réputation, loin de mériter du blâme, paroît inséparable de la vertu, du génie, des talens, & d’un caractere généreux & élevé.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
La vanité [...] consiste dans un étalage si immodéré de ses propres avantages [...] qu’elle ne peut qu’offenser les autres en choquant, sans mesures, leur ambition & leur vanité secrette.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
La décence, ou l’observation des égards dûs à l’âge, au sexe, à l’état & au caractere d’une personne, peut être mise au nombre des qualités qui sont agréables aux autres et méritent d'être approuvées.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Nous pouvons [...] placer la propreté au nombre des vertus [...] elle nous rend agréables aux autres & sert à nous concilier leur amitié & leur bienveillance.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Il y a des hommes qui ont par-dessus les autres un air, une grâce, une dextérité, un je ne sais quoi qui differe de la beauté, & qui nous fait une impression presque aussi prompte & aussi forte.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Il faut donc confier la pratique de toutes les vertus de cette classe à l’instinct sûr, quoique aveugle, du sentiment & du goût ?
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Les hommes [...] sont portés à s’estimer plutôt au-dessus qu’au-dessous de leur valeur, & voilà pourquoi il est si aisé de nous blesser en portant trop loin l’estime de soi-même.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
S’il étoit permis de se louer soi-même [...] on doit sentir que la société deviendroit insupportable par le déluge d’impertinences dont nous nous inonderions réciproquement.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Il y a [...] un pays dans le monde [...] où l'on a une façon de penser, sur-tout en morale, qui est diamétralement opposée à la nôtre.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Des mœurs si étranges & si barbares ne conviennent point de tout à un peuple intelligent & civilisé [...] elles révoltent la nature humaine...
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Il n’y a point de mœurs, quelque innocentes & quelque raisonnables qu’elles soient, qu’on ne puisse rendre odieuses ou ridicules, lorsqu’on les jugera d’après un modele inconnu aux auteurs.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
[Je voulais] faire voir l’incertitude de tous nos jugemens sur les caracteres des hommes, & [...] que les usages, la mode, les loix sont ce qui détermine principalement en fait de morale.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Le Rhin a son cours vers le nord, le Rhône vers le midi, cependant ces deux fleuves prennent leur source dans la même montagne, & par conséquent sont poussés par le même principe...
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Les principes de la morale, sont partout les mêmes, quoique les conséquences que les hommes en tirent soient souvent très-différentes.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Il paroît que jamais on n’a regardé aucune qualité morale comme une vertu [...], à moins qu’elle ne fût utile ou agréable soit à celui qui la possede soit aux autres.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Quel motif aura-t-on de vanter une action, un caractere, si l’on convient en même tems que ces choses ne sont bonnes à rien ?
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Les hommes ne sont pas toujours d’accord dans leurs jugemens sur l’utilité d’une action, ou d’un usage...
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Il est certain que rien n’est peut-être plus absurde & plus barbare que les duels, mais ceux qui s’efforcent de les justifier prétendent qu’ils maintiennent les égards & la politesse.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Il n’est point du ressort du moraliste de décider si [les hommes] raisonnent plus juste là-dessus que sur toute autre chose, il suffit que les principes originaires de la censure ou du blâme soient uniformes.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Le luxe peut être nuisible dans la Suisse. Il ruineroit un homme, il ne fait qu’encourager l’industrie [...] chez les François ou chez les Anglois ; on ne doit donc pas s’attendre à trouver les mêmes loix établies à Berne, à Londres & à Paris.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Aujourd’hui la religion a pris la place de la philosophie, elle a l’œil par toute notre conduite : elle a le droit de régler nos actions, nos paroles, même nos pensées nos inclinations.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Lorsque les hommes s’éloignent des maximes de la raison, pour embrasser [...] une vie artificielle, personne ne peut répondre de ce qui leur plaira ou de ce qui leur déplaira.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Les belles manières [...] sont des choses plus arbitraires & plus accidentelles, mais le mérite de l’âge mûr est presque le même en tout pays ; il consiste surtout dans la probité, l’humanité, le savoir...
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
La vertu ou le mérite personnel consiste dans la possession des qualités de l’ame qui sont utiles ou agréables, soit à la personne qui les possede, soit aux autres.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Il faut croire que les systêmes & les hypotheses ont perverti & corrompu notre entendement, puisqu’une théorie aussi simple & aussi naturelle a pu échapper si long-tems aux recherches des hommes.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Il entre dans notre composition quelque chose du caractere de la tourterelle, quoique allié avec celui du loup & du serpent.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Il suffit que l’on nous accorde [...] que nous éprouvons au dedans de nous-mêmes de la bienveillance, quelque légère qu’elle soit, & que nous nous sentons quelques étincelles d’amitié pour le genre humain.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Tant que le cœur de l’homme sera tel qu’il est, il ne sera jamais totalement indifférent au bien-être de l’humanité.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
L’ambition d’un homme n’est point celle d’un autre [...] mais l’humanité d’un homme est celle de tous les autres, & le même objet excite ce sentiment dans tous les hommes.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Les vérités pernicieuses à la société, s’il y en a de cette espece, doivent céder à des erreurs bonnes & salutaires.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
L’amour de la gloire & de la réputation est un autre ressort de notre machine, qui donne beaucoup de force au sentiment moral ; c’est la passion des grandes ames.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Les plaisirs propres de l’animalité perdent peu à-peu leur prix, on s’efforce d’acquérir la beauté morale & intérieure, & l’ame travaille à s’orner des perfections qui conviennent à l’être raisonnable.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
La seule peine qu’exige [la vertu] est de calculer juste, & de donner la préférence au bonheur le plus grand.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
[La vertu] ne nous parle point d’austérités superflues [...]; son unique projet est de rendre ses disciples & tous les hommes contens, s’il est possible, & de faire leur félicité à chaque moment de leur existence.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Pourquoi le célibat, les jeûnes, les macérations, l’abnégation de soi-même, l’humilité [...] & toutes les vertus monacales sont-elles rejetées par tous les hommes sensés ? C’est parce qu’elles ne mènent à rien.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
La tranquillité intérieure, le témoignage d’une bonne conscience, des mœurs sans reproche, une vie pure & innocente sont des choses essentielles à notre bonheur.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Les méchans sont au fond les plus grandes dupes, & qu’ils ont sacrifié le bonheur de jouir [...] du plaisir d’être vertueux, pour acquérir des bagatelles de nulle valeur.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Je suis convaincu que l’impudence & l’opiniâtreté sont les compagnes de l’erreur : les hommes qui s’égarent donnent un libre cours à la passion, sans rester jamais dans cet état de suspension raisonnable, qui peut seul les garantir des absurdités les plus grossieres.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
De toutes les choses propres à mortifier la vanité de l’homme, il n’y en a peut-être point de plus humiliante, que de voir la faiblesse [...] des efforts de l’art [...] lorsqu’il s’agit d’égaler la nature.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Le plus grand génie, s’il n’est pas né poète, ne saurait le devenir, ou si la nature [...] l’abandonne, il pose la lyre, & ne se flatte point de pouvoir suppléer, avec le secours des règles, à cet enthousiasme qui est l’unique principe d’une harmonie divine.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
[La plus stérile des entreprises est] l’entreprise des philosophes [...] qui ont prétendu trouver le merveilleux secret de produire un bonheur artificiel, un plaisir raisonné, & réfléchi.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Vous promettez de me rendre heureux, & vous voulez employer [...] la raison & les règles de l’art. Mais mon bonheur ne dépend-il pas de ma constitution interne ?
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Le bonheur consiste dans le repos & dans le plaisir, c’est un état d’aisance & de contentement : le bonheur fuit les veilles ; il abhorre les soins & les fatigues.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
À force de me tourmenter [...], j’arriverai bien à la douleur ; mais, pour le plaisir, j’ai beau y tendre, jamais je ne me le donnerai, en dépit de la nature.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Loin d’ici ce mépris insensé & impossible de toutes les choses sensibles, de tous les objets extérieurs ! Ce n’est pas ainsi que parle la nature ; je ne reconnais d’autre langage ici que celui de l’orgueil.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Cependant, le cœur est vide, il est plein d’ennui [...] tandis que l’esprit, privé des objets qui peuvent seuls l’occuper & le nourrir, s’absorbe dans la plus sombre mélancolie.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Je vais consulter un oracle plus sûr, c’est la voix de mes penchants, c’est le cri de mes passions. C’est elle, et non vos frivoles écrits, qui peut m’instruire des préceptes de la nature.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Oubliant le passé, bannissant les soucis de l’avenir, jouissons du présent ; dans chaque instant de notre durée, saisissons ce bien, sur lequel le sort & la fortune ne sauraient exercer leurs caprices.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Qu’est-ce que cette gloire qui enfle vos cœurs [...] ? Un écho, une ombre, un songe, l’ombre d’un songe.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Une fantaisie bizarre vous fait immoler tous les vrais plaisirs à cette vaine fumée [la gloire], digne récompense de sa frivolité.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Pourquoi l’idée de la fragilité humaine [...] troublerait-elle vos heures les plus délicieuses ? Pourquoi ce funeste poison corromprait-il les plaisirs dans leur propre source...?
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Songez plutôt que si la vie s’enfuit, si la jeunesse n’est qu’une fleur aussi-tôt flétrie, il faut d’autant plus saisir l’instant où nous la possédons [...] & ne perdre aucune parcelle d’une existence aussi fugitive.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
S’il y a une intelligence suprême [...] soyons assurés qu’elle se plaît à nous voir remplir le but de notre existence, en jouissant de tous les plaisirs pour lesquels nous avons été créés.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Je me suis défié, de bonne heure, de toutes les décisions des philosophes : & je me suis toujours senti plus de penchant à disputer sur leurs dogmes qu’à les embrasser.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Un philosophe s’attache à un principe favori [...] aussi-tôt il veut y soumettre tout l’univers, & y réduire tous les phénomenes ; ce qui le jette dans des raisonnemens forcés, & dans des absurdités sans nombre.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Où est l’homme qui ne soit parfaitement content de sa façon de vivre, & qui ne se crût malheureux de la changer contre celle de son voisin ?
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Souvent ce qui leur plaît un jour, leur déplaît le lendemain ; quelques efforts qu’ils fassent, il n’est pas en leur pouvoir de rappeler leurs inclinations passées [...].
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Prenez-vous les philosophes pour des magiciens, dont l’art occulte puisse vous enseigner des choses qui surpassent les lumières ordinaires ?
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Il n’y a rien qui soit, en lui-même, beau ou laid, digne d’amour ou de haine [...] ces différentes qualifications dépendent uniquement des sentimens & des affections de chaque homme [...].
1742
Source: Les Quatre Philosophes
[...] la beauté n’est pas dans le poëme ; elle est dans le goût du lecteur.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Les objets n’ont aucune valeur en eux-mêmes ; ils ne valent que le prix que notre ame y attache.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Pour être heureux, il faut que le desir ne soit ni trop fort, ni trop foible.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Une vie tissue de plaisirs [...] est infiniment plus sujette au dégoût, qu’une vie laborieuse.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Le bien & le mal, tant naturel que moral, ne sont qu’une affaire de goût & de sentiment.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
La philosophie n’a que peu de vrais sectateurs ; & sur ceux-là même elle n’a qu’une autorité très-foible & très-bornée.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Il est certain que la culture sérieuse des sciences & des beaux arts adoucit & apprivoise le tempérament [...].
1742
Source: Les Quatre Philosophes
L’habitude est un moyen puissant pour nous corriger, en nous remplissant de bonnes dispositions, & d’inclinations vertueuses.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Réduire la vie à des loix & à des méthodes, c’est se charger d’une tâche difficile, & le plus souvent d’une tâche frivole.
1742
Source: Les Quatre Philosophes
Selon [certains], la bienveillance n’est qu’hypocrisie, l’amitié n’est qu’une tromperie, l’amour du bien public qu’une comédie, la fidélité qu’un piége propre à surprendre la confiance.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Quelqu’affection qu’on éprouve [...] pour les autres, elle n’est point & ne peut être désintéressée ; [...] l’amitié la plus genéreuse [...] n’est qu’un amour-propre modifié.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Le citoyen le plus généreux & l’avare le plus sordide, le héros le plus magnanime & l’homme le plus lâche, dans toutes leurs actions ont également en vue leur propre intérêt & leur bonheur personnel.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Je fais cas d’un homme dont l’amour-propre [...] est dirigé de façon à s’intéresser à ses semblables et à se rendre utile à la société.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Les sentimens naturels, excités par les apparences générales des choses ne sont pas aisément détruits par les réflexions raffinées qu’on fait sur leur origine commune et imperceptible.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
L’observateur le moins attentif apperçoit bientôt qu’il existe une disposition telle que la bienveillance et la générosité ; qu’il y a des sentimens tels que l’amour, l’amitié, la compassion, la reconnoissance.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Nos passions ne sont point susceptibles de ces impressions qui partent du rafinement de l’esprit & de l’imagination.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Si nous admettons une bienveillance désintéressée dans des êtres inférieurs, par quelle regle d’analogie refuserions-nous ce sentiment à des êtres d’un ordre plus relevé ?
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Quel peut être l’intérêt de cette tendre mere qui détruit sa santé par les soins qu’elle prodigue à son enfant malade, & qui [...] finit par mourir de chagrin ?
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Où seroit donc la difficulté de concevoir qu’il en est de même de la bienveillance & de l’amitié [...], et que la constitution primitive de notre ame nous fait desirer le bonheur de nos semblables ?
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Quelle est la malignité d’une philosophie qui ne veut point accorder à l’humanité & à l’amitié les mêmes droits, qu’on est forcé de reconnoître dans des sentimens atroces, tels que la haine & le ressentiment ?
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Les termes d’ami, de sociable, de bon, d’humain [...] existent dans toutes les langues, & expriment généralement le plus éminent degré de mérite auquel la nature humaine puisse atteindre.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Des talens supérieurs, un courage inébranlable [...] n'exposent qu'à l’envie ; mais lorsqu’on joint à ces qualités celles de l’humanité & de la bienfaisance, on réduit l’envie même au silence.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Dans les hommes de capacité médiocre, les vertus sociales deviennent [...] encore plus nécessaires, parce que rien ne peut compenser le défaut de ces vertus, ni garantir un homme de notre haine.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale
Dans toutes les déterminations morales la circonstance de l’utilité publique est toujours celle qu’on a principalement en vue.
1751
Source: Enquête sur les principes de la morale