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Emmanuel Kant

Emmanuel Kant

Emmanuel Kant (22 avril 1724 – 12 février 1804) était un philosophe allemand et l'un des principaux penseurs des Lumières. Les œuvres complètes et systématiques de Kant en épistémologie, métaphysique, éthique et esthétique ont fait de lui l'une des figures les plus influentes de la philosophie occidentale moderne.

Je ne puis me reconnaître obligé envers les autres qu’autant que je m’oblige en même temps moi-même.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Vis conformément à la nature, c’est-à-dire conserve-toi dans la perfection de ta nature.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Rends-toi plus parfait que ne t’a fait la nature.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

L’homme ne peut abdiquer sa personnalité tant qu’il y a des devoirs pour lui, et par conséquent tant qu’il vit.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Anéantir dans sa propre personne le sujet de la moralité, c’est extirper du monde, autant qu’il dépend de soi, l’existence de la moralité même.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Le déshonneur [...] suit le mensonge, et accompagne le menteur comme son ombre.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Le mensonge est l’avilissement et comme l’anéantissement de la dignité humaine.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Un homme qui ne croit pas lui-même ce qu’il dit à un autre [...] a encore moins de valeur que n’en a une simple chose.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Considéré comme personne, [...] l’homme est au-dessus de tout prix ; car [...] il ne peut être regardé comme un moyen, mais comme une fin en soi.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

L'homme possède une dignité (une valeur intérieure absolue), par laquelle il force au respect de sa personne toutes les autres créatures raisonnables.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Ne soyez point esclaves des hommes. Ne souffrez pas que vos droits soient impunément foulés aux pieds.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Celui qui se fait ver, peut-il ensuite se plaindre d’être écrasé ?

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Tout homme a une conscience et se sent observé, menacé et [...] tenu en respect par un juge intérieur.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

La connaissance de soi-même [...] voilà le commencement de toute sagesse humaine.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

La violence et la cruauté avec lesquelles on traite les animaux sont très-contraires au devoir de l’homme envers lui-même, car on émousse ainsi en soi la compassion.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Les choses du monde sensible [...] ont une signification comme choses, ce qui est peu, et une autre comme signe, ce qui est davantage.

1766

Source: Rêves d’un homme qui voit des esprits, expliqués par les rêves de la métaphysique

L’homme extérieur tout entier correspond [...] à tout l’homme intérieur.

1766

Source: Rêves d’un homme qui voit des esprits, expliqués par les rêves de la métaphysique

Il est souvent facile de penser avec prudence, mais alors seulement par malheur qu’on s’est trompé longtemps.

1766

Source: Rêves d’un homme qui voit des esprits, expliqués par les rêves de la métaphysique

La métaphysique est une science des limites de la raison humaine.

1766

Source: Rêves d’un homme qui voit des esprits, expliqués par les rêves de la métaphysique

Il importe plus [...] de bien connaître et de bien asseoir ses possessions que d’entreprendre follement de s’agrandir par des conquêtes.

1766

Source: Rêves d’un homme qui voit des esprits, expliqués par les rêves de la métaphysique

Nous nous retrouvons sur l’humble terrain de l’expérience et du sens commun. Heureux si nous le regardons comme la place qui nous est assignée, [...] que nous n’abandonnerons jamais impunément.

1766

Source: Rêves d’un homme qui voit des esprits, expliqués par les rêves de la métaphysique

Dans le nombre infini de problèmes qui s’offrent [...], choisir ceux dont la solution intéresse l’homme, est le mérite de la sagesse.

1766

Source: Rêves d’un homme qui voit des esprits, expliqués par les rêves de la métaphysique

Quand la science a parcouru sa révolution, elle arrive naturellement au point d’une modeste défiance, et dit [...] : Combien de choses cependant que je ne connais pas !

1766

Source: Rêves d’un homme qui voit des esprits, expliqués par les rêves de la métaphysique

La raison mûrie par l’expérience [...] dit, avec une âme sereine [...] : Que de choses cependant dont je n’ai pas besoin !

1766

Source: Rêves d’un homme qui voit des esprits, expliqués par les rêves de la métaphysique

Pour choisir raisonnablement, il faut auparavant connaître jusqu’au superflu, l’impossible même.

1766

Source: Rêves d’un homme qui voit des esprits, expliqués par les rêves de la métaphysique

On peut facilement rendre raison de tout, quand on se permet d’imaginer à volonté des agents et des lois d’action.

1766

Source: Rêves d’un homme qui voit des esprits, expliqués par les rêves de la métaphysique

Peut-il s’appeler honnête [...] celui qui s’adonnerait volontiers aux vices s’il ne craignait des châtiments à venir [...] ?

1766

Source: Rêves d’un homme qui voit des esprits, expliqués par les rêves de la métaphysique

Il semble [...] plus conforme à la nature humaine de fonder l'attente d’une autre vie sur les sentiments d’une âme bien réglée, que de fonder [...] sa conduite sur l’espérance d’une autre vie.

1766

Source: Rêves d’un homme qui voit des esprits, expliqués par les rêves de la métaphysique

La raison humaine n’a pas des ailes assez puissantes pour franchir les nuages si élevés qui dérobent à nos yeux les mystères de l’autre monde.

1766

Source: Rêves d’un homme qui voit des esprits, expliqués par les rêves de la métaphysique

La véritable sagesse est la compagne de la simplicité, et comme le cœur y commande à l’entendement, elle rend d’ordinaire superflu tout l’appareil de l’érudition.

1766

Source: Rêves d’un homme qui voit des esprits, expliqués par les rêves de la métaphysique

Comment, en effet, voudrions-nous donner aux notions sens et signification, si quelque intuition [...] ne leur était soumise ?

1786

Source: Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?

S’orienter signifie, dans le sens propre du mot : d’une région donnée du monde [...], trouver les trois autres, surtout l’Orient.

1786

Source: Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?

Je ne m’oriente [...] géographiquement, avec toutes les données objectives du ciel, qu’à l’aide encore d’une raison subjective de distinction.

1786

Source: Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?

[S'orienter dans la pensée] sera [...] un acte de la raison pure, celui de diriger son usage, lorsque, partant d’objets connus [...], elle veut s’étendre au delà des bornes de l’expérience.

1786

Source: Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?

L’ignorance est donc en soi la cause des limites, mais non des erreurs dans notre connaissance.

1786

Source: Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?

Partout où existe un besoin réel de juger, un besoin inhérent à la raison même [...] est nécessairement une maxime d’après laquelle nous devons porter notre jugement ; car la raison veut être satisfaite.

1786

Source: Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?

Il y a [...] le droit du besoin de la raison, comme d’un motif subjectif de présupposer et d’admettre quelque chose qu’elle ne peut prétendre savoir par des considérations subjectives.

1786

Source: Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?

Ce n’est pas absolument un besoin, mais bien plutôt une pure curiosité qui n’aboutit qu’à des rêveries, que de se livrer à de semblables recherches.

1786

Source: Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?

Toute foi [...] doit [...] être rationnelle, puisque la dernière pierre de touche de la vérité est toujours la raison.

1786

Source: Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?

Toute foi est [...] une croyance subjectivement suffisante, mais accompagnée de la conscience de son insuffisance objective. Elle est donc opposée au savoir.

1786

Source: Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?

Penser par soi-même c’est chercher en soi-même (c’est-à-dire dans sa propre raison) la pierre de touche suprême de la vérité.

1786

Source: Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?

Penserions-nous beaucoup et penserions-nous bien si nous ne pensions pas en commun avec d’autres auxquels nous communiquons nos pensées, et qui nous font part des leurs ?

1786

Source: Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?

Cette puissance extérieure, qui enlève aux hommes la liberté de communiquer publiquement leurs pensées, leur ôte aussi la liberté de penser.

1786

Source: Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?

Si la raison ne veut pas être soumise à la loi qu’elle se donne elle-même, il faut qu’elle subisse le joug de lois qu’une autre lui donne ; car sans une loi quelconque rien ne peut aller loin.

1786

Source: Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?

La liberté de penser, quand elle va jusqu’à vouloir s’affranchir des lois mêmes de la raison, finit par s’anéantir de ses propres mains.

1786

Source: Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?

Fondée sur le concept de l’homme, [...] la morale n’a pas besoin de l’Idée d’un autre Être supérieur à l’homme pour que l’homme connaisse son devoir, ni d’un autre mobile que la loi même pour qu’il l’accomplisse.

1793

Source: La Religion dans les limites de la simple raison

[La morale] n’a donc aucunement besoin [...] de s’appuyer sur la religion ; mais, en vertu de la raison pure pratique, elle se suffit pleinement à elle-même.

1793

Source: La Religion dans les limites de la simple raison

Pour la morale point n’est besoin de fin pour bien agir, et à elle seule la loi suffit qui contient la condition formelle de l’usage de la liberté en général.

1793

Source: La Religion dans les limites de la simple raison

De la morale découle pourtant une fin ; car il est impossible que la raison demeure indifférente à la question : que résultera-t-il de notre bonne conduite ?

1793

Source: La Religion dans les limites de la simple raison

Ce ne peut pas être [...] chose indifférente pour la morale que de se faire ou non le concept d’une fin dernière de toutes choses.

1793

Source: La Religion dans les limites de la simple raison

...la loi morale réclame que soit réalisé le plus grand bien dont nous sommes capables.

1793

Source: La Religion dans les limites de la simple raison

Il suffit de faire son devoir, même si tout finit avec la vie terrestre, et même si dans cette vie le bonheur et le mérite ne se rencontrent peut-être jamais.

1793

Source: La Religion dans les limites de la simple raison

La morale conduit donc nécessairement à la religion.

1793

Source: La Religion dans les limites de la simple raison

Tout, même ce qu’il y a de plus sublime, se rapetisse entre les mains des hommes, quand ils en appliquent l’idée à leur usage.

1793

Source: La Religion dans les limites de la simple raison

Ce qui ne peut être honoré véritablement qu’autant que le respect qu’on lui porte est libre, est forcé de s’accommoder à des formes [...] qu’on ne peut leur donner de l’autorité qu’au moyen de lois de contrainte.

1793

Source: La Religion dans les limites de la simple raison

Une religion qui déclare témérairement la guerre à la raison ne saurait longtemps résister contre elle.

1793

Source: La Religion dans les limites de la simple raison

Le seul moyen de faire avancer les sciences est de bien les séparer, de les prendre d’abord chacune à part, comme constituant un tout, et de n’essayer qu’ensuite de les considérer dans leur réunion.

1793

Source: La Religion dans les limites de la simple raison

Dissimuler les difficultés, les traiter même d’impiétés pour jeter sur elles le discrédit, c’est un misérable expédient dépourvu de toute valeur.

1793

Source: La Religion dans les limites de la simple raison

Ce n’est qu’en écoutant le philosophe que le théologien peut être armé d’avance contre toutes les difficultés que celui-ci pourrait lui créer.

1793

Source: La Religion dans les limites de la simple raison

Je me propose de persuader à tous ceux qui s’occupent de métaphysique, qu’il est nécessaire de suspendre leur travail, de considérer ce qui s’est fait comme non avenu, et de se poser la question : « si quelque chose comme la métaphysique est seulement possible. »

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Si [la métaphysique] est une science, d’où vient qu’elle ne peut, comme les autres, obtenir un assentiment universel et durable ? Si ce n’en est pas une, comment se fait-il qu’elle en affecte toujours l’apparence, et nourrit l’esprit d’un espoir incessant et jamais satisfait ?

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Il est presque ridicule, quand toute autre science marche d’un pas incessant, de tourner toujours à la même place dans la métaphysique qui veut néanmoins être la sagesse même [...] et de ne pas faire le moindre progrès.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Il n’est jamais trop tard d’être raisonnable et sage ; mais il est toujours difficile de mettre en mouvement une intelligence qui se révèle tardivement.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Celui qui lira ces prolégomènes d’une manière réfléchie [...] doutera de sa science passée, mais finira par être persuadé [...] qu’aucune métaphysique n’existe encore.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

[David Hume] fit jaillir une étincelle qui eût pu produire la lumière, si elle était tombée sur une matière inflammable, et si l’action en eût été entretenue et augmentée.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

La raison se trompe entièrement sur ce concept [de cause] ; elle le tient faussement pour son enfant, [alors] qu’il n’est qu’un bâtard de l’imagination, qui, engrossée par l’expérience, a soumis certaines représentations à la loi de l’association.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Le sort contraire qui s’attache toujours à la métaphysique voulut que Hume ne fût compris de personne.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Quand l’intelligence et la science sont en défaut, alors et pas plus tôt on fait appel au sens commun ; c’est une des subtiles inventions de notre temps, à l’aide de laquelle le parleur le plus futile peut entreprendre l’esprit le plus solide.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Cet appel [au sens commun] n’est qu’un recours au jugement de la multitude ; approbation dont la philosophie rougit, mais dont se prévaut et s’enorgueillit le parleur populaire.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Le sens commun et le sens spéculatif sont tous les deux utiles, mais chacun dans son espèce : celui-là pour les jugements d'application immédiate dans l’expérience, celui-ci quand il faut juger en général, par simples notions.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

J’avoue de grand cœur que c’est à l’avertissement donné par David Hume que je dois d’être sorti [...] du sommeil dogmatique, et d’avoir donné à mes recherches [...] une direction toute nouvelle.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

En partant d’une pensée vraie, qui nous a été laissée par un autre [...] on peut espérer d’aller plus loin par une réflexion continue, dans la voie ouverte par l’homme pénétrant auquel on doit la première étincelle de cette lumière.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Une raison pure est placée dans une sphère tellement isolée [...] qu’on ne peut toucher à l’une de ses parties sans toucher à toutes les autres, ni rien faire sans avoir auparavant assigné à chacune sa place et son influence sur une autre.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

La valeur et l’usage de chaque partie dépend du rapport [...] à l’égard de tout le reste dans la raison même, et, comme dans un corps organisé, la fin de chaque membre ne peut se déduire que de la parfaite notion du tout.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

L’objet reste [...] toujours inconnu en soi ; mais si la liaison des représentations [...] reçoit une valeur universelle [...], l’objet se trouve déterminé par ce rapport, et le jugement est objectif.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Ce que l’expérience m’apprend dans certaines circonstances, elle doit me l’apprendre toujours et à chacun, et sa valeur ne se borne pas au sujet ou à son état du moment.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

En somme : l’affaire des sens est de percevoir ; celle de l’entendement, de penser. Or, penser c’est réunir des représentations en une seule conscience.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Des jugements sont [...] ou simplement subjectifs, quand des représentations sont seulement rapportées à une conscience unique dans un sujet, ou ils sont objectifs quand elles sont réunies en une conscience en général, c’est-à-dire [...] nécessaires.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Les principes d’une expérience possible sont donc en même temps des lois universelles de la nature, qui peuvent être connues a priori.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

La limitation essentielle des notions est [...] que toutes choses, comme objets de l’expérience seulement, sont nécessairement soumises à [ces] notions.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Les notions intellectuelles pures n’ont donc absolument aucune signification si elles désertent les objets de l’expérience et veulent être rapportées aux choses en soi (noumena).

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Tous les principes synthétiques, a priori ne sont que des principes de l’expérience possible, et ne peuvent jamais être rapportés à des choses en soi, mais uniquement à des phénomènes comme objets de l’expérience.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

[...] nous ne pouvons jamais, avec toute notre raison, sortir du champ de l’expérience.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Si nous considérons les objets des sens [...] comme de simples phénomènes, nous reconnaissons par là qu’une chose en soi leur sert de fondement, quoique nous ne sachions pas ce qu’elle est [...].

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

L’imagination est peut-être excusable s’il lui arrive parfois de délirer [...]. Mais que l’entendement, qui doit penser, délire au contraire, c’est ce qu’on ne peut jamais lui passer.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

La législation suprême de la nature doit se trouver en nous, c’est-à-dire dans notre entendement.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

[L']entendement ne tire pas ses lois (a priori) de la nature, mais il les lui impose.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Chaque expérience particulière n’est qu’une partie de l’étendue complète de son domaine ; mais l’ensemble absolu de toute l’expérience possible n’est plus une expérience.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Si la nécessité n’est rapportée qu’à des phénomènes, et la liberté qu’à des choses en soi, il n’y a pas contradiction [...].

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

La simplicité et la modération de la nature n’exigent [...] que des notions communes ; la contrainte artificielle et le luxe de l’état social produisent des parleurs élégants et des raisonneurs, mais aussi, par occasion, des fous et des fripons.

1764

Source: Essai sur les maladies de l’esprit

Chacun est beaucoup plus jaloux des avantages de l’esprit que des qualités estimables de la volonté, et [...] personne n’hésiterait un seul instant à se déclarer pour la [friponnerie] plutôt que pour la [bêtise].

1764

Source: Essai sur les maladies de l’esprit

La tête humaine est proprement un tambour qui ne résonne que parce qu’il est vide.

1764

Source: Essai sur les maladies de l’esprit

La difficulté de s’exprimer ne prouve pas un défaut d’intelligence, elle montre seulement que l’esprit ne prête pas l’assistance nécessaire pour revêtir la pensée [...].

1764

Source: Essai sur les maladies de l’esprit

Dans le langage des fripons, nul n’a d’intelligence qui n’estime les autres qu’à sa valeur propre, c’est-à-dire qui les tient également pour fripons.

1764

Source: Essai sur les maladies de l’esprit

Si par hasard une passion est particulièrement puissante, l’intelligence sert peu contre elle ; car l’homme charmé [...] se sent impuissant à leur donner la force effective.

1764

Source: Essai sur les maladies de l’esprit

Un fou peut avoir beaucoup d’intelligence [...]. Il peut absolument donner de très bons conseils à d’autres, quoique son conseil soit nul pour lui-même.

1764

Source: Essai sur les maladies de l’esprit

Celui qui est sans folie est un sage. Ce sage est peut-être dans la lune ; peut-être qu’on y est sans passion, et qu’on y a infiniment plus de raison qu’ici.

1764

Source: Essai sur les maladies de l’esprit

L’âme de tout homme, même dans l’état le plus sain, est occupée à peindre toutes sortes d’images de choses qui n’existent pas [...].

1764

Source: Essai sur les maladies de l’esprit

[...] les sens persuadent bien plus des choses réelles qu’un raisonnement.

1764

Source: Essai sur les maladies de l’esprit

L’halluciné est donc un homme qui rêve dans l’état de veille.

1764

Source: Essai sur les maladies de l’esprit

[...] par un habituel aveuglement, les hommes ne voient pas ce qui existe ; ils voient ce que leur représente leur inclination.

1764

Source: Essai sur les maladies de l’esprit

[...] l’enthousiasme, sans lequel rien de grand ne s’est jamais fait dans le monde.

1764

Source: Essai sur les maladies de l’esprit

C’est dans l’état social que se rencontrent proprement les ferments de toute cette corruption, qui [...] servent [...] à l’entretenir et à l’aggraver.

1764

Source: Essai sur les maladies de l’esprit

Il fallait dire que l’homme est devenu orgueilleux parce qu’il était déjà un peu fou, plutôt que de croire qu’il est devenu fou parce qu’il était orgueilleux.

1764

Source: Essai sur les maladies de l’esprit

Toutes nos intuitions ne sont autre chose que des représentations de phénomènes ; [...] les choses que nous percevons ne sont pas en elles-mêmes telles que nous les percevons.

1781

Source: Critique de la raison pure

Si nous faisons abstraction de notre sujet [...], toutes les propriétés, tous les rapports des objets dans l’espace et dans le temps, l’espace et le temps eux-mêmes s’évanouissent.

1781

Source: Critique de la raison pure

Quant à la nature des objets considérés en eux-mêmes et indépendamment de toute [...] réceptivité de notre sensibilité, elle nous demeure entièrement inconnue.

1781

Source: Critique de la raison pure

Nous ne connaissons rien de ces objets que la manière dont nous les percevons ; et cette manière, qui nous est propre, peut fort bien n’être pas nécessaire à tous les êtres [...].

1781

Source: Critique de la raison pure

Quand même nous pourrions porter notre intuition à son plus haut degré de clarté, nous n’en ferions point un pas de plus vers la connaissance de la nature même des objets.

1781

Source: Critique de la raison pure

La différence entre une représentation obscure et une représentation claire est purement logique et ne porte pas sur le contenu.

1781

Source: Critique de la raison pure

On ne peut dire que la sensibilité nous fasse connaître obscurément la nature des choses en soi, puisqu’elle ne nous la fait pas connaître du tout.

1781

Source: Critique de la raison pure

Dès que nous faisons abstraction de notre constitution subjective, l’objet représenté [...] ne se trouve plus et ne peut plus se trouver nulle part.

1781

Source: Critique de la raison pure

Nous croyons connaître les choses en elles-mêmes, bien que [...] nous n’ayons jamais affaire qu’à des phénomènes.

1781

Source: Critique de la raison pure

Non-seulement ces gouttes de pluie sont de purs phénomènes, mais même leur forme ronde et jusqu’à l’espace où elles tombent ne sont rien en soi.

1781

Source: Critique de la raison pure

Il est donc indubitablement certain [...] que l’espace et le temps [...] ne sont que des conditions purement subjectives de toutes nos intuitions.

1781

Source: Critique de la raison pure

Tout ce qui dans notre connaissance appartient à l’intuition [...] ne contient que de simples rapports.

1781

Source: Critique de la raison pure

De simples rapports ne font point connaître une chose en soi.

1781

Source: Critique de la raison pure

Le sujet [...] ne peut être représenté par [le sens intérieur] que comme un phénomène, et non comme il se jugerait lui-même, si son intuition était [...] intellectuelle.

1781

Source: Critique de la raison pure

Lorsque je dis que l’intuition [...] représente [...] son objet, comme il affecte nos sens, [...] je ne veux pas dire que ces objets soient une pure apparence.

1781

Source: Critique de la raison pure

Parce que tout en [eux] travaille contre la nature, le bien à qui la nature a donné la prédisposition est loin d'être extrait de l'être humain.

1777

Source: Essais concernant le Philanthropin : deuxième essai

Nous, créatures animales, sommes faits hommes seulement par la culture.

1777

Source: Essais concernant le Philanthropin : deuxième essai

C’est en vain que l’on attendrait le salut du genre humain d’une progressive amélioration. [...] Il faut que [les institutions] soient entièrement reconstituées si l’on veut espérer en voir sortir quelque chose de bon.

1777

Source: Essais concernant le Philanthropin : deuxième essai

Ce n’est pas une lente réforme, mais seulement une rapide révolution qui peut opérer ce changement.

1777

Source: Essais concernant le Philanthropin : deuxième essai

Retarder [un projet] qui doit devenir le premier exemple abouti [...] revient au même que semer la semence avant maturité, et récolter plus tard de la mauvaise herbe.

1777

Source: Essais concernant le Philanthropin : deuxième essai

[Un projet] n’est plus seulement une belle idée, mais se montre avec la preuve tangible de sa faisabilité.

1777

Source: Essais concernant le Philanthropin : deuxième essai

[C'est] un phénomène [...] beaucoup plus important [...] que le brillant néant sur le théâtre toujours variable du vaste monde.

1777

Source: Essais concernant le Philanthropin : deuxième essai

Le brillant néant sur le théâtre toujours variable du vaste monde, s'il ne fait pas reculer le bien de l'humanité, ne le fait pas avancer d’un cheveu.

1777

Source: Essais concernant le Philanthropin : deuxième essai

Les attaques [...] sont des techniques si habituelles de la manie de trouver à redire à tout et de vieilles traditions se maintenant sur leur fumier.

1777

Source: Essais concernant le Philanthropin : deuxième essai

Une paisible indifférence à l’égard de ceux qui, à tout ce qui s’annonce comme bon et noble, lancent de hargneux regards, devrait [...] éveiller plusieurs soupçons.

1777

Source: Essais concernant le Philanthropin : deuxième essai

[Il faut] découvrir une occasion par laquelle l'on pourrait faire avancer par une petite contribution le bien le plus grand possible, le plus durable et général.

1777

Source: Essais concernant le Philanthropin : deuxième essai

[...] la semence du bien même peut être cultivée et nourrie, afin qu’elle puisse avec le temps être propagée et se perpétuer elle-même.

1777

Source: Essais concernant le Philanthropin : deuxième essai

Ceux qui ont reçu une éducation reconnaissent l’obligation [...] de contribuer à la formation des hommes.

1777

Source: Essais concernant le Philanthropin : deuxième essai

Comme les gouvernements [...] semblent n’avoir pas d’argent pour l’amélioration des écoles, il faut bien que les particuliers s’y intéressent et contribuent.

1777

Source: Essais concernant le Philanthropin : deuxième essai

En raison de la formation systématique de l’Univers, ses diverses parties se relient les unes aux autres par une variation graduelle de leurs caractères.

1755

Source: Histoire naturelle universelle et théorie du ciel

La nature, par la seule action de ses forces livrées à elles-mêmes, sait faire sortir du chaos même de merveilleux développements.

1755

Source: Histoire naturelle universelle et théorie du ciel

Tous les êtres sans exception dépendent d’une seule cause, qui est l’intelligence de Dieu ; leurs actions réciproques ne peuvent donc aboutir à d’autres conséquences que celles qui concourent à l’exécution du plan parfait [...].

1755

Source: Histoire naturelle universelle et théorie du ciel

Ce calcul mathématique du mouvement inconnu d’un astre [...] attend sa confirmation des observations de l’avenir.

1755

Source: Histoire naturelle universelle et théorie du ciel

les lunettes n’ont sans doute pas encore atteint le degré de perfection que l’on est en droit d’espérer, et que semblent nous promettre le zèle et l’habileté des artistes.

1755

Source: Histoire naturelle universelle et théorie du ciel

Si l’on parvenait un jour à vérifier par l’observation directe l’exactitude de nos conjectures, quelle certitude acquerrait notre théorie [...], et quelle ne deviendrait pas la vraisemblance de tout notre système [...] !

1755

Source: Histoire naturelle universelle et théorie du ciel

Le mécanisme du mouvement [...] introduit une condition, grâce à laquelle les causes mêmes qui semblaient devoir amener la destruction [...] en assurent la stabilité.

1755

Source: Histoire naturelle universelle et théorie du ciel

Je présente cette conception avec un réel plaisir, parce que j’ai le ferme espoir de la voir confirmée un jour par des observations effectives.

1755

Source: Histoire naturelle universelle et théorie du ciel

Les instruments d’optique ont ouvert à l’esprit humain la connaissance des régions les plus éloignées de l’Univers. C’est de leur perfectionnement surtout que dépendent les progrès qu’on pourra faire dans cette voie.

1755

Source: Histoire naturelle universelle et théorie du ciel

L’attention que notre siècle apporte à tout ce qui peut accroître la portée de la vue de l’homme permet d’espérer qu’elle se tournera [...] vers les plus importantes découvertes.

1755

Source: Histoire naturelle universelle et théorie du ciel

il ne faut pas être trop rigoureux, quand il s’agit de satisfaire notre amour du merveilleux.

1755

Source: Histoire naturelle universelle et théorie du ciel

je trouve mieux de sacrifier les vains applaudissements [...] à la satisfaction plus vraie qui ressort de la perception de l’enchaînement régulier des choses, lorsqu’on voit des analogies physiques concourir [...] à mettre en lumière des vérités physiques.

1755

Source: Histoire naturelle universelle et théorie du ciel

Le plaisir d’avoir compris et expliqué les conditions d’existence [...] d’un des phénomènes les plus rares du Ciel nous a entraînés dans des développements un peu longs.

1755

Source: Histoire naturelle universelle et théorie du ciel

[...] l'anneau de Saturne pourrait être un essaim de petits satellites, qui produiraient pour Saturne l’apparence qu’a la Voie lactée pour la Terre.

1755

Source: Histoire naturelle universelle et théorie du ciel

La nature est l’existence des choses en tant qu’elle est déterminée suivant des lois universelles.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

L’expérience m’apprend bien ce qui existe et comment il existe, mais jamais qu’il doive être nécessairement ainsi et pas autrement. Elle ne peut donc jamais faire connaître la nature des choses en soi.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

La nature, matériellement considérée, est donc l’ensemble de tous les objets de l’expérience.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Des jugements empiriques, s’ils ont une valeur objective, sont des jugements d’expérience ; mais ceux qui n’ont qu’une valeur subjective sont de simples jugements de perception.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Tous nos jugements ne sont d’abord que de simples jugements de perception, valables uniquement pour nous seuls [...] ce n’est qu’ensuite que nous leur donnons un nouveau rapport, un rapport à l’objet.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

La validité objective et l’universalité nécessaire (pour chacun) sont donc des notions réciproques [...].

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

L’objet reste donc toujours inconnu en soi ; mais si la liaison des représentations [...] reçoit une valeur universelle par la notion intellectuelle, l’objet se trouve déterminé par ce rapport, et le jugement est objectif.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

En somme : l’affaire des sens est de percevoir ; celle de l’entendement, de penser. Or, penser c’est réunir des représentations en une seule conscience.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Les principes d’une expérience possible sont donc en même temps des lois universelles de la nature, qui peuvent être connues a priori.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Les notions intellectuelles pures n’ont donc absolument aucune signification si elles désertent les objets de l’expérience et veulent être rapportées aux choses en soi (noumena).

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

[...] nous ne pouvons jamais, avec toute notre raison, sortir du champ de l’expérience.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

[...] si nous considérons les objets des sens [...] comme de simples phénomènes, nous reconnaissons par là toutefois qu’une chose en soi leur sert de fondement, quoique nous ne sachions pas ce qu’elle est [...].

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

L’imagination est peut-être excusable s’il lui arrive parfois de délirer [...] Mais que l’entendement, qui doit penser, délire au contraire, c’est ce qu’on ne peut jamais lui passer.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

[...] l’entendement ne tire pas ses lois (a priori) de la nature, mais qu’il les lui impose.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

Je suis [...] très éloigné de regarder [les notions de cause et substance] comme un simple produit de l’expérience [...]. J’ai plutôt prouvé [...] qu’elles sont [...] antérieures à toute expérience, et qu’elles ont une valeur objective incontestable, mais uniquement par rapport à l’expérience.

1783

Source: Prolégomènes à toute métaphysique future

La nature a donné au porc, en guise de sel, une âme, pour qu’il ne se corrompe pas.

1796

Source: Annonce de la prochaine conclusion d’un traité de paix perpétuelle en philosophie

La corruption ne devrait pas être [...] une conséquence de la mort ; c’est au contraire la mort qui devrait être une conséquence de la corruption.

1796

Source: Annonce de la prochaine conclusion d’un traité de paix perpétuelle en philosophie

Le penchant à philosopher [...] tend à vexer autrui par la polémique philosophique, c’est-à-dire à disputer.

1796

Source: Annonce de la prochaine conclusion d’un traité de paix perpétuelle en philosophie

Cette démangeaison [de philosopher] doit être regardée comme une des bienfaisantes institutions de la nature ; elle s’en sert pour préserver l’homme [...] de tomber en pourriture.

1796

Source: Annonce de la prochaine conclusion d’un traité de paix perpétuelle en philosophie

Le dogmatisme [...] est un oreiller pour dormir, et le terme de toute animation, bien que l’animation soit cependant le bienfait de la philosophie.

1796

Source: Annonce de la prochaine conclusion d’un traité de paix perpétuelle en philosophie

Le scepticisme, qui, lorsqu’il est absolu, [...] n’a rien avec quoi il puisse exercer sur la raison [...] quelque influence, parce qu’il ne fait usage de rien.

1796

Source: Annonce de la prochaine conclusion d’un traité de paix perpétuelle en philosophie

La philosophie critique [...] ne commence pas par essayer de bâtir ou de renverser des systèmes [...]. Elle commence au contraire par l’examen de la faculté de connaître de la raison humaine.

1796

Source: Annonce de la prochaine conclusion d’un traité de paix perpétuelle en philosophie

Une paix [philosophique] ne manquerait guère d’énerver les facultés, et tromperait les intentions de la nature par rapport à la philosophie, comme moyen constant de pousser l’humanité à sa fin dernière.

1796

Source: Annonce de la prochaine conclusion d’un traité de paix perpétuelle en philosophie

Une constitution guerrière n’est pas encore la guerre ; elle peut et doit bien plutôt la prévenir par une prépondérance décisive des raisons [...].

1796

Source: Annonce de la prochaine conclusion d’un traité de paix perpétuelle en philosophie

La sagesse est l’accord de la volonté avec la fin dernière (le souverain bien).

1796

Source: Annonce de la prochaine conclusion d’un traité de paix perpétuelle en philosophie

La sagesse pour les hommes n’est autre chose que le principe interne de la volonté de suivre les lois morales, quel qu’en puisse être l’objet.

1796

Source: Annonce de la prochaine conclusion d’un traité de paix perpétuelle en philosophie

Il peut arriver que tout ce qu’un homme regarde comme vrai ne le soit pas (car il peut se tromper) ; mais il doit être véridique dans tout ce qu’il dit (il ne doit pas tromper).

1796

Source: Annonce de la prochaine conclusion d’un traité de paix perpétuelle en philosophie

Le mensonge [...] est proprement la point corrompu dans la nature humaine.

1796

Source: Annonce de la prochaine conclusion d’un traité de paix perpétuelle en philosophie

Le précepte : Tu ne dois pas mentir [...], pris intérieurement pour principe dans la philosophie [...] n’aurait pas l’avantage seulement d’y établir une paix perpétuelle, mais aussi d'en assurer à jamais l'avenir.

1796

Source: Annonce de la prochaine conclusion d’un traité de paix perpétuelle en philosophie

Si les hommes s’accoutumaient à mêler [...] de sérieux instants de réflexions [...], leurs joies seraient peut-être alors moins bruyantes, et elles feraient place à ce calme serein d’une âme pour qui il n’y a plus d’accidents inattendus.

1760

Source: Consolation adressée à une mère au sujet de la mort de son fils

Une douce mélancolie, ce tendre sentiment dont se nourrissent les nobles cœurs, [...] leur apporterait plus de véritable bonheur que les transports de gaîté des esprits légers et le rire éclatant des fous.

1760

Source: Consolation adressée à une mère au sujet de la mort de son fils

Le plus grand nombre des hommes [...] courent après quelques bulles d’eau, sans se donner la peine de prendre garde aux bascules qui font tomber l’un après l’autre, à côté d’eux, leurs compagnons dans l’abîme [...].

1760

Source: Consolation adressée à une mère au sujet de la mort de son fils

Dans la suite des années, l'homme joint à l’art de se rendre malheureux celui de se le cacher à lui-même, en jetant un voile sur les objets tristes de la vie [...].

1760

Source: Consolation adressée à une mère au sujet de la mort de son fils

Je suis homme, et rien de ce qui est humain ne m’est étranger.

1760

Source: Consolation adressée à une mère au sujet de la mort de son fils

Tout homme se fait à lui-même le plan de sa destinée [...]. La mort, qui termine ce jeu d’ombres, ne se montre à lui que dans un obscur éloignement.

1760

Source: Consolation adressée à une mère au sujet de la mort de son fils

Le sort qui nous tombe réellement en partage ressemble rarement à celui que nous nous promettions ; à chaque pas que nous faisons, nous nous trouvons déçus dans notre attente.

1760

Source: Consolation adressée à une mère au sujet de la mort de son fils

[...] notre imagination n’en poursuit pas moins son œuvre, et ne se lasse pas de former de nouveaux projets, jusqu’à ce que la mort [...] mette tout à coup fin à tout le jeu.

1760

Source: Consolation adressée à une mère au sujet de la mort de son fils

Le souverain maître [...] nous console par l’espérance ; et, par l’heureuse ignorance où il nous laisse sur l’avenir, il nous rend tout aussi empressés à méditer des desseins et des projets.

1760

Source: Consolation adressée à une mère au sujet de la mort de son fils

Le sage [...] dirige surtout son attention sur la grande destinée qui l’attend au delà de la tombe.

1760

Source: Consolation adressée à une mère au sujet de la mort de son fils

Nous trouvons toujours les voies de la Providence sages et adorables [...] ; ne doivent-elles pas l’être beaucoup plus encore, là où nous ne pouvons pas les découvrir ?

1760

Source: Consolation adressée à une mère au sujet de la mort de son fils

La mort prématurée de ceux sur lesquels nous fondions les plus flatteuses espérances nous jette dans une sorte d’effroi ; mais combien de fois peut-être cela n’est-il pas la plus grande faveur du ciel !

1760

Source: Consolation adressée à une mère au sujet de la mort de son fils

Sa vie est un fragment qui nous a fait regretter le reste, dont nous a privés une mort prématurée.

1760

Source: Consolation adressée à une mère au sujet de la mort de son fils

Il n’a jamais affligé personne autrement que par sa mort.

1760

Source: Consolation adressée à une mère au sujet de la mort de son fils

Renoncer humblement à nos propres vœux, quand il plaît à la très-sage Providence d’en décider autrement [...] ce sont là des moyens qui peuvent plus pour la tranquillité du cœur que toutes les raisons d’une éloquence aride et sans force.

1760

Source: Consolation adressée à une mère au sujet de la mort de son fils

Si l’on définit l’entendement en général la faculté de concevoir les règles, le jugement sera la faculté de subsumer sous des règles, c’est-à-dire de décider si quelque chose rentre ou non sous une règle donnée.

1781

Source: Critique de la raison pure

Si l’entendement est susceptible d’être instruit et formé par des règles, le jugement est un don particulier, qui ne peut pas être appris, mais seulement exercé.

1781

Source: Critique de la raison pure

Aussi le jugement est-il le caractère distinctif de ce qu’on nomme le bon sens, et le manque de bon sens un défaut qu’aucune école ne saurait réparer.

1781

Source: Critique de la raison pure

On peut bien offrir à un entendement borné une provision de règles [...], mais il faut que l’élève possède déjà par lui-même la faculté de s’en servir exactement.

1781

Source: Critique de la raison pure

En l’absence de ce don de la nature, il n’y a pas de règle qui soit capable de le prémunir contre l’abus qu’il en peut faire.

1781

Source: Critique de la raison pure

Un médecin, un juge ou un publiciste, peuvent avoir dans la tête beaucoup de belles règles [...] et pourtant faillir aisément dans l’application de ces règles, parce qu’ils manquent de jugement naturel.

1781

Source: Critique de la raison pure

S'ils voient bien le général in abstracto, ils sont incapables de décider si un cas y est contenu in concreto.

1781

Source: Critique de la raison pure

Aussi la grande, l’unique utilité des exemples, est-elle d’exercer le jugement.

1781

Source: Critique de la raison pure

On finit par s’accoutumer à employer [les exemples] plutôt comme des formules que comme des principes.

1781

Source: Critique de la raison pure

Les exemples sont donc pour le jugement comme une roulette pour l’enfant, et celui-là ne saurait jamais s’en passer auquel manque ce don naturel.

1781

Source: Critique de la raison pure

Le défaut de jugement est proprement ce que l’on nomme stupidité et c’est là un vice auquel il n’y a pas de remède.

1781

Source: Critique de la raison pure

Il n’est pas rare de rencontrer des hommes fort instruits, qui laissent fréquemment éclater, dans l’usage qu’ils font de leur science, cet irréparable défaut [le manque de jugement].

1781

Source: Critique de la raison pure

Dans toute subsomption d’un objet sous un concept la représentation du premier doit être homogène à celle du second [...].

1781

Source: Critique de la raison pure

La philosophie, non comme doctrine, mais comme critique, [sert à] prévenir les faux pas du jugement (lapsus judicii) dans l’usage des concepts purs que nous fournit l’entendement.

1781

Source: Critique de la raison pure

Le principe moral que dire la vérité est un devoir, s’il était pris d’une manière absolue et isolée, rendrait toute société impossible.

1797

Source: D'un prétendu droit de mentir par humanité

L’idée de devoir est inséparable de celle de droits : un devoir est ce qui, dans un être, correspond aux droits d’un autre. Là où il n’y a pas de droits, il n’y a pas de devoirs.

1797

Source: D'un prétendu droit de mentir par humanité

La véracité dans les déclarations que l’on ne peut éviter est le devoir formel de l’homme envers chacun, quelque grave inconvénient qu’il en puisse résulter [...].

1797

Source: D'un prétendu droit de mentir par humanité

[En mentant...] je fais en sorte, autant qu’il est en moi, que les déclarations ne trouvent en général aucune créance, [...] ce qui est une injustice faite à l’humanité en général.

1797

Source: D'un prétendu droit de mentir par humanité

Il suffit de définir le mensonge une déclaration volontairement fausse faite à un autre homme.

1797

Source: D'un prétendu droit de mentir par humanité

Celui donc qui ment, quelque généreuse que puisse être son intention, doit [...] encourir la responsabilité de son mensonge et porter la peine des conséquences, si imprévues qu’elles puissent être.

1797

Source: D'un prétendu droit de mentir par humanité

La véracité est un devoir qui doit être regardé comme la base de tous les devoirs fondés sur un contrat, et que, si l’on admet la moindre exception [...], on la rend chancelante et inutile.

1797

Source: D'un prétendu droit de mentir par humanité

C’est donc un ordre sacré de la raison, un ordre qui n’admet pas de condition [...] que celui qui nous prescrit d’être véridiques (loyaux) dans toutes nos déclarations.

1797

Source: D'un prétendu droit de mentir par humanité

Toutes les fois qu’un principe démontré vrai paraît inapplicable, c’est que nous ignorons le principe intermédiaire qui contient le moyen de l’application.

1797

Source: D'un prétendu droit de mentir par humanité

Un principe reconnu vrai ne doit donc jamais être abandonné, quels que soient ses dangers apparents.

1797

Source: D'un prétendu droit de mentir par humanité

Le devoir de la véracité [...] est un devoir absolu qui s’applique dans tous les cas.

1797

Source: D'un prétendu droit de mentir par humanité

Il ne faut pas que le droit se règle sur la politique, mais bien la politique sur le droit.

1797

Source: D'un prétendu droit de mentir par humanité

Celui [...] qui se réserve de faire des exceptions à une règle qui par son essence même n’est susceptible d’aucune exception [...] est déjà un menteur (in potentia).

1797

Source: D'un prétendu droit de mentir par humanité

Tous les principes juridiquement pratiques doivent renfermer des vérités rigoureuses, et [...] ils ne peuvent jamais y apporter d’exceptions, car elles détruiraient l’universalité à laquelle seule ils doivent leur nom de principes.

1797

Source: D'un prétendu droit de mentir par humanité

L’usage qu’on peut faire des mathématiques en philosophie consiste ou dans l’imitation de leur mé­thode, ou dans l’application réelle de leurs proposi­tions aux objets de la philosophie.

1763

Source: Essai sur l'introduction en philosophie de la notion des quantités négatives

Il semble plus commode de s’en tenir à des abstractions obscures et difficiles à exami­ner que de s’attacher à une science qui n’a que des vues intelligibles et claires.

1763

Source: Essai sur l'introduction en philosophie de la notion des quantités négatives

Les quantités négatives ne sont pas des négations de quantités [...] mais elles ont en elles quelque chose de vrai­ment positif : seulement c’est quelque chose d’opposé à l’autre quantité positive.

1763

Source: Essai sur l'introduction en philosophie de la notion des quantités négatives

En ce qui regarde les esprits métaphysiques d’une pénétration achevée, il faudrait être bien inexpérimenté pour croire qu’on pourrait encore ajouter quelque chose à leurs connaissances, ou retrancher quelque chose de leur opinion.

1763

Source: Essai sur l'introduction en philosophie de la notion des quantités négatives

Il y a opposition entre deux choses, lorsque, posé l’une, l’autre se trouve par le fait supprimée. Cette opposition est double : elle est ou logique par la contradiction, ou réelle, c’est-à-dire sans contradiction.

1763

Source: Essai sur l'introduction en philosophie de la notion des quantités négatives

La force motrice d’un corps vers un lieu, et un effort égal, quoique en direction opposée, ne se contredisent pas [...]. La conséquence est le repos, qui est quelque chose.

1763

Source: Essai sur l'introduction en philosophie de la notion des quantités négatives

Dans toute opposition réelle les prédicats sont tous deux positifs, de manière toutefois que dans la liaison les consé­quences se détruisent réciproquement dans le même sujet.

1763

Source: Essai sur l'introduction en philosophie de la notion des quantités négatives

Le déplaisir n'est pas simplement un manque de plaisir, c'est une cause positive qui détruit [...] le plaisir qui résulte d'une autre cause; ce qui fait que je l'appelle un plaisir négatif.

1763

Source: Essai sur l'introduction en philosophie de la notion des quantités négatives

On peut [...] appeler l’aversion un désir négatif, la haine un amour négatif, la laideur une beauté négative, le blâme un éloge négatif.

1763

Source: Essai sur l'introduction en philosophie de la notion des quantités négatives

Le démérite (demeritum) n’est pas simplement une né­gation, c’est une vertu négative (meritum negativum).

1763

Source: Essai sur l'introduction en philosophie de la notion des quantités négatives

Tout passer est un devenir négatif, c'est-à-dire que pour faire cesser quelque chose de positif qui existe, il faut aussi bien une cause positive que pour le produire quand il n'existe pas.

1763

Source: Essai sur l'introduction en philosophie de la notion des quantités négatives

Toute abstraction n'est que la suppression de certaines idées manifestes [...]. On peut donc appeler l'abstraction une attention négative, c'est-à-dire une véritable action opposée à celle par laquelle la représentation devient claire.

1763

Source: Essai sur l'introduction en philosophie de la notion des quantités négatives

Il n'est pas possible que les hommes puissent conclure avec certitude le degré des intentions vertueuses des autres d'après leurs ac­tions. Celui qui voit le fond de notre âme s'est réservé à lui seul ce jugement.

1763

Source: Essai sur l'introduction en philosophie de la notion des quantités négatives

Plus je réfléchis sur Dieu, moins je puis le pénétrer. Tel n'est pas le langage du peuple savant. Il ne sait rien, il ne comprend rien, mais il parle de tout, et il s'en vante.

1763

Source: Essai sur l'introduction en philosophie de la notion des quantités négatives

Comment dois-je comprendre que, par le fait que quelque chose existe, quelque autre chose existe aussi ?

1763

Source: Essai sur l'introduction en philosophie de la notion des quantités négatives

S’il y a sur quelque objet une philosophie [...], il doit y avoir aussi pour cette philosophie un système de concepts rationnels purs, indépendants de toute condition empirique, c’est-à-dire une métaphysique.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Comment se faire une idée de la force [...] dont nous aurions besoin pour triompher de nos passions les plus vives, s’il fallait que la vertu tirât ses armes de l’arsenal de la métaphysique [...] ?

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Il n’est pas [...] inutile, et encore moins ridicule, de chercher dans la métaphysique les premiers principes de la doctrine de la vertu, car tout vrai philosophe doit remonter aux premiers principes du concept du devoir.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Sans [principes métaphysiques] il n’y aurait en général ni sûreté ni pureté à espérer pour la doctrine de la vertu.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Si le sentiment seul nous faisait un devoir [...], ce devoir ne serait plus dicté par la raison ; ce ne serait plus qu’une sorte d’instinct, et par conséquent quelque chose d’aveugle.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Il n’y a point de principe moral qui se fonde, comme on se l’imagine, sur un sentiment ; celui-ci n’est autre chose en réalité qu’une vague conception de cette métaphysique qui réside au fond de la raison de chaque homme.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

La métaphysique a beau déplaire à ces soi-disant philosophes qui prononcent sur la morale à la manière des oracles [...], c’est un devoir rigoureux [...] de remonter jusqu’à elle.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Il est vraiment étonnant [...] qu'on puisse encore songer à ramener le principe du devoir à la doctrine du bonheur.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Lorsque l’homme pensant est parvenu à vaincre les penchants qui le poussaient au vice [...], il se trouve dans un état de paix intérieure [...] où la vertu est à elle-même sa propre récompense.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Il faut se sentir obligé à faire son devoir avant de savoir que le bonheur en doit être la conséquence, et qu’ainsi l’on ne peut songer à cela tout d’abord.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Le partisan de [la doctrine du bonheur] ne peut espérer d’être heureux s’il n’a pas conscience d’avoir fait son devoir ; et il ne peut être poussé à faire son devoir que par l’espérance du bonheur.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Le plaisir qui précède nécessairement l’observation d’une loi [...] est pathologique [...]; mais celui que précède nécessairement la loi [...] appartient à l’ordre moral.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Si l’on substitue le principe du bonheur [...] à celui de la liberté [...], la conséquence sera la mort insensible (l’euthanasie) de toute morale.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Le philosophe pratique est celui qui prend pour principe de ses actions le but final de la raison, et qui d’ailleurs possède le savoir nécessaire pour cela.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Il est moins question de la connaissance de ce qu’il est de notre devoir de faire [...] que du principe intérieur de la volonté. Il faut [...] que la conscience de ce devoir soit en même temps le mobile des actions.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

[Les médecins des âmes] ressemblent fort aux [médecins du corps] en ce point, qu’ils décrivent mieux les maladies qu’ils n’en voient l’origine ou ne peuvent y apporter remède.

1790

Source: De la superstition et de ses remèdes

Heureux les malades si ceux qui les traitent ne prescrivent que la diète et de l’eau froide, laissant le reste à faire à la bonne nature.

1790

Source: De la superstition et de ses remèdes

Je crois que la manie de la lecture généralement répandue n’est pas simplement le véhicule de cette maladie [la superstition], mais qu’elle en produit aussi la matière pestilentielle.

1790

Source: De la superstition et de ses remèdes

On se contente d’enlever pour ainsi dire la crème des sciences [...] en voulant rendre imperceptible l’inégalité entre une ignorance féconde en paroles et une science fondamentale.

1790

Source: De la superstition et de ses remèdes

C’est ce qui arrive surtout quand on donne des choses inintelligibles [...] comme des faits, et qu’on demande ensuite au naturaliste philosophe d’expliquer comment il entend l’accomplissement de tel ou tel songe.

1790

Source: De la superstition et de ses remèdes

On cherche [...] à faire disparaître l’inégalité d’une manière plus facile, en plaçant les choses sur la voie où, de part et d’autre, on ne sait et on ne voit également rien.

1790

Source: De la superstition et de ses remèdes

Je ne vois d’autre remède à ce mal que de ramener l’enseignement [...] à l’enseignement fondamental d’un plus petit nombre de choses.

1790

Source: De la superstition et de ses remèdes

[Il faut] que le lecteur bien élevé ne se plaise qu’à ce qui lui procure une connaissance positive et nette, et qu’il ait de l’éloignement pour tout le reste.

1790

Source: De la superstition et de ses remèdes

Le talent ordinaire de donner à son ignorance un aspect scientifique consiste en ce que le superstitieux dise : Comprenez-vous la véritable cause de la force magnétique... ?

1790

Source: De la superstition et de ses remèdes

[Le superstitieux] croit [...] pouvoir parler aussi pertinemment d'une chose qu'à son sens le plus grand naturaliste ne connaît pas mieux que lui.

1790

Source: De la superstition et de ses remèdes

Le naturaliste ne s’occupe que des effets qu’il peut toujours mettre sous les yeux au moyen de l’expérimentation [...], tandis que le superstitieux recueille des effets qui peuvent n’avoir d’autre origine que l’imagination.

1790

Source: De la superstition et de ses remèdes

Une longue réfutation en pareille matière répugne à la dignité de la raison et n’aboutit à rien.

1790

Source: De la superstition et de ses remèdes

Un silence dédaigneux est ce qu’il y a de plus mérité par cette espèce d’égarement.

1790

Source: De la superstition et de ses remèdes

De pareils phénomènes moraux n’ont qu’une courte durée, et font bientôt place à d’autres folies.

1790

Source: De la superstition et de ses remèdes

L’homme est la seule créature qui soit susceptible d’éducation.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

La discipline nous fait passer de l’état d’animal à celui d’homme. [...] L’homme a besoin de sa propre raison.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

L’espèce humaine est obligée de tirer peu à peu d’elle-même par ses propres efforts toutes les qualités naturelles qui appartiennent à l’humanité.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

La sauvagerie est l’indépendance à l’égard de toutes les lois. La discipline soumet l’homme aux lois de l’humanité [...].

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

L’homme ne peut devenir homme que par l’éducation. Il n’est que ce qu’elle le fait.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Le manque de discipline est un pire mal que le défaut de culture, car celui-ci peut encore se réparer plus tard, tandis qu’on ne peut plus chasser la sauvagerie [...].

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

C’est dans le problème de l’éducation que gît le grand secret de la perfection de la nature humaine.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Il ne faut pas regarder une idée comme chimérique et la donner pour un beau rêve, parce que des obstacles en arrêtent la réalisation.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Un idéal n’est autre chose que la conception d’une perfection qui ne s’est pas encore rencontrée dans l’expérience.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Ce ne sont pas les individus, mais l’espèce seule qui peut arriver à ce but.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Se rendre soi-même meilleur, se cultiver soi-même, et, si l’on est mauvais, développer en soi la moralité, voilà le devoir de l’homme.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

On ne doit pas élever les enfants d’après l’état présent de l’espèce humaine, mais d’après un état meilleur, dans l’avenir, c’est-à-dire d’après l’idée de l’humanité [...].

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

La seule cause du mal, c’est qu’on ne ramène pas la nature à des règles. Il n’y a dans l’homme de germe que pour le bien.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Il ne suffit pas que l’homme soit propre à toutes sortes de fins ; il faut encore qu’il sache se faire une maxime de n’en choisir que de bonnes.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

Un des plus grands problèmes de l’éducation est de concilier sous une contrainte légitime la soumission avec la faculté de se servir de sa liberté.

1797-1798

Source: Doctrine de la vertu

L’ensemble des lois qui ont besoin d’être universellement promulguées pour produire un état juridique est le droit public.

1797

Source: Métaphysique des moeurs (trad. Barni)/Doctrine du droit

Avant l’établissement d’un état légal et public, les individus, les peuples et les États ne sauraient avoir aucune garantie, les uns vis-à-vis des autres, contre la violence [...].

1797

Source: Métaphysique des moeurs (trad. Barni)/Doctrine du droit

Il faut sortir de l’état de nature, où chacun agit à sa tête, et s’unir à tous les autres [...] dans une soumission commune à une contrainte extérieure, légale et publique.

1797

Source: Métaphysique des moeurs (trad. Barni)/Doctrine du droit

Un État (civitas) est la réunion d’un certain nombre d’hommes sous des lois juridiques.

1797

Source: Métaphysique des moeurs (trad. Barni)/Doctrine du droit

Le pouvoir législatif ne peut appartenir qu’à la volonté collective du peuple.

1797

Source: Métaphysique des moeurs (trad. Barni)/Doctrine du droit

Toute injustice est impossible dans ce qu’on décide pour soi-même (car volenti non fit injuria).

1797

Source: Métaphysique des moeurs (trad. Barni)/Doctrine du droit

L’homme dans l’État [...] a renoncé entièrement à la liberté sauvage et déréglée pour retrouver dans une dépendance légale, c’est-à-dire dans un état juridique, sa liberté en général intacte.

1797

Source: Métaphysique des moeurs (trad. Barni)/Doctrine du droit

Un gouvernement qui serait en même temps législatif serait justement nommé despotique [...].

1797

Source: Métaphysique des moeurs (trad. Barni)/Doctrine du droit

C’est dans l’union [des trois pouvoirs] que réside le salut de l’État (salus reipublicæ suprema lex est).

1797

Source: Métaphysique des moeurs (trad. Barni)/Doctrine du droit

Le devoir qu’a le peuple de supporter l’abus du pouvoir suprême [...] se fonde sur ce que l’on ne doit jamais considérer sa résistance à la législation souveraine autrement que comme illégale.

1797

Source: Métaphysique des moeurs (trad. Barni)/Doctrine du droit

La peine juridique [...] ne peut jamais être décrétée simplement comme un moyen d’arriver à un bien [...] ; on ne doit jamais la lui appliquer que parce qu’il s’est rendu coupable.

1797

Source: Métaphysique des moeurs (trad. Barni)/Doctrine du droit

L’homme ne doit jamais être traité comme un pur moyen au service des fins d’autrui, et confondu avec les objets du droit réel ; sa personnalité naturelle l’en garantit.

1797

Source: Métaphysique des moeurs (trad. Barni)/Doctrine du droit

Si le criminel a commis un meurtre, il faut qu’il meure. Il n’y a pas ici de commutation de peine qui puisse satisfaire la justice.

1797

Source: Métaphysique des moeurs (trad. Barni)/Doctrine du droit

La paix perpétuelle (ce dernier but de tout le droit des gens) est donc sans doute une idée impraticable. Mais les principes politiques qui tendent à ce but [...] ne le sont pas.

1797

Source: Métaphysique des moeurs (trad. Barni)/Doctrine du droit

Toute vraie république n’est et ne peut être autre chose qu’un système représentatif du peuple, institué pour protéger ses droits en son nom [...].

1797

Source: Métaphysique des moeurs (trad. Barni)/Doctrine du droit

Un grand homme, même sur un sentier peu populaire, doit toujours être l’objet d’une libérale curiosité.

1827

Source: Écrits de jeunesse (Marcel Schwob)/Traductions/Les Derniers Jours d’Emmanuel Kant

Supposer qu’un lecteur soit parfaitement indifférent à Kant, c’est supposer qu’il soit parfaitement inintellectuel.

1827

Source: Écrits de jeunesse (Marcel Schwob)/Traductions/Les Derniers Jours d’Emmanuel Kant

Il n’y a point d’écrivain philosophique, si l’on excepte Aristote, Descartes et Locke, qui puisse prétendre approcher de Kant par l’étendue et la hauteur d’influence qu’il a exercée sur les esprits des hommes.

1827

Source: Écrits de jeunesse (Marcel Schwob)/Traductions/Les Derniers Jours d’Emmanuel Kant

Kant ne tolérait point d’accalmie : c’était le nom qu’il donnait aux pauses momentanées de la conversation quand son animation languit. Il devinait toujours quelque moyen pour réattiser l’intérêt.

1827

Source: Écrits de jeunesse (Marcel Schwob)/Traductions/Les Derniers Jours d’Emmanuel Kant

En ce qui regardait tout récit auquel il manquait date de temps ou origine de lieu, quelque plausible qu’il pût paraître, Kant se montrait toujours inexorablement sceptique et le tenait comme indigne d’être raconté.

1827

Source: Écrits de jeunesse (Marcel Schwob)/Traductions/Les Derniers Jours d’Emmanuel Kant

[Il] considérait la vie [...] comme un état d’oscillation et de changement perpétuel [...], au lieu que la mort, état permanent qui n’admet ni plus ni moins, [...] ne lui paraissait point adaptée à un autre état d’âme qu’une disposition de même nature durable et immuable.

1827

Source: Écrits de jeunesse (Marcel Schwob)/Traductions/Les Derniers Jours d’Emmanuel Kant

Il restait en tranquille méditation sur ce qu’il venait de lire [...]. La tour reposait sur son œil, comme une musique éloignée sur l’oreille, obscurément, en demi-conscience.

1827

Source: Écrits de jeunesse (Marcel Schwob)/Traductions/Les Derniers Jours d’Emmanuel Kant

Il advint que quelques peupliers d’un jardin voisin s’élevèrent à assez de hauteur pour cacher la vue de cette tour. Sur quoi, Kant devint fort troublé, [...] et finalement se trouva positivement incapable de continuer ses méditations du soir.

1827

Source: Écrits de jeunesse (Marcel Schwob)/Traductions/Les Derniers Jours d’Emmanuel Kant

Est-il possible de concevoir un être humain qui jouisse d’une santé plus parfaite que moi !

1827

Source: Écrits de jeunesse (Marcel Schwob)/Traductions/Les Derniers Jours d’Emmanuel Kant

Le passé se dressait avec la netteté et la vivacité d’une existence immédiate, tandis que le présent s’évanouissait dans les ténèbres d’une distance infinie.

1827

Source: Écrits de jeunesse (Marcel Schwob)/Traductions/Les Derniers Jours d’Emmanuel Kant

Messieurs, je n’ai pas peur de la mort : je vous jure solennellement [...] que si cette nuit même je recevais tout à coup mon ordre de mort, je l’entendrais avec calme ; je lèverais mes mains au ciel, et je dirais : Dieu soit béni !

1827

Source: Écrits de jeunesse (Marcel Schwob)/Traductions/Les Derniers Jours d’Emmanuel Kant

Si on lui disait : 'Cher Professeur, on va apporter le café tout de suite', — 'on va ! disait-il ; mais voilà le point, c’est qu’on va : on n’a jamais le bonheur, on va l’avoir.'

1827

Source: Écrits de jeunesse (Marcel Schwob)/Traductions/Les Derniers Jours d’Emmanuel Kant

D’autres personnes notent ce dont elles désirent se souvenir. Là, Kant avait noté ce qu’il devait oublier : 'Mem. — février 1802 — il ne faut plus se souvenir du nom de Lampe.'

1827

Source: Écrits de jeunesse (Marcel Schwob)/Traductions/Les Derniers Jours d’Emmanuel Kant

Dieu me préserve d’être tombé assez bas pour oublier les offices de l’humanité.

1827

Source: Écrits de jeunesse (Marcel Schwob)/Traductions/Les Derniers Jours d’Emmanuel Kant

Ses facultés se réduisaient en cendres, mais de temps à autre quelque langue de flamme ou grande émanation de lumière s’élançait pour nous montrer que l’ancien feu dormait au-dessous.

1827

Source: Écrits de jeunesse (Marcel Schwob)/Traductions/Les Derniers Jours d’Emmanuel Kant