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Friedrich Nietzsche

Friedrich Nietzsche

Friedrich Wilhelm Nietzsche (15 octobre 1844 – 25 août 1900) était un philosophe, critique culturel, compositeur, poète et philologue allemand dont l'œuvre a exercé une profonde influence sur l'histoire intellectuelle moderne.

L’homme n’est rien, l’œuvre est tout.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Tout comprendre, c’est tout mépriser.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

On ne peut penser et écrire qu’assis.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Il est indigne des grands cœurs de répandre le trouble qu’ils ressentent.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

[Essai d'une] critique du Christianisme.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

[Faire la] critique de la philosophie comme d’un mouvement nihiliste.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

[Faire la] critique de l’espèce d’ignorance la plus néfaste, la morale.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

[La] philosophie de l’éternel retour.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

[Le concept de] la volonté de puissance.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

La valeur d’une chose réside parfois non dans ce qu’on gagne en l’obtenant, mais dans ce qu’on paye pour l’acquérir, dans ce qu’elle coûte.

1888

Source: Crépuscule des idoles

Choisir d’instinct ce qui nous est nuisible, nous laisser séduire par des motifs « désintéressés », voilà presque la formule de la décadence.

1888

Source: Crépuscule des idoles

C’en est fini de l’homme quand il devient altruiste.

1888

Source: Crépuscule des idoles

Mourir d’une façon fière, lorsqu’il n’est plus possible de vivre d’une façon fière.

1888

Source: Crépuscule des idoles

On devrait, par amour pour la vie, vouloir la mort toute différente, libre, consciente, sans hasard, sans surprise.

1888

Source: Crépuscule des idoles

L’abîme entre homme et homme, [...] la multiplicité des types, la volonté d’être, de faire contraste, ce que j’appelle le pathos des distances, est le propre de toute époque forte.

1888

Source: Crépuscule des idoles

Car, qu’est-ce que la liberté ? C’est avoir la volonté d’acquérir la responsabilité personnelle, c’est maintenir tenacement les distances qui nous séparent [...].

1888

Source: Crépuscule des idoles

Il faut avoir besoin d’être fort, autrement on ne l’est jamais.

1888

Source: Crépuscule des idoles

On vit pour aujourd’hui, on vit très vite, on vit très irresponsable : c’est précisément ce qu’on appelle liberté.

1888

Source: Crépuscule des idoles

Si l’on veut un but, on doit en vouloir aussi les moyens. Si l’on veut des esclaves, on est fou de les élever en maîtres.

1888

Source: Crépuscule des idoles

Les grands hommes, comme les grandes époques, sont des matières explosives en lesquelles une force énorme est accumulée.

1888

Source: Crépuscule des idoles

Le type du criminel est le type de l’homme fort placé dans des conditions défavorables, un homme fort devenu malade.

1888

Source: Crépuscule des idoles

La doctrine de l’égalité ! — Mais il n’y a pas de poison plus vénéneux, car elle paraît prêchée par la justice même, alors qu’elle est la fin de toute justice.

1888

Source: Crépuscule des idoles

Qu’on n’en puisse tirer aucune utilité, c’est peut-être le propre même de la grandeur.

1888

Source: Crépuscule des idoles

Mon orgueil est de dire en dix phrases, ce que tout autre dit en un volume, — ce que tout autre ne dit pas en un volume…

1888

Source: Crépuscule des idoles

Mieux écrire signifie en même temps penser mieux ; découvrir des choses qui sont de plus en plus dignes d’être communiquées et savoir vraiment les communiquer.

1879

Source: Le Voyageur et son Ombre

L’allure des phrases indique si l’auteur est fatigué.

1879

Source: Le Voyageur et son Ombre

Ne jamais rien lire de ce qu’écrivent ces arrogants polymathes et esprits brouillons qui possèdent le plus horrible travers, celui du paradoxe logique.

1879

Source: Le Voyageur et son Ombre

Le grand style naît lorsque le beau remporte la victoire sur l’énorme.

1879

Source: Le Voyageur et son Ombre

Dans toutes les œuvres d’art il faut qu’il y ait quelque chose comme du pain, pour que celles-ci puissent réunir des effets différents [...].

1879

Source: Le Voyageur et son Ombre

Je ne veux plus lire un auteur chez qui l’on remarque qu’il a voulu faire un livre. Je ne lirai plus que ceux dont les idées devinrent inopinément un livre.

1879

Source: Le Voyageur et son Ombre

Celui qui couche sur le papier ce qu’il souffre devient un auteur triste : mais il devient un auteur grave s’il nous dit ce qu’il a souffert et pourquoi il se repose maintenant dans la joie.

1879

Source: Le Voyageur et son Ombre

Corriger le style — c’est corriger la pensée et rien de plus !

1879

Source: Le Voyageur et son Ombre

Vouloir montrer plus de sentiment pour une chose qu’on n’en possède réellement détruit le style. [...] Tout grand art possède plutôt le penchant contraire.

1879

Source: Le Voyageur et son Ombre

Danser dans les chaînes : regarder les difficultés en face, puis étendre dessus l’illusion de la facilité, — c’est là le tour de force que [les artistes] veulent nous montrer.

1879

Source: Le Voyageur et son Ombre

Plus l’esprit devient joyeux et sûr de lui-même, plus l’homme désapprend le rire bruyant ; par contre il est pris sans cesse d’un sourire plus intellectuel [...].

1879

Source: Le Voyageur et son Ombre

La médiocrité est le plus heureux des masques que l’esprit supérieur puisse porter, parce que le grand nombre [...] ne songe pas qu’il y a là un travestissement.

1879

Source: Le Voyageur et son Ombre

Toute fin n’est pas un but. La fin de la mélodie n’est pas son but : mais, malgré cela, si la mélodie n’a pas atteint sa fin, elle n’a pas atteint son but. Un symbole.

1879

Source: Le Voyageur et son Ombre

L’oubli des intentions est la bêtise la plus fréquente que l’on fasse.

1879

Source: Le Voyageur et son Ombre

Il ne faut [...] ni conspuer, ni railler ce que l’on se propose d’abolir définitivement, mais bien le poser respectueusement sur de la glace [...], en considérant que les idées ont une vie très dure.

1879

Source: Le Voyageur et son Ombre

Il n’y a pas d’erreur plus dangereuse que de confondre l’effet avec la cause : j’appelle cela la véritable perversion de la raison.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Toute proposition que formule la religion et la morale renferme cette erreur ; les prêtres et les législateurs moraux sont les promoteurs de cette perversion de raison.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Sa vertu est la conséquence de son bonheur…

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Lorsqu’un peuple périt, dégénère physiologiquement, les vices et le luxe [...] en sont la conséquence.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Tout ce qui est bon sort de l’instinct — et c’est, par conséquent, léger, nécessaire, libre.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Le « monde intérieur » est plein de mirages et de lumières trompeuses : la volonté est un de ces mirages.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Le moi est devenu une légende, une fiction, un jeu de mots : cela a tout à fait cessé de penser, de sentir et de vouloir !…

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Ramener quelque chose d’inconnu à quelque chose de connu allège, tranquillise et satisfait l’esprit, et procure en outre un sentiment de puissance.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Une explication quelconque est préférable au manque d’explication.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

L’instinct de cause dépend donc du sentiment de la peur qui le produit.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

La morale et la religion appartiennent entièrement à la physiologie de l’erreur.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

La doctrine de la volonté a été principalement inventée à fin de punir, c’est-à-dire avec l’intention de trouver coupable.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Le christianisme est une métaphysique du bourreau…

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Personne n’est responsable du fait que l’homme existe [...]. La fatalité de son être n’est pas à séparer de la fatalité de tout ce qui fut et de tout ce qui sera.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

On est nécessaire, on est un morceau de destinée, on fait partie du tout, on est dans le tout, — il n’y a rien qui pourrait juger, mesurer, comparer, condamner notre existence [...].

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Je portais des clefs avec moi, les plus rouillées de toutes les clefs ; et je savais ouvrir avec elles les portes les plus grinçantes.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Même quand viendra le long crépuscule et la fatigue mortelle, tu ne disparaîtras pas de notre ciel, affirmateur de la vie !

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Si l’on enlève au bossu sa bosse, on lui prend en même temps son esprit.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

En vérité, mes amis, je marche parmi les hommes comme parmi des fragments et des membres d’homme !

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Comment supporterais-je d’être homme, si l’homme n’était pas aussi poète, devineur d’énigmes et rédempteur du hasard !

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Sauver ceux qui sont passés, et transformer « tout ce qui était » en « ce que je voudrais que ce fût » ! — c’est cela seulement que j’appellerai rédemption !

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Tout ce « qui fut » est fragment et énigme et épouvantable hasard — jusqu’à ce que la volonté créatrice ajoute : « Mais c’est ainsi que je le voulais ! »

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Il est difficile de vivre parmi les hommes, parce qu’il est si difficile de se taire. Surtout pour un bavard.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Ce n’est pas la hauteur : c’est la pente qui est terrible !

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Celui qui ne veut pas mourir de soif parmi les hommes doit apprendre à boire dans tous les verres ; et qui veut rester pur parmi les hommes doit apprendre à se laver avec de l’eau sale.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

La vanité blessée n’est-elle pas mère de toutes les tragédies ? Mais où la fierté est blessée, croît quelque chose de meilleur qu’elle.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

J’ai trouvé la méchanceté des hommes au-dessous de sa réputation.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Accomplir de grandes choses est difficile : mais ce qu’il y a de plus difficile encore, c’est d’ordonner de grandes choses.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Ce sont les paroles les plus silencieuses qui apportent la tempête. Ce sont les pensées qui viennent avec des pieds de colombes qui dirigent le monde.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Celui qui veut devenir enfant doit aussi surmonter sa jeunesse.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Il ne faut jamais demander si la vérité est utile, si elle peut devenir pour quelqu’un une destinée…

1888

Source: L'Antéchrist (Nietzsche)

Nous sommes malades de cette modernité, — malades de cette paix malsaine, de cette lâche compromission, de toute cette vertueuse malpropreté du moderne oui et non.

1888

Source: L'Antéchrist (Nietzsche)

Voici la formule de notre bonheur : un oui, un non, une ligne droite, un but…

1888

Source: L'Antéchrist (Nietzsche)

Qu’est ce qui est bon ? — Tout ce qui exalte en l’homme le sentiment de puissance, la volonté de puissance, la puissance elle-même.

1888

Source: L'Antéchrist (Nietzsche)

Qu’est-ce qui est mauvais ? — Tout ce qui a sa racine dans la faiblesse.

1888

Source: L'Antéchrist (Nietzsche)

Qu’est-ce que le bonheur ? — Le sentiment que la puissance grandit — qu’une résistance est surmontée.

1888

Source: L'Antéchrist (Nietzsche)

Périssent les faibles et les ratés : premier principe de notre amour des hommes. Et qu’on leur aide encore à disparaître !

1888

Source: L'Antéchrist (Nietzsche)

Le « progrès » n’est qu’une idée moderne, c’est-à-dire une idée fausse.

1888

Source: L'Antéchrist (Nietzsche)

La vie elle-même est pour moi un instinct de croissance, de durée, d’accumulation de forces, de puissance : où la volonté de puissance fait défaut, il y a dégénérescence.

1888

Source: L'Antéchrist (Nietzsche)

La pitié est en opposition avec les affections toniques qui élèvent l’énergie du sens vital : elle agit d’une façon dépressive. On perd de la force quand on compatit.

1888

Source: L'Antéchrist (Nietzsche)

Une vertu doit être notre invention, notre défense et notre nécessité personnelle : dans tout autre sens elle n’est qu’un danger.

1888

Source: L'Antéchrist (Nietzsche)

Qu’est-ce qui débilite plus vite que de travailler, de penser, de sentir sans nécessité intérieure, sans une profonde élection personnelle, sans joie, comme un automate du « devoir » ?

1888

Source: L'Antéchrist (Nietzsche)

Il est tout à fait indifférent en soi, qu’une chose soit vraie, mais qu’il est de la plus haute importance qu’elle soit crue vraie.

1888

Source: L'Antéchrist (Nietzsche)

Quand on ne place pas le centre de gravité de la vie dans la vie, mais dans « l’au-delà » — dans le néant, — on a enlevé à la vie son centre de gravité.

1888

Source: L'Antéchrist (Nietzsche)

Le christianisme est une insurrection de tout ce qui rampe, contre ce qui est élevé : l’évangile des « petits » rend petit.

1888

Source: L'Antéchrist (Nietzsche)

Voici la chose la plus difficile : fermer par amour la main ouverte et garder la pudeur en donnant.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra

Ma doctrine est en danger, l’ivraie veut s’appeler froment.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra

J’ai perdu mes amis ; l’heure est venue de chercher ceux que j’ai perdus !

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra

Mon bonheur est fou et il ne dira que des folies : il est trop jeune encore — ayez donc patience avec lui !

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra

Je suis meurtri par mon bonheur : que tous ceux qui souffrent soient mes médecins !

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra

Trop longtemps la solitude m’a possédé : ainsi j’ai désappris le silence.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra

Je suis devenu tout entier tel une bouche [...] je veux précipiter mes paroles dans les vallées.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra

Comment un fleuve ne trouverait-il pas enfin le chemin de la mer ?

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra

Il y a bien un lac en moi, un lac solitaire qui se suffit à lui-même ; mais le torrent de mon amour l’entraîne avec lui [...] jusqu'à la mer !

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra

Mon esprit ne veut plus courir sur des semelles usées.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra

Tout langage parle trop lentement pour moi : — je saute dans ton carrosse, tempête !

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra

Comme j’aime maintenant chacun de ceux à qui je puis parler ! Mes ennemis, eux aussi, contribuent à ma félicité.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra

En vérité, mon bonheur et ma liberté s’élancent pareils à une tempête !

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra

Que ma lionne sagesse apprenne à rugir avec tendresse !

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra

Ma sagesse sauvage a été fécondée sur les montagnes solitaires [...] sur votre amour, qu’elle aimerait à abriter ce qu’elle a de plus cher !

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra

La paresse est mère de toute psychologie. Comment ? la psychologie serait-elle un... vice ?

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Le plus courageux d’entre nous n’a que rarement le courage d’affirmer ce qu’il sait véritablement...

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Pour vivre seul il faut être une bête ou bien un dieu - dit Aristote. Il manque le troisième cas : il faut être l’un et l’autre, il faut être - philosophe...

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

La sagesse trace des limites, même à la connaissance.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Ce qui ne me fait pas mourir me rend plus fort.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Ne commettez point de lâcheté à l’égard de vos actions ! [...] Le remords de conscience est indécent.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Si l’on possède son pourquoi ? de la vie, on s’accommode de presque tous les comment ?

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Je me méfie de tous les gens à systèmes et je les évite. La volonté du système est un manque de loyauté.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Seules les pensées qui vous viennent en marchant ont de la valeur.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

J’ai cherché des grands hommes et je n’ai toujours trouvé que les singes de leur idéal.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Formule de mon bonheur : un oui, un non, une ligne droite, un but...

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Le "monde des apparences" est le seul réel : le "monde-vérité" est seulement ajouté par le mensonge...

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Attaquer la passion à sa racine, c’est attaquer la vie à sa racine...

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Personne n’est responsable du fait que l’homme existe [...]. On est nécessaire, on est un morceau de destinée, on fait partie du tout, on est dans le tout.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Pour le poète et pour le sage toutes choses sont familières et sanctifiées, tous les événements utiles, tous les jours sacrés, tous les hommes divins.

1882

Source: Le Gai Savoir

La rédaction définitive [du Gai Savoir fut] parachevée, en un seul mois, [...] pendant « le plus beau de tous les mois de janvier ».

1882

Source: Le Gai Savoir

Nietzsche appelle son volume « le présent de ce seul mois ».

1882

Source: Le Gai Savoir

La pointe étant dans la rime, ou du moins dans la consonance et dans le choix des mots, l’idée s’efface dès que les termes sont changés.

1882

Source: Le Gai Savoir

[Il ne faut pas] sacrifier l’idée à la nécessité de la rime.

1882

Source: Le Gai Savoir

Vogelfrei signifie en même temps libre comme l’oiseau et « hors la loi ».

1882

Source: Le Gai Savoir

Vous regardez en haut quand vous aspirez à l’élévation. Et moi je regarde en bas puisque je suis élevé. Qui de vous peut en même temps rire et être élevé ?

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Je suis un voyageur et un grimpeur de montagnes, [...] je n’aime pas les plaines et il semble que je ne puisse pas rester tranquille longtemps.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

On finit par ne plus vivre que ce qui est en vous.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Le temps est passé où les hasards pouvaient encore m’arriver ; et que m’adviendrait-il encore qui ne m’appartienne déjà ?

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Et si dorénavant toutes les échelles te manquent, il faudra que tu saches grimper sur ta propre tête : comment voudrais-tu autrement monter plus haut ?

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Béni soit ce qui rend dur ! Je ne vante pas le pays où coulent le beurre et le miel !

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Pour voir beaucoup de choses il faut apprendre à voir loin de soi : — cette dureté est nécessaire pour tous ceux qui gravissent les montagnes.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

L’amour est le danger du plus solitaire ; l’amour de tout pourvu que cela vive !

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Le courage tue aussi le vertige au bord des abîmes : et où l’homme ne serait-il pas au bord des abîmes ? Regarder même — n’est-ce pas regarder des abîmes ?

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Toute vérité est courbée, le temps lui-même est un cercle.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Où l’on ne peut plus aimer, on doit — passer !

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Il y a beaucoup de force et de bonté cachées qui ne sont jamais devinées ; les mets les plus délicats ne trouvent pas d’amateurs.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

Celui qui veut apprendre à voler un jour doit d’abord apprendre à se tenir debout, à marcher, à courir, à sauter, à grimper et à danser : on n’apprend pas à voler du premier coup !

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

« Cela — est maintenant mon chemin, — où est le vôtre ? » [...] Car le chemin — le chemin n’existe pas.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

L’homme est quelque chose qui doit être surmonté.

1883-1885

Source: Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898)

La tradition déclare [...] que la Tragédie est sortie du chœur tragique, et n’était à son origine que chœur et rien que chœur.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

Le véritable spectateur [...] devait avoir toujours pleinement conscience que c’est une œuvre d’art qui est devant lui, et non une réalité empirique.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

Le spectateur sans spectacle est une conception absurde.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

L’introduction du chœur est l’acte décisif par lequel fut loyalement et ouvertement déclarée la guerre à tout naturalisme dans l’art.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

Avec notre actuelle vénération du naturel et du réel, nous [...] sommes arrivés aux antipodes de l’idéalisme, c’est à-dire dans la région des musées de figures de cire.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

Le satyre, en tant que choreute dionysien, vit dans une réalité religieuse reconnue sous la sanction du mythe et du culte.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

[Le] satyre, cette entité naturelle imaginaire, est à l’homme civilisé ce que la musique dionysienne est à la civilisation.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

La consolation métaphysique [...] la pensée que la vie, au fond des choses, en dépit de la variabilité des apparences, reste imperturbablement puissante et pleine de joie.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

Il avait contemplé d’un œil pénétrant les épouvantables cataclysmes de ce que l’on nomme l’histoire universelle, et reconnu la cruauté de la nature.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

L’art le sauve et, par l’art, — la vie le reconquiert.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

La connaissance tue l’action, il faut à celle-ci le mirage de l’illusion — c’est là ce que nous enseigne Hamlet.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

C’est la vraie connaissance, la vision de l’horrible vérité, qui anéantit toute impulsion, tout motif d’agir.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

Sous l’influence de la vérité contemplée, l’homme ne perçoit plus maintenant de toutes parts que l’horrible et l’absurde de l’existence.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

En ce péril imminent de la volonté, l’art s’avance alors comme un dieu sauveur, apportant le baume secourable.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

L'art seul a le pouvoir de transmuer ce dégoût [...] de l'existence en images idéales, à l’aide desquelles la vie est rendue possible.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

Insouciant, railleur, violent — ainsi nous veut la sagesse. Elle est femme, elle n’aimera jamais qu’un guerrier.

1887

Source: La Généalogie de la morale

[...] le caractère essentiel de la volonté humaine, son horror vacui : il lui faut un but, — et il préfère encore avoir la volonté du néant que de ne point vouloir du tout.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Entre la chasteté et la sensualité il n’y a pas nécessairement opposition ; tout bon mariage, toute sérieuse passion du cœur est au-dessus de cette opposition.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Un artiste [...] n’arrive au dernier sommet de sa grandeur que lorsqu’il sait considérer, à ses pieds, sa propre personnalité et son propre art — lorsqu’il sait rire de lui-même.

1887

Source: La Généalogie de la morale

On fera bien assurément de séparer à tel point l’artiste de son œuvre qu’il ne sera pas possible de le prendre au sérieux autant que son œuvre.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Un artiste parfait et complet est à tout jamais séparé de la « réalité » [...] et qu’alors il fasse parfois la tentative de passer dans un monde qui lui est interdit, le monde réel, de vouloir être réellement.

1887

Source: La Généalogie de la morale

La beauté est une promesse de bonheur.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Toute bête, la bête philosophique comme les autres, tend instinctivement vers un optimum de conditions favorables au milieu desquelles elle peut déployer sa force et atteindre la plénitude du sentiment de sa puissance.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Un philosophe marié a sa place dans la comédie, telle est ma thèse.

1887

Source: La Généalogie de la morale

On reconnaît le philosophe à ce qu’il évite trois choses brillantes et bruyantes : la gloire, les princes et les femmes, ce qui ne veut pas dire qu’elles ne viennent pas à lui.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Toutes les choses bonnes furent jadis des choses mauvaises ; tout péché originel est devenu vertu originelle.

1887

Source: La Généalogie de la morale

L’homme est plus malade, plus incertain, plus changeant [...] il est l’animal malade par excellence : d’où cela vient-il ? Assurément il a plus osé, plus innové, plus bravé, plus provoqué le destin que tous les autres animaux réunis.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Les malades sont le plus grand danger pour ceux qui se portent bien ; ce n’est pas aux plus forts qu’il faut attribuer le malheur des forts, mais à ceux qui sont les plus faibles.

1887

Source: La Généalogie de la morale

« Je souffre : certainement quelqu’un doit en être la cause » — ainsi raisonnent toutes les brebis maladives.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Un homme fort et bien doué digère les événements de sa vie (y compris les faits et les forfaits), comme il digère ses repas, même lorsqu’il a dû avaler de durs morceaux.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Tout ce qui existe est juste et injuste, et dans les deux cas également justifiable.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

tous les individus sont comiques en tant qu’individus et, partant, non tragiques.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

l’état d’individuation comme la source et l’origine primordiale de tous les maux.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

Du sourire de ce Dionysos sont nés les dieux ; de ses larmes, les hommes.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

c’est le sort de tout mythe de déchoir peu à peu à une réalité soi-disant historique [...].

1872

Source: La Naissance de la tragédie

c’est ainsi que les religions ont coutume de mourir : lorsque [...] le sentiment du mythe dépérit pour être remplacé par la tendance de la religion à rechercher des fondements historiques.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

Avec la tragédie, l’Hellène avait perdu la foi en sa propre immortalité ; [...] non seulement à la foi en un passé idéal, mais aussi à la foi en un avenir idéal.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

Pourquoi l’artiste devrait-il se croire obligé de se soumettre à une puissance qui n’a sa force que dans le nombre ?

1872

Source: La Naissance de la tragédie

[Le] dogme suprême [du socratisme esthétique] est à peu près ceci : « Tout doit être conforme à la raison pour être beau » [...].

1872

Source: La Naissance de la tragédie

« La vertu est la sagesse ; on ne pèche que par ignorance ; l’homme vertueux est l’homme heureux. » Ces trois principes de l’optimisme sont la mort de la tragédie.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

Peut-être [...] ce qui n’est pas compréhensible pour moi n’est-il pas nécessairement l’incompréhensible ? Peut-être y a-t-il un domaine de la sagesse, d’où le logicien est banni ?

1872

Source: La Naissance de la tragédie

[L'illusion que] la pensée, par le fil [...] de la causalité, puisse pénétrer jusqu’aux plus profonds abîmes de l’Être, et ait le pouvoir non seulement de connaître, mais aussi de réformer l’existence.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

Lessing, le plus sincère des hommes théoriques, a osé déclarer qu’il trouvait plus de satisfaction à la recherche de la vérité qu’à la vérité elle-même.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

la science, éperonnée par sa puissante illusion, s’élance [...] jusqu’à ses limites, où vient échouer et se briser son optimisme [...].

1872

Source: La Naissance de la tragédie

La joie métaphysique ressentie du tragique est une traduction de l’inconsciente sagesse dionysienne dans le langage du symbole.

1872

Source: La Naissance de la tragédie

Quelle est la première et la dernière exigence d’un philosophe vis-à-vis de lui-même ? Vaincre son temps et se mettre « en dehors du temps ».

1888

Source: Le Cas Wagner

Je suis [...] l’enfant de cette époque-ci, je veux dire un décadent : avec cette différence que je m’en suis rendu compte et que je me suis mis en état de défense.

1888

Source: Le Cas Wagner

Si l’on a vu clair sur les symptômes de la décadence on comprendra aussi l’essence de la morale, — on comprendra ce qui se cache sous ses noms les plus sacrés [...]: la vie appauvrie, la volonté de périr, la grande lassitude. La morale est la négation de la vie…

1888

Source: Le Cas Wagner

Le philosophe [...] doit être la mauvaise conscience de son temps, — c’est pourquoi il lui faut connaître son temps.

1888

Source: Le Cas Wagner

« Tout ce qui est bon est léger, tout ce qui est divin court sur des pieds délicats » : première thèse de mon Esthétique.

1888

Source: Le Cas Wagner

A-t-on remarqué que la musique rend l’esprit libre ? qu’elle donne des ailes à la pensée ? que l’on devient d’autant plus philosophe que l’on est plus musicien ?

1888

Source: Le Cas Wagner

L’amour [...] est de tous les sentiments le plus égoïste, et, par conséquent, lorsqu’il est blessé, le moins généreux.

1888

Source: Le Cas Wagner

Le danger pour l’artiste, pour l’homme de génie [...] le danger réside dans la femme : les femmes aimantes sont leur perte.

1888

Source: Le Cas Wagner

Considérer ce qui est nuisible comme nuisible, pouvoir s’interdire quelque chose de nuisible, c’est encore un signe de jeunesse, de force vitale. L’épuisé se sent attiré par ce qui est nuisible[...]

1888

Source: Le Cas Wagner

Par quoi toute décadence littéraire est-elle caractérisée ? Par le fait que la vie ne réside plus dans l’ensemble. Le mot devient souverain [...], la page prend vie au dépens de l’ensemble, — l’ensemble n’est plus un ensemble.

1888

Source: Le Cas Wagner

On est comédien lorsque l’on a sur le reste de l’humanité un avantage : c’est de s’être rendu compte que ce qui doit produire une impression de vérité ne doit pas être vrai.

1888

Source: Le Cas Wagner

La musique de Wagner, si on lui retire la protection du goût théâtral, [...] est simplement de la mauvaise musique, la plus mauvaise qui ait peut-être jamais été faite.

1888

Source: Le Cas Wagner

L’esthétique est liée d’une manière indissoluble à ces prémisses biologiques : il y a une esthétique de décadence, il y a une esthétique classique, — le « beau en soi » est une chimère, comme l’idéalisme tout entier.

1888

Source: Le Cas Wagner

On ne réfute pas le christianisme, on ne réfute pas une maladie des yeux.

1888

Source: Le Cas Wagner

L’homme moderne représente, au point de vue biologique, une contradiction des valeurs, il est assis entre deux chaises, il dit tout d’une haleine oui et non.

1888

Source: Le Cas Wagner

Toute philosophie cache aussi une philosophie, toute opinion est aussi une retraite, toute parole un masque.

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Tout profond penseur craint plus d’être compris que d’être mal compris.

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

L’homme [...] a inventé la bonne conscience pour jouir enfin de son âme comme d’une chose simple.

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Toute la morale est une longue, une audacieuse falsification, grâce à laquelle une jouissance, devant le spectacle de l’âme, devient possible.

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Un philosophe : [...] qui souvent se sauve loin de lui-même, souvent a peur de lui-même… mais qui est trop curieux pour ne pas « revenir toujours à lui-même ».

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Si un homme [né maître] éprouve de la compassion, eh bien ! cette compassion aura de la valeur ! Mais qu’importe la compassion de ceux qui souffrent !

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Il y a aujourd’hui [...] un véritable culte de la douleur.

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Les dieux sont moqueurs : il semble même qu’ils ne peuvent s’empêcher de rire aux cérémonies sacrées.

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

[Le génie du cœur] polit les âmes rugueuses et leur donne à savourer un nouveau désir [...] d’être tranquille, comme un miroir, afin que le ciel profond se reflète en eux.

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Je songe souvent aux moyens de le [l'homme] rendre plus fort, plus méchant et plus profond qu’il n’est.

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Nous autres hommes, nous sommes — plus humains [que les dieux].

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Nous éternisons ce qui ne peut plus vivre ni voler longtemps, rien que des choses molles et fatiguées !

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Si tu fus jeune, te voilà — jeune bien mieux !

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Ce ne sont plus des amis, ce sont — que dis-je ? — des fantômes d’amis !

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Celui qui se transforme seul me reste parent.

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Je n’ai jamais réfléchi à des questions qui n’en sont pas, je ne me suis jamais gaspillé.

1888

Source: Voici l'homme

Garder en honneur une chose qui ne réussit pas, précisément parce qu’elle n’a pas réussi, voilà qui serait bien plutôt conforme à ma morale.

1888

Source: Voici l'homme

Dieu [...] n’est, en somme, qu’une interdiction grosse comme le poing : Il est défendu de penser !

1888

Source: Voici l'homme

L’esprit allemand est une indigestion, il n’arrive à en finir avec rien.

1888

Source: Voici l'homme

Être assis le moins possible ; ne pas ajouter foi à une idée qui ne serait venue en plein air, alors que l’on se meut librement.

1888

Source: Voici l'homme

Le génie est conditionné par un air sec, par un ciel clair [...].

1888

Source: Voici l'homme

Ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou.

1888

Source: Voici l'homme

Je ne connais pas de lecture qui déchire le cœur autant que Shakespeare : combien un homme a dû souffrir pour avoir, à ce point, besoin de faire le pitre !

1888

Source: Voici l'homme

Le monde est pauvre pour celui qui n’a jamais été assez malade pour goûter cette « volupté du ciel ».

1888

Source: Voici l'homme

S’abstenir de voir certaines choses, de les entendre, de les laisser venir à vous, premier commandement de la sagesse [...].

1888

Source: Voici l'homme

Dès la première heure du matin [...] lire alors un livre, j’appelle cela du vice !

1888

Source: Voici l'homme

Devenir ce que l’on est, cela fait supposer que l’on ne se doute même pas de ce que l’on est.

1888

Source: Voici l'homme

Je ne connais pas d’autre manière, dans les rapports avec les grandes tâches, que le jeu.

1888

Source: Voici l'homme

Ma formule pour la grandeur de l’homme, c’est amor fati. [...] Il faut non seulement supporter ce qui est nécessaire [...] il faut aussi l’aimer…

1888

Source: Voici l'homme

L’artiste comprit clairement la mission qui ne s’adressait qu’à lui, de restituer au mythe sa nature virile et de délivrer la musique, de la forcer à parler.

1876

Source: Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner)

Où êtes-vous, vous qui souffrez comme moi, et dont les besoins sont les miens ? [...] L’individu solitaire avait soif de la collectivité.

1876

Source: Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner)

Un musicien qui écrit et qui pense était alors un non-sens pour tout le monde ; on s’écria : c’est un théoricien qui veut transformer l’art avec des idées subtiles, qu’il soit lapidé !

1876

Source: Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner)

...le néant est à coup sûr préférable à un quelque chose répugnant !

1876

Source: Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner)

[L'artiste] voit la souffrance faisant partie de l’essence des choses, et, devenu pour ainsi dire moins personnel, il porte plus patiemment sa part de souffrance.

1876

Source: Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner)

Par son art, [l'artiste] ne parle plus à un public ou à un peuple, mais seulement à lui-même, [...] nécessaire à un dialogue aussi grandiose.

1876

Source: Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner)

Si l’art n’est [...] que le pouvoir de communiquer à d’autres ce qu’on a senti soi-même, [...] la grandeur de l’artiste doit précisément consister dans cette communicabilité surhumaine de sa nature.

1876

Source: Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner)

Le mythe n’est pas basé sur une pensée [...], mais il est lui-même une pensée ; il donne une idée du monde, mais c’est par une suite de faits, d’actions et de souffrances.

1876

Source: Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner)

Dans la vie réelle la passion est rarement éloquente ; dans le drame parlé elle est forcée de l’être pour se manifester d’une manière quelconque.

1876

Source: Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner)

On pourrait dire [de l'artiste] qu’il a donné une voix à tout ce qui jusqu’ici n’avait pas voulu parler dans la nature ; il ne croit pas à l’existence nécessaire de quelque chose de muet.

1876

Source: Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner)

Jamais [l'artiste] n’est plus lui-même que lorsque les difficultés s’accumulent et qu’il peut agir dans des conditions gigantesques avec la noble joie du législateur.

1876

Source: Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner)

En face de l’œuvre [...], on ne pense ni à ce qui est intéressant, ni à ce qui est divertissant, [...] ni à l’art en général ; on sent seulement ce qu’elle a de nécessaire.

1876

Source: Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner)

La passion vaut mieux que le stoïcisme et l’hypocrisie ; qu’être honnête, même dans le mal, vaut mieux que se perdre soi-même par égard pour la moralité reçue.

1876

Source: Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner)

Celui qui veut être libre doit le devenir par lui-même, et la liberté n’est pour personne un don miraculeux tombant sans efforts de la main des dieux.

1876

Source: Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner)

Qui d’entre vous, sachant et voyant que la puissance est mauvaise, serait prêt à renoncer à la puissance ?

1876

Source: Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner)

L’économie de la bonté est le rêve des utopistes les plus aventureux.

1878

Source: Humain, trop humain (1ère partie)/Texte entier

On trouvera bien plus de bonheur dans le monde que n’en voient des yeux sombres, [...] si seulement on n’oublie pas ces moments de bonne humeur dont toute journée est riche dans toute vie humaine [...].

1878

Source: Humain, trop humain (1ère partie)/Texte entier

La soif de pitié est une soif de jouissance de soi-même, et cela aux dépens de ses semblables.

1878

Source: Humain, trop humain (1ère partie)/Texte entier

Quand un homme veut pendant très longtemps [...] paraître quelque chose, il lui devient à la fin difficile d’être autre chose.

1878

Source: Humain, trop humain (1ère partie)/Texte entier

Les hommes croient à la vérité de tout ce qui est évidemment cru avec force.

1878

Source: Humain, trop humain (1ère partie)/Texte entier

Pourquoi les hommes [...] disent-ils la vérité ? [...] parce que cela est plus aisé, le mensonge exigeant invention, dissimulation et mémoire.

1878

Source: Humain, trop humain (1ère partie)/Texte entier

En morale, l’homme ne se traite pas comme un individuum, mais comme un dividuum.

1878

Source: Humain, trop humain (1ère partie)/Texte entier

On peut promettre des actions, mais non des sentiments, car ceux-ci sont involontaires.

1878

Source: Humain, trop humain (1ère partie)/Texte entier

Avoir une pensée de vengeance, sans la force ni le courage de la réaliser, c’est traîner un mal chronique, un empoisonnement du corps et de l’âme.

1878

Source: Humain, trop humain (1ère partie)/Texte entier

[...] l’Espérance : elle est en vérité le pire des maux, parce qu’elle prolonge les tortures des hommes.

1878

Source: Humain, trop humain (1ère partie)/Texte entier

L’ascète fait de vertu nécessité.

1878

Source: Humain, trop humain (1ère partie)/Texte entier

Quand la vertu a dormi, elle se lèvera plus fraîche.

1878

Source: Humain, trop humain (1ère partie)/Texte entier

La plupart des hommes sont bien trop occupés d’eux-mêmes pour être méchants.

1878

Source: Humain, trop humain (1ère partie)/Texte entier

Il y a un droit qui nous permet de prendre la vie à un homme, il n’y en a pas qui nous permette de lui prendre la mort : c’est pure cruauté.

1878

Source: Humain, trop humain (1ère partie)/Texte entier

Les bonnes actions sont de mauvaises actions sublimées : les mauvaises actions sont de bonnes actions grossièrement, sottement accomplies.

1878

Source: Humain, trop humain (1ère partie)/Texte entier

En tant que phénomène esthétique, l’existence nous semble toujours supportable [...].

1882

Source: Le Gai Savoir

Nous devons aussi pouvoir nous placer au-dessus de la morale [...], mais aussi pouvoir planer et jouer au-dessus d’elle !

1882

Source: Le Gai Savoir

Dieu est mort : mais, à la façon dont sont faits les hommes, il y aura peut-être encore pendant des milliers d’années des cavernes où l’on montrera son ombre.

1882

Source: Le Gai Savoir

Gardons-nous de dire qu’il y a des lois dans la nature. Il n’y a que des nécessités : il n’y a là personne qui commande, personne qui obéit, personne qui enfreint.

1882

Source: Le Gai Savoir

La moralité, c’est l’instinct du troupeau chez l’individu.

1882

Source: Le Gai Savoir

La vie n’est pas un argument ; parmi les conditions de la vie pourrait se trouver l’erreur.

1882

Source: Le Gai Savoir

Nous avons quitté la terre et sommes montés à bord ! Nous avons brisé le pont qui était derrière nous, — mieux encore, nous avons brisé la terre qui était derrière nous !

1882

Source: Le Gai Savoir

Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c’est nous qui l’avons tué !

1882

Source: Le Gai Savoir

Cet événement énorme est encore en route, il marche — et n’est pas encore parvenu jusqu’à l’oreille des hommes.

1882

Source: Le Gai Savoir

La résolution chrétienne de trouver le monde laid et mauvais a rendu le monde laid et mauvais.

1882

Source: Le Gai Savoir

Celui qui se sait profond s’efforce d’être clair ; celui qui voudrait sembler profond à la foule s’efforce d’être obscur.

1882

Source: Le Gai Savoir

Quelles sont en dernière analyse les vérités de l’homme ? — Ce sont ses erreurs irréfutables.

1882

Source: Le Gai Savoir

Que dit ta conscience ? — « Tu dois devenir celui que tu es. »

1882

Source: Le Gai Savoir

Quel est le sceau de la liberté réalisée ? — Ne plus avoir honte devant soi-même.

1882

Source: Le Gai Savoir

Je veux apprendre toujours davantage à considérer comme la beauté ce qu’il y a de nécessaire dans les choses [...]. Amor fati : que cela soit dorénavant mon amour.

1882

Source: Le Gai Savoir

Nous avons reconquis le bon courage à errer, à essayer, à prendre provisoirement [...] Nous avons le droit de faire des expériences avec nous-mêmes !

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Chez celui-ci la passion fait éclater la bête sauvage, horrible et intolérable ; celui-là s’élève par elle à une hauteur, une largeur et une splendeur d’attitude qui font paraître mesquine son existence coutumière.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Il faut que la vérité puisse lutter, et qu’elle ait une opposition, et que l’on puisse de temps en temps se reposer d’elle dans le non-vrai, — autrement elle deviendrait pour nous ennuyeuse, sans goût et sans force.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Ouvre ton œil de théâtre, le grand troisième œil qui regarde le monde à travers les deux autres.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Qu’importe d’un penseur qui ne sait pas à l’occasion s’échapper de ses propres vertus !

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Il faut craindre celui qui se hait lui-même, car nous serons les victimes de sa colère et de sa vengeance. Ayons donc soin de l’induire à l’amour de lui-même !

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Entendre quotidiennement ce que l’on dit de nous, ou même chercher à découvrir ce que l’on pense de nous, — cela finit par anéantir l’homme le plus fort.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

À tout ce qu’un homme laisse devenir visible on peut demander : que veut-il cacher ? De quoi veut-il détourner le regard ? Quel préjugé veut-il évoquer ?

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Certaines pertes communiquent à l’âme une sublimité qui la fait s’abstenir de toute plainte et marcher en silence, comme de hauts cyprès noirs.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Le serpent périt lorsqu’il ne peut pas changer de peau. De même les esprits que l’on empêche de changer leurs opinions cessent d’être des esprits.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Plus nous nous élevons, plus nous paraissons petits aux regards de ceux qui ne savent pas voler.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

On peut agir avec ses instincts comme un jardinier et [...] cultiver les germes de la colère, de la pitié, de la subtilité, de la vanité, pour les rendre productifs [...]. Tout cela nous est ouvert : mais combien savent que cela nous est ouvert ?

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Loyal envers nous-mêmes et ce qui est encore notre ami ; brave en face de l’ennemi ; généreux pour le vaincu ; poli — toujours : c’est ainsi que nous veulent les quatre vertus cardinales.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

La maîtrise est atteinte lorsque l’on ne se trompe ni n’hésite, dans l’exécution.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Où voulons-nous donc aller ? Voulons-nous franchir la mer ? Où nous entraîne cette passion puissante, qui prime pour nous toute autre passion ?

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Ô midi de la vie ! [...] Bonheur inquiet, debout et aux écoutes ; j’attends les amis, prêt nuit et jour.

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Quel royaume serait plus vaste que le mien ? Et de mon miel — qui donc en a goûté ?…

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Ce que je suis, amis — ne le serais-je pas pour vous ?

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Serais-je un autre ? Étranger à moi-même ? [...] Lutteur qui trop souvent a dû se surmonter ?

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Blessé et arrêté par sa propre victoire ?

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

J’ai su demeurer où personne ne demeure, dans les zones arides, oubliant l’homme, Dieu, le blasphème et la prière.

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Ici, dans ce royaume des glaces et des roches, il faut être chasseur et pareil au chamois.

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Ton espoir demeure fort : pour des amis nouveaux garde ouverte tes portes ! Et laisse les anciens !

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Si tu fus jeune, te voilà — jeune bien mieux !

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Qui lit les signes pâlis que jadis l’amour y inscrivit ?

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Ce ne sont plus des amis, ce sont — que dis-je ? — des fantômes d’amis !

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Celui qui se transforme seul me reste parent.

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Ô midi de la vie, ô deuxième jeunesse !

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Il était midi, quand un est devenu deux…

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

Le monde rit, le noir rideau s’est déchiré, la lumière à l’obscurité s’est unie…

1886

Source: Par-delà le bien et le mal

L'idée que « le criminel mérite le châtiment parce qu’il aurait pu agir autrement » est en réalité une forme très tardive [...] du jugement ; celui qui la place au début se méprend grossièrement sur la psychologie de l’humanité primitive.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Pendant la plus longue période de l’histoire humaine, on ne punissait pas le malfaiteur parce qu'on le tenait pour responsable [...] on punissait plutôt poussé par la colère qu’excite un dommage causé.

1887

Source: La Généalogie de la morale

La compensation [du châtiment] consiste donc en une assignation et un droit à la cruauté.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Le monde des concepts moraux « faute », « conscience », « devoir », « sainteté du devoir » a son foyer d’origine [dans le droit d’obligation] ; à ses débuts, [...] il a été longuement et abondamment arrosé de sang.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Voir souffrir fait du bien, faire souffrir plus de bien encore — voilà une vérité, mais une vieille et puissante vérité capitale, humaine, trop humaine.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Sans cruauté, point de réjouissance : voilà ce que nous apprend la plus ancienne et la plus longue histoire de l’homme — et le châtiment aussi a de telles allures de fête !

1887

Source: La Généalogie de la morale

L’assombrissement de la voûte céleste au-dessus de l’homme a toujours grandi en proportion avec la honte que l’homme éprouvait à la vue de l’homme.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Ce qui révolte contre la douleur, ce n’est pas la douleur en soi, mais le non-sens de la douleur.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Si la puissance d’une communauté s’accroît, le droit pénal toujours s’adoucira ; dès qu’un affaiblissement se manifeste, aussitôt les formes plus rigoureuses de la pénalité reparaissent.

1887

Source: La Généalogie de la morale

La justice [...] finit, comme toute chose excellente en ce monde, par se détruire elle-même. Cette autodestruction de la justice [...] s’appelle la grâce.

1887

Source: La Généalogie de la morale

L’homme actif, agressif, même violemment agressif, est encore cent fois plus près de la justice que l’homme « réactif ».

1887

Source: La Généalogie de la morale

N’est définissable que ce qui n’a pas d’histoire.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Le châtiment dompte l’homme, mais ne le rend pas « meilleur » ; on pourrait, avec plus de raison, prétendre le contraire.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Je considère la mauvaise conscience comme le profond état morbide où l’homme devait tomber lorsqu’il se trouva définitivement enchaîné dans le carcan de la société et de la paix.

1887

Source: La Généalogie de la morale

Tous les instincts qui n’ont pas de débouché [...] retournent en dedans — c’est là ce que j’appelle l’intériorisation de l’homme : de cette façon se développe en lui ce que plus tard on appellera son « âme ».

1887

Source: La Généalogie de la morale

Moisson tropicale, dernière moisson !…

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

[...] voici maintenant des choses sérieuses.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

l’homme n’est rien, l’œuvre est tout.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Tout comprendre, — c’est tout mépriser.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

On ne peut penser et écrire qu’assis.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

il est indigne des grands cœurs de répandre le trouble qu’ils ressentent.

1888

Source: Le Crépuscule des Idoles

Une interprétation « scientifique » du monde [...] pourrait être par conséquent une des interprétations du monde les plus stupides, c’est-à-dire les plus pauvres de sens.

1882

Source: Le Gai Savoir

Un monde essentiellement mécanique serait essentiellement dépourvu de sens !

1882

Source: Le Gai Savoir

Il nous est impossible de tourner l’angle de notre regard : il y a une curiosité sans espoir à vouloir connaître quelles autres espèces d’intellects et de perspectives il pourrait y avoir.

1882

Source: Le Gai Savoir

Le monde [...] est devenu pour nous une seconde fois infini : en tant que nous ne pouvons pas réfuter la possibilité qu’il contienne des interprétations à l’infini.

1882

Source: Le Gai Savoir

Nous sommes prudents nous autres hommes modernes [...] à l’égard des dernières convictions ; notre méfiance se tient aux aguets contre les duperies de conscience qu’il y a dans toute forte croyance.

1882

Source: Le Gai Savoir

Alors l’allure de la vie se ralentit, elle devient épaisse et lourde de miel — jusqu’à de longs points de repos, jusqu’à la foi au long point de repos…

1882

Source: Le Gai Savoir

Nous autres enfants de l’avenir, comment saurions-nous être chez nous dans cet aujourd’hui !

1882

Source: Le Gai Savoir

Nous ne « conservons » rien, nous ne voulons revenir à aucun passé, nous ne sommes absolument pas « libéraux », nous ne travaillons pas pour « le progrès » [...].

1882

Source: Le Gai Savoir

Pour tout renforcement, pour toute élévation du type « homme », il faut une nouvelle espèce d’asservissement.

1882

Source: Le Gai Savoir

Nous entraînerons ce que l’on nous jette dans notre profondeur — car nous sommes profonds, nous n’oublions pas — et nous redevenons clairs…

1882

Source: Le Gai Savoir

Pour considérer de loin notre moralité [...], il faut agir comme le voyageur qui veut connaître la hauteur des tours d’une ville : pour cela il quitte la ville.

1882

Source: Le Gai Savoir

Il faut être très léger pour pousser sa volonté de la connaissance [...] et se créer des yeux qui puissent embrasser des milliers d’années.

1882

Source: Le Gai Savoir

On veut non seulement être compris lorsque l’on écrit, mais certainement aussi ne pas être compris. Tout esprit distingué [...] choisit ainsi ses auditeurs.

1882

Source: Le Gai Savoir

Nous avons besoin [...] d’une nouvelle santé, d’une santé plus vigoureuse, plus aiguë, plus endurante, plus intrépide et plus joyeuse que ne furent jusqu’à présent toutes les santés.

1882

Source: Le Gai Savoir

Personne ne peut trouver dans les choses, sans en excepter les livres, plus qu’il n’en sait déjà.

1888

Source: Voici l'homme

Il faut ne jamais s’être ménagé soi-même, il faut que la dureté fasse partie de vos habitudes, pour être joyeux et de bonne humeur au milieu des dures vérités.

1888

Source: Voici l'homme

La « raison » à tout prix apparaît comme une puissance dangereuse, comme une puissance qui mine la vie.

1888

Source: Voici l'homme

L’amour, son moyen, c’est la guerre et il cache au fond la haine mortelle des sexes.

1888

Source: Voici l'homme

L’affirmation de la vie même dans ses problèmes les plus étranges et les plus ardus [...] — c’est ce que j’ai appelé dionysien.

1888

Source: Voici l'homme

La connaissance de la réalité, l’approbation de la réalité sont pour le fort une nécessité aussi grande que l’est pour le faible [...] la fuite devant la réalité, — l’« idéal »…

1888

Source: Voici l'homme

Là où vous voyez des choses idéales, moi je vois… des choses humaines, hélas ! trop humaines !

1888

Source: Voici l'homme

L’idéal n’est pas réfuté, — il est congelé.

1888

Source: Voici l'homme

On entend, on ne cherche pas ; on prend, on ne se demande pas qui donne. Tel un éclair, la pensée jaillit soudain avec une nécessité absolue [...].

1888

Source: Voici l'homme

On paye chèrement d’être immortel : il faut mourir plusieurs fois durant que l’on est en vie.

1888

Source: Voici l'homme

L’impératif « devenez durs ! », la certitude fondamentale que tous les créateurs sont durs, voilà le véritable signe distinctif d’une nature dionysienne.

1888

Source: Voici l'homme

L’homme préfère vouloir le néant que de ne point vouloir du tout…

1888

Source: Voici l'homme

La prédication de la chasteté est une incitation publique à la contre-nature.

1888

Source: Voici l'homme

Le diable n’est que l’oisiveté de Dieu, à chaque septième jour…

1888

Source: Voici l'homme

Avoir beaucoup de grandes expériences intérieures et se reposer sur elles et au-dessus d’elles avec un œil intellectuel, — c’est cela qui fait les hommes de la culture qui assignent un rang à leur peuple.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

La fidélité, la générosité, la pudeur de la bonne réputation : ces trois choses réunies en un seul sentiment — c’est ce que nous appelons noble, distingué[...]

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

La grande supériorité de l’origine noble, c’est qu’elle permet de supporter mieux la pauvreté.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Ce que l’on faisait autrefois « pour la volonté de Dieu », on le fait maintenant pour la volonté de l’argent, c’est-à-dire à cause de ce qui donne maintenant le sentiment de puissance le plus élevé et la meilleure conscience.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Eloignons du monde l’idée du péché — et ne manquons pas d’envoyer à sa suite l’idée de punition !

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

N’aurions-nous pas encore le droit de dire : tout « coupable » est un malade ?

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Fi d’avoir un prix pour lequel on cesse d’être une personne pour devenir une vis !

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Nous ne voulons plus que les causes soient des péchés et les effets des bourreaux.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Il n’y a rien de bon, rien de beau, rien de sublime, rien de mauvais, mais plutôt des états d’âme qui nous font attribuer aux choses en dehors de nous-mêmes de tels qualificatifs.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Dès qu’un animal en voit un autre il se mesure en esprit avec lui [...]. Il s’en suit que presque chaque homme n’apprend à se connaître que par rapport à sa force d’attaque et de défense.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

L’indépendance (appelée « liberté de pensée » dans sa dose la plus faible) est la forme de renoncement que l’esprit dominateur finit par accepter, — lui qui a longtemps cherché ce qu’il pourrait dominer et qui n’a pas trouvé autre chose que lui-même.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Ce n’est pas le besoin, ce n’est pas le désir — non, c’est l’amour de la puissance qui est le démon des hommes. Qu’on leur donne tout [...] ils demeureront malheureux et capricieux, car le démon attend et attend toujours, il veut être satisfait.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

L’historien n’a pas à s’occuper des événements tels qu’ils se sont passés en réalité, mais seulement tels qu’on les suppose s’être passés : car c’est ainsi qu’ils ont produit leur effet.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

La crainte a fait progresser la connaissance générale des hommes plus que l’amour, car la crainte veut deviner qui est l’autre, ce qu’il sait, ce qu’il veut [...]. Par contre, l’amour est porté secrètement à voir dans l’autre des choses aussi belles que possible [...].

1881

Source: Aurore (Nietzsche)

Gardez-vous des systématiques ! [...] en voulant remplir un système et en arrondissant l’horizon tout autour de celui-ci, il faut qu’ils tentent de présenter leurs qualités faibles dans le même style que leurs qualités fortes.

1881

Source: Aurore (Nietzsche)