Cette extrême timidité a son danger ainsi qu’une confiance excessive. En nous montrant sans cesse des monstres où il n’y en a point, elle nous épuise à combattre des chimères [...].
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Quand vous en avez marre de lire des idiots vivants.
Jean-Jacques Rousseau (28 juin 1712 – 2 juillet 1778) était un philosophe, écrivain et compositeur genevois. Sa philosophie politique a influencé le progrès des Lumières dans toute l'Europe, ainsi que des aspects de la Révolution française et le développement de la pensée politique, économique et éducative moderne.
Cette extrême timidité a son danger ainsi qu’une confiance excessive. En nous montrant sans cesse des monstres où il n’y en a point, elle nous épuise à combattre des chimères [...].
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Ne savez-vous pas que la vertu est un état de guerre, et que, pour y vivre, on a toujours quelque combat à rendre contre soi ?
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Si chercher les occasions c’est mériter d’y succomber, les fuir avec trop de soin, c’est souvent se refuser à de grands devoirs.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
J’ai senti l’amertume des remords ; j’ai goûté les douceurs de la victoire. Après de telles comparaisons on n’hésite plus sur le choix.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Il nous a donné la raison pour connaître ce qui est bien, la conscience pour l’aimer, et la liberté pour le choisir.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Un raisonneur a beau me prouver que je ne suis pas libre, le sentiment intérieur, plus fort que tous ses arguments, le dément sans cesse.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Tout ce qu’on demande comme il faut, on se le donne ; et [...] on augmente sa force en reconnaissant sa faiblesse.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Il n’y a rien de bien qui n’ait un excès blâmable, même la dévotion [...].
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Les grandes passions usées dégoûtent des autres ; la paix de l’âme qui leur succède est le seul sentiment qui s’accroît par la jouissance.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Changer quand le devoir change, ce n’est pas légèreté, c’est constance. [...] Faites dans tous les temps ce que la vertu demande, vous ne vous démentirez jamais.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Tant qu’on désire on peut se passer d’être heureux ; on s’attend à le devenir : si le bonheur ne vient point, l’espoir se prolonge [...].
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être habité, et [...] il n’y a rien de beau que ce qui n’est pas.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Vivre sans peine n’est pas un état d’homme ; vivre ainsi c’est être mort.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Mon ami, je suis trop heureuse ; le bonheur m’ennuie.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Je ne puis me persuader que, pour avoir raison, on soit indispensablement obligé de parler le dernier.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Les peuples véritablement corrompus sont moins ceux qui ont de mauvaises lois que ceux qui méprisent les lois.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
C’est un des grands inconvénients de la culture des lettres, que, pour quelques hommes qu’elles éclairent, elles corrompent à pure perte toute une nation.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Les brochures se transforment en volumes, les livres se multiplient, et la question s’oublie.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Quant à moi, j’ai fermé mes livres ; et, après avoir écouté parler les hommes, je les ai regardés agir.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Pensons-nous donc être devenus gens de bien parce qu’à force de donner des noms décents à nos vices, nous avons appris à n’en plus rougir ?
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
La nature a voulu nous préserver de la science comme une mère arrache une arme dangereuse des mains de son enfant.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Avec un peu de travail on est sûr de faire du pain, mais qu’avec beaucoup d’étude il est très-douteux qu’on parvienne à faire un homme raisonnable.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Celui qui s’est une fois accoutumé à préférer sa vie à son devoir ne tardera guère à lui préférer encore les choses qui rendent la vie facile et agréable.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
La science convient à quelques grands génies, mais [...] elle est toujours nuisible aux peuples qui la cultivent.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Croira-t-on les rendre meilleurs en leur persuadant qu’ils sont assez bons ?
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Sous prétexte d’éclairer les esprits, faudra-t-il pervertir les âmes ?
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Je n’ignorais pas, en prenant la plume, que je ne pouvais à la fois faire ma cour aux hommes, et rendre hommage à la vérité.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Heureux les peuples dont les rois ont fait peu de bruit dans l’histoire !
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Un si savant auteur confondrait-il la jurisprudence et les lois ?
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Je ne ferai ni tort ni grace.
1757-1758
Source: Traduction de l’Apocolokintosis de Sénèque
[...] il faut naître ou monarque ou sot.
1757-1758
Source: Traduction de l’Apocolokintosis de Sénèque
Oublia-t-on jamais son bonheur ?
1757-1758
Source: Traduction de l’Apocolokintosis de Sénèque
Comment [...] a-t-on assez de cruauté pour voir un misérable dans des tourmens si longs & si peu mérités ?
1757-1758
Source: Traduction de l’Apocolokintosis de Sénèque
Sa loi fera cesser le silence des loix.
1757-1758
Source: Traduction de l’Apocolokintosis de Sénèque
Te voici dans un séjour où les rats rongent le fer.
1757-1758
Source: Traduction de l’Apocolokintosis de Sénèque
[...] partout le coq est maître sur son fumier.
1757-1758
Source: Traduction de l’Apocolokintosis de Sénèque
Autrefois, [...] c'étoit une grande affaire que d'être fait Dieu, aujourd'hui ce n'est plus rien.
1757-1758
Source: Traduction de l’Apocolokintosis de Sénèque
Comment dissimuler ma douleur que le dépit aigrit encore ?
1757-1758
Source: Traduction de l’Apocolokintosis de Sénèque
[...] il faut bien qu'une main lave l'autre.
1757-1758
Source: Traduction de l’Apocolokintosis de Sénèque
Cet imbécille qui paroît ne pas savoir troubler l'eau, tuoit les hommes comme des mouches.
1757-1758
Source: Traduction de l’Apocolokintosis de Sénèque
[...] si vous donnez la divinité à de telles gens, qui diable reconnoîtra la vôtre ?
1757-1758
Source: Traduction de l’Apocolokintosis de Sénèque
Il est traité comme il traita les autres.
1757-1758
Source: Traduction de l’Apocolokintosis de Sénèque
[...] ne vous le disois-je pas, que les Saturnales ne dureroient pas toujours ?
1757-1758
Source: Traduction de l’Apocolokintosis de Sénèque
[...] on aima mieux imaginer quelque nouveau supplice qui [...] irritât incessamment la cupidité par une espérance illusoire.
1757-1758
Source: Traduction de l’Apocolokintosis de Sénèque
Je conçois dans l’espèce humaine deux sortes d’inégalités : l’une, naturelle ou physique, [...] l’autre, morale ou politique, parce qu’elle dépend d’une sorte de convention et qu’elle est établie [...] par le consentement des hommes.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
De quoi s’agit-il donc précisément dans ce Discours ? De marquer dans le progrès des choses le moment où, le droit succédant à la violence, la nature fut soumise à la loi.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Les philosophes qui ont examiné les fondements de la société ont tous senti la nécessité de remonter jusqu’à l’état de nature, mais aucun d’eux n’y est arrivé.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
[...] parlant sans cesse de besoin, d’avidité, d’oppression, [...] ont transporté à l’état de nature des idées qu’ils avaient prises dans la société : ils parlaient de l’homme sauvage, et ils peignaient l’homme civil.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Il ne faut pas prendre les recherches [...] sur ce sujet pour des vérités historiques, mais seulement pour des raisonnements hypothétiques et conditionnels, plus propres à éclaircir la nature des choses qu’à en montrer la véritable origine.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Mécontent de ton état présent [...], peut-être voudrais-tu pouvoir rétrograder ; et ce sentiment doit faire l’éloge de tes premiers aïeux, la critique de tes contemporains, et l’effroi de ceux qui auront le malheur de vivre après toi.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
L’extrême inégalité dans la manière de vivre [...] voilà les funestes garants que la plupart de nos maux sont notre propre ouvrage, et que nous les aurions presque tous évités en conservant la manière de vivre simple, uniforme, et solitaire, qui nous était prescrite par la nature.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
J’ose presque assurer que l’état de réflexion est un état contre nature, et que l’homme qui médite est un animal dépravé.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
En devenant sociable et esclave, [l'homme] devient faible, craintif, rampant ; et sa manière de vivre molle et efféminée achève d’énerver à la fois sa force et son courage.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Ce n’est [...] pas tant l’entendement qui fait parmi les animaux la distinction spécifique de l’homme, que sa qualité d’agent libre.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
[La perfectibilité] est la source de tous les malheurs de l’homme ; [...] elle qui, faisant éclore avec les siècles ses lumières et ses erreurs, ses vices et ses vertus, le rend à la longue le tyran de lui-même et de la nature.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Son âme, que rien n’agite, se livre au seul sentiment de son existence actuelle, sans aucune idée de l’avenir, quelque prochain qu’il puisse être [...].
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
C’est la raison qui engendre l’amour-propre, et c’est la réflexion qui le fortifie ; c’est elle qui replie l’homme sur lui-même [...]. C’est la philosophie qui l’isole.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
La pitié est un sentiment naturel, qui, modérant dans chaque individu l’activité de l’amour de soi-même, concourt à la conservation mutuelle de toute l’espèce.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
[La pitié inspire] cette autre maxime de bonté naturelle [...] : Fais ton bien avec le moindre mal d’autrui qu’il est possible.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
À force de vivre avec tout le monde, on n’a plus de famille ; à peine connaît-on ses parents : on les voit en étrangers.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Il n’y a de bruyantes que les folles ; les femmes sages ne font point de sensation.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Les moralités pour les deux sexes sont la mort de toute bonne éducation. De tristes leçons ne sont bonnes qu’à faire prendre en haine et ceux qui les donnent et tout ce qu’ils disent.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Malheur au siècle où les femmes perdent leur ascendant et où leurs jugements ne font plus rien aux hommes ! C’est le dernier degré de la dépravation.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Il n’y a point de véritable amour sans enthousiasme, et point d’enthousiasme sans un objet de perfection, réel ou chimérique, mais toujours existant dans l’imagination.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Tout n’est qu’illusion dans l’amour, je l’avoue ; mais ce qui est réel, ce sont les sentiments dont il nous anime pour le vrai beau qu’il nous fait aimer.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Il sera toujours grand et beau de régner sur soi, fût-ce pour obéir à des opinions fantastiques.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
On ne sait jamais bien commander que ce qu’on sait exécuter soi-même.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Une femme bel esprit est le fléau de son mari, de ses enfants, de ses amis, de ses valets, de tout le monde.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Naturellement l’homme ne pense guère. Penser est un art qu’il apprend comme tous les autres, et même plus difficilement.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Je ne connais [...] que deux classes réellement distinguées : l’une des gens qui pensent, l’autre des gens qui ne pensent point ; et cette différence vient presque uniquement de l’éducation.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Le bonheur parfait n’est pas sur la terre, mais le plus grand des malheurs, et celui qu’on peut toujours éviter, est d’être malheureux par sa faute.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
C’est aux époux à s’assortir. Le penchant mutuel doit être leur premier lien ; leurs yeux, leurs cœurs doivent être leurs premiers guides.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Les hommes disent que la vie est courte, et je vois qu’ils s’efforcent de la rendre telle. [...] Nul ne veut vivre aujourd’hui ; nul n’est content de l’heure présente.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Ce bonheur suprême est cent fois plus doux à espérer qu’à obtenir ; on en jouit mieux quand on l’attend que quand on le goûte.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Tout est bien, sortant des mains de l’Auteur des choses : tout dégénere entre les mains de l’homme.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
On façonne les plantes par la culture, & les hommes par l’éducation.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Nous naissons foibles, nous avons besoin de forces : nous naissons dépourvus de tout, nous avons besoin d’assistance : nous naissons stupides, nous avons besoin de jugement.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Forcé de combattre la nature ou les institutions sociales, il faut opter entre faire un homme ou un citoyen ; car on ne peut faire à la fois l’un & l’autre.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher loin dans leurs livres des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
L’homme naturel est tout pour lui ; il est l’unité numérique, l’entier absolu [...]. L’homme civil n’est qu’une unité fractionnaire qui tient au dénominateur [...].
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Pour être quelque chose, pour être soi-même & toujours un, il faut agir comme on parle [...].
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Vivre est le métier que je lui veux apprendre.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
La véritable éducation consiste moins en préceptes qu’en exercices.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Il s’agit moins de l’empêcher de mourir que de le faire vivre. Vivre ce n’est pas respirer, c’est agir.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
L’homme qui a le plus vécu n’est pas celui qui a compté le plus d’années ; mais celui qui a le plus senti la vie.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
L’homme civil nait, vit & meurt dans l’esclavage [...].
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Toute méchanceté vient de foiblesse ; l’enfant n’est méchant que parce qu’il est foible ; rendez-le fort, il sera bon.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
La seule habitude qu’on doit laisser prendre à l’enfant est de n’en contracter aucune.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Les villes sont le gouffre de l’espece humaine.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Je vois le fruit des soins que j’ai mis dès son enfance à l’endurcir aux coups de la nécessité.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
L’entretien qu’il leur faut n’a pas besoin de témoins.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
[Elle] sait que les biens de la fortune sont toujours préférés à tout par ceux qui les ont. Tous les riches comptent l’or avant le mérite.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
L’amant a beau voir sa maîtresse parfaite, il lui veut sans cesse ajouter de nouveaux ornements. [...] il a besoin, lui, de la parer.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Les privations mêmes ajoutent à leur bonheur et les honorent à leurs propres yeux de leurs sacrifices.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
En réfléchissant à la folie de nos maximes, qui sacrifient toujours à la décence la véritable honnêteté, je comprends pourquoi le langage est d’autant plus chaste que les cœurs sont plus corrompus.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Chaque âge a ses ressorts qui le font mouvoir ; mais l’homme est toujours le même.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
À dix ans, [l'homme] est mené par des gâteaux, à vingt par une maîtresse, à trente par les plaisirs, à quarante par l’ambition, à cinquante par l’avarice : quand ne court-il qu’après la sagesse ?
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Il faut être heureux [...] c’est le premier désir que nous imprima la nature, et le seul qui ne nous quitte jamais.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Il n’y a point de bonheur sans courage, ni de vertu sans combat. Le mot de vertu vient de force ; la force est la base de toute vertu.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Toutes [les passions] sont bonnes quand on en reste le maître ; toutes sont mauvaises quand on s’y laisse assujettir.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Apprends à perdre ce qui peut t’être enlevé ; apprends à tout quitter quand la vertu l’ordonne.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
L’abus des livres tue la science. Croyant savoir ce qu’on a lu, on se croit dispensé de l’apprendre.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Tant de livres nous font négliger le livre du monde [...].
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Femme, honore ton chef ; c’est lui qui travaille pour toi, qui te gagne ton pain, qui te nourrit : voilà l’homme.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Si je souffre, j’ai du moins la consolation de souffrir seul, et je ne voudrais pas d’un bonheur qui pût coûter au vôtre.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Pourquoi donc est-ce un crime d’être sensible au mérite, et d’aimer ce qu’il faut qu’on honore ?
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
[...] ce que j’avais d’abord pris pour un délire passager fera le destin de ma vie.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Qui ne peut se rendre heureux peut au moins mériter de l’être [...].
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Est-il une mort plus cruelle que de survivre à l’honneur ?
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
[...] le premier pas, qui coûte le plus, était celui qu’il ne fallait pas faire ; comment m’arrêterais-je aux autres ?
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Tu seras vertueux, ou méprisé ; je serai respectée, ou guérie.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
J’abhorre encore plus le crime que je n’aime Julie.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Le moment de la possession est une crise de l’amour, et tout changement est dangereux au nôtre.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Ne perd-on pas tout le temps qu’on peut mieux employer ? Ah ! si l’on peut vivre mille ans en un quart d’heure, à quoi bon compter tristement les jours qu’on aura vécu ?
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Le sort pourra bien nous séparer, mais non pas nous désunir.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
J’ai toujours cru que le bon n’était que le beau mis en action, que l’un tenait intimement à l’autre, et qu’ils avaient tous deux une source commune dans la nature bien ordonnée.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
L’amour véritable est un feu dévorant qui porte son ardeur dans les autres sentiments, et les anime d’une vigueur nouvelle.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Depuis quand est-il vil de recevoir de ce qu’on aime ? Depuis quand ce que le cœur donne déshonore-t-il le cœur qui l’accepte ?
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Il semble qu’en s’élevant au-dessus du séjour des hommes, on y laisse tous les sentiments bas et terrestres [...] et que l’âme contracte quelque chose de leur inaltérable pureté.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Rousseau est célèbre, mais il n’est pas connu. Nos pères le connaissaient mieux.
1762
Source: Du contrat social
De tous les écrits de Rousseau, le Contrat social est peut-être celui dont on parle le plus et qu’on lit le moins.
1762
Source: Du contrat social
Le Contrat social n’a donc pas vieilli ; c’est notre génération qui n’est plus jeune et qui ne se passionne plus pour les grands sujets.
1762
Source: Du contrat social
L'homme naît libre, d'un naturel pacifique et ami du repos ; pour s'assurer la jouissance paisible de ses biens, il a renoncé autrefois à son indépendance, en contractant une société.
1762
Source: Du contrat social
L’acte qui constitue le gouvernement n’est pas un contrat, c’est une délégation de pouvoir législatif qui est toujours révocable.
1762
Source: Du contrat social
Le même gouvernement ne convient pas à tous les peuples [...] non seulement différents gouvernements peuvent être bons à divers peuples, mais au même peuple en différents temps.
1762
Source: Du contrat social
La souveraineté ne peut être représentée. [...] Un peuple qui nommerait des députés ne serait libre qu’au moment de l’élection.
1762
Source: Du contrat social
Ce qui est utile au public ne s‘introduit guère que par la force, attendu que les intérêts privés [...] y sont presque toujours opposés.
1762
Source: Du contrat social
Le droit que le pacte social donne aux souverains sur les sujets ne passe pas les bornes de l’utilité commune.
1762
Source: Du contrat social
Il y a une profession de foi purement civile dont il appartient au souverain de fixer les articles, non pas comme dogme de religion, mais comme sentiments de sociabilité.
1762
Source: Du contrat social
[...] l’on ne peut concevoir une république chrétienne, l’un de ces deux mots excluant l’autre. Le christianisme ne prêche que servitude et dépendance.
1762
Source: Du contrat social
[L'idée du Contrat] est moins pour lui une vérité philosophique, ou une loi de l’histoire, qu’une arme capable de détruire l’Église et la Royauté.
1762
Source: Du contrat social
Depuis le temps qu’on pense et qu’on écrit, toutes les idées ont été émises et publiées. Par la force des choses, tous les écrivains [...] sont des plagiaires sans le savoir.
1762
Source: Du contrat social
On n’invente pas les idées [...] mais il y a une façon de choisir ces idées, de les associer, de les exprimer, même, qui est une sorte de création.
1762
Source: Du contrat social
La gent bourdonnante et venimeuse des critiques, cette plaie du jour, qui semble avoir rencontré en France son pays d’élection, s’attaque à tout et à chacun, sans raison, sans mesure [...].
1762
Source: Du contrat social
Le bonheur est un état permanent qui ne semble pas fait ici-bas pour l’homme. Tout est sur la terre dans un flux continuel qui ne permet à rien d’y prendre une forme constante.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Tout change autour de nous. Nous changeons nous-mêmes, & nul ne peut s’assurer qu’il aimera demain ce qu’il aime aujourd’hui.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Profitons du contentement d’esprit quand il vient, gardons-nous de l’éloigner par notre faute, mais ne faisons pas des projets pour l’enchaîner, car ces projets là sont de pures folies.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Le bonheur n’a point d’enseigne extérieure [...] mais le contentement se lit dans les yeux, dans le maintien, dans l’accent, dans la démarche, & semble se communiquer à celui qui l’aperçoit.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Si j’ai fait quelque progrès dans la connaissance du cœur humain, c’est le plaisir que j’avois à voir & observer les enfans qui m’a valu cette connaissance.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Il y a compensation à tout. Si mes plaisirs sont rares & courts, je les goûte [...] plus vivement quand ils viennent que s’ils m’étoient plus familiers.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Dans l’extrême misere on se trouve riche de peu. Un gueux qui trouve un écu en est plus affecté que ne le seroit un riche en trouvant une bourse d’or.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Tant il est vrai que le vrai plaisir ne se mesure pas sur la dépense & que la joie est plus amie des liards que des louis.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Je sentois [...] la différence qu’il y a des goûts sains & des plaisirs naturels à ceux que fait naître l’opulence, & qui ne sont guère que des plaisirs de moquerie & des goûts exclusifs engendrés par le mépris.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
[Mon plaisir] consistoit moins dans un sentiment de bienfaisance que dans le plaisir de voir des visages contents.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
La joie innocente est la seule dont les signes flattent mon cœur.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Je ne suis à moi que quand je suis seul, hors de là je suis le jouet de tous ceux qui m’entourent.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Faut-il s’étonner si j’aime la solitude ? Je ne vois qu’animosité sur les visages des hommes, & la nature me rit toujours.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
[...] laissons la bienveillance naturelle & l’urbanité faire chacune leur œuvre sans que jamais rien de vénal & de mercantile ose approcher d’une si pure source pour la corrompre ou pour l’altérer.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Les petites privations s’endurent sans peine, quand le cœur est mieux traité que le corps.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
On ne doit punir la raison nulle part, ni meme le raisonnement.
1762
Source: Du contrat social
Si l’ordre social était [...] l’ouvrage de la raison plutot que des passions, [...] nous n’avons prévenu les guerres particulieres que pour en allumer de générales qui sont mille fois plus terribles.
1762
Source: Du contrat social
[En] nous unissant a quelques hommes, nous devenons réellement les ennemis du genre humain.
1762
Source: Du contrat social
Chacun voit que toute société se forme par les intéréts communs, que toute division nait des intéréts opposés [...].
1762
Source: Du contrat social
Les ministres ont besoin de la guerre pour se rendre nécessaires [...] et pour perdre l’Etat s’il le faut, plutot que leur place.
1762
Source: Du contrat social
Toute l’occupation des rois [...] se rapporte a deux seuls objets: étendre leur domination au dehors, et la rendre plus absolue au dedans.
1762
Source: Du contrat social
[Les mots de] bien public, du bonheur des sujets, de la gloire de la nation [...] n’annoncent jamais que des ordres funestes et que le peuple gémit d’avance quand ses maitres lui parlent de leurs soins paternels.
1762
Source: Du contrat social
Ce qui est utile au public ne s’introduit guere que par la force, attendu que les intérets particuliers sont presque toujours opposés.
1762
Source: Du contrat social
On ne voit point de ligues fédératives s’établir autrement que par des révolutions [...]. Elle ferait peut-étre plus de mal tout d’un coup qu’elle n’en préviendrait pour des siécles.
1762
Source: Du contrat social
Presque tous les petits Etats, républiques et monarchies indifferemment, prospérent par cela seul qu’ils sont petits.
1762
Source: Du contrat social
Appliquez-vous a étendre et a perfectionner le systéme des gouvernements fédératifs, le seul qui réunisse les avantages et des grands et des petits Etats.
1762
Source: Du contrat social
Il faut étudier la société par les hommes, et les hommes par la société, ceux qui voudront traiter séparément la politique et la morale n’entendront jamais rien à aucune des deux.
1762
Source: Du contrat social
La domination même est servile, quand elle tient à l’opinion ; car tu dépends des préjugés de ceux que tu gouvernes par les préjugés.
1762
Source: Du contrat social
Vous direz toujours : Nous voulons ; et vous ferez toujours ce que voudront les autres.
1762
Source: Du contrat social
L’esprit universel des lois de tous les pays est de favoriser toujours le fort contre le faible, et celui qui a contre celui qui n’a rien.
1762
Source: Du contrat social
Dans l’abîme de maux où je suis submergé, je sens les atteintes des coups qui me sont portés ; j’en aperçois l’instrument immédiat ; mais je ne puis voir ni la main qui les dirige [...].
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
[...] les auteurs de ma ruine ont trouvé l’art inconcevable de rendre le public complice de leur complot, sans qu’il s’en doute lui-même, et sans qu’il en aperçoive l’effet.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Le devoir de la plus sainte amitié [...] n’est pas de se rendre toujours agréable, mais de conseiller toujours pour le mieux.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
En cherchant vainement la cause de cette unanime animosité, je fus prêt à croire que tout le monde était devenu fou.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Je savais que les passions basses ne subjuguent guère que les hommes faibles, et ont peu de prise sur les âmes d’une forte trempe [...].
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Depuis mon départ [...], sentant bien que je serais désormais fugitif sur la terre, j’hésitais à permettre qu’elle vînt me joindre, et partager la vie errante à laquelle je me voyais condamné.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
N’allons pas chercher des perfections hors de la nature [...].
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Le remords enfin devint si vif, qu’il m’arracha presque l’aveu public de ma faute [...].
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Ô que les larmes de tendresse et de joie sont douces ! Comme mon cœur s’en abreuve ! Pourquoi m’a-t-on fait verser si peu de celles-là !
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Ces génies élevés ont entre eux un langage que les esprits vulgaires n’entendront jamais.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Seul je n’ai jamais connu l’ennui, même dans le plus parfait désœuvrement : mon imagination, remplissant tous les vides, suffit seule pour m’occuper.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Il n’y a que le bavardage inactif de chambre, assis les uns vis-à-vis des autres à ne mouvoir que la langue, que jamais je n’ai pu supporter.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
J’ai appris à douter qu’un homme jouissant d’une grande fortune, quel qu’il puisse être, puisse aimer sincèrement mes principes et leur auteur.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Toujours vivre isolé sur la terre me paraissait un destin bien triste, surtout dans l’adversité.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
L’agitation du reste de ma vie n’a pas laissé aux événements le temps de s’arranger dans ma tête. Ils ont été trop nombreux, trop mêlés, trop désagréables, pour pouvoir être narrés sans confusion.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Il m’a semblé qu’on pouvoit se laisser surprendre à tout âge...
Avant janvier 1765
Source: Lettres à Sara
...j’aime avec la certitude affreuse de ne pouvoir être aimé.
Avant janvier 1765
Source: Lettres à Sara
C’est le pire de mes supplices de me voir comme tu me vois.
Avant janvier 1765
Source: Lettres à Sara
Tu peux m’arracher des pleurs, mais ils sont moins d’amour que de rage.
Avant janvier 1765
Source: Lettres à Sara
C’est le seul desir permis à quiconque ose aimer sans être aimable.
Avant janvier 1765
Source: Lettres à Sara
Ma premiere faute en attire une autre ; mais je saurai m’arrêter...
Avant janvier 1765
Source: Lettres à Sara
Vous ne dissimulez ma folie que pour l’augmenter.
Avant janvier 1765
Source: Lettres à Sara
...ton dédain fait toute ta coquetterie, tu me désoles sans songer à moi.
Avant janvier 1765
Source: Lettres à Sara
Je serois moins avili si j’avois moins résisté.
Avant janvier 1765
Source: Lettres à Sara
Combien de fois j’ai rougi d’avoir été à vingt ans ce que je redeviens à cinquante !
Avant janvier 1765
Source: Lettres à Sara
Je sentois que je n’étois heureux que par ma misere.
Avant janvier 1765
Source: Lettres à Sara
L’hiver a beau couvrir l’Etna de ses glaces, son sein n’est pas moins embrasé.
Avant janvier 1765
Source: Lettres à Sara
Ce que vous ne m’avez pas dit, je sais me le dire.
Avant janvier 1765
Source: Lettres à Sara
Je suis à l’épreuve de tout, hors de vos regards.
Avant janvier 1765
Source: Lettres à Sara
C’est mon sort de brûler jusqu’à mon dernier soupir d’un feu que rien ne peut éteindre...
Avant janvier 1765
Source: Lettres à Sara
L’acte qui institue le Gouvernement n’est point un contrat mais une Loi, [...] les dépositaires de la puissance exécutive ne sont point les maîtres du peuple mais ses officiers, qu’il peut les établir & les destituer quand il lui plait.
1762
Source: Du contrat social
Il n’est point question pour [les gouvernants] de contracter mais d’obéir, & en se chargeant des fonctions que l’Etat leur impose ils ne font que remplir leur devoir de Citoyens.
1762
Source: Du contrat social
Il ne faut jamais toucher au Gouvernement établi que lors qu’il devient incompatible avec le bien public.
1762
Source: Du contrat social
Cette circonspection [de ne pas changer de gouvernement] est une maxime de politique & non pas une règle de droit.
1762
Source: Du contrat social
L’Etat n’est pas plus tenu de laisser l’autorité civile à ses chefs, que l’autorité militaire à ses Généraux.
1762
Source: Du contrat social
En paraissant n’user que de ses droits il est fort aisé [au Prince] de les étendre, & d’empêcher sous le prétexte du repos public les assemblées destinées à rétablir le bon ordre.
1762
Source: Du contrat social
[Le Prince] se prévaut d’un silence qu’il empêche de rompre [...] pour supposer en sa faveur l’aveu de ceux que la crainte fait taire, & pour punir ceux qui osent parler.
1762
Source: Du contrat social
Tous les gouvernements du monde, une fois revêtus de la force publique, usurpent tôt ou tard l’autorité Souveraine.
1762
Source: Du contrat social
Les assemblées périodiques [...] sont propres à prévenir ce malheur, car alors le Prince ne saurait les empêcher sans se déclarer ouvertement infracteur des lois & ennemi de l’Etat.
1762
Source: Du contrat social
Deux propositions qu’on ne puisse jamais supprimer : 1. S’il plaît au Souverain de conserver la présente forme de Gouvernement. 2. S’il plaît au Peuple d’en laisser l’administration à ceux qui en sont actuellement chargés.
1762
Source: Du contrat social
Il n’y a dans l’Etat aucune loi fondamentale qui ne se puisse révoquer, non pas même le pacte social.
1762
Source: Du contrat social
Si tous les Citoyens s’assemblaient pour rompre le pacte social d’un commun accord, on ne peut douter qu’il ne fût très-légitimement rompu.
1762
Source: Du contrat social
Il serait absurde que tous les Citoyens réunis ne pussent pas ce que peut séparément chacun d’eux.
1762
Source: Du contrat social
Chacun peut renoncer à l’Etat dont il est membre, & reprendre sa liberté naturelle & ses biens en sortant du pays.
1762
Source: Du contrat social
Quitter [son pays] pour éluder son devoir [...] au moment où la patrie a besoin de nous [...] serait criminel & punissable ; ce ne serait plus retraite, mais désertion.
1762
Source: Du contrat social
Tout homme a droit de risquer sa propre vie pour la conserver.
1762
Source: Du contrat social
Le traité social a pour fin la conservation des contractans.
1762
Source: Du contrat social
Qui veut la fin veut aussi les moyens, & ces moyens sont inséparables de quelques risques [...].
1762
Source: Du contrat social
Qui veut conserver sa vie aux dépends des autres, doit la donner aussi pour eux quand il faut.
1762
Source: Du contrat social
[...] sa vie n’est plus seulement un bienfait de la nature, mais un don conditionnel de l’Etat.
1762
Source: Du contrat social
Tout malfaiteur attaquant le droit social devient par ses forfaits rebelle & traître à la patrie [...].
1762
Source: Du contrat social
[...] quand on fait mourir le coupable, c’est moins comme Citoyen que comme ennemi.
1762
Source: Du contrat social
[...] un tel ennemi n’est pas une personne morale, c’est un homme, & c’est alors que le droit de la guerre est de tuer le vaincu.
1762
Source: Du contrat social
La fréquence des supplices est toujours un signe de foiblesse ou de paresse dans le Gouvernement.
1762
Source: Du contrat social
Il n’y a point de méchant qu’on ne pût rendre bon à quelque chose.
1762
Source: Du contrat social
On n’a droit de faire mourir, même pour l’exemple, que celui qu’on ne peut conserver sans danger.
1762
Source: Du contrat social
Dans un État bien gouverné il y a peu de punitions, non parce qu’on fait beaucoup de graces, mais parce qu’il y a peu de criminels [...].
1762
Source: Du contrat social
La multitude des crimes en assure l’impunité lorsque l’État dépérit.
1762
Source: Du contrat social
Les fréquentes graces annoncent que bientôt les forfaits n’en auront plus besoin, & chacun voit où cela mene.
1762
Source: Du contrat social
La fréquentation des encyclopédistes, loin d’ébranler ma foi, l’avait affermie par mon aversion naturelle pour la dispute et pour les partis.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
L’étude de l’homme et de l’univers m’avait montré partout les causes finales et l’intelligence qui les dirigeait.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
La philosophie, en m’attachant à l’essentiel de la religion, m’avait détaché de ce fatras de petites formules dont les hommes l’ont offusquée.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Il appartenait en chaque pays au seul souverain de fixer le culte [...], et il était par conséquent du devoir du citoyen de suivre le culte prescrit par la loi.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Qu’eussé-je fait seul, timide et parlant très-mal, contre un homme arrogant, opulent, étayé du crédit des grands, d’une brillante faconde ?
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Je n’écoutai que mon naturel paisible, que mon amour du repos, qui, s’il me trompa, me trompe encore aujourd’hui sur le même article.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Telle a toujours été ma destinée : sitôt que j’ai rapproché l’un de l’autre deux amis que j’avais séparément, ils n’ont jamais manqué de s’unir contre moi.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
[...] toutes ces tendres réminiscences me firent verser des larmes sur ma jeunesse écoulée et sur ses transports désormais perdus pour moi.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Je sentis en cette occasion que l’estime des hommes qui en sont dignes eux-mêmes produit dans l’âme un sentiment bien plus doux et plus noble que celui de la vanité.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Pour me bien connaître, il faut me connaître dans tous mes rapports, bons et mauvais.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Dans l’étrange, dans l’unique situation où je me trouve, je me dois trop à la vérité pour devoir rien de plus à autrui.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Mes Confessions ne sont point faites pour paraître de mon vivant, ni de celui des personnes intéressées.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Puisque enfin mon nom doit vivre, je dois tâcher de transmettre avec lui le souvenir de l’homme infortuné qui le porta, tel qu’il fut réellement, et non tel que d’injustes ennemis travaillent sans relâche à le peindre.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
L’homme est né libre, et partout il est dans les fers.
1762
Source: Du contrat social
Tel se croit le maître des autres, qui ne laisse pas d’être plus esclave qu’eux.
1762
Source: Du contrat social
Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir.
1762
Source: Du contrat social
Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu’on n’est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes.
1762
Source: Du contrat social
Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs.
1762
Source: Du contrat social
C’est ôter toute moralité à ses actions que d’ôter toute liberté à sa volonté.
1762
Source: Du contrat social
Ces mots, esclave et droit, sont contradictoires ; ils s’excluent mutuellement.
1762
Source: Du contrat social
Il y aura toujours une grande différence entre soumettre une multitude et régir une société.
1762
Source: Du contrat social
Chacun se donnant à tous ne se donne à personne.
1762
Source: Du contrat social
Quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera d’être libre.
1762
Source: Du contrat social
Ce que l’homme perd par le contrat social, c’est sa liberté naturelle [...] ; ce qu’il gagne, c’est la liberté civile [...].
1762
Source: Du contrat social
L’impulsion du seul appétit est esclavage, et l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté.
1762
Source: Du contrat social
Le pacte fondamental substitue [...] une égalité morale et légitime à ce que la nature avait pu mettre d’inégalité physique entre les hommes [...].
1762
Source: Du contrat social
La souveraineté, n’étant que l’exercice de la volonté générale, ne peut jamais s’aliéner [...].
1762
Source: Du contrat social
Il n’y a point de méchant qu’on ne pût rendre bon à quelque chose. On n’a droit de faire mourir, même pour l’exemple, que celui qu’on ne peut conserver sans danger.
1762
Source: Du contrat social
Le connois-toi toi-même du temple de Delphes n’étoit pas une maxime si facile à suivre que je l’avois cru.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Les inextinguibles regrets [...] m’ont inspiré pour le mensonge une horreur qui a dû garantir mon cœur de ce vice pour le reste de ma vie.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Par quelle bizarre inconséquence mentois-je ainsi de gaîté de cœur sans nécessité, sans profit, et par quelle inconcevable contradiction n’en sentois-je pas le moindre regret ?
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
L’instinct moral m’a toujours bien conduit, ma conscience a gardé sa premiere intégrité.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
La vérité générale et abstraite est le plus précieux de tous les biens. Sans elle l’homme est aveugle ; elle est l’œil de la raison.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
La vérité particuliere et individuelle n’est pas toujours un bien, elle est quelquefois un mal, très-souvent une chose indifférente.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
La justice elle-même est dans la vérité des choses ; le mensonge est toujours iniquité, l’erreur est toujours imposture.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Dans toutes les questions de morale difficiles [...], je me suis toujours bien trouvé de les résoudre par le dictamen de ma conscience, plutôt que par les lumieres de ma raison.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Mentir pour son avantage à soi-même est imposture, mentir pour l’avantage d’autrui est fraude, mentir pour nuire est calomnie ; c’est la pire espece de mensonge.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Mentir sans profit ni préjudice de soi ni d’autrui n’est pas mentir : ce n’est pas mensonge, c’est fiction.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Tout ce qui, contraire à la vérité, blesse la justice en quelque façon que ce soit, est mensonge. Voilà la limite exacte.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
L’homme que j’appelle vrai [...] est solidement vrai, même contre son intérêt, quoiqu’il se pique assez peu de l’être dans les conversations oiseuses.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
S’il faut être juste pour autrui il faut être vrai pour soi, c’est un hommage que l’honnête homme doit rendre à sa propre dignité.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Jamais la fausseté ne dicta mes mensonges, ils sont tous venus de faiblesse mais cela m’excuse très-mal.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Avec une ame faible on peut tout au plus se garantir du vice, mais c’est être arrogant et téméraire d’oser professer de grandes vertus.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Il faut une longue altération de sentimens & d’idées pour qu’on puisse se résoudre à prendre son semblable pour maitre, & se flater qu’on s’en trouvera bien.
1762
Source: Du contrat social
La guerre politique étoit aussi Théologique : les départemens des Dieux étoient, pour ainsi dire, fixés par les bornes des Nations.
1762
Source: Du contrat social
Loin que les hommes combattissent pour les Dieux, c’étoient, comme dans Homere, les Dieux qui combattoient pour les hommes [...].
1762
Source: Du contrat social
[Le Christianisme,] séparant le sistême théologique du sistême politique, fit que l’Etat cessa d’être un, & causa les divisions intestines qui n’ont jamais cessé d’agiter les peuples chrétiens.
1762
Source: Du contrat social
[...] ce prétendu royaume de l’autre monde [est devenu] sous un chef visible le plus violent despotisme dans celui-ci.
1762
Source: Du contrat social
Tout ce qui rompt l’unité sociale ne vaut rien : Toutes les institutions qui mettent l’homme en contradiction avec lui-même ne valent rien.
1762
Source: Du contrat social
[La religion civile] est mauvaise en ce qu’étant fondée sur l’erreur & sur le mensonge elle trompe les hommes, les rend crédules superstitieux, & noye le vrai culte de la divinité dans un vain cérémonial.
1762
Source: Du contrat social
Loin d’attacher les cœurs des Citoyens à l’Etat, [le Christianisme] les en détache comme de toutes les choses de la terre : je ne connois rien de plus contraire à l’esprit social.
1762
Source: Du contrat social
On nous dit qu’un peuple de vrais Chrétiens formeroit la plus parfaite société [...]. Je dis [...] qu’une société de vrais chrétiens ne seroit plus une société d’hommes.
1762
Source: Du contrat social
A force d’être parfaite, [une société de vrais Chrétiens] manqueroit de liaison ; son vice destructeur seroit dans sa perfection même.
1762
Source: Du contrat social
La patrie du Chrétien n’est pas de ce monde. Il fait son devoir, il est vrai, mais il le fait avec une profonde indifférence sur le bon ou mauvais succès de ses soins.
1762
Source: Du contrat social
Qu’importe qu’on soit libre ou serf dans cette vallée de miseres ? l’essenciel est d’aller en paradis, & la résignation n’est qu’un moyen de plus pour cela.
1762
Source: Du contrat social
Je me trompe en disant une République Chrétienne ; chacun de ces deux mots exclud l’autre. Le Christianisme ne prêche que servitude & dépendance.
1762
Source: Du contrat social
Les sujets ne doivent [...] compte au Souverain de leurs opinions qu’autant que ces opinions importent à la communauté.
1762
Source: Du contrat social
Quiconque ose dire, hors de l’Eglise point de Salut, doit être chassé de l’Etat ; à moins que l’Etat ne soit l’Eglise, & que le Prince ne soit le Pontife.
1762
Source: Du contrat social
Dans les grandes villes la dépravation commence avec la vie, & dans les petites elle commence avec la raison.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Il n’y a de bruyantes que les folles ; les femmes sages ne font point de sensation.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Les moralités [...] sont la mort de toute bonne éducation. De tristes leçons ne sont bonnes qu’à faire prendre en haine, & ceux qui les donnent & tout ce qu’ils disent.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Il n’y a point de véritable amour sans enthousiasme, & point d’enthousiasme sans un objet de perfection réel ou chimérique [...].
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Tout n’est qu’illusion dans l’amour, je l’avoue ; mais ce qui est réel, ce sont les sentimens dont il nous anime pour le vrai beau qu’il nous fait aimer.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Malheur au siecle où les femmes perdent leur ascendant, & où leurs jugemens ne font plus rien aux hommes ! C’est le dernier degré de la dépravation.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Il sera toujours grand & beau de régner sur soi, fut-ce pour obéir à des opinions fantastiques.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
On ne sait jamais bien commander que ce qu’on sait exécuter soi-même.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Le bonheur parfait n’est pas sur la terre ; mais le plus grand des malheurs [...] est d’être malheureux par sa faute.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Voulez-vous [...] faire d’heureux mariages, étouffez les préjugés, oubliez les institutions humaines, & consultez la Nature.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Penser est un art qu’on apprend comme tous les autres & même plus difficilement.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Une femme bel-esprit est le fléau de son mari, de ses enfans, de ses amis, de ses valets, de tout le monde.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Les hommes disent que la vie est courte, & je vois qu’ils s’efforcent de la rendre telle.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Nul ne veut vivre aujourd’hui ; nul n’est content de l’heure présente, tous la trouvent trop lente à passer.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Quand on ne veut qu’arriver, on peut courir en chaise de poste ; mais quand on veut voyager, il faut aller à pied.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Celui qui, sans s’arrêter aux apparences, ne juge du bonheur des hommes que par l’état de leurs cœurs, verra leurs misères dans leurs succès mêmes.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
L’infortuné voulut gouverner le monde, et ne sut pas gouverner sa maison !
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Le jeu de toutes les passions humaines offre [...] des leçons à qui veut étudier l’histoire pour se connaître et se rendre sage aux dépens des morts.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Celui qui commence à se rendre étranger à lui-même ne tarde pas à s’oublier tout à fait.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Nul ne fait le mal pour le mal.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Nous leur pardonnerions plus aisément leurs vices, si nous pouvions connaître combien leur propre cœur les en punit.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Les avantages sont apparents, la peine est intérieure.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
L’amour-propre est un instrument utile, mais dangereux ; souvent il blesse la main qui s’en sert, et fait rarement du bien sans mal.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Les grands hommes ne s’abusent point sur leur supériorité [...]. Plus ils ont, plus ils connaissent tout ce qui leur manque.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Il n’y a point de folie dont on ne puisse guérir un homme qui n’est pas fou, hors la vanité.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Mettez toutes les leçons des jeunes gens en actions plutôt qu’en discours ; qu’ils n’apprennent rien dans les livres de ce que l’expérience peut leur enseigner.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Le doute sur les choses qu’il nous importe de connaître est un état trop violent pour l’esprit humain [...] il aime mieux se tromper que ne rien croire.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
La foi des enfants et de beaucoup d’hommes est une affaire de géographie.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Pour empêcher la pitié de dégénérer en faiblesse, il faut [...] la généraliser et l’étendre sur tout le genre humain.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
C’est en faisant le bien qu’on devient bon ; je ne connais point de pratique plus sûre.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Il ne s’agit point [...] de ces subtilités métaphysiques qui ont gagné toutes les parties de la littérature [...]; mais il s’agit d’une de ces vérités qui tiennent au bonheur du genre humain.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Je prévois qu’on me pardonnera difficilement le parti que j’ai osé prendre.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Heurtant de front tout ce qui fait aujourd’hui l’admiration des hommes, je ne puis m’attendre qu’à un blâme universel.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Ce n’est pas pour avoir été honoré de l’approbation de quelques sages, que je dois compter sur celle du public.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Mon parti est [...] pris ; je ne me soucie de plaire ni aux beaux esprits ni aux gens à la mode.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Il y aura dans tous les temps des hommes faits pour être subjugués par les opinions de leur siècle, de leur pays, et de leur société.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Tel fait aujourd’hui l’esprit fort et le philosophe, qui, par la même raison, n’eût été qu’un fanatique du temps de la ligue.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Il ne faut point écrire pour de tels lecteurs, quand on veut vivre au-delà de son siècle.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
En ce qui importe vraiment au sujet, je suis assuré d’être exact et fidèle.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Dès que la sécurité me laissa plus tranquille, le sentiment dominant reprit sa place.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Rien ne me flattait, rien ne me tentait, je n’avais de désir que pour retourner auprès de maman.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
La tendresse et la vérité de mon attachement [...] avait déraciné de mon cœur tous les projets imaginaires, toutes les folies de l’ambition.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Je ne voyais plus d’autre bonheur que celui de vivre auprès d’elle, et je ne faisais pas un pas sans sentir que je m’éloignais de ce bonheur.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Mon retour fut si prompt et mon esprit si distrait, que [...] je n’ai pas le moindre souvenir de celui-là.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Jamais homme ne fut moins curieux que moi du secret de ses amis.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Mon cœur, uniquement occupé du présent, en remplit toute sa capacité, tout son espace.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
[...] hors les plaisirs passés, qui font désormais mes uniques jouissances, il n’y reste pas un coin de vide pour ce qui n’est plus.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
La multitude des grandes affaires fait qu’on n’y est pas si désagréablement surveillé.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Par tout où l’intolérance théologique est admise, il est impossible qu’elle n’ait pas quelque effet civil [...].
1762
Source: Du contrat social
[...] sitot qu’[l’intolérance théologique] a [un effet civil], le Souverain n’est plus Souverain, même au temporel.
1762
Source: Du contrat social
Dès lors les Prêtres sont les vrais maitres ; les Rois ne sont que leurs officiers.
1762
Source: Du contrat social
On doit tolérer toutes [les religions] qui tolerent les autres, autant que leurs dogmes n’ont rien de contraire aux devoirs du Citoyen.
1762
Source: Du contrat social
Quiconque ose dire, hors de l’Eglise point de Salut, doit être chassé de l’Etat.
1762
Source: Du contrat social
Un tel dogme n’est bon que dans un Gouvernement Théocratique, dans tout autre il est pernicieux.
1762
Source: Du contrat social
[Avec] des gens qu’on croit dannés ; les aimer seroit haïr Dieu qui les punit.
1762
Source: Du contrat social
Il faut absolument qu’on les ramene ou qu’on les tourmente.
1762
Source: Du contrat social
Après avoir posé les vrais principes du droit politique & tâché de fonder l’Etat sur sa base, il resteroit à l’appuyer par ses rélations externes.
1762
Source: Du contrat social
Mais tout cela forme un nouvel objet trop vaste pour ma courte vue ; j’aurois dû la fixer toujours plus près de moi.
1762
Source: Du contrat social
Il valait mieux ne jamais goûter la félicité que la goûter et la perdre.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Un moment d’erreur a tout changé.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Les consolations indiscrètes ne font qu’aigrir les violentes afflictions. [...] la tristesse et le silence sont alors le vrai langage de l’amitié.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
La sublime raison ne se soutient que par la même vigueur de l’âme qui fait les grandes passions [...].
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Que le rang se règle par le mérite, et l’union des cœurs par leur choix, voilà le véritable ordre social.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
L’amour s’est insinué trop avant dans la substance de votre âme [...]. Vous n’en effacerez jamais la profonde impression sans effacer à la fois tous les sentiments exquis que vous reçûtes de la nature.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Mon faible cœur n’a plus que le choix de ses fautes.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
On peut résister à tout, hors à la bienveillance ; et il n’y a point de moyen plus sûr d’acquérir l’affection des autres, que de leur donner la sienne.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
[...] l’âme a-t-elle un sexe ? En vérité, je ne le sens guère à la mienne.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Comment peut-on se quereller quand on s’aime, et perdre à se tourmenter l’un l’autre des moments où l’on a si grand besoin de consolation ?
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Je ne suis seul que dans la foule.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Nul ne dit jamais ce qu’il pense, mais ce qu’il lui convient de faire penser à autrui ; [...] le zèle apparent de la vérité n’est jamais que le masque de l’intérêt.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
La source du bonheur n’est tout entière ni dans l’objet désiré ni dans le cœur qui le possède, mais dans le rapport de l’un et de l’autre.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Les grandes passions ne germent guère chez les hommes faibles.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
J'entre avec une secrète horreur dans ce vaste désert du monde.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Le public est aujourd’hui si indisposé contre tout ce qui s’appelle nouveauté [...] qu’il n’est plus guère possible de lui rien offrir [...] sans s’exposer à [...] se voir condamné sans être entendu.
1743
Source: Dissertation sur la musique moderne
N’avoir que la raison pour soi, ce n’est pas combattre à armes égales, les préjugés sont presque toujours sûrs d’en triompher [...].
1743
Source: Dissertation sur la musique moderne
[Le public] aime mieux se plaindre éternellement d’être mal servi, que de se donner des soins pour l’être mieux.
1743
Source: Dissertation sur la musique moderne
On se récrie sur la [...] difficulté de l’art, et l’on rebute ceux qui proposent de l’éclaircir et de l’abréger.
1743
Source: Dissertation sur la musique moderne
La crainte de redevenir écoliers [...] leur [fait] toujours regarder avec mépris ou avec effroi tout ce qu’on leur proposerait en ce genre.
1743
Source: Dissertation sur la musique moderne
Il est plus aisé d’hériter de [la] science [d'un maître] que de son génie.
1743
Source: Dissertation sur la musique moderne
Pour détruire un système établi, il faut que celui qu’on veut substituer lui soit préférable, non seulement [...] par ce qu’il a de propre, mais encore en joignant au premier toutes les raisons d’ancienneté et tous les préjugés qui le fortifient.
1743
Source: Dissertation sur la musique moderne
Les [experts] [...] considèrent [les choses] bien moins par ce qu’elles sont en elles-mêmes, que par le rapport qu’elles peuvent avoir à leur intérêt.
1743
Source: Dissertation sur la musique moderne
Il importe beaucoup plus de savoir si un [projet] est avantageux, que d’en bien connaître l’auteur.
1743
Source: Dissertation sur la musique moderne
[L'art] a eu le sort des arts qui ne se perfectionnent que successivement. Les inventeurs [...] n’ont songé qu’à l’état où il se trouvait de leur temps, sans prévoir celui où il pouvait parvenir dans la suite.
1743
Source: Dissertation sur la musique moderne
Il n’est pas possible qu’un système, fût-il d’ailleurs le meilleur du monde dans son origine, ne se charge à la fin d’embarras et de difficultés par les changements qu’on y fait [...].
1743
Source: Dissertation sur la musique moderne
Pour peu qu’on réfléchisse sur cet art, non en [expert], mais en philosophe, on en sent bientôt les défauts.
1743
Source: Dissertation sur la musique moderne
Dans les choses d’institution, et dans les choses générales, le moins bien n’est jamais un petit défaut.
1743
Source: Dissertation sur la musique moderne
La perfection des signes [...] consiste essentiellement à beaucoup exprimer en peu d’espace.
1743
Source: Dissertation sur la musique moderne
La seule grâce que j’ai droit de [...] demander [...] c’est de vouloir bien n’en juger qu’après avoir lu mon ouvrage [...].
1743
Source: Dissertation sur la musique moderne
Puisqu’aucun homme n’a une autorité naturelle sur son semblable, & puisque la force ne produit aucun droit, restent donc les conventions pour base de toute autorité légitime parmi les hommes.
1762
Source: Du contrat social
Qu’y gagnent-ils, si cette tranquillité-même est une de leurs miseres ? On vit tranquille aussi dans les cachots ; en est-ce assez pour s’y trouver bien ?
1762
Source: Du contrat social
Dire qu’un homme se donne gratuitement, c’est dire une chose absurde & inconcevable ; un tel acte est illégitime & nul, par cela seul que celui qui le fait n’est pas dans son bon sens.
1762
Source: Du contrat social
Dire la même chose de tout un peuple, c’est supposer un peuple de foux : la folie ne fait pas droit.
1762
Source: Du contrat social
Quand chacun pourroit s’aliéner lui-même il ne peut aliéner ses enfans ; ils naissent hommes & libres ; leur liberté leur appartient, nul n’a droit d’en disposer qu’eux.
1762
Source: Du contrat social
Renoncer à sa liberté c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs.
1762
Source: Du contrat social
Une telle renonciation est incompatible avec la nature de l’homme, & c’est ôter toute moralité à ses actions que d’ôter toute liberté à sa volonté.
1762
Source: Du contrat social
C’est une convention vaine & contradictoire de stipuler d’une part une autorité absolue & de l’autre une obéissance sans bornes.
1762
Source: Du contrat social
La guerre n’est donc point une rélation d’homme à homme, mais une rélation d’État à État, dans laquelle les particuliers ne sont ennemis qu’accidentellement [...].
1762
Source: Du contrat social
Chaque État ne peut avoir pour ennemis que d’autres États & non pas des hommes, attendu qu’entre choses de diverses natures on ne peut fixer aucun vrai rapport.
1762
Source: Du contrat social
La fin de la guerre étant la destruction de l’Etat ennemi, on a droit d’en tuer les défenseurs tant qu’ils ont les armes à la main ; mais sitôt qu’ils les posent & se rendent [...] ils redeviennent simplement hommes & l’on n’a plus de droit sur leur vie.
1762
Source: Du contrat social
Si la guerre ne donne point au vainqueur le droit de massacrer les peuples vaincus, ce droit qu’il n’a pas ne peut fonder celui de les asservir.
1762
Source: Du contrat social
C’est donc un échange inique de lui faire acheter au prix de sa liberté sa vie sur laquelle on n’a aucun droit.
1762
Source: Du contrat social
Le droit d’esclavage est nul, non seulement parce qu’il est illégitime, mais parce qu’il est absurde & ne signifie rien.
1762
Source: Du contrat social
Ces mots, esclave, &, droit sont contradictoires ; ils s’excluent mutuellement.
1762
Source: Du contrat social
Ô mon génie, où es-tu ? Mon talent qu’es-tu devenu ? Tout mon feu s’est éteint, mon imagination s’est glacée ; le marbre sort froid de mes mains.
1762
Source: Pygmalion (Rousseau)
La louange & la gloire n’élevent plus mon ame ; [...] l’amitié même a perdu pour moi ses charmes.
1762
Source: Pygmalion (Rousseau)
J’ai perdu le goût que je prenois à les admirer : le commerce des Artistes & des Philosophes me devient insipide.
1762
Source: Pygmalion (Rousseau)
J’ai perdu mon génie… si jeune encore ! je survis à mon talent.
1762
Source: Pygmalion (Rousseau)
Quelle est donc cette ardeur interne qui me dévore ? [...] dans la langueur d’un génie éteint, sent-on [...] cette inquiétude insurmontable, cette agitation secrete qui me tourmente ?
1762
Source: Pygmalion (Rousseau)
Quand mon esprit éteint ne produira plus rien de grand, de beau, de digne de moi, je montrerai ma Galathée, & je dirai ; voilà mon ouvrage.
1762
Source: Pygmalion (Rousseau)
Je ne puis me lasser d’admirer mon ouvrage ; je m’enivre d’amour-propre ; je m’adore dans ce que j’ai fait.
1762
Source: Pygmalion (Rousseau)
Ah ! c’est sa perfection qui fait son défaut… [...] moins parfaite, il ne te manqueroit rien.
1762
Source: Pygmalion (Rousseau)
Le voile de l’illusion tombe, & je n’ose voir dans mon cœur : j’aurois trop à m’en indigner.
1762
Source: Pygmalion (Rousseau)
Ma seule folie est de discerner la beauté, mon seul crime est d’y être sensible. Il n’y a rien là dont je doive rougir.
1762
Source: Pygmalion (Rousseau)
Hélas ! il reste immobile & froid, tandis que mon cœur embrâsé par ses charmes, voudroit quitter mon corps pour aller échauffer le sien.
1762
Source: Pygmalion (Rousseau)
Ah ! que je sois toujours un autre, pour vouloir toujours être elle, pour la voir, pour l’aimer, pour en être aime...
1762
Source: Pygmalion (Rousseau)
L’ordre est troublé, la nature est outragée ; rends leur empire à ses loix, rétablis son cours bienfaisant & verse également ta divine influence.
1762
Source: Pygmalion (Rousseau)
Quelque malheureux que soient les mortels, quand ils ont invoqué les Dieux, ils sont plus tranquilles.
1762
Source: Pygmalion (Rousseau)
Oui, cher & charmant objet ; oui, digne chef-d’œuvre de mes mains, de mon cœur & des Dieux : c’est toi, c’est toi seule : je t’ai donné tout mon être ; je ne vivrai plus que par toi.
1762
Source: Pygmalion (Rousseau)
[Certains] morceaux contiennent des choses admirables et même sublimes.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
[L'auteur] aurait annoncé que cette réponse devait être la dernière qu’il ferait à ses critiques.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
il se vit obligé de reprendre encore une fois la plume.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Ce fut pour lui la première et la dernière.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Il ne faut pas entendre par [...] titre [...], mais dernière réponse sur le sujet dont il est question.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
le soigneux éditeur aurait dû nous instruire du motif pour lequel il laissait ce mot dernière, du moment où cette prétendue dernière est suivie d’une autre réponse.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
cette épithète doit être supprimée du titre, [...] parce qu’elle le fut dans une édition faite pendant la vie de l’auteur.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
L’homme est né libre, & par-tout il est dans les fers.
1762
Source: Du contrat social
L’ordre social est un droit sacré, qui sert de base à tous les autres. Cependant ce droit ne vient point de la nature ; il est donc fondé sur des conventions.
1762
Source: Du contrat social
Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maitre, s’il ne transforme sa force en droit & l’obéïssance en devoir.
1762
Source: Du contrat social
Convenons donc que force ne fait pas droit, & qu’on n’est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes.
1762
Source: Du contrat social
Renoncer à sa liberté c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs.
1762
Source: Du contrat social
S’il y a [...] des esclaves par nature, c’est parce qu’il y a eu des esclaves contre nature. La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétués.
1762
Source: Du contrat social
Trouver une forme d’association [...] par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-même & reste aussi libre qu’auparavant.
1762
Source: Du contrat social
Chacun de nous met en commun sa personne & toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale [...].
1762
Source: Du contrat social
[...] quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera d’être libre.
1762
Source: Du contrat social
Ce que l’homme perd par le contract social, c’est sa liberté naturelle [...] ; ce qu’il gagne, c’est la liberté civile [...].
1762
Source: Du contrat social
[...] l’impulsion du seul appetit est esclavage, & l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté.
1762
Source: Du contrat social
Il y a souvent bien de la différence entre la volonté de tous & la volonté générale ; celle-ci ne regarde qu’à l’intérêt commun, l’autre regarde à l’intérêt privé [...].
1762
Source: Du contrat social
[...] le pacte social établit entre les citoyens une telle égalité qu’ils s’engagent tous sous les mêmes conditions, & doivent jouir tous des mêmes droits.
1762
Source: Du contrat social
J’appelle donc République tout État régi par des loix [...] : car alors seulement l’intérêt public gouverne, & la chose publique est quelque chose.
1762
Source: Du contrat social
Le plus grand bien de tous, qui doit être la fin de tout sistême de législation, se réduit à ces deux objets principaux, la liberté, & l’égalité.
1762
Source: Du contrat social
La privation des grâces est un défaut que les femmes ne pardonnent point, même au mérite...
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
O mon bon ami ! la patience est amère, mais son fruit est doux.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Une femme parfaite et un homme parfait ne doivent pas plus se ressembler d’âme que de visage.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
les yeux de l’amour, tout perçants qu’ils sont, savent-ils voir des défauts ? C’est à l’intègre amitié que ces soins appartiennent...
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Oh ! que les illusions de l’amour sont aimables ! ses flatteries sont en un sens des vérités ; le jugement se tait, mais le cœur parle...
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
une mélodie qui ne parle point chante toujours mal, et la seule harmonie n’a jamais rien su dire au cœur.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
O la douce et charmante sécurité que celle qui vient du sentiment d’une union parfaite !
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
il ne s’agit pas d’éteindre un amour qui doit durer autant que ma vie, mais de le rendre innocent ou de mourir coupable.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
il me semble que le véritable amour est le plus chaste de tous les liens.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Le cœur ne suit point les sens, il les guide ; il couvre leurs égarements d’un voile délicieux.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Le véritable amour toujours modeste n’arrache point ses faveurs avec audace ; il les dérobe avec timidité.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Que faire désormais d’une jeunesse insipide dont nous avons épuisé toutes les délices ?
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
L’honneur d’un homme [...] n’est point au pouvoir d’un autre ; il est en lui-même et non dans l’opinion du peuple.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Celui qui feint d’envisager la mort sans effroi ment. Tout homme craint de mourir, c’est la grande loi des êtres sensibles...
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Le vrai courage [...] ne consiste pas à se battre, mais à ne rien craindre.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Ce passage de l’état de nature à l’état civil produit dans l’homme un changement très rémarquable, en substituant dans sa conduite la justice à l’instinct.
1762
Source: Du contrat social
C’est alors seulement que la voix du devoir succédant à l’impulsion physique [...], l’homme [...] se voit forcé d’agir sur d’autres principes, & de consulter sa raison avant d’écouter ses penchans.
1762
Source: Du contrat social
Ses facultés s’exercent & se développent, ses idées s’étendent, ses sentimens s’ennoblissent, son ame tout entiere s’éleve...
1762
Source: Du contrat social
Si les abus de cette nouvelle condition ne le dégradoient souvent au dessous de celle dont il est sorti, il devroit bénir sans cesse l’instant heureux qui l’en arracha pour jamais.
1762
Source: Du contrat social
[L'état civil] d’un animal stupide & borné, fit un être intelligent & un homme.
1762
Source: Du contrat social
Ce que l’homme perd par le contract social, c’est sa liberté naturelle & un droit illimité à tout ce qui le tente & qu’il peut atteindre.
1762
Source: Du contrat social
Ce qu’il gagne, c’est la liberté civile & la propriété de tout ce qu’il possede.
1762
Source: Du contrat social
Il faut bien distinguer la liberté naturelle qui n’a pour bornes que les forces de l’individu, de la liberté civile qui est limitée par la volonté générale.
1762
Source: Du contrat social
[Il faut distinguer] la possession qui n’est que l’effet de la force [...], de la propriété qui ne peut être fondée que sur un titre positif.
1762
Source: Du contrat social
On pourroit [...] ajouter à l’acquis de l’état civil la liberté morale, qui seule rend l’homme vraiment maitre de lui.
1762
Source: Du contrat social
L’impulsion du seul appetit est esclavage, & l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté.
1762
Source: Du contrat social
Quand on ne peut établir une exacte proportion entre les parties de l’Etat, [...] on institue une magistrature particuliere qui [...] replace chaque terme dans son vrai rapport.
1762
Source: Du contrat social
[Une institution] est le conservateur des loix & du pouvoir législatif.
1762
Source: Du contrat social
[Une institution] sert [...] à protéger le Souverain contre le Gouvernement, [...] à soutenir le Gouvernement contre le Peuple, [...] & à maintenir l’équilibre de part & d’autre.
1762
Source: Du contrat social
[Une institution] ne doit avoir aucune portion de la puissance législative ni de l’exécutive, mais c’est en cela même que la sienne est plus grande : car ne pouvant rien faire il peut tout empêcher.
1762
Source: Du contrat social
[Le défenseur des Loix] est plus sacré & plus révéré [...] que le Prince qui les exécute & que le Souverain qui les donne.
1762
Source: Du contrat social
[Une institution] sagement tempérée est le plus ferme appui d’une bonne constitution ; mais pour peu de force qu’elle ait de trop elle renverse tout.
1762
Source: Du contrat social
[Un pouvoir] dégénère en tyrannie quand il usurpe la puissance exécutive dont il n’est que le modérateur, & qu’il veut dispenser des loix qu’il ne doit que protéger.
1762
Source: Du contrat social
Le crime & le châtiment [...] hâtent également la perte de la République.
1762
Source: Du contrat social
Le pouvoir excessif [...] usurpé par degrés servit enfin, à l’aide des loix faites pour la liberté, de sauvegarde à ceux qui la détruisirent.
1762
Source: Du contrat social
[Un] Tribunal [...] qui, loin de protéger hautement les loix, ne sert plus, après leur avilissement, qu’à porter dans les ténèbres des coups qu’on n’ose apercevoir.
1762
Source: Du contrat social
[Un corps politique] s’affaiblit comme le Gouvernement par la multiplication de ses membres.
1762
Source: Du contrat social
Le meilleur moyen de prévenir les usurpations d’un [...] corps [politique] serait de ne pas rendre ce corps permanent, mais de régler les intervalles durant lesquels il resterait supprimé.
1762
Source: Du contrat social
Un magistrat nouvellement rétabli ne part point du pouvoir qu’avait son prédécesseur, mais de celui que la loi lui donne.
1762
Source: Du contrat social
Tout est bien sortant des mains de l’Auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l’homme.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Dans l’état où sont désormais les choses, un homme abandonné dès sa naissance à lui-même parmi les autres seroit le plus défiguré de tous.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
On façonne les plantes par la culture, et les hommes par l’éducation.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Nous naissons faibles, nous avons besoin de force [...]. Tout ce que nous n’avons pas à notre naissance et dont nous avons besoin étant grands, nous est donné par l’éducation.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Forcé de combattre la nature ou les institutions sociales, il faut opter entre faire un homme ou un citoyen : car on ne peut faire à la fois l’un et l’autre.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher au loin dans leurs livres des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Pour être quelque chose, pour être soi-même et toujours un, il faut agir comme on parle ; il faut être toujours décidé sur le parti que l’on doit prendre, le prendre hautement, et le suivre toujours.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Vivre est le métier que je lui veux apprendre. [...] il sera premièrement homme : tout ce qu’un homme doit être, il saura l’être au besoin.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Notre véritable étude est celle de la condition humaine. Celui d’entre nous qui sait le mieux supporter les biens et les maux de cette vie est à mon gré le mieux élevé.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Il s’agit moins de l’empêcher de mourir que de le faire vivre. Vivre, ce n’est pas respirer, c’est agir [...].
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
L’homme qui a le plus vécu n’est pas celui qui a compté le plus d’années, mais celui qui a le plus senti la vie.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Toute notre sagesse consiste en préjugés serviles ; tous nos usages ne sont qu’assujettissement, gêne et contrainte. L’homme civil naît, vit et meurt dans l’esclavage.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Toute méchanceté vient de faiblesse ; [...] rendez-le fort, il sera bon : celui qui pourrait tout ne ferait jamais de mal.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
La seule habitude qu’on doit laisser prendre à l’enfant est de n’en contracter aucune [...].
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Nous ignorons ce que notre nature nous permet d’être ; nul de nous n’a mesuré la distance qui peut se trouver entre un homme et un autre homme.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
La volonté générale peut seule diriger les forces de l’Etat selon la fin de son institution, qui est le bien commun.
1762
Source: Du contrat social
Si l’opposition des intérêts particuliers a rendu nécessaire l’établissement des sociétés, c’est l’accord de ces mêmes intérêts qui l’a rendu possible.
1762
Source: Du contrat social
C’est ce qu’il y a de commun dans ces différens intérêts qui forme le lien social, & s’il n’y avoit pas quelque point dans lequel tous les intérêts s’accordent, nulle société ne sauroit exister.
1762
Source: Du contrat social
C’est uniquement sur cet intérêt commun que la société doit être gouvernée.
1762
Source: Du contrat social
La souveraineté n’étant que l’exercice de la volonté générale ne peut jamais s’aliéner.
1762
Source: Du contrat social
Le souverain, qui n’est qu’un être collectif, ne peut être représenté que par lui-même.
1762
Source: Du contrat social
Le pouvoir peut bien se transmettre, mais non pas la volonté.
1762
Source: Du contrat social
La volonté particuliere tend par sa nature aux préférences, & la volonté générale à l’égalité.
1762
Source: Du contrat social
Il est absurde que la volonté se donne des chaines pour l’avenir.
1762
Source: Du contrat social
Il ne dépend d’aucune volonté de consentir à rien de contraire au bien de l’être qui veut.
1762
Source: Du contrat social
Si le peuple promet simplement d’obéir, il se dissout par cet acte, il perd sa qualité de peuple.
1762
Source: Du contrat social
À l’instant qu’il y a un maitre il n’y a plus de Souverain, & dès lors le corps politique est détruit.
1762
Source: Du contrat social
Du silence universel on doit présumer le consentement du peuple.
1762
Source: Du contrat social
S’il est agréable, j’aurai le regret de m’amuser sans toi.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
En te mêlant d’être parfaite, tu ne seras plus bonne à rien, et tu n’auras qu’à te chercher des amis parmi les anges.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
L’amitié est prodigue, mais l’amour est avare.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Si l’on n’est pas maître de ses sentiments, au moins on l’est de sa conduite.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Je trouve son image plus dangereuse que sa personne.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Faibles et malheureux que nous sommes ! C’est nous qui faisons nos propres maux.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Que peut-on regretter au monde quand on y conserve un ami ?
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Le vrai livre de la nature est pour moi le cœur des hommes [...].
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
S’abstenir pour jouir, c’est [...] l’épicuréisme de la raison.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
On étouffe de grandes passions ; rarement on les épure.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Si la vie est courte pour le plaisir, qu’elle est longue pour la vertu !
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Il est des impressions éternelles que le temps ni les soins n’effacent point. La blessure guérit, mais la marque reste.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
L’inconstance et l’amour sont incompatibles : l’amant qui change, ne change pas ; il commence ou finit d’aimer.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Une grande passion malheureuse est un grand moyen de sagesse.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Les biens, les maux, [dans le mariage] n’y sont-ils pas communs [...] et les chagrins qu’on se donne l’un à l’autre, ne retombent-ils pas toujours sur celui qui les cause ?
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Les Citoyens étant tous égaux par le contract social, ce que tous doivent faire tous peuvent le prescrire [...].
1762
Source: Du contrat social
[...] nul n’a droit d’exiger qu’un autre fasse ce qu’il ne fait pas lui-même.
1762
Source: Du contrat social
L’autorité suprême ne peut pas plus se modifier que s’aliéner, la limiter c’est la détruire.
1762
Source: Du contrat social
Il est absurde & contradictoire que le Souverain se donne un supérieur.
1762
Source: Du contrat social
Il n’y a qu’un contract dans l’Etat, c’est celui de l’association ; & celui-là seul en exclut tout autre.
1762
Source: Du contrat social
On ne sauroit imaginer aucun Contract public, qui ne fut une violation du premier.
1762
Source: Du contrat social
S’il étoit possible que le Souverain [...] eut la puissance exécutive, le droit & le fait seroient tellement confondus qu’on ne sauroit plus ce qui est loi & ce qui ne l’est pas.
1762
Source: Du contrat social
[Le] corps politique ainsi dénaturé seroit bien-tôt en proye à la violence contre laquelle il fut institué.
1762
Source: Du contrat social
Un contract du peuple avec telles ou telles personnes seroit un acte particulier. D’où il suit que ce contract [...] seroit illégitime.
1762
Source: Du contrat social
[Les] parties contractantes seroient entre elles sous la seule loi de nature & sans aucun garant de leurs engagemens réciproques, ce qui répugne de toutes manieres à l’état civil.
1762
Source: Du contrat social
Celui qui a la force en main étant toujours le maitre de l’exécution [...].
1762
Source: Du contrat social
[...] autant vaudroit donner le nom de contract à l’acte d’un homme qui diroit à un autre : 'je vous donne tout mon bien, à condition que vous m’en rendrez ce qu’il vous plaira'.
1762
Source: Du contrat social
Je tiens pour maxime incontestable que quiconque n’a vu qu’un peuple, au lieu de connaître les hommes, ne connaît que les gens avec lesquels il a vécu.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Il ne suffit pas pour s’instruire de courir les pays ; il faut savoir voyager. Pour observer il faut avoir des yeux, et les tourner vers l’objet qu’on veut connaître.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Il y a beaucoup de gens que les voyages instruisent encore moins que les livres, parce qu’ils ignorent l’art de penser [...].
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Les voyages poussent le naturel vers sa pente, et achèvent de rendre l’homme bon ou mauvais.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Les caractères originaux des peuples, s’effaçant de jour en jour, deviennent en même raison plus difficiles à saisir.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Il y a bien de la différence entre voyager pour voir du pays ou pour voir des peuples. [...] Ce doit être tout le contraire pour celui qui veut philosopher.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Il faut savoir ce qui doit être pour bien juger de ce qui est.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Le droit politique est encore à naître, et il est à présumer qu’il ne naîtra jamais.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Plus l’Etat s’agrandit, plus la liberté diminue.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Le contrat social est [...] la base de toute société civile, et c’est dans la nature de cet acte qu’il faut chercher celle de la société qu’il forme.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Plus j’examine l’ouvrage des hommes dans leurs institutions, plus je vois qu’à force de vouloir être indépendants, ils se font esclaves, et qu’ils usent leur liberté même en vains efforts pour l’assurer.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
La liberté n’est dans aucune forme de gouvernement, elle est dans le cœur de l’homme libre ; il la porte partout avec lui.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
O Émile ! où est l’homme de bien qui ne doit rien à son pays ? Quel qu’il soit, il lui doit ce qu’il y a de plus précieux pour l’homme, la moralité de ses actions et l’amour de la vertu.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Toutes les capitales se ressemblent, tous les peuples s’y mêlent, toutes les mœurs s’y confondent ; ce n’est pas là qu’il faut aller étudier les nations.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
On traite l’âge d’or de chimère, et c’en sera toujours une pour quiconque a le cœur et le goût gâtés. Il n’est pas même vrai qu’on le regrette [...]. Que faudrait-il donc pour le faire renaître ? une seule chose [...] ce serait de l’aimer.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Jamais la fausseté ne dicta mes mensonges, ils sont tous venus de faiblesse [...]. Avec une ame faible on peut tout au plus se garantir du vice, mais c’est être arrogant & téméraire d’oser professer de grandes vertus.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Il n’est jamais trop tard pour apprendre, même de ses ennemis, à être sage, vrai, modeste, & à moins présumer de soi.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
C’est ainsi que la substance du faible est toujours employée au profit du puissant.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Le précieux farniente fut la premiere & la principale de ces jouissances que je voulus savourer dans toute sa douceur, & tout ce que je fis [...] ne fut en effet que l’occupation délicieuse & nécessaire d’un homme qui s’est dévoué à l’oisiveté.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Tout est dans un flux continuel sur la terre : rien n’y garde une forme constante & arrêtée, & nos affections qui s’attachent aux choses extérieures passent & changent nécessairement comme elles.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
À peine est-il dans nos plus vives jouissances un instant où le cœur puisse véritablement nous dire : je voudrais que cet instant durât toujours.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
S’il est un état où l’âme trouve une assiette assez solide pour s’y reposer tout entière [...], où le présent dure toujours sans marquer sa durée [...] et que ce sentiment seul [de notre existence] puisse la remplir ; tant que cet état dure celui qui s’y trouve peut s’appeler heureux.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
De quoi jouit-on dans une pareille situation ? De rien d’extérieur à soi, de rien sinon de soi-même & de sa propre existence ; tant que cet état dure on se suffit à soi-même, comme Dieu.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Le sentiment de l’existence dépouillé de toute autre affection est par lui-même un sentiment précieux de contentement & de paix.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
J’ai vu que pour bien faire avec plaisir il falloit que j’agisse librement, sans contrainte, & que pour m’ôter toute la douceur d’une bonne œuvre il suffisoit qu’elle devînt un devoir pour moi.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Il n’y a point [de vertu] à suivre ses penchans [...]. Mais elle consiste à les vaincre quand le devoir le commande, pour faire ce qu’il nous prescrit.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Que ce soient les hommes, le devoir ou même la nécessité qui commandent quand mon cœur se tait, ma volonté reste sourde, & je ne saurois obéir.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Je n’ai jamais cru que la liberté de l’homme consistât à faire ce qu’il veut, mais bien à ne jamais faire ce qu’il ne veut pas.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
Tant que j’agis librement je suis bon & je ne fais que du bien ; mais sitôt que je sens le joug, soit de la nécessité soit des hommes, je deviens rebelle ou plutôt rétif, alors je suis nul.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
C’est à ce retour sur nous-mêmes que nous force l’adversité, & c’est peut-être là ce qui la rend le plus insupportable à la plupart des hommes.
1776-1778
Source: Les Rêveries du promeneur solitaire
La vie est courte, moins par le peu de tems qu’elle dure, que parce que, de ce peu de tems, nous n’en avons presque point pour la goûter.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Nous naissons, pour ainsi dire, en deux fois : l’une pour exister, & l’autre pour vivre [...].
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Nos passions sont les principaux instrumens de notre conservation ; c’est donc une entreprise aussi vaine que ridicule de vouloir les détruire [...].
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
La source de nos passions [...] est l’amour de soi : passion primitive, innée, antérieure à toute autre, & dont toutes les autres ne sont, en un sens, que des modifications.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
L’amour de soi [...] est content quand nos vrais besoins sont satisfaits ; mais l’amour-propre, qui se compare, n’est jamais content & ne sauroit l’être.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Ce qui rend l’homme essentiellement bon, est d’avoir peu de besoins & de peu se comparer aux autres ; ce qui le rend essentiellement méchant, est d’avoir beaucoup de besoins & de tenir beaucoup à l’opinion.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
L’étude convenable à l’homme est celle de ses rapports.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
On a fait l’Amour aveugle, parce qu’il a de meilleurs yeux que nous, & qu’il voit des rapports que nous ne pouvons appercevoir.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Du sein de tant de passions diverses je vois l’opinion s’élever un trône inébranlable, & les stupides mortels [...] ne fonder leur propre existence que sur les jugemens d’autrui.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Quiconque rougit est déjà coupable : la vraie innocence n’a honte de rien.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
C’est la foiblesse de l’homme qui le rend sociable ; ce sont nos miseres communes qui portent nos cœurs à l’humanité.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Un être vraiment heureux est un être solitaire [...].
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
La pitié est douce, parce qu’en se mettant à la place de celui qui souffre, on sent pourtant le plaisir de ne pas souffrir comme lui.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Il faut étudier la société par les hommes, & les hommes par la société : ceux qui voudront traiter séparément la politique & la morale, n’entendront jamais rien à aucune des deux.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
L’homme du monde est tout entier dans son masque. [...] Ce qu’il est n’est rien, ce qu’il paroit est tout pour lui.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Je trouve mes censeurs un peu sévères sur ma logique ; et je soupçonne qu’ils se seraient montrés moins scrupuleux, si j’avais été de leur avis.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Le faux savoir [...] est pire que l’ignorance.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
[L'auteur] préfère la rusticité à l’orgueilleuse et fausse politesse de notre siècle [...].
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
J’ai assigné ce premier degré de la décadence des mœurs au premier moment de la culture des lettres dans tous les pays du monde.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
On ne saurait guère donner à un auteur une plus grande marque de mépris qu’en ne lui répliquant que par les mêmes arguments qu’il a réfutés.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Que deviendra la vertu quand il faudra s’enrichir à quelque prix que ce soit ?
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
L’Académie m’avait demandé si le rétablissement des sciences et des arts avait contribué à épurer les mœurs. [...] voici qu’on me fait un crime de n’en avoir pas résolu une autre.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Quand un homme est mort, il ne faut point appeler de médecin.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
On ne saurait mettre dans un trop grand jour des vérités qui heurtent autant de front le goût général.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Je crois qu’il faut laisser des osselets aux enfants.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Je ne saurais me résoudre à répondre à un ouvrage avant que de l’avoir lu, ni à me tenir pour battu avant que d’avoir été attaqué.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Je prévois que, quand il sera question de me défendre, je suivrai sans scrupule toutes les conséquences de mes principes.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Je sais d’avance avec quels grands mots on m’attaquera : lumières, connaissances, lois, morale, raison, bienséance, égards, douceur, aménité, politesse, éducation, etc.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
À tout cela je ne répondrai que par deux autres mots, qui sonnent encore plus fort à mon oreille : Vertu ! vérité !
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Si quelqu’un n’aperçoit là que des mots, je n’ai plus rien à lui dire.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
On a de tout temps beaucoup disputé sur la meilleure forme de gouvernement, sans considérer que chacune d’elles est la meilleure en certains cas, et la pire en d’autres.
1762
Source: Du contrat social
En général le gouvernement démocratique convient aux petits Etats, l'aristocratique aux médiocres, et le monarchique aux grands.
1762
Source: Du contrat social
Il n’est pas bon que celui qui fait les lois les exécute.
1762
Source: Du contrat social
Rien n’est plus dangereux que l’influence des intérêts privés dans les affaires publiques.
1762
Source: Du contrat social
Un peuple qui n’abuserait jamais du gouvernement n’abuserait pas non plus de l'indépendance ; un peuple qui gouvernerait toujours bien n’aurait pas besoin d’être gouverné.
1762
Source: Du contrat social
À prendre le terme dans la rigueur de l'acception, il n'a jamais existé de véritable démocratie, et il n'en existera jamais. Il est contre l'ordre naturel que le grand nombre gouverne et que le petit soit gouverné.
1762
Source: Du contrat social
S’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes.
1762
Source: Du contrat social
[Le luxe] corrompt à la fois le riche et le pauvre, l’un par la possession, l’autre par la convoitise ; il vend la patrie à la mollesse, à la vanité [...].
1762
Source: Du contrat social
Malo periculosam libertatem quam quietum servitium. [J'aime mieux une liberté périlleuse qu'une servitude tranquille.]
1762
Source: Du contrat social
C'est l'ordre le meilleur et le plus naturel que les plus sages gouvernent la multitude, quand on est sûr qu'ils la gouverneront pour son profit, et non pour le leur.
1762
Source: Du contrat social
Le Prince de Machiavel est le livre des républicains.
1762
Source: Du contrat social
Les meilleurs rois veulent pouvoir être méchants s'il leur plaît, sans cesser d'être les maîtres.
1762
Source: Du contrat social
[L'intérêt des princes] est premièrement que le peuple soit faible, misérable, et qu’il ne puisse jamais leur résister.
1762
Source: Du contrat social
Il est plus aisé de conquérir que de régir.
1762
Source: Du contrat social
Le repos et la liberté me paraissent incompatibles ; il faut opter.
1762
Source: Du contrat social
Celui qui, sans s’arrêter aux apparences, ne juge du bonheur des hommes que par l’état de leurs cœurs, verra leurs misères dans leurs succès mêmes ; il verra leurs désirs & leurs soucis rongeants s’étendre & s’accroître avec leur fortune.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
S’il arrive une seule fois qu’il aime mieux être un autre que lui, cet autre fût-il Socrate, fût-il Caton, tout est manqué ; celui qui commence à se rendre étranger à lui-même ne tarde pas à s’oublier tout-à-fait.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Ce ne sont point les Philosophes qui connoissent le mieux les hommes ; ils ne les voient qu’à travers les préjugés de la philosophie [...]. Un sauvage nous juge plus sainement que ne fait un Philosophe.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Ce sont nos passions qui nous irritent contre celles des autres ; c’est notre intérêt qui nous fait haïr les méchants ; s’ils ne nous faisaient aucun mal, nous aurions pour eux plus de pitié que de haine.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Que faudrait-il donc pour bien observer les hommes ? Un grand intérêt à les connaître, une grande impartialité à les juger ; un cœur assez sensible pour concevoir toutes les passions humaines, & assez calme pour ne les pas éprouver.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Les grands hommes ne s’abusent point sur leur supériorité ; ils la voient, la sentent, & n’en sont pas moins modestes. Plus ils ont, plus ils connaissent tout ce qui leur manque.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Il n’y a point de folie dont on ne puisse guérir un homme qui n’est pas fou, hors la vanité ; pour celle-ci, rien n’en corrige que l’expérience, si toutefois quelque chose en peut corriger.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Par quel bizarre tour d’esprit nous apprend-on tant de choses inutiles, tandis que l’art d’agir est compté pour rien ? On prétend nous former pour la société, & l’on nous instruit comme si chacun de nous devait passer sa vie à penser seul dans sa cellule.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
C’est en faisant le bien qu’on devient bon, je ne connais point de pratique plus sûre.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Mettez toutes les leçons des jeunes gens en actions plutôt qu’en discours. Qu’ils n’apprennent rien dans les livres de ce que l’expérience peut leur enseigner.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Le talent d’instruire est de faire que le disciple se plaise à l’instruction. Or, pour qu’il s’y plaise, il ne faut pas que son esprit reste tellement passif [...] qu’il n’ait absolument rien à faire pour vous entendre.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Étendons l’amour-propre sur les autres êtres, nous le transformerons en vertu [...]. Plus on généralise cet intérêt, plus il devient équitable, & l’amour du genre humain n’est autre chose en nous que l’amour de la justice.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Pour empêcher la pitié de dégénérer en faiblesse, il faut donc la généraliser, & l’étendre sur tout le genre humain. Alors on ne s’y livre qu’autant qu’elle est d’accord avec la justice.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
La foi des enfans & de beaucoup d’hommes est une affaire de géographie. Seront-ils récompensés d’être nés à Rome plutôt qu’à la Mecque ?
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Comment peut-on être sceptique par système & de bonne foi ? [...] Le doute sur les choses qu’il nous importe de connaître est un état trop violent pour l’esprit humain ; [...] il aime mieux se tromper que ne rien croire.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Pour dire si un livre est bon ou mauvais, qu’importe de savoir comment on l’a fait ?
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Qui est-ce qui ose assigner des bornes précises à la nature, et dire : Voilà jusqu’où l’homme peut aller, et pas au-delà ?
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Ô philosophie ! combien tu prends de peine à rétrécir les cœurs, à rendre les hommes petits !
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Il vous faut des hommes communs et des événemens rares : je crois que j’aimerois mieux le contraire.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Dans les grandes sociétés on n’apprend qu’à haïr les hommes.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
La passion, pleine d’elle-même, s’exprime avec plus d’abondance que de force : elle ne songe pas même à persuader ; elle ne soupçonne pas qu’on puisse douter d’elle.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Une lettre que l’amour a réellement dictée [...] sera lâche, diffuse, toute en longueurs, en désordre, en répétitions.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
C’est ainsi que le cœur sait parler au cœur.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
L’amour n’est qu’illusion, il se fait, pour ainsi dire, un autre univers.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Le sentiment s’éteint à la fin ; mais l’âme sensible demeure toujours.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
[Leurs] erreurs valent mieux que le savoir des sages.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Voulant être ce qu’on n’est pas, on parvient à se croire autre chose que ce qu’on est, et voilà comment on devient fou.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Sublimes auteurs, rabaissez un peu vos modèles, si vous voulez qu’on cherche à les imiter.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Celui qui préfère la vérité à sa gloire peut espérer de la préférer à la vie.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Ce n’est point parce que nous sommes faibles, mais parce que nous sommes lâches, que nos sens nous subjuguent toujours. Quiconque craint moins la mort que le crime n’est jamais forcé d’être criminel.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Au lieu de détruire l’égalité naturelle, le pacte fondamental substitue au contraire une égalité morale et légitime [...] et que, pouvant être inégaux en force ou en génie, ils deviennent tous égaux par convention et de droit.
1762
Source: Du contrat social
La volonté générale peut seule diriger les forces de l'Etat selon la fin de son institution, qui est le bien commun.
1762
Source: Du contrat social
C’est ce qu’il y a de commun dans ces différents intérêts qui forme le lien social, et s’il n’y avait pas quelque point dans lequel tous les intérêts s’accordent, la société ne saurait exister.
1762
Source: Du contrat social
L’intérêt privé tend toujours aux préférences, et l’intérêt public à l’égalité.
1762
Source: Du contrat social
La volonté générale qui doit diriger l’Etat n’est pas celle d’un temps passé, mais celle du moment présent.
1762
Source: Du contrat social
Il y a mille manières de rassembler les hommes, il n’y en a qu’une de les unir.
1762
Source: Du contrat social
Je cherche le droit et la raison, et ne dispute pas des faits.
1762
Source: Du contrat social
C’est ôter toute moralité à ses actions que d’ôter toute liberté à sa volonté.
1762
Source: Du contrat social
Les abus sont inévitables [...] dans toute société où l’intérêt public et les lois [...] sont sans cesse attaqués par l’intérêt personnel et les passions du chef et des membres.
1762
Source: Du contrat social
Pourquoi la volonté générale est-elle toujours droite [...]? si ce n’est parce qu’il n’y a personne qui ne s’approprie en secret ce mot chacun, et qui ne songe à lui-même en votant pour tous?
1762
Source: Du contrat social
Le pacte social établit entre les citoyens une telle égalité de droit qu’ils s’engagent tous sous les mêmes conditions et doivent jouir tous des mêmes avantages.
1762
Source: Du contrat social
Par quel art inconcevable a-t-on pu trouver le moyen d’assujettir les hommes pour les rendre libres?
1762
Source: Du contrat social
C’est à la loi seule que les hommes doivent la justice et la liberté. C’est cet organe salutaire de la volonté de tous, qui rétablit dans le droit l’égalité naturelle entre les hommes.
1762
Source: Du contrat social
Pour qu’un peuple naissant pût sentir les grandes maximes de la justice [...] il faudrait que l’effet pût devenir la cause, que l’esprit social [...] présidât à l’institution même, et que les hommes fussent avant les lois ce qu’ils doivent devenir par elles.
1762
Source: Du contrat social
Le plus grand bien de tous qui doit être la base de tout système de législation [...] se réduit à ces deux objets principaux, la liberté et l’égalité.
1762
Source: Du contrat social
Puissé-je, en le combattant par ses principes, le vaincre par ses armes, et le faire triompher par sa propre défaite !
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Les sciences servent à faire connaître le vrai, le bon, l’utile en tout genre : connaissance précieuse qui, en éclairant les esprits, doit naturellement contribuer à épurer les mœurs.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Les mœurs seront-elles moins pures, parce que la raison sera plus éclairée ? [...] notre route deviendra-t-elle moins aisée à trouver et plus difficile à tenir ?
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Ce n’est que par le secours de la réflexion et de l’étude, que nous pouvons parvenir à [...] soumettre le corps à l’empire de l’esprit, à conduire l’âme [...] à la connaissance de ses devoirs et de sa fin.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Plus elles [les sciences] sont cultivées dans un état, plus l’état est florissant, tout y languirait sans elles.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Tout citoyen, de quelque profession, de quelque condition qu’il soit, a des devoirs à remplir ; et comment les remplir sans les connaître ?
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Plus il connaît, plus il sent qu’il a de connaissances à acquérir, et plus il a de connaissances acquises, plus il a de facilité à bien faire.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Mais l’ignorance du vice est-elle donc une vertu ? Est-ce faire le bien que d’ignorer le mal ?
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Si les sciences nous font connaître le mal, elles nous en font connaître aussi le remède.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Où vit-on jamais des hommes sans défauts, sans désirs, sans passions ? Ne portons-nous pas en nous-mêmes le germe de tous les vices ?
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Non, ce n’est pas des sciences, c’est du sein des richesses que sont nés de tout temps la mollesse et le luxe ; et [...] les richesses n’ont été l’apanage ordinaire des savants.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
L’hypocrisie, tout odieuse qu’elle est en elle-même, est pourtant un hommage que le vice rend à la vertu.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
On peut être poli sans être dissimulé ; on peut assurément être l’un et l’autre sans être bien savant ; et plus communément encore on peut être bien savant sans être fort poli.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
On voit de nos jours des guerres moins fréquentes, mais plus justes ; des actions moins étonnantes, mais plus héroïques ; des victoires moins sanglantes, mais plus glorieuses [...].
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
C’était l’abus des sciences, non les sciences elles-mêmes, que condamnait [Socrate] [...]. Mais l’abus qu’on fait d’une chose suppose le bon usage qu’on en peut faire.
1750
Source: Discours sur les sciences et les arts
Si l’on ne connoît à fond la nation pour laquelle on travaille, l’ouvrage qu’on fera pour elle, quelque excellent qu’il puisse être en lui-même, péchera toujours par l’application.
1771-1772
Source: Considérations sur le gouvernement de Pologne
Je vois tous les Etats de l’Europe courir à leur ruine. Monarchies, Républiques, [...] tous ces beaux Gouvernemens si sagement pondérés, tombés en décrépitude menacent d’une mort prochaine.
1771-1772
Source: Considérations sur le gouvernement de Pologne
Corrigez, s’il se peut, les abus de votre constitution ; mais ne méprisez pas celle qui vous a faits ce que vous êtes.
1771-1772
Source: Considérations sur le gouvernement de Pologne
Le repos & la liberté me paroissent incompatibles ; il faut opter.
1771-1772
Source: Considérations sur le gouvernement de Pologne
Mettre la loi au-dessus de l’homme est un problême en politique, que je compare à celui de la quadrature du cercle en géométrie.
1771-1772
Source: Considérations sur le gouvernement de Pologne
Il n’y aura jamais de bonne & solide constitution que celle où la loi régnera sur les cœurs des citoyens : tant que la force législative n’ira pas jusque-là les loix seront toujours éludées.
1771-1772
Source: Considérations sur le gouvernement de Pologne
Par où donc émouvoir les cœurs, & faire aimer la patrie & ses loix ? [...] Par des institutions oiseuses aux yeux des hommes superficiels, mais qui forment des habitudes chéries & des attachemens invincibles.
1771-1772
Source: Considérations sur le gouvernement de Pologne
Je regarde les nations modernes. J’y vois force faiseurs de loix & pas un législateur.
1771-1772
Source: Considérations sur le gouvernement de Pologne
Ce sont les institutions nationales qui forment le génie, le caractère les goûts & les mœurs d’un peuple, qui le font être lui & non pas un autre, qui lui inspirent cet ardent amour de la patrie fondé sur des habitudes impossibles à déraciner.
1771-1772
Source: Considérations sur le gouvernement de Pologne
Il n’y a plus aujourd’hui de François, d’Allemand, d’Espagnols, d’Anglois même [...] ; il n’y a que des Européens. Tous ont les mêmes goûts, les mêmes passions, les mêmes mœurs, parce qu’aucun n’a reçu de formes nationales par une institution particulière.
1771-1772
Source: Considérations sur le gouvernement de Pologne
La liberté est un aliment de bon suc mais de forte digestion ; il faut des estomacs bien sains pour le supporter.
1771-1772
Source: Considérations sur le gouvernement de Pologne
Je ris de ces peuples avilis qui [...] osent parler de liberté sans même en avoir l’idée, et, le cœur plein de tous les vices des esclaves, s’imaginent que pour être libres il suffit d’être des mutins.
1771-1772
Source: Considérations sur le gouvernement de Pologne
C’est l’éducation qui doit donner aux ames la forme nationale & diriger tellement leurs opinions & leurs goûts, qu’elles soient patriotes par inclination par passion par nécessité.
1771-1772
Source: Considérations sur le gouvernement de Pologne
Un enfant en ouvrant les yeux doit voir la patrie & jusqu’à la mort ne doit plus voir qu’elle.
1771-1772
Source: Considérations sur le gouvernement de Pologne
Grandeur des nations ! Etendue des Etats ! premiere & principale source des malheurs du genre-humain [...]. Presque tous les petits Etats [...] prosperent par cela seul qu’ils sont petits.
1771-1772
Source: Considérations sur le gouvernement de Pologne
L’institution des enfans est un métier où il faut savoir perdre du tems pour en gagner.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
En s’accoutumant à la victoire, il devint généreux, & partageoit souvent avec les vaincus. Cela me fournit [...] une observation morale, & j’appris par-là quel étoit le vrai principe de la générosité.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Comme la vue est de tous les sens celui dont on peut le moins séparer les jugemens de l’esprit, il faut beaucoup de tems pour apprendre à voir.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Ce n’est qu’à force de marcher, de palper, de nombrer, de mesurer les dimensions, qu’on apprend à les estimer.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Je veux qu’il n’ait d’autre maître que la nature, ni d’autre modele que les objets.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Mon intention n’est pas tant qu’il sache imiter les objets que les connoître.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Au lieu de nous faire trouver les démonstrations, on nous les dicte ; [...] le maître raisonne pour nous, & n’exerce que notre mémoire.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Plus nous nous éloignons de l’état de nature, plus nous perdons de nos goûts naturels ; ou plutôt l’habitude nous fait une seconde nature que nous substituons tellement à la premiere, que nul d’entre nous ne connoit plus celle-ci.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
La gourmandise est le vice des cœurs qui n’ont point d’étoffe. L’ame d’un gourmand est toute dans son palais.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Ce sont les chimeres qui ornent les objets réels, & si l’imagination n’ajoute un charme à ce qui nous frappe, le stérile plaisir [...] laisse toujours le cœur froid.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
S’il lit moins bien qu’un autre enfant dans nos livres, il lit mieux dans celui de la nature ; son esprit n’est pas dans sa langue, mais dans sa tête.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Il ne sait ce que c’est que routine, usage, habitude ; ce qu’il fit hier n’influe point sur ce qu’il fait aujourd’hui : il ne suit jamais de formule, ne cede point à l’autorité ni à l’exemple [...].
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Dans l’état social le bien de l’un fait nécessairement le mal de l’autre. Ce rapport est dans l’essence de la chose & rien ne sauroit le changer.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
La seule habitude utile aux enfans est de s’asservir sans peine à la nécessité des choses, & la seule habitude utile aux hommes, est de s’asservir sans peine à la raison.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Nous ne pouvons connoître l’usage de nos organes qu’après les avoir employés. Il n’y a qu’une longue expérience qui nous apprenne à tirer parti de nous-mêmes [...].
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Je me sentais fait pour la retraite et la campagne ; il m’était impossible de vivre heureux ailleurs.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Rien de vigoureux, rien de grand ne peut partir d’une plume toute vénale.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Il est trop difficile de penser noblement, quand on ne pense que pour vivre.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Pour pouvoir, pour oser dire de grandes vérités, il ne faut pas dépendre de son succès.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
J’avais vu que tout tenait radicalement à la politique, et que [...] aucun peuple ne serait que ce que la nature de son gouvernement le ferait être.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
La plupart des hommes sont, dans le cours de leur vie, souvent dissemblables à eux-mêmes, et semblent se transformer en des hommes tout différents.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Je ne puis méditer qu’en marchant ; sitôt que je m’arrête, je ne pense plus, et ma tête ne va qu’avec mes pieds.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
La soif du bonheur ne s’éteint point dans le cœur de l’homme.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Le premier de mes besoins, le plus grand, le plus fort, le plus inextinguible, était tout entier dans mon cœur : c’était le besoin d’une société intime [...].
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Jusque-là j’avais été bon ; dès lors je devins vertueux, ou du moins enivré de la vertu.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Quand je ne vis plus les hommes, je cessai de les mépriser ; quand je ne vis plus les méchants, je cessai de les haïr.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
En fait de bonheur et de jouissances, il me fallait tout ou rien.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Dévoré du besoin d’aimer sans jamais l’avoir pu bien satisfaire, je me voyais atteindre aux portes de la vieillesse, et mourir sans avoir vécu.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
L’impossibilité d’atteindre aux êtres réels me jeta dans le pays des chimères ; et ne voyant rien d’existant qui fût digne de mon délire, je le nourris dans un monde idéal [...].
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Ennemi né de tout esprit de parti, j’avais dit franchement aux uns et aux autres des vérités dures qu’ils n’avaient pas écoutées.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
La volonté générale est toujours droite et tend toujours à l’utilité publique.
1762
Source: Du contrat social
On veut toujours son bien, mais on ne le voit pas toujours.
1762
Source: Du contrat social
Jamais on ne corrompt le peuple, mais souvent on le trompe, et c’est alors seulement qu’il paraît vouloir ce qui est mal.
1762
Source: Du contrat social
Il y a souvent bien de la différence entre la volonté de tous et la volonté générale ; celle-ci ne regarde qu’à l’intérêt commun, l’autre regarde à l’intérêt privé [...].
1762
Source: Du contrat social
Ôtez des [...] volontés particulières les plus et les moins qui s’entredétruisent, reste pour somme des différences la volonté générale.
1762
Source: Du contrat social
Si, quand le peuple suffisamment informé délibère, les Citoyens n’avaient aucune communication entre eux, [...] la délibération serait toujours bonne.
1762
Source: Du contrat social
Quand il se fait des brigues, des associations partielles [...], la volonté de chacune de ces associations devient générale par rapport à ses membres, et particulière par rapport à l’État.
1762
Source: Du contrat social
On peut dire alors qu’il n’y a plus autant de votants que d’hommes, mais seulement autant que d’associations.
1762
Source: Du contrat social
Quand une de ces associations est si grande qu’elle l’emporte sur toutes les autres, [...] il n’y a plus de volonté générale, et l’avis qui l’emporte n’est qu’un avis particulier.
1762
Source: Du contrat social
Il importe [...] qu’il n’y ait pas de société partielle dans l’État et que chaque Citoyen n’opine que d’après lui.
1762
Source: Du contrat social
S’il y a des sociétés partielles, il en faut multiplier le nombre et en prévenir l’inégalité.
1762
Source: Du contrat social
Ces précautions sont les seules bonnes pour que la volonté générale soit toujours éclairée, et que le peuple ne se trompe point.
1762
Source: Du contrat social
L’accord de deux intérêts particuliers se forme par opposition à celui d’un tiers.
1762
Source: Du contrat social
S’il n’y avait point d’intérêts différents, à peine sentirait-on l’intérêt commun qui ne trouverait jamais d’obstacle : tout irait de lui-même, et la politique cesserait d’être un art.
1762
Source: Du contrat social
Souffrir est la premiere chose qu’il doit apprendre, & celle qu’il aura le plus grand besoin de savoir.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Notre manie enseignante & pédantesque est toujours d’apprendre aux enfans ce qu’ils apprendroient beaucoup mieux d’eux-mêmes, & d’oublier ce que nous aurions pu seuls leur enseigner.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Que faut-il donc penser de cette éducation barbare qui sacrifie le présent à un avenir incertain, qui charge un enfant de chaînes de toute espece, & commence par le rendre misérable pour lui préparer au loin je ne sais quel prétendu bonheur [...]?
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Hommes, soyez humains, c’est votre premier devoir [...]. Quelle sagesse y a-t-il pour vous hors de l’humanité ? Aimez l’enfance ; favorisez ses jeux, ses plaisirs, son aimable instinct.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
C’est [...] dans la disproportion de nos desirs et de nos facultés que consiste notre misere. Un être sensible dont les facultés égaleroient les desirs seroit un être absolument heureux.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Le monde réel a ses bornes, le monde imaginaire est infini : ne pouvant élargir l’un, rétrécissons l’autre ; car c’est de leur seule différence que naissent toutes les peines qui nous rendent vraiment malheureux.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
L’homme est très-fort quand il se contente d’être ce qu’il est : il est très-foible quand il veut s’élever au-dessus de l’humanité.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
La prévoyance [...] qui nous porte sans cesse au-delà de nous & souvent nous place ou nous n’arriverons point, voilà la véritable source de toutes nos miseres.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Ô homme ! resserre ton existence au dedans de toi, & tu ne seras plus misérable. Reste à la place que la nature t’assigne dans la chaîne des êtres, rien ne t’en pourra faire sortir.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
L’homme vraiment libre ne veut que ce qu’il peut, & fait ce qu’il lui plait. Voilà ma maxime fondamentale.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
La dépendance des choses, n’ayant aucune moralité, ne nuit point à la liberté, & n’engendre point de vices : la dépendance des hommes étant désordonnée les engendre tous [...].
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Savez-vous quel est le plus sûr moyen de rendre votre enfant misérable ? c’est de l’accoutumer à tout obtenir.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Posons pour maxime incontestable que les premiers mouvemens de la nature sont toujours droits : il n’y a point de perversité originelle dans le cœur humain.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Oserai-je exposer ici la plus grande, la plus importante, la plus utile regle de toute l’éducation ? ce n’est pas de gagner du tems, c’est d’en perdre.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
Respectez l’enfance, & ne vous pressez point de la juger, soit en bien, soit en mal. Laissez long-tems agir la nature avant de vous mêler d’agir à sa place, de peur de contrarier ses opérations.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1782
La vie est courte, moins par le peu de temps qu’elle dure, que parce que de ce peu de temps, nous n’en avons presque point pour la goûter.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Nous naissons, pour ainsi dire, en deux fois : l’une pour exister, et l’autre pour vivre.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Nos passions sont les principaux instruments de notre conservation : c’est donc une entreprise aussi vaine que ridicule de vouloir les détruire.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
La source de nos passions, [...] la seule qui naît avec l’homme et ne le quitte jamais tant qu’il vit, est l’amour de soi.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
L’amour de soi, qui ne regarde qu’à nous, est content quand nos vrais besoins sont satisfaits ; mais l’amour-propre, qui se compare, n’est jamais content [...].
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Ce qui rend l’homme essentiellement bon est d’avoir peu de besoins, et de peu se comparer aux autres ; ce qui le rend essentiellement méchant est d’avoir beaucoup de besoins, et de tenir beaucoup à l’opinion.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
On n’aime qu’après avoir jugé, on ne préfère qu’après avoir comparé.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
[...] L’opinion s’élève un trône inébranlable, et les stupides mortels, asservis à son empire, ne fondent leur propre existence que sur les jugements d’autrui.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
C’est la faiblesse de l’homme qui le rend sociable ; ce sont nos misères communes qui portent nos cœurs à l’humanité.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Un être vraiment heureux est un être solitaire.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
La pitié est douce, parce qu’en se mettant à la place de celui qui souffre, on sent pourtant le plaisir de ne pas souffrir comme lui.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Les hommes ne sont naturellement ni rois, ni grands, ni courtisans, ni riches ; tous sont nés nus et pauvres, tous sujets aux misères de la vie [...], tous sont condamnés à la mort.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Le peuple se montre tel qu’il est, et n’est pas aimable : mais il faut bien que les gens du monde se déguisent ; s’ils se montraient tels qu’ils sont, ils feraient horreur.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
L’homme du monde est tout entier dans son masque. N’étant presque jamais en lui-même, il y est toujours étranger [...]. Ce qu’il est n’est rien, ce qu’il paraît est tout pour lui.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Un des grands vices de l’histoire est qu’elle peint beaucoup plus les hommes par leurs mauvais côtés que par les bons.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Il faut descendre dans d’autres états pour connaître les véritables mœurs d’un pays ; car celles des riches sont presque partout les mêmes.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Jusques ici j’ai vu beaucoup de masques, quand verrai-je des visages d’hommes ?
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
C’est l’union des cœurs qui fait leur véritable félicité ; leur attraction ne connaît point la loi des distances [...].
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Ces voluptés solitaires sont des voluptés mortes. O amour ! les tiennes sont vives ; c’est l’union des âmes qui les anime.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Je tiens pour suspect tout observateur qui se pique d’esprit : je crains toujours qu’il ne sacrifie la vérité des choses à l’éclat des pensées.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Le jargon fleuri de la galanterie est beaucoup plus éloigné du sentiment que le ton le plus simple qu’on puisse prendre.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Toute grande passion est sérieuse [...]. Je veux que sa gaieté soit simple, sans ornement, sans art, nue comme lui.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Un des plus grands maux de l’absence, [...] c’est l’inquiétude sur l’état actuel de ce qu’on aime.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
C’est un des miracles de l’amour de nous faire trouver du plaisir à souffrir.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
C’est une folie de vouloir étudier le monde en simple spectateur. Celui qui ne prétend qu’observer n’observe rien [...]. On ne voit agir les autres qu’autant qu’on agit soi-même.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
[...] où toute la morale est un pur verbiage, on peut être austère sans conséquence.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Nul homme n’ose être lui-même. Il faut faire comme les autres, c’est la première maxime de la sagesse du pays. Cela se fait, cela ne se fait pas : voilà la décision suprême.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
L’honnête homme d’ici n’est point celui qui fait de bonnes actions, mais celui qui dit de belles choses.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Chaque jour [...] j’enferme mes sentiments sous la clef, pour en prendre d’autres qui se prêtent aux frivoles objets qui m’attendent.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
J’imagine à peine quelle sorte de bonté peut avoir un livre qui ne porte point ses lecteurs au bien.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne !
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Le premier sentiment de l’homme fut celui de son existence ; son premier soin celui de sa conservation.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
[...] le premier regard qu’il porta sur lui-même y produisit le premier mouvement d’orgueil.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
L’amour du bien-être est le seul mobile des actions humaines.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
[Les commodités] furent là le premier joug qu’ils s’imposèrent sans y songer, et la première source de maux qu’ils préparèrent à leurs descendants.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
La privation [des commodités] devint beaucoup plus cruelle que la possession n’en était douce, et l’on était malheureux de les perdre, sans être heureux de les posséder.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Chacun commença à regarder les autres et à vouloir être regardé soi-même, et l’estime publique eut un prix. [...] ce fut là le premier pas vers l’inégalité, et vers le vice en même temps.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Dès l’instant qu’un homme eut besoin du secours d’un autre, [...] l’égalité disparut, la propriété s’introduisit, le travail devint nécessaire.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Pour le poète, c’est l’or et l’argent, mais pour le philosophe ce sont le fer et le blé qui ont civilisé les hommes et perdu le genre humain.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Être et paraître devinrent deux choses tout à fait différentes, et de cette distinction sortirent le faste imposant, la ruse trompeuse, et tous les vices qui en sont le cortège.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Tous coururent au-devant de leurs fers croyant assurer leur liberté.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
L’homme barbare ne plie point sa tête au joug que l’homme civilisé porte sans murmure, et il préfère la plus orageuse liberté à un assujettissement tranquille.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Le sauvage vit en lui-même ; l’homme sociable toujours hors de lui ne sait vivre que dans l’opinion des autres, et c’est [...] de leur seul jugement qu’il tire le sentiment de sa propre existence.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Il est manifestement contre la Loi de Nature [...] qu’une poignée de gens regorge de superfluités, tandis que la multitude affamée manque du nécessaire.
1755
Source: Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
L’honneur et l’indignation me rendirent des forces sur lesquelles on n’avait pas compté.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
La fortune aida mon audace.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
J’acceptai avec empressement et reconnaissance.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
[...] je fus inflexible.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Je m’engageai à [...] pourvoir à sa subsistance autant qu’il me serait possible, et à ne jamais la laisser manquer de pain, tant que j’en aurais moi-même.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Rien n’est si simple et si nécessaire [...] que de déloger de votre maison, quand vous n’approuvez pas que j’y reste.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Ma destinée était d’y entrer malgré moi, et d’en sortir de même.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Je vous remercie du séjour [...], et je vous en remercierais davantage si je l’avais payé moins cher.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Vous avez raison de me croire malheureux ; personne au monde ne sait mieux que vous combien je dois l’être.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Si c’est un malheur de se tromper sur le choix de ses amis, c’en est un autre non moins cruel de revenir d’une erreur si douce.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Cette époque de ma vie ayant eu sur la suite une influence qui s’étendra jusqu’à mon dernier jour.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
J’étais d’un courage que je ne m’étais jamais senti ; toutes mes forces étaient revenues.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Que d’agréables pensées j’espérais porter dans ce lieu solitaire, où le doux aspect de la seule nature devait chasser de mon souvenir tout cet ordre social et factice qui m’a rendu si malheureux !
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
J’ai cru voir l’image de la vertu où je cherchais celle du plaisir.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Il y a dans la méditation des pensées honnêtes une sorte de bien-être que les méchants n’ont jamais connu ; c’est celui de se plaire avec soi-même.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
La jouissance de la vertu est tout intérieure [...]; mais tous les avantages du vice frappent les yeux d’autrui, et il n’y a que celui qui les a qui sache ce qu’ils lui coûtent.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Le déjeuner est le repas des amis [...]. C’est presque le seul moment où il soit permis d’être ce qu’on est.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Après tant d’épreuves cruelles, j’apprends à me défier des erreurs comme des passions dont elles sont si souvent l’ouvrage.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
On ne voit rien quand on se contente de regarder, il faut agir soi-même pour voir agir les hommes ; et je me fis acteur pour être spectateur.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
La froide raison n’a jamais rien fait d’illustre, et l’on ne triomphe des passions qu’en les opposant l’une à l’autre.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Les maximes deviennent moins générales à mesure qu’on lit mieux dans les cœurs.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Ne songez qu’au présent, et je vous réponds de l’avenir.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
J’éprouve avec douleur que le poids d’une ancienne faute est un fardeau qu’il faut porter toute sa vie.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Défie-toi de cette dangereuse vertu, l'humilité, qui ne fait qu’animer l’amour-propre [...], et crois que la noble franchise d’une âme droite est préférable à l’orgueil des humbles.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Il n’y a point de vrai bonheur sur la terre. [...] Un chagrin secret, un seul chagrin l’empoisonne, et je ne suis pas heureuse.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
L’erreur qui [nous] abuse et [nous] trouble est de confondre les temps et de se reprocher [...] ce qui n’est que l’effet d’un souvenir trop tendre.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
Jamais femme ne succombe qu’elle n’ait voulu succomber.
1761
Source: Julie ou la Nouvelle Héloïse
J'ai perdu tout mon bonheur ; [...] Il a pu changer !
1752
Source: Le Devin du village
Je voudrais n'y plus songer : j'y songe sans cesse.
1752
Source: Le Devin du village
Rien ne peut guérir mon amour, et tout augmente ma tristesse.
1752
Source: Le Devin du village
Sa vanité vous a fait un outrage que son amour doit réparer.
1752
Source: Le Devin du village
Pour vous faire aimer davantage, feignez d'aimer un peu moins.
1752
Source: Le Devin du village
L'amour croît, s'il s'inquiète ; il s'endort, s'il est content.
1752
Source: Le Devin du village
La bergère un peu coquette rend le berger plus constant.
1752
Source: Le Devin du village
On sert mal à la fois la fortune et l'amour.
1752
Source: Le Devin du village
Avec un coeur fidèle et tendre, on a droit de tout obtenir.
1752
Source: Le Devin du village
Quand on sait aimer et plaire, a-t-on besoin d'autre bien ?
1752
Source: Le Devin du village
J'eusse encore préféré [l'amour] à tous les biens de l'univers.
1752
Source: Le Devin du village
L'art à l'amour est favorable, et sans art l'amour sait charmer.
1752
Source: Le Devin du village
À la ville on est plus aimable, au village on sait mieux aimer.
1752
Source: Le Devin du village
L'amour, selon sa fantaisie, ordonne et dispose de nous ; ce dieu permet la jalousie, et ce dieu punit les jaloux.
1752
Source: Le Devin du village
À voltiger de belle en belle, on perd souvent l'heureux instant ; souvent un berger trop fidèle est moins aimé qu'un inconstant.
1752
Source: Le Devin du village
Ma première idée [...] fut de mettre à son vrai prix tout ce qu’on appelle renommée et réputation parmi les hommes.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Pour la première fois je sentis ma fierté naturelle fléchir sous le joug de la nécessité.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Si jamais [mon mémoire] voit le jour, [...] on y connaîtra, je l’espère, l’âme [...] que mes contemporains ont si peu voulu connaître.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Il me semblait que [...] je serais plus séparé des hommes, plus à l’abri de leurs outrages, plus oublié d’eux, plus livré, en un mot, aux douceurs du désœuvrement et de la vie contemplative.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
[...] un homme juste, bon, sans fiel, sans haine, sans jalousie, prompt à reconnaître ses propres torts, plus prompt à oublier ceux d’autrui, cherchant toute sa félicité dans les passions aimantes et douces [...].
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
L’âge des projets romanesques étant passé, [...] il ne me restait, pour dernière espérance, que celle de vivre sans gêne, dans un loisir éternel.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
L’oisiveté des cercles est tuante, parce qu’elle est de nécessité ; celle de la solitude est charmante, parce qu’elle est libre et de volonté.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
L’oisiveté que j’aime n’est pas celle d’un fainéant [...]. C’est à la fois celle d’un enfant qui est sans cesse en mouvement pour ne rien faire, et celle d’un radoteur qui bat la campagne, tandis que ses bras sont en repos.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
J’aime à m’occuper à faire des riens, à commencer cent choses, et n’en achever aucune, à aller et venir comme la tête me chante, à changer à chaque instant de projet [...].
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Je comprends comment les habitants des villes, qui ne voient que des murs, des rues et des crimes, ont peu de foi ; mais je ne puis comprendre comment des campagnards, et surtout des solitaires, peuvent n’en point avoir.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Je ne trouve point de plus digne hommage à la Divinité que cette admiration muette qu’excite la contemplation de ses œuvres [...].
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Le moment où je dérivais me donnait une joie [...] dont il m’est impossible de dire ni de bien comprendre la cause, si ce n’était peut-être une félicitation secrète d’être en cet état hors de l’atteinte des méchants.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Il suffisait que quelque bien flattât mon cœur, pour que je dusse m’attendre à le perdre.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Je sentais un plaisir singulier à voir les flots se briser à mes pieds. Je m’en faisais l’image du tumulte du monde, et de la paix de mon habitation.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Fait pour méditer à loisir dans la solitude, je ne l’étais point pour parler, agir, traiter d’affaires parmi les hommes. La nature, qui m’avait donné le premier talent, m’avait refusé l’autre.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Je pleurais, je soupirais, je désirais un bonheur dont je n’avais pas d’idée, et dont je sentais la privation.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
La honte, compagne de la conscience du mal, était venue avec les années ; elle avait accru ma timidité naturelle au point de la rendre invincible.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Il n'y a point de vrai bonheur sans sagesse, et [...] la sagesse est de tous les états.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Si chaque homme pouvait lire dans les cœurs de tous les autres, il y aurait plus de gens qui voudraient descendre que de ceux qui voudraient monter.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
L’enthousiasme des vertus sublimes était peu d’usage dans la société ; [...] la continuité des petits devoirs toujours bien remplis ne demandait pas moins de force que les actions héroïques.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Il valait infiniment mieux avoir toujours l’estime des hommes, que quelquefois leur admiration.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Ma folle ambition ne cherchait la fortune qu’à travers les aventures : et, ne voyant point de femme à tout cela, cette manière de parvenir me paraissait lente, pénible et triste.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Mon âme, à l’épreuve de la fortune, n’a connu de vrais biens ni de vrais maux que ceux qui ne dépendent pas d’elle.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
La prévoyance a toujours gâté chez moi la jouissance. J’ai vu l’avenir à pure perte ; je n’ai jamais pu l’éviter.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Qui ne sent que l’amour ne sent pas ce qu’il y a de plus doux dans la vie.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Deux choses presque inalliables s’unissent en moi [...]: un tempérament très ardent, des passions vives, impétueuses, et des idées lentes à naître, embarrassées, et qui ne se présentent jamais qu’après coup.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Mes idées s’arrangent dans ma tête avec la plus incroyable difficulté : elles y circulent sourdement, elles y fermentent jusqu’à m’émouvoir, m’échauffer, me donner des palpitations.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Je ne sais rien voir de ce que je vois ; je ne vois bien que ce que je me rappelle, et je n’ai de l’esprit que dans mes souvenirs.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Je n’ai jamais pu rien faire la plume à la main vis-à-vis d’une table et de mon papier ; c’est à la promenade, au milieu des rochers et des bois [...] que j’écris dans mon cerveau.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
J’aimerais la société comme un autre, si je n’étais sûr de m’y montrer non-seulement à mon désavantage, mais tout autre que je ne suis.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Du droit du plus fort.
1762
Source: Du contrat social
Qu’il faut toujours remonter à une première convention.
1762
Source: Du contrat social
Ce que l’homme perd par le contrat social, c’est sa liberté naturelle [...]; ce qu’il gagne, c’est la liberté civile.
1762
Source: Du contrat social
Que la Souveraineté est inaliénable.
1762
Source: Du contrat social
Que la Souveraineté est indivisible.
1762
Source: Du contrat social
Si la volonté générale peut errer.
1762
Source: Du contrat social
Des bornes du pouvoir Souverain.
1762
Source: Du contrat social
Que toute forme de Gouvernement n’est pas propre à tout pays.
1762
Source: Du contrat social
Des signes d’un bon Gouvernement.
1762
Source: Du contrat social
De l’abus du Gouvernement et de sa pente à dégénérer.
1762
Source: Du contrat social
De la mort du Corps politique.
1762
Source: Du contrat social
Que l’institution du Gouvernement n’est point un contrat.
1762
Source: Du contrat social
Que la volonté générale est indestructible.
1762
Source: Du contrat social
On n’a plus le cœur jeune impunément, quand le corps a cessé de l’être.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Revenu des chimères de l’amitié, détaché de tout ce qui m’avait fait aimer la vie, je n’y voyais plus rien qui pût me la rendre agréable.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
J’étais dans la position la plus insupportable pour un homme dont l’imagination s’allume aisément.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
[...] cette tristesse sans fiel n’était que celle d’un cœur trop aimant, trop tendre, qui, trompé par ceux qu’il avait crus de sa trempe, était forcé de se retirer au dedans de lui.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
j’avais regret de quitter mes semblables sans qu’ils sentissent tout ce que je valais, sans qu’ils sussent combien j’aurais mérité d’être aimé d’eux s’ils m’avaient connu davantage.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Paraître encore l’ami d’un homme dont on a cessé de l’être, c’est se réserver des moyens de lui nuire en surprenant les honnêtes gens.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Il n’y a qu’heur et malheur dans ce monde ; et il semble que tout acte de courage soit un crime dans l’adversité.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Le courage dans l’infortune irrite les cœurs lâches, mais il plaît aux cœurs généreux.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Mes pires fautes ont été d’omission : j’ai rarement fait ce qu’il ne fallait pas faire, et malheureusement j’ai plus rarement encore fait ce qu’il fallait.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Toute association inégale est toujours désavantageuse au parti faible.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Se ruiner pour s’ennuyer est trop insupportable.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
je sentais [...] qu’il n’y a point d’intérieur humain, si pur qu’il puisse être, qui ne recèle quelque vice odieux.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Rien ne lie tant les cœurs que la douceur de pleurer ensemble.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Les malédictions des fripons font la gloire de l’homme juste.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
J’ai toujours été tout ou rien.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Ciel, protecteur de la vertu, je te loue ! je touche une terre de liberté.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
C’est ainsi qu’aveugle et confiant dans mes espérances, je me suis toujours passionné pour ce qui devait faire mon malheur.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Mon postillon surpris me crut fou.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Ah ! respirons quelques instants [...]. J’ai besoin d’y reprendre du courage et des forces ; je trouverai bientôt à les employer.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Ce n’est pas sans raison que je me suis étendu [...] sur toutes les circonstances que j’ai pu me rappeler.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Quand on tient une fois le fil de la trame, [les circonstances] peuvent jeter du jour sur sa marche.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Si [...] j’avais continué de tenir ferme comme j’avais commencé, [...] aurais-je également été décrété ?
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Grande question, d’où dépend la solution de beaucoup d’autres.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
L’importance des moindres détails dans l’exposé des faits dont on cherche les causes secrètes, pour les découvrir par induction.
1782-1789
Source: Les Confessions (Rousseau)
Souffrir est la première chose qu’il doit apprendre, et celle qu’il aura le plus grand besoin de savoir.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Notre manie enseignante et pédantesque est toujours d’apprendre aux enfants ce qu’ils apprendraient beaucoup mieux d’eux-mêmes, et d’oublier ce que nous aurions pu seuls leur enseigner.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Que faut-il [...] penser de cette éducation barbare qui sacrifie le présent à un avenir incertain, qui charge un enfant de chaînes de toute espèce, et commence par le rendre misérable [...] ?
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Hommes, soyez humains, c’est votre premier devoir [...]. Quelle sagesse y a-t-il pour vous hors de l’humanité ?
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Aimez l’enfance ; favorisez ses jeux, ses plaisirs, son aimable instinct. [...] Pourquoi voulez-vous remplir d’amertume et de douleurs ces premiers ans si rapides [...] ?
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
L’humanité a sa place dans l’ordre des choses ; l’enfance a la sienne dans l’ordre de la vie humaine : il faut considérer l’homme dans l’homme, et l’enfant dans l’enfant.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
C’est [...] dans la disproportion de nos désirs et de nos facultés que consiste notre misère.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Le monde réel a ses bornes, le monde imaginaire est infini ; ne pouvant élargir l’un, rétrécissons l’autre ; car c’est de leur seule différence que naissent toutes les peines qui nous rendent vraiment malheureux.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
La prévoyance [...] qui nous porte sans cesse au delà de nous, et souvent nous place où nous n’arriverons point, voilà la véritable source de toutes nos misères.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
O homme ! resserre ton existence au dedans de toi, et tu ne seras plus misérable.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
L’homme vraiment libre ne veut que ce qu’il peut, et fait ce qu’il lui plaît. Voilà ma maxime fondamentale.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
La société a fait l’homme plus faible, non seulement en lui ôtant le droit qu’il avait sur ses propres forces, mais surtout en les lui rendant insuffisantes.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Il y a deux sortes de dépendances : celle des choses, qui est de la nature ; celle des hommes, qui est de la société. La dépendance des choses [...] ne nuit point à la liberté, et n’engendre point de vices.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
La nature veut que les enfants soient enfants avant que d’être hommes. Si nous voulons pervertir cet ordre, nous produirons des fruits précoces, qui n’auront ni maturité ni saveur.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
La première éducation doit [...] être purement négative. Elle consiste, non point à enseigner la vertu ni la vérité, mais à garantir le cœur du vice et l’esprit de l’erreur.
1762
Source: Émile, ou De l'éducation/Édition 1852
Rares et heureux tems où l’on peut penser librement, et dire ce que l’on pense !
1754
Source: Traduction du premier Livre de l’histoire de Tacite
Jamais les plus justes jugemens du Ciel ne montrerent avec tant d’évidence que si les Dieux songent à nous, c’est moins pour nous conserver que pour nous punir.
1754
Source: Traduction du premier Livre de l’histoire de Tacite
Le secret de l’Empire étoit enfin dévoilé, et l’on voyoit que le Prince pouvoit s’élire ailleurs que dans la Capitale.
1754
Source: Traduction du premier Livre de l’histoire de Tacite
Sous un Prince une fois odieux, tout ce qu’il fait, bien ou mal, lui attire le même blâme.
1754
Source: Traduction du premier Livre de l’histoire de Tacite
Les Provinces sans défense [...] n’avoient pas même le choix de leurs fers et n’étoient que le prix des vainqueurs.
1754
Source: Traduction du premier Livre de l’histoire de Tacite
L’adversité déchire l’ame, mais le bonheur la corrompt.
1754
Source: Traduction du premier Livre de l’histoire de Tacite
[Il faut] gouverner un Peuple qui ne peut supporter ni une servitude extrême ni une entière liberté.
1754
Source: Traduction du premier Livre de l’histoire de Tacite
Le droit du sang et de la naissance [...] fait un Prince au hazard : mais l’adoption permet le choix et la voix publique l’indique.
1754
Source: Traduction du premier Livre de l’histoire de Tacite
Tous les hommes meurent également [...]; mais la postérité les distingue par la gloire ou l’oubli.
1754
Source: Traduction du premier Livre de l’histoire de Tacite
Jamais souverain pouvoir acquis par le crime ne fut vertueusement exercé.
1754
Source: Traduction du premier Livre de l’histoire de Tacite
Il ne régnoit ni tranquillité ni tumulte, mais un silence qui marquoit à la fois la frayeur et l’indignation.
1754
Source: Traduction du premier Livre de l’histoire de Tacite
[Ce n'était] non pour honorer [le défunt], mais selon la maxime des Princes de pourvoir à leur sureté présente par la crainte des châtiments futurs.
1754
Source: Traduction du premier Livre de l’histoire de Tacite
Moins le zele étoit sincere, plus on affectoit d’en montrer.
1754
Source: Traduction du premier Livre de l’histoire de Tacite
Tant qu’il fut homme privé il parut au-dessus de son état, et tout le monde l’eût jugé digne de l’Empire, s’il n’y fût jamais parvenu.
1754
Source: Traduction du premier Livre de l’histoire de Tacite
Comment éviter de faire des vœux impies [...] quand l’événement de la guerre ne pouvoit dans le vainqueur montrer que le plus méchant ?
1754
Source: Traduction du premier Livre de l’histoire de Tacite