Chaque homme a en lui un talent dominant qui [...] enrichit la communauté d’un art nouveau.
1870
Source: Société et Solitude
Quand vous en avez marre de lire des idiots vivants.
Ralph Waldo Emerson (25 mai 1803 – 27 avril 1882) était un essayiste, conférencier, philosophe et poète américain qui a dirigé le mouvement transcendantaliste du milieu du XIXe siècle.
Chaque homme a en lui un talent dominant qui [...] enrichit la communauté d’un art nouveau.
1870
Source: Société et Solitude
Se fier à soi-même, devenir un être de mérite et de valeur, est la voie la meilleure et la plus sûre.
1870
Source: Société et Solitude
Tout homme a un don inné qui lui permet d’accomplir aisément certains actes impossibles à aucun autre. Faites votre œuvre.
1870
Source: Société et Solitude
Rien n’étonne tant les hommes que le sens commun et la droiture ; de même, rien n’est plus rare en tout homme qu’un acte qui soit sien.
1870
Source: Société et Solitude
Le premier secret du succès est la confiance en soi, la conviction que si vous êtes là, c’est que les pouvoirs de l’Univers vous y ont mis avec un motif [...].
1870
Source: Société et Solitude
Le résumé de la sagesse, c’est que le temps donné au travail n’est jamais perdu.
1870
Source: Société et Solitude
C’est le bon lecteur qui fait le bon livre ; un esprit solide ne peut lire mal : dans chaque livre, il trouve des passages qui semblent s'adresser indubitablement à lui.
1870
Source: Société et Solitude
La lumière par laquelle nous voyons en ce monde vient de l’âme de l’observateur.
1870
Source: Société et Solitude
Si la pensée est la forme, le sentiment est la couleur.
1870
Source: Société et Solitude
Ce n’est pas par notre puissance de pénétration que nous sommes forts, mais par notre puissance d’harmonie.
1870
Source: Société et Solitude
Ne vous usez pas à rejeter les choses, ni à crier contre le mal, mais chantez la beauté du bien.
1870
Source: Société et Solitude
L’affirmation des affirmations, c’est l’amour. Autant d’amour, autant de perception.
1870
Source: Société et Solitude
La santé est la condition de la sagesse, et sa marque est la gaîté — un caractère ouvert et noble.
1870
Source: Société et Solitude
Aider la jeune âme, augmenter l’énergie, inspirer l’espoir [...] ce n’est pas chose aisée, c’est l’œuvre d’hommes divins.
1870
Source: Société et Solitude
La vie intérieure [...] aime la vérité, parce qu’elle-même est réelle ; elle aime le juste, elle ne connaît rien d’autre.
1870
Source: Société et Solitude
L’inénarrable sottise de la Censure [...] a une certaine saveur de courtisanerie peureuse et bigote, mélangée d’un bizarre fumet de vanité professorale.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La lâcheté des auteurs dramatiques, tel est [...] le vrai sujet.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La Censure dicte et l’auteur corrige.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Si une œuvre ne porte pas la mention : 'en collaboration avec la Censure', ce ne peut être que par oubli ou ingratitude.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Aux théories trop exaltées et paradoxales, [...] l’auteur a opposé des répliques en forme de correctifs qui en atténuent la portée.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les modifications ont été capitales ; elles ont porté sur les principales situations qui nous avaient paru rendre la pièce inadmissible.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Souvent le directeur se fait complice de la Censure.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le directeur est entré pleinement dans nos vues, mais il s’est trouvé en présence des résistances de l’auteur. Il a passé outre.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L'auteur consent à « séculariser » son personnage et s’engage à lui enlever « tout caractère ecclésiastique ».
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un auteur autorise la Censure à modifier elle-même tout ce qui lui avait déplu ; elle le bouleverse entièrement et l’auteur approuve.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La Censure est plus entêtée qu’une mule ; elle ne cède jamais.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[La Censure] sait que la majorité des auteurs préfère l’argent à la dignité, la recette à l’indépendance.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Si jamais aucune concession n’avait été faite à la Censure, son rôle serait devenu si odieux qu’une impopularité certaine la balayait.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Après tout, est-il si nécessaire de réussir ?
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[C'était] un inquiet et un délicat, de ceux qui mettent tant de conditions à la félicité la plus modérée qu’ils ne la rencontrent pas souvent et ne la fixent jamais.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le bonheur est le contraire de la vérité, qu’on trouve toujours dès qu’on la cherche ; on ne le rencontre quelquefois que si on ne pense pas à lui [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La société disperse l’attention, éparpille l’esprit, ne semble agrandir l’homme que pour l’empêcher de s’appartenir.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est en limitant son être qu’on le possède tout entier.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
J’ai trouvé que tout était vain, même la gloire et la volupté.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Pour peu qu’il consente à laisser déborder la poésie qui fermente au fond de son cœur, trop souvent glacé par le raisonnement, [un écrivain] est un écrivain éternel.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il ne dépend pas d’un écrivain de se montrer tel qu’il se conçoit devant la postérité, qui ne tient compte ni des intentions ni même des volontés et n’accepte que les résultats.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Quel homme a le droit d’exiger le bonheur sur une terre où presque tous s’épuisent à seulement diminuer leurs misères ?
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Chaque fois qu’un grand esprit prendra la vie trop au sérieux, [...] il serait d’un plus grand esprit encore peut-être d’écarter par un sourire ces contradictions [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Quelle maladie que le moralisme quand il n’est pas soutenu par une volonté forte et discrète [...] !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On ne doit ni mésuser de la volupté ni s’en abstenir : ni libertinage, ni ascétisme.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Que de puissances dans l’amour ! Il dissipe les douleurs de l’homme et répare sa vie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[L'amour est] un voile sur le néant.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Au moyen âge [...] les gens capables de penser y sont en petit nombre, mais ceux qui pensent le font hardiment et sans ménagement aucun pour les communes croyances.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L'imprimerie lui donna un regain d’influence qui se perpétua jusque vers l’époque de Rabelais, après lequel il se manifesta une décroissance marquée [...] dans la manière de l'exprimer.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La nature est comme une fontaine toujours courante et toujours pleine d’où découle toute beauté. Son lit c’est l’immensité.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il faut la contempler [la Nature], sans la comparer à rien, sans espérer la comprendre.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le meilleur moyen d’être heureux sur terre, c’est de bien vivre et de s’enrichir sans travailler. [...] il suffit de savoir tromper autrui et de voler impunément.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Nous prêchons la pauvreté et nous nageons dans l’abondance ; nous prêchons l’humilité et nous bâtissons des palais splendides.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
notre absolution ne se donne pas, elle se vend.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
de la religion, nous prenons le grain et laissons la paille.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
il ne fait jamais appel qu’à la nature et à la raison.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Certains poètes] sont beaucoup moins empêtrés que nous dans les subtilités morales.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Leur but [...] est d’en indiquer le moyen, qui est de céder délicatement à ses passions.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ils ne sont dupes ni de l’honnêteté des hommes, ni de la chasteté des femmes et ne parlent jamais de la vertu sans un certain sourire, qui en dit plus long que leurs paroles.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
la religion leur est tout extérieure, ne pénètre pas leurs âmes, qui restent libres, et c’est d’un œil clairvoyant qu’ils considèrent les choses et les hommes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est un des mérites des livres qui furent beaucoup lus de nous renseigner avec certitude sur l’état d’esprit de leurs fidèles.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Pensez à mener bonne vie, que chacun aille embrasser sa mie [...] Entr’aimez-vous loyalement et jamais ne serez blâmés.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Tout homme est probablement éloquent une fois dans sa vie.
1870
Source: Société et Solitude
La punition des sages qui refusent de prendre part au Gouvernement, c’est de vivre sous le gouvernement d’hommes qui ne les valent pas.
1870
Source: Société et Solitude
Un auditoire n’est pas la simple addition des individus qui le composent. Leur sympathie leur donne un certain sentiment social qui remplit tous les membres...
1870
Source: Société et Solitude
Les rois ne sont pas ceux qui sont assis sur les trônes, mais ceux qui savent comment gouverner.
1870
Source: Société et Solitude
Platon définit la rhétorique : « L’art de gouverner l’esprit des hommes. »
1870
Source: Société et Solitude
Le but de l’éloquence c’est [...] de modifier en une couple d’heures [...] des convictions et des habitudes qui remontent à des années.
1870
Source: Société et Solitude
Ce qui fait la vertu des livres, c’est d’être lisables, et celle des orateurs, d’être intéressants.
1870
Source: Société et Solitude
L’éloquence véritable [...] arrache les enfants à leurs jeux, les vieillards à leur fauteuil, le malade à sa chambre bien chaude.
1870
Source: Société et Solitude
Un grand homme est le plus grand des événements.
1870
Source: Société et Solitude
Dans toute société, l’individu qui connaît les faits est comme le guide qu’un groupe d’amis engage pour faire l’ascension d’une montagne.
1870
Source: Société et Solitude
Concentrez quelque expérience journalière en un symbole éclatant, et les auditeurs sont électrisés.
1870
Source: Société et Solitude
L'homme vraiment éloquent est un homme sain, doué du pouvoir de communiquer sa santé d’esprit.
1870
Source: Société et Solitude
Si vous voulez m’élever, vous devez être à un niveau supérieur. Si vous voulez m’affranchir, vous devez être libre.
1870
Source: Société et Solitude
Il y a en [l'homme] un principe de résurrection, l’immortalité de l’idée.
1870
Source: Société et Solitude
Le moment où l’art atteint à sa perfection, c’est celui où [...] l’orateur voit les balances éternelles de la vérité [...] rendant par là grand ce qui est grand, et petit ce qui est petit.
1870
Source: Société et Solitude
Aucun homme ne se définit par un mot.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Tout grand esprit a naturellement sa philosophie, mais il ne faut pas qu’il veuille trop la systématiser. Elle lui échappe au moment même qu’il croit la tenir et la fixer.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il faut des couleurs pour peindre la nuit et il faut des paroles pour louer le silence.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
En littérature, il faut un certain recul pour faire sortir le ridicule. De près, cela manque de perspective.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le grand écrivain est toujours en train de devenir, même ou surtout après sa mort. On n’en a jamais fini avec lui, et sa destinée se poursuit à travers les générations.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] quand on pense à son style on écrit toujours mal.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un génie est ; il n’est pas analysable extérieurement et il n’est connaissable que par ses résultats.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Chaque génération a ses engouements qui demeurent pour la suivante autant de mystères.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’est pas de chef-d’œuvre en l’air. [...] L’originalité absolue n’est qu’une conception d’ignorant.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] ce qui paraît absurde ne le paraît que parce qu’il est nouveau et que, l’accoutumance venant, l’absurdité nous semblera toute naturelle et toute logique.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Si l’expression littéraire était immuable, elle finirait bientôt par répandre un tel ennui que le monde ne voudrait plus en entendre parler.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On imite une manière, on n’imite pas une nature.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le péril est moins émouvant que l’idée du péril.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La vérité est que la littérature française [...] ne s’est jamais renouvelée que sous des souffles venus du dehors.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’y a qu’une vérité à dire aux hommes, quels qu’ils soient : Soyez vous-mêmes ! Mais que c’est inutile ! [...]
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’y a aucun exemple d’une littérature purement nationale, purement autochtone. Nous avons cette illusion pour la Grèce, mais cela tient à ce que [...] la grecque seule a survécu.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Du nouveau, c’est de cela qu’une littérature vit, et où le prendrait-elle, sinon en dehors d’elle-même ? On ne se nourrit pas de sa propre substance.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le sens artistique du public contemporain ? Il est synonyme de parfaite obéissance. J’aime mieux l’ignorance complète, celle qui laisse intacte la sensibilité ou l’insensibilité naturelle.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Celui qui n’a pas le style ou les idées de tout le monde est nécessairement l’ennemi commun.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il y a deux publics : celui sur lequel un journaliste peut avoir quelque influence, et l’autre, celui qui fait les réputations sérieuses [...], celui qui juge les juges.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La haine de la vie [...] et de la lutte fait des progrès effroyables. On ne désire même plus jouir ; on désire ne pas souffrir : s’enterrer dans un cloître ou dans une « clairière » [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Comprend-on un Goethe privé de culture française ou un Chateaubriand privé de culture anglaise ? Y a-t-il avantage ? Mais il y a nécessité. Demande-t-on s’il y a avantage à manger ? Il le faut.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Tout le nouveau est bon, et tout l’inconnu est nouveau, tout le lointain est nouveau. Plus une œuvre littéraire est différente des tendances littéraires présentes, et plus grande sera sa valeur alimentaire.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est au public, pour tout ce qui n’exige pas l’emploi de la force, à faire sa police lui-même. Ici elle sera d’inertie ; elle consistera à ne pas écouter, à ne pas regarder, à ne pas payer.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Appartenir à l’humanité, c’est vraiment appartenir, et de trop près, aux imbéciles.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Une fête, c’est une fuite hors de la règle. [...] L’État, organiser des fêtes ? Mais l’État, par définition, c’est le trouble-fête !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le résultat final de l’appel à la force morale sera le règne absolu de la force brutale.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Verlaine, par la force d’un idéalisme supérieur, franchissait d’un bond la distance pénible ; ou bien il créait autour de lui un invisible réel, comme en ses vers, un visible rêve.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le critique qui n’a rien produit est un lâche. [...] Un critique est un directeur de conscience, ou rien du tout.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un critique n’a raison que si le public, d’avance, lui donne raison.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le romantisme lyrique comme le développement d’un germe national et non plus comme une importation étraagère.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le lyrisme personnel, s’il est [...] une dépravation de la poésie, est, du moins chez nous, une dépravation traditionnelle.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Son tableau, heureux dans le détail, est, dans l’ensemble, incohérent.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Une confuse violence trouble le calme de la nuit et la lumière avec le bruit dissipe l’ombre et le silence.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est un des charmes de Théophile qu’il ait osé être aussi personnel et aussi doux.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le soleil craignant d’éclairer et craignant de se retirer, les étoiles n’osaient paraître [...], le zéphyre n’osait passer.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le plus beau nom du monde est le nom de Marie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La rhétorique n’est pas ce qui nous attire [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
J’approuve qu’un chacun suive en tout la nature.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La règle me déplaît, j’écris confusément : Jamais un bon esprit ne fait rien qu’aisément.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Il] fut un libre esprit, de la lignée des indisciplinés et des incrédules.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il était païen de ce paganisme admirable qui exige que l’on vive sa vie, avant tout.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On n’est pas un esprit secondaire, quand on prépare la venue de plus grands esprits que soi.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Il est] un de ceux qui ont maintenu le flambeau allumé. Des gouttes de cire brûlante sont tombées sur sa main ; c’est pour cela qu’elle tremble un peu.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il est bon que les étrangers qui aiment la littérature française sachent combien nous avons à lutter pour faire entrer une idée juste ou un nom nouveau dans les cerveaux fiévreux de nos compatriotes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Dès que le coin d’acier a été retiré du crâne, la blessure se referme ; mais nous ne nous découragerons pas, nous cognerons jusqu’à ce que les têtes soient en marmelade.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Dix fois on a coupé les roseaux autour de la statue, et nul n’a voulu s’approcher pour écouter les confidences du dieu.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il y a de la stupidité, il y a de l’ignorance, il y a de l’envie, mais il y a aussi du mensonge dans ces cris contre l’obscurité.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La poésie [...] est sans cesse rejetée par la basse critique, dans la lumière crue des lieux communs [...]; on n’a pas encore pris son parti qu’elle préfère la fraîcheur des sources et des crépuscules.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Quelle vraie poésie est claire — au sens que Boileau donne à ce mot irritant ?
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il est des morts qu’il faut qu’on tue.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ne tuons pas les morts qui eurent leur heure de gloire, car cette gloire ne fut jamais sans quelque raison d’être.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On ne continue pas une farce toute sa vie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[L'artiste] fut hanté, dominé, perdu [...] par cette fausse pensée et cette ambition illusoire de vouloir traduire par la langue des sensations de rêves.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le sobre savant en arrive à écrire comme parlerait un ivrogne.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] le médecin pourrait bien avoir à prendre la place du critique vainqueur…
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Caliban déclare qu’il ne comprend pas Ariel : on s’en doutait.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Si la bêtise désarmait, elle deviendrait l’esprit, ce qui est impossible.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il est arrivé à tout le monde d’être poursuivi par un air musical ou une phrase insignifiante qui revient obstinément, sans raison valable.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un homme, si grand qu’il soit, [...] ne tient que sa place dans un cycle immense ; il ne remplit pas le cycle tout entier.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les amitiés littéraires sont [...] nécessairement basées sur la communauté des opinions, des goûts, des esthétiques.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’est jamais banal, mais il n’est jamais naturel : il cherche toujours à produire un effet.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les grandes douleurs sont muettes ; celles des poètes sont abondantes en paroles, parfois éloquentes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Mais qu’importe la sincérité d’une attitude, si l’attitude est belle ?
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La douleur, comme la joie, n’est qu’une manière de sentir, indépendante des causes logiques que le vulgaire attribue à nos grimaces ou à nos sourires.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il vient une heure où l’on commence à se raconter. [...] Un beau soir, elle s’installe. C’est fini ; elle ne vous quittera plus. Son nom est le Passé.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est la liberté politique [...] qui engendra le goût de la liberté littéraire. Aujourd’hui que la liberté politique tend à se restreindre, la liberté littéraire suit la même marche.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On appelle cela, vulgairement, se donner une forte culture littéraire. Cela n’est pas si commun qu’on le croit.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Rien n’est plus difficile à un poète, c’est-à-dire à un homme d’une grande sensibilité, que l’objectivité pure.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il serait absurde de dire que quiconque écrit en français pense en français ; le caractère [...] ne se transforme pas aussi facilement que le langage.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ou la science, ou la poésie : il n’y a pas de milieu.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le génie est économe de sa force. Celui qui a de beaux marbres à tailler, qu’il les taille avec les outils de son maître.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il y a deux littératures, l’une qui s’accommode aux tendances conservatrices, l’autre aux tendances destructrices de l’humanité.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
S’ils sont restés très indépendants, c’est qu’ils se souviennent de cela. Ils ne doivent guère de reconnaissance à personne.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’était une curieuse gageure contre la platitude ; elle fut gagnée : qui recommencera ?
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
un joli usage [...] veut qu’une robe se nomme de la femme qui, par son port, charme et distinction, lui a, dans le monde, acquis la célébrité et le prestige.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
évoquer avec des entrelacs de mots [...] des toilettes « aussi fugitives que nos pensées ».
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Voyager, mot prestigieux hier encore, et dont aujourd’hui on semble chercher la signification lointaine et perdue.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
les éléments d’une pièce en cinq actes, mais, ô joie ! restés à l’état d’éléments !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
ajouter à l’antique solennité familière [...] « quelque chose comme d’étranger et de moderne ».
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Tout cela jeté sans un dessin précis rencontre une harmonie qui se fait toute seule...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
le perpétuel inattendu donnant à son style la valeur d’un paysage d’octobre que des nuages [...] modalisent.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Secret [...] de ces heures vides tout à coup et sans cause, et de ces quasi absences de vous-mêmes [...] : un rimeur quelque part songe à vous ou à votre genre de beauté.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
l’existence brisée, les lignes survivent recueillies par une pieuse sympathie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Une] âme [...] revient [...] presque entière aux yeux de quiconque les lit attentivement, non moins dans les blancs divisant le texte que dans le texte lui-même…
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
armé de style on peut imprimer sa griffe, même à une recette d’officine, même à la description technique d’une robe...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
...toute la saveur ne s’est pas évaporée, et la valeur littéraire demeure intacte.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ma rêverie avait été consumée par la lampe des puits d’hiver...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Cette poésie me donne l’impression d’un treillis délicat et net tendu sur un azur connu, et que j’aime...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Je suis l’Empire à la fin de la décadence, [ce vers] a servi à baptiser tout un mouvement littéraire.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Leurs] débuts tumultueux et incohérents font penser à la silencieuse jeunesse de Flaubert. [...] sa première œuvre fut une œuvre maîtresse.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
presque tous seraient arrivés plus tôt à la renommée si le souvenir des excès de leur jeunesse ne leur avait barré la route de la gloire.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La cause ? On ne l’a encore jamais trouvée. Elle est certainement plutôt sociale que littéraire.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est la liberté politique, alors immense, qui engendra le goût de la liberté littéraire.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Aujourd’hui que la liberté politique tend à se restreindre, la liberté littéraire suit la même marche.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Nous autres, il y a quinze ans, nous ne savions même pas qu’il y eût un gouvernement.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On jouissait de la liberté d’écrire, de la liberté de vivre, [...] et l’on ne songeait à rien qu’à dire sa pensée, même quand elle était un peu folle.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Décadence : quelle erreur ! Jamais il n’y eut tant d’extravagance, peut-être parce qu’il n’y eut jamais tant de sève.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les talents naissaient tous les jours. C’était, comme aux premiers âges du monde, une création perpétuelle.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
ce désintéressement excessif, qui les portait à défier le public, [...] fut aussi une des causes de leur succès tardif.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ils prétendaient se passer du lecteur vulgaire, qui se passa d’eux très facilement.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
En ce temps-là, pour pouvoir imprimer sa pensée avec liberté, il fallait fonder soi-même une petite revue.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les écrivains de ma génération qui sont arrivés à quelque chose ont réellement eu à lutter contre le monde entier.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Tout est légende, qui est situé dans le passé. Ce passé, cependant, est très récent ; il est d’hier, exactement.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Grâce à un tas de critiques, plus pressés de plaire que de juger, les épithètes monumentales foisonnent dans la presse.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Être un « grand écrivain », prendre place sur les sommets, parmi les plus beaux représentants de l’humanité, quelle charge et comment l’accepter sans frémir ?
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il faut être prêt à donner la réplique à Platon, à Dante, à Rabelais, à Voltaire, à Goethe ; cela demande réflexion.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce mot [grand] n’a du moins qu’un sens relatif. Il est impossible de le mesurer une fois pour toutes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On peut donc être à la fois un très grand personnage chez les fourmis et, chez les éléphants, un fort médiocre sire.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les grandeurs intellectuelles ne se mesurent pas, comme une vigne ou un pré, avec la chaîne d’arpenteur.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’esprit, plus souvent que la fortune, nous vient en dormant.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les mots, vêtements de nos idées, s’usent comme les habits, vêtements de nos corps [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les mots subissent constamment une dégradation de sens.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Les mots] ne conservent l’intégralité de leur signification que s’ils servent à désigner des objets immuables dans leur composition ou leur usage.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les mots s’usent, mais il dépend de nous qu’ils ne s’usent pas.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Nous nous laissons aller à prodiguer des épithètes qui devraient garder quelque chose d’un caractère sacré.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
À force de répéter mal à propos les épithètes louangeuses, [les gens] les ont usées les unes après les autres.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Maintenir aux mots leur sens, ne céder à la force des choses qu’à la dernière extrémité, tel doit être le rôle de ceux qui écrivent.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Dans un état social extrêmement démocratique, on est porté à mesurer et à peser, plutôt qu’à juger.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On a pris l’habitude de taxer d’incapacité l’écrivain prudent qui réfléchit longtemps avant d’écrire ou celui qui prétend vivre d’abord la vie qu’il racontera ensuite.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Plus on écrit et plus le besoin d’écrire s’exaspère. Cela devient une maladie...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Celui qui s’assied sur le bord de la route est perdu. Dès qu’on ne le voit plus, on oublie son nom.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ces mœurs sont sauvages ; mais enfin ce sont nos mœurs, et nous sommes obligés de les accepter ou d’accepter la défaite.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Comme s’il ne vaut pas mieux vivre un roman que de l’écrire, comme si, après tout, pour écrire un bon roman, il ne fallait pas, d’abord, le vivre !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Se mêler à la vie pour expérimenter les sentiments et les sensations, pour récolter des documents, [...] c’est une manière de vivre bien médiocre et vraiment dépourvue de dignité.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il y a là une exploitation industrielle de la sensibilité qui rabaisse le talent en même temps que le caractère.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Il y a] cette illusion que la gloire d’un écrivain se mesure [...] et que la plus solide est celle qui se dresse sur la plus haute pyramide de livres.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’abondance de la production est parfois un signe de force [...] mais parfois aussi c’est un signe de faiblesse, la pyramide s’écroule et le constructeur demeure étouffé sous les décombres.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le travail cérébral, lui aussi, est un travail physique, et qu’il faut manger pour écrire comme pour transporter des fardeaux.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La sérénité, ce calme olympique [...] qui fait que l’on domine la vie, qu’on la regarde de haut.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il serait peut-être temps de mettre un peu de mesure dans nos labeurs, de condenser notre pensée et de penser davantage en écrivant moins.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
...et surtout de vivre des vies humaines, ce qui est tout à fait le contraire des vies [de forçats de la plume].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les bonheurs différés n’en sont que meilleurs.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les œuvres de jeunesse retrouvées en des tiroirs grandissent rarement un auteur.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] il y a une qualité supérieure à la perfection même, et que c’est la vie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La perfection peut être considérée comme un arrêt dans l’évolution des formes. La chair est devenue marbre, et c’est la fin.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
De la poétique de Racine rien ne pouvait sortir et rien n’est sorti : Racine est le marbre parfait et stérile.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] de la matière vivante, c’est la fécondité indéfinie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’idée de perfection a stérilisé pendant un siècle et demi la poésie française [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La perfection n’est donc plus le critérium selon lequel nous jugerons une œuvre d’art.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Nous [demanderons à une œuvre d'art] la beauté, un certain ordre logique, la pureté de la langue, l’originalité du style et la liberté de la pensée.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un homme de cette taille n’appartient pas à ses héritiers, mais à [...] l’humanité tout entière [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] les deux médiocres bonshommes ne comprirent rien au génie qui se révélait à eux.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Comme tous les hommes d’une valeur véritable, le grand Flaubert doutait de lui-même.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il ne se sentait l’égal des maîtres que par l’admiration.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] le pénible travail que le sujet lui impose amortit le feu de sa spontanéité.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
À force de tourner et de retourner une phrase, il finissait par ne plus la comprendre [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Bonheur, chance ou veine n’ont pas, en littérature, un rapport très exact avec le talent, et encore moins avec le génie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est un lieu commun qu’il y a des talents et même des génies inconnus.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On citerait aujourd’hui plus d’un nom qui n’est pas à sa vraie place dans l’admiration des hommes et qui, hélas ! n’y sera peut-être jamais.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’on dira plus tard, dans les manuels de littérature : leur réputation n’a pas égalé leur talent, — et l’on passera.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La réputation qu’ils eurent de leur vivant est devenue inexplicable, car leur talent est vraiment des plus médiocres.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il y a, en certains écrivains, un charme ; à mérite égal, ce qui sort de leur plume plaît davantage.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le mécanisme psychologique de ces aberrations [...] est basé sur la paresse intellectuelle.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est fini ; le charme a opéré. Tout ce que ce poète écrira désormais sera admirable.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Au lieu des côtés dégoûtants de la vie, on en montrait les faces les plus brillantes : il était question, enfin, d’amour, d’héroïsme et de beauté !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Tout est rajeuni [...], rien n’y est nouveau.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il faut autre chose que du talent pour trouver de ces choses spirituelles ou délicates ; il faut du bonheur.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est un lac qui miroite gracieusement [...], mais qui ne recèle aucun abîme, aucun mystère ; le fond en est uni et sûr ; on peut s’y baigner sans jamais perdre pied.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le public, toujours en retard de cinquante ans sur le vrai mouvement littéraire, peut s’y plaire encore ; les poètes ne comprennent plus.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le théâtre grossit tout, les réputations comme le reste.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il restera sans doute dans notre littérature [...] le représentant de cet état, rare entre tous, le bonheur littéraire.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Toutes les formes de la vie [...] semblent avoir conscience de l’identité de leur principe, et s’efforcer de l’exprimer. Ce sont les rayons d’un même soleil.
1870
Source: Société et Solitude
Toute idée qui s’élève dans l’esprit vise en s’élevant à passer de la pensée à l’acte, exactement comme la plante [...] lutte pour monter à la lumière.
1870
Source: Société et Solitude
L’idée est la semence de l’acte ; mais l’acte en est tout autant la seconde forme que l’idée en est la première.
1870
Source: Société et Solitude
Ce qui est à l’intérieur veut passer à l’extérieur. L’idée lutte pour naître.
1870
Source: Société et Solitude
L’expression consciente de la pensée, par le discours ou l’acte, en vue d’une fin quelconque, constitue l’Art.
1870
Source: Société et Solitude
La première et la dernière leçon des arts utiles, c’est que la Nature exerce sur nos œuvres son pouvoir tyrannique. Elles doivent être conformes à ses lois [...].
1870
Source: Société et Solitude
Dans toutes nos œuvres, nous ne cherchons pas à user de notre propre force, mais à amener une force infinie à agir.
1870
Source: Société et Solitude
La Nature peint la meilleure partie du tableau, sculpte la meilleure partie de la statue, bâtit la meilleure partie de la maison, et prononce la meilleure partie du discours.
1870
Source: Société et Solitude
L’artiste [...] doit se dépersonnaliser, n’être l’homme d’aucun parti, d’aucune mode, d’aucune époque, mais celui à travers lequel circule l’âme de tous.
1870
Source: Société et Solitude
Les merveilles de Shakespeare sont des choses qu’il a vues tandis qu’il se tenait à l’écart, et qu’il est revenu écrire ensuite.
1870
Source: Société et Solitude
La grande poésie ne pouvait être écrite autrement qu’elle ne l’est. [...] Il a trouvé les vers, il ne les a pas faits. La Muse les lui a apportés.
1870
Source: Société et Solitude
Un chef d’œuvre de l’art a pour l’esprit une place fixe dans la chaîne des êtres, tout autant que la plante ou le cristal.
1870
Source: Société et Solitude
Le plaisir que donne une œuvre d’art semble venir du fait de reconnaître en elle l’esprit qui a formé la Nature, agissant à nouveau.
1870
Source: Société et Solitude
Provenant de l’éternelle Raison, [...] tout ce qui est beau repose sur le fondement de la nécessité. Rien n’est isolé, rien n’est arbitraire dans le beau.
1870
Source: Société et Solitude
Les arts ont toujours leur origine en quelque sentiment enthousiaste [...]. Actuellement ils languissent, parce qu’ils ne visent qu’à l’exhibition.
1870
Source: Société et Solitude
L’idéalisme [...] était un véritable idéalisme verbal, c’est-à-dire qu’il croyait vraiment à la puissance évocatrice des mots, à leur vertu magique.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
« Tout verbe, [...] dans le cercle de son action, crée ce qu’il exprime. »
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Il] se glissait en humble collaborateur, heureux d’évoluer parmi tant de maîtres. C’était sa manière de mépriser.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Son esprit, comme celui de presque tous les hommes d’esprit, était du bas de l’escalier. Alors, il levait le doigt et disait le mot trouvé trop tard.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Parfois, quand il méprisait beaucoup un écrivain, [...] il feignait l’enthousiasme, se lançait dans un fougueux éloge, puis [...] il éclatait de rire.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il était violemment romantique. Il disait : « Il y a les romantiques et les imbéciles. »
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Sa foi, très sincère, des dernières années ne l’empêchait nullement d’imaginer, en paroles, les plus beaux blasphèmes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Nous parlions d'établir] une sorte de maison de suicides [...] Villiers indiqua la crucifixion « pour ceux qui, fatigués d’être hommes, voudraient devenir dieux » !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il disait de [certains] : « Il déshonore la pauvreté. »
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est avec ces petits changements qu’on gâte des pages…
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il lisait en son imagination plutôt que dans les livres.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il portait en sa tête des quantités infinies de projets ; il récitait des livres entiers dont pas une ligne n’était écrite.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un être vraiment fécond ne réalise jamais que la millième partie de son rêve. Il voit la pyramide à construire et il dresse, à peine, quelques pierres les unes sur les autres !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Au lieu d’accepter comme des merveilles les progrès physiques de la science appliquée, il en montre la vanité en en montrant les bornes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un soir il aperçoit la jambe nue d’une fille de ferme, et il veut cette fille, et il brise sa mécanique.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On s’était habitué à considérer comme irrévocablement mort l’art familier, celui qui ennoblit les objets usuels.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La beauté grecque elle-même est fâcheuse quand elle est admirée de trop près. L’admiration passionnée tend à se réaliser, c’est-à-dire à copier.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] l’érudition artistique et les musées corrompent le goût ingénu d’une race.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Copier, c’est si tentant pour la paresse, c’est une forme si reposante de l’activité !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La copie d’une belle chose est toujours une laide chose. C’est, en admiration d’un acte d’énergie, un acte de lâcheté.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il faut dédaigner tous ces petits ridicules et tâcher de trouver ce qu’il y a d’important sous la surface des manifestations hâtives.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’esprit de l’homme n’est jamais absurde à plaisir, et chaque fois que les productions de la conscience apparaissent dépourvues de raison, c’est qu’on ne les a pas su comprendre.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
En art, s’il s’agit de comprendre, il s’agit surtout de sentir. L’art est ce qui donne une sensation de beau et de nouveau à la fois [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On peut ne pas bien comprendre et cependant être ému.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’y a pas d’art naturaliste, encore qu’il puisse y avoir des génies naturalistes [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
En art, la géométrie intervient pour arrêter et symétriser les exubérances de la vie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La fleur n’est qu’une feuille folle d’amour.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est dans les bois, les prairies et les potagers qu’il faut tenir les écoles d’art décoratif.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le corps féminin est un motif particulier à l’art décoratif français.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Des artistes [...] après un long hiver, découvrent la nature, un matin, et ils veulent cueillir toutes les fleurs [...]. Ils s’habitueront à leur joie et leurs sensations [...] se transformeront en un art riche et sobre.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La Nature est pleine de fantaisies, et met tantôt une vieille tête sur de jeunes épaules, tantôt un jeune cœur palpitant sous quatre-vingts hivers.
1870
Source: Société et Solitude
Si l’essence de l’âge n’est pas présente, ces signes [...] sont des contrefaçons et des ridicules : l’essence de l’âge, c’est l’intelligence.
1870
Source: Société et Solitude
Partout où il y a la puissance, il y a l’âge. Ne vous laissez pas tromper par les fossettes et les boucles.
1870
Source: Société et Solitude
Le temps est en réalité le théâtre et le siège de l’illusion : rien n’est si ductile et élastique. L’esprit donne à une heure l’étendue d’un siècle, et ramène un siècle à une heure.
1870
Source: Société et Solitude
Ce qui ne périt pas est en nous si actuel, si dominateur, que tant qu’on est seul avec soi-même, on n’est pas sensible aux envahissements du temps [...].
1870
Source: Société et Solitude
Le temps est le poison le plus sûr. Cette coupe, que la Nature approche de nos lèvres [...] ouvre les sens, augmente les facultés, nous remplit de rêves exaltés, que nous appelons espérance, amour, ambition, science.
1870
Source: Société et Solitude
Nous ne comptons les années d’un individu que lorsqu’il n’y a en lui rien d’autre qui compte.
1870
Source: Société et Solitude
L’adresse à faire les choses vient en les faisant ; le savoir vient par les yeux toujours ouverts et les mains laborieuses ; et il n’est pas de savoir qui ne soit un pouvoir.
1870
Source: Société et Solitude
Dans la jeunesse, nous vivons en un tumulte de passions [...]. Plus tard, l’esprit et le cœur s’ouvrent, et fournissent des mobiles d’activité plus élevés.
1870
Source: Société et Solitude
Un avantage capital de la vieillesse, c’est qu’un succès de plus ou de moins ne signifie rien.
1870
Source: Société et Solitude
Tous les jours honnêtes qui sont derrière nous sont des garants qui parlent pour nous quand nous gardons le silence [...] et travaillent pour nous quand nous dormons.
1870
Source: Société et Solitude
Toute faculté nouvelle [...] aiguillonne et pousse [l'homme] en des solitudes mélancoliques, jusqu’à ce qu’il ait trouvé sa propre issue.
1870
Source: Société et Solitude
Les meilleures choses croissent lentement. L’instinct de classer marque un esprit sage et sain.
1870
Source: Société et Solitude
Quand on a noblement dépensé la vie, la vieillesse est une perte des choses dont on peut se passer aisément [...].
1870
Source: Société et Solitude
La sagesse centrale, qui était vieille dans l’enfance, est jeune à quatre-vingts ans [...].
1870
Source: Société et Solitude
Si on faisait l’histoire littéraire avec les souvenirs et les jugements des contemporains les uns sur les autres, qu’elle ressemblerait peu à celle où se fixe à peu près la postérité !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il est certain que les éditeurs ne se comprennent pas sans les auteurs, mais les auteurs tirent un profit évident de l’éditeur qui les accrédite.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] c’est à cela même que la poésie peut et doit servir, à donner quelque noblesse à l’expression des sentiments, et rien de plus.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Quand la poésie néglige le sentiment, dont est tissé presque toute la vie humaine, elle n’a que deux sources d’où faire jaillir son lyrisme : la légende et la description.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] la poésie qui n’émeut pas est bien près de n’être rien.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’y a pas de recette pour vivifier la poésie. C’est un don qui nous est conféré quand on a la fierté de son état d’homme et de toutes ses sensations et de toutes ses émotions.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Une certaine poésie] nous donne l’impression d’être maniée par des artistes d’une habileté extrême, mais un peu mécanique, à qui le sujet importe peu, pourvu qu’il permette le déploiement de la virtuosité.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Jamais aucune école ne fit une telle part au talent, et le talent est le tortionnaire de la poésie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Si on devait défendre la poésie aux poètes qui n’ont que du talent, ce serait la défendre à presque tous, car le génie est rarement capable de se soutenir tout seul.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On ne s’évade des règles qu’avec le temps et ce n’est pas toujours le meilleur qui s’en évade le premier.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On peut affirmer qu'[un artiste] ne survivra point par l’anecdote, car on ne lui prête aucun bon mot [...]. Il ne doit compter que sur son œuvre.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] des esprits qui ne voulurent pas se dédoubler, [...] se donnèrent tout entiers à leurs penchants les plus nobles et finirent par ne pas les dissocier de l’exercice même de la vie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il y a l’admiration et il y a l’amour. L’amour pour les poètes survit rarement à la génération des disciples immédiats.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] chez lui la manière d’exprimer les choses ne prévaut pas sur les choses qu’elle exprime.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Par ces sentiments élémentaires, [le poète] échappe aux Grecs, aux Hébreux, aux Assyriens, et entre dans la poésie éternelle.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Joubert passa sa vie à penser, comme d’autres passent leur vie à vivre. [...] Il ne vivait qu’en pensée.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Cette vie est un arbre et les fruits sont les hommes, L’un tombe de soy-mesme et l’autre est abattu.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Le pessimiste] regarde la vie telle qu’elle devrait être, et il note, avec une certaine colère, les différences qu’il remarque entre la réalité et son idéal.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce qui constitue le vrai talent pour un écrivain, c’est d’exprimer de façon rare des pensées communes, ou, mieux encore, de façon commune des pensées rares.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Celui qui a le don du style ne fait à la vie d’autre reproche que d’être trop difficile à peindre ; mais il l’aime précisément à cause de la peine qu’il prend.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Malheureux, les esprits qui ont le mirage de l’absolu ! Ils prennent en dédain tout ce qui n’est que relatif, c’est-à-dire le fond même de la vie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il ne faut pas avoir le mirage de l’absolu ; c’est en effet un grand malheur, [...] une affection qui peut aller jusqu’à corrompre la raison, puisqu’elle affaiblit la sensibilité.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’est pas rare de voir deux anciens amis se traiter mutuellement de canaille, mais il est rare qu’ils n’aient pas raison tous les deux.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il y a des gens capables de gratitude, mais, par malheur, ce n’est presque jamais ceux-là que nous obligeons.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Pour quiconque n’a plus de mère, il est encore un moyen aussi sûr d’être aimé, c’est d’avoir un chien, mais il n’en est pas d’autre.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Pour être aimé, il faut aimer d’abord. Celui-là seul ne rencontre ni l’amitié, ni l’amour, qui n’est capable ni d’amitié ni d’amour.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le sourire appelle le sourire. Pour être heureux, il faut faire d’abord les gestes du bonheur.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On devient ce que l’on croit être, et le meilleur moyen d’être malheureux est de se donner l’illusion du malheur.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il est bien rare que deux esprits ou deux cœurs se touchent sans que l’un au moins des deux éprouve un froissement.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On porte avec aisance sa propre vanité, mais celle d’autrui semble bien lourde.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le romantisme [...] ce ne fut pas seulement un mode de littérature, mais aussi et surtout un mode de sensibilité.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La réalité est indomptable ; on ne la plie pas, il faut se plier à elle. Le rêve au contraire est une matière infiniment subtile et malléable.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est de ce conflit [entre le rêve et la réalité] que naîtra ce qu’on a appelé le malaise romantique, qui va parfois jusqu’au dégoût de la vie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les douleurs [...] se muaient aussitôt en effusions lyriques.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Nous ne sommes plus romantiques, mais le romantisme nous influença beaucoup. Il faut connaître l’origine de nos idées.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les anciens se suicidaient pour éviter un plus grand mal. [...] On ne trouve pas, dans toute l’histoire grecque ou romaine un seul suicide dont la cause soit l’impossibilité de trouver le bonheur.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Cette cause de suicide [l'impossibilité de trouver le bonheur] est, en effet, d’origine moderne.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les hommes [...] se sont fait à eux-mêmes tant de promesses qu’ils ont été impuissants à réaliser ! Ils ont fini par se donner une si fausse notion du bonheur !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il ne faut pas confondre le bonheur que les anciens cherchaient dans l’équilibre [...] et celui que les rêveries philosophiques ont placé dans l’éternel, dans l’infini.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La vie ne réalise pas les rêves, elle ne contient que des choses positives.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le suicide suppose la connaissance de la mort, et aucun animal n’a cette connaissance.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le double tort [...] du romantisme [...] fut l’ignorance et le mépris complet de la réalité et la préoccupation constante, exclusive, du bonheur.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Pourquoi s’obstiner à rester à table quand, au lieu du festin qu’on vous avait promis, on n’a qu’une cuisine ignoble et fade à vous faire lever le cœur ?
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Qu’est-ce que la vie nous donne ? Rien. Qu’est-ce que la mort nous promet ? Tout. Bien des esprits faibles succombèrent à cet affreux paradoxe.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Pourquoi cette idée [de se tuer] quand on est un jeune poète heureux et déjà célèbre, quand on se promène devant un beau paysage ? Voilà le mystère romantique.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’adultère est un acte d’une nature si spéciale qu’il a toujours dépendu du tribunal de l’opinion, en même temps que des tribunaux juridiques.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
À mesure que les liens de famille devenaient moins stricts, [...] l’adultère a vu diminuer son apparence criminelle.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il ne faut point juger des mœurs d’après les lois. Les lois ne témoignent souvent que d’intentions passagères ; elles ne reflètent que l’opinion d’un groupe qui a réussi pour un moment à dominer les volontés générales.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] plus une loi est rude, moins elle est appliquée.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] le christianisme, comme toutes les réformes, [...] ne pouvait vivre que de l’exploitation de la vertu.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le christianisme n’apportait aucunement dans le monde l’indulgence pour les faiblesses charnelles.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’adultère [... est] fort différent dans chacun des deux sexes, à la fois par ses mobiles et par ses conséquences.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] la loi dormait, parce que l’opinion publique ne s’émouvait plus.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] l’infidélité de la femme vient presque toujours de l’incapacité du mari. De là aussi le ridicule des époux trompés, [...] de ceux qui n’ont pas su se faire aimer.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La malignité publique est en cela fort clairvoyante.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] se voit [...] bien nettement le désaccord entre les lois et les mœurs.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
En France, [...] où l’adultère est une des bases de notre littérature, la raison d’être de notre théâtre, [...] s’il n’est plus un crime, est encore un délit.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il ne faut pas confondre les actes immoraux et les délits. Les uns relèvent du Code ; les autres, de la conscience ou de l’opinion.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’infidélité conjugale lèse un des époux ; elle ne lèse pas la société tout entière. Ce sont des affaires privées.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Voir] un acte jadis puni de mort devenir indifférent à la loi. Ce sera un gain pour la liberté, la dignité humaine et la civilisation.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Cette légende, œuvre, en son essence, de l’imagination populaire, était rédigée selon l’esprit d’un pamphlétaire luthérien.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] si le rédacteur n’y vit qu’un sujet d’édification, un poète pouvait bien y voir un formidable drame.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
En ce temps-là, la scène [...] était fréquentée par un public (au rebours de celui d’aujourd’hui) assoiffé de nouveau.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le côté féerie est très utile dans un drame, en corrigeant ce que l’action a fatalement de trop logique et de trop prévu.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Il y a] un amour de la science poussé jusqu’au consentement à l’abandon, pour une connaissance actuelle et bornée, de la future possibilité de la connaissance absolue.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Cette science qu’il lui faut, c’est moins celle des Normes que celle du plaisir ; son idéal ne va pas très haut.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Comme tous les hommes profondément sensuels, il est mélancolique et s’imagine que des plaisirs nouveaux et rares le guériront.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Jadis [...], ces sortes d’inquiets se tournaient volontiers vers la magie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il conclut un réel marché de dupe ; [...] on éprouve plus de pitié que de peur et on plaint le pauvre fol qui n’en eut pas pour son argent.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le « formidable drame » que Marlowe a certainement entrevu, nous n’en retrouvons pas l’impression.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Hormis en littérature anglaise [...], le Faust de Marlowe n’existe plus : Gœthe [...] l’effaça.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[C'est] l’œuvre qui rénova l’art idéaliste, restaura la foi en l’idée, remit à leurs places logiques le Monde, qui est l’apparence, et l’Idée, qui est l’être.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On est toujours curieux de la jeunesse des grands hommes, mais à examiner de près cette période de leur vie, on est aussi presque toujours déçu.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] c’est peut-être précisément la banalité de ces jeunes vies qui fait leur intérêt en nous montrant comment des impressions d’enfance communes à tous [...] sont loin de laisser dans le souvenir des traces également profondes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Si l’éducation était tout, [une telle éducation] eût mieux servi à comprimer qu’à développer une intelligence.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’aima jamais vraiment que dans le passé, que dans le souvenir et ne sut jamais, dans sa perpétuelle mobilité, se donner au sentiment présent.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il se détachait du désir réalisé dont il n’éprouva bientôt que lassitude, pour tendre indéfiniment les bras au chimérique bonheur futur.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il est curieux que l’éducation religieuse ait laissé une empreinte aussi forte dans un esprit aussi versatile.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Une certaine] mobilité d’impressions [...] tient à la nature même et non à des causes extérieures.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Son] caractère est ainsi fait qu’il est sous la dépendance absolue des événements.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Deux [...] lettres écrites la même semaine [...] expriment des vues sur la vie absolument contradictoires, peut-être parce qu’il s’ennuyait le matin et qu’il s’amusait l’après-midi.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Certains sont] poètes [...] en vers, en prose, dans la conduite de la vie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Je crois bien qu’[un tel poète] n’a jamais su, littérairement, ce qu’il faisait.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] n’y a-t-il pas dans ces illusions quelque chose de touchant, par leur ingénuité même, [...] par ce caractère écolier qu’elles laissent deviner chez le grand poète qui ne saurait admettre que ses jeux soient plus importants que ses travaux.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Leur âme était un chaos comme la société nouvelle.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Rare et belle amitié où les deux hommes se respectaient assez, en s’aimant, pour ne pas, comme il arrive trop souvent, se catéchiser l’un l’autre.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La réalité est bien supérieure [au roman] dans sa vérité humaine si tragique et si émouvante.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’y a que les fées [...] qui puissent conter d’aussi charmantes histoires que la Belle au bois dormant [...] ou encore La Belle et la Bête, cette merveille.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Depuis que les hommes font de la littérature [...], ils ont perdu la faculté d’imaginer ces jolies choses qui s’appellent des contes de fées.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On ne comprend bien l’histoire que lorsque l’on est arrivé au dernier feuillet. Mais à ce moment, tout devient limpide et l’esprit est satisfait.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On attend sans aucune angoisse le dénouement heureux. Il est prévu, et d’ailleurs la promenade est si charmante qu’on s’y attarde volontiers.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Aucun des « grands critiques » académiques n’en a parlé ; cela est trop délicat pour eux.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le conte de fées [...] a produit autant de chefs-d’œuvre que le théâtre et le roman.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ou la science, ou la poésie : il n’y a pas de milieu.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Quand on écrira une véritable histoire de la littérature française, un ouvrage sérieux où l’exactitude ne sera pas sacrifiée aux considérations morales et pédagogiques...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Si on ne les lit plus guère, leurs titres, du moins, sont entrés dans la langue où ils ont la valeur de véritables locutions.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est le défaut de [l'auteur] qu’il n’est nullement dupe de ses histoires : il les raconte avec grâce, [...] mais de temps en temps il s’arrête pour sourire de lui-même.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’était une femme de talent qui a eu son heure de génie : il ne faut considérer en elle que le génie et lui vouer une profonde admiration.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
En affirmant que [ce conte] est un chef-d’œuvre, je ne laisse pas les souvenirs d’enfance influencer mon jugement littéraire.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[La Bête] est figurée par une sorte d’ours blanc piqueté de points noirs. Cette naïveté est bien plus intelligente que l’imagination des dessinateurs modernes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Sous sa forme [d'animal], [le personnage] présente [...] peu d’attraits pour une jeune fille, mais, et c’est [...] ce qu’il faut, elle n’inspire ni le dégoût ni la terreur.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Peut-être [...] remettra-t-on à la mode les contes de fées ? Alors, quelque curieux essaierait d’en débrouiller l’histoire littéraire ; cela serait très utile.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Il] passe, en souriant de nos travers, sans voir nos vices, nos sottises, sans s’arrêter à nos méchancetés.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le chauvinisme est une plante qui atteint [...] des proportions tropicales.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un des grands avantages [d'une personne], c’est la douceur et la variété du sourire. [...] elle manie son sourire en si grande perfection qu’elle est arrivée à l’adapter soit au degré de sentiment qu’elle doit exprimer, soit à la dignité de la personne.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Voilà comment on juge un pays d’après le personnel de ses tables d’hôte.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est ainsi qu’il faut aimer sa langue, dans la phrase les mots, dans les mots les syllabes, dans les syllabes les lettres.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La constitution des Etats-Unis et les habitudes générales sont foncièrement démocratiques ; la littérature y est plus aristocratique qu’en Angleterre même.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La nature, ayant inventé et manufacturé les auteurs, s’aperçut qu’il lui restait quelques déchets ; elle en fit les critiques.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Rien n’est si commun que de prendre une aptitude banale pour un don particulier et un signe non équivoque de vocation.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La vie leur offre une place sur un banc, une chaîne aux pieds et la rame à tirer nuit et jour.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On commence à comprendre qu’il n’y a pas moyen d’étudier n’importe quelle religion séparément. Il faut faire de la théologie comparée, comme on fait de l’anatomie comparée.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Beaucoup d’idées croissent mieux une fois transplantées dans une autre intelligence que celle où elles ont poussé.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La liberté est souvent un lourd fardeau pour un homme. Elle implique la nécessité d’un choix perpétuel, ce qui constitue le genre de travail qui répugne le plus aux créatures humaines.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
En politique, l’organisation des partis n’est que le moyen de nous décharger du soin de penser.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’art de détruire est à la portée des esprits les plus bornés. Rien n’empêche un grossier butor de prendre un marteau et de faire sauter le nez à toutes les statues [...], après quoi il pourra ricaner de plaisir devant son œuvre.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il ne faut point mettre un ridicule là où il n’y en a point. C’est se gâter le goût, c’est corrompre son jugement et celui des autres.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il s’agit d’une manière de sentir et non d’une manière de comprendre.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Sa] critique est nulle ; tout ce qui est édifiant lui semble exact.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Cet état d’esprit tient moins au moment qu’au milieu.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un récit miraculeux n’est jamais ni authentique, ni apocryphe. [...] il a une valeur psychologique [...] et jamais aucune valeur historique.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le miracle n’est jamais raisonnable ; plus il est absurde, plus il est caractéristique.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On voudrait, non pas un livre de piété, mais un livre de contes, et qui prendrait place, au premier rang, parmi les recueils de contes populaires.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il faudrait arracher ces belles histoires à la piété maladroite [...] et les venger du dédain stupide que professent pour toute légende, toute poésie [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Cette littérature chrétienne contient tant de paganisme ingénu !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est [...] une curieuse contradiction [...] que les livres de piété, comme les livres de poésie, se font plus nombreux à mesure que le monde se désintéresse et de la piété et de la poésie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est probablement qu’il demeure, invaincue et même grandissante, une élite sentimentale.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[La] version est plus nette, plus moderne. [...] J’aimerais peut-être qu’il écrivît moins bien, en tout cas pas mieux que [l'auteur original].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] ce latin ecclésiastique et familier, à syntaxe analytique, est des plus agréables à lire.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Notre époque est rétrospective. [...] Pourquoi ne profiterions-nous pas, nous aussi, d'une relation originale avec l'univers ?
1836
Source: Nature (Emerson)
Le soleil brille aujourd'hui aussi. [...] Exigeons nos propres œuvres, nos lois et notre travail.
1836
Source: Nature (Emerson)
La condition de chaque homme est une solution en hyéroglyphes aux questions qu'il se pose.
1836
Source: Nature (Emerson)
Pour un jugement sain, la vérité la plus abstraite est la plus pratique.
1836
Source: Nature (Emerson)
Pour entrer dans la solitude, un homme doit se retirer autant de sa chambre que de la société.
1836
Source: Nature (Emerson)
Si les étoiles apparaissaient une nuit dans mille ans, comment les hommes croiraient et adoreraient [...].
1836
Source: Nature (Emerson)
Peu de personnes adultes peuvent voir la nature. [...] Le soleil n'éclaire que l'œil de l'homme, mais il brille dans l'œil et le cœur de l'enfant.
1836
Source: Nature (Emerson)
En présence de la nature, un plaisir sauvage parcourt l'homme, malgré les peines réelles.
1836
Source: Nature (Emerson)
Dans les bois, on revient à la raison et à la foi.
1836
Source: Nature (Emerson)
Debout sur le sol nu, [...] tout égoïsme mesquin disparaît. Je deviens un globe oculaire transparent ; je ne suis rien ; je vois tout.
1836
Source: Nature (Emerson)
La nature porte toujours les couleurs de l'esprit.
1836
Source: Nature (Emerson)
L’œil est le meilleur des artistes.
1836
Source: Nature (Emerson)
La marque invariable de la sagesse est de voir le miraculeux dans le commun.
1836
Source: Nature (Emerson)
Une action est la perfection et la publication de la pensée.
1836
Source: Nature (Emerson)
Construis donc ton propre monde.
1836
Source: Nature (Emerson)
L'exercice de la pensée est devenu trop facile.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Toutes les intelligences originales sont ainsi faites ; elles sont l’expression, la floraison d’une physiologie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
À force de vivre, on acquiert la faculté de dissocier son intelligence de sa sensibilité [...], par l’acquisition d’une faculté nouvelle, indispensable quoique dangereuse, le scepticisme.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Pour se libérer de son jeune sentimentalisme [...], il employait l’ironie ; mais le sentimentalisme résistait et il ne put jamais le vaincre.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les hommes qui ont passé l’âge où le sentiment s’exprime avec une telle ingénuité regrettent de n’être plus capables d’une telle candeur.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’amour, du premier coup, a vaincu l’ironie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Au fond la femme est un être usuel.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les femmes, ces êtres médiocres et magiques.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La vie a beau être réaliste et train-train, l’argument irrésistible [...] pour vaincre une femme, c’est la menace du suicide.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La jeune fille [...] est [...] un être presque surnaturel ; on la voit [...] dans une atmosphère céleste qui l’isole du monde vulgaire.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[L'ironiste] est peut-être dupe, au fond, mais il ne veut pas le paraître, même à lui-même.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Avec l’impudeur des écrivains qui font de l’écriture avec tout ce qu’il y a de plus intime dans leur vie...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La lutte perpétuelle qui se livre [en l'artiste] entre l’intelligence et la sensibilité [...] peut donner les plus belles œuvres, les plus vivantes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[L'œuvre inachevée], ce sont les assises d’un palais à peine sorti des fondations, mais assez visible déjà pour témoigner du génie de l’architecte.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Personne ne représente cette extraordinaire ironie sentimentale.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Saint-Amant a tous les dons d’un grand poète, et pourtant il serait peut-être excessif de l’appeler ainsi.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le goût varie avec les milieux, avec les générations, et nous ne pouvons [...] reprocher à [un artiste] de choquer parfois certaines délicatesses décadentes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il a aimé la mer, ce qui semble, au dix-septième siècle français, un paradoxe.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[L'artiste] saisit fort bien le trait dominant d’un paysage, d’un climat [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[C'est] une chose admirable [...] qu’une même personne ait pu [...] réussir également en deux façons d’écrire qui sont d’une nature si différente.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Qui chanta si fort le los de la vigne ne fut peut-être qu’un médiocre buveur [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] la poésie va devenir raisonnable, ce qui est sa manière de perdre toute raison d’être.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les grandes œuvres sont le piège des poètes qui ne sont pas des génies de premier ordre.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un poème ne doit pas être si long qu’on ne le puisse lire en une séance.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[L'artiste] est tout extérieur, artiste bien plus que poète sensible.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Quand on est entré dans la voie des comparaisons littéraires, on irait loin, si le bon sens ou le goût ne vous arrêtaient.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La force est ce qui domine en lui. Son vers est robuste.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le règne va commencer de ceux qui furent des psychologues plus que des artistes et des moralistes plus que des poètes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Les nouveaux venus] se crurent de force à rejeter dans l’ombre toute la littérature qui les précédait.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Alors que l’imitation des anciens allait devenir la grande règle littéraire, Saint-Amant avouait bonnement qu’il ne savait que peu de latin et moins encore de grec [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Tantôt il avait du talent et tantôt il n’en avait pas.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Sa sensibilité était désordonnée et ses idées étaient menues.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il aimait la nature avec fougue et quelquefois cette exaltation se traduisait en beaux accents.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les années [...] lui laissaient sur la tête moins de lauriers que de poils blancs.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Il] tenait ces propos que pour attirer sur lui l’attention du peuple. Mais le peuple était distrait par d’autres discours, d’autres spectacles...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La solitude d’abord l’enchanta et lui rendit l’âme plus poétique que jamais.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Tout lui échappait à la fois, la gloire et l’amour.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Son génie, obscurci par le chagrin, reprenait, lui semblait-il, des couleurs nouvelles.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les moments d’exaltation devinrent, par la suite, de plus en plus brefs.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Certains] sont aux aguets de toutes les forces sociales, grandes ou petites, qu’ils espèrent pouvoir détourner à leur profit.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il paraît qu’en devenant une ordure je devenais une valeur.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Pour être lucrative, ma conversion n’en est pas moins sincère.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les dieux sont riches et il est tout naturel qu’ils enrichissent leurs amis.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Sans la protection des dieux, il serait fort oublié.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La conversion, il n’y a plus que cela qui donne de la renommée.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Appartenir à tous, devenir le pain quotidien de tous, n’est-ce point le rêve de tous les écrivains dignes de ce nom ?
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les morts, après tout, sont bien là où la destinée les a couchés, et leur gloire ou notre orgueil ne valent peut-être pas qu’on trouble leur sommeil éternel.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce qui reste d’un mort, quel qu’il soit, c’est l’idée que nous en avons, c’est un souvenir plus ou moins vivant dans nos esprits.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Aucune découverte ne s’est faite toute seule ; à la source de toutes les manifestations de notre activité, il y a un génie qui médite et dont les méditations furent souvent douloureuses.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il ne faut point juger des mœurs d’après les lois. Les lois ne témoignent souvent que d’intentions passagères ; elles ne reflètent souvent que l’opinion d’un groupe qui a réussi pour un moment à dominer les volontés générales.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] plus une loi est rude, moins elle est appliquée.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les mots, vêtements de nos idées, s’usent comme les habits, vêtements de nos corps [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Maintenir aux mots leur sens, ne céder à la force des choses qu’à la dernière extrémité, tel doit être le rôle de ceux qui écrivent.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le possible n’est accessible qu’à travers l’impossible et que pour réaliser une chaumière [...], il faut peut-être rêver du vaste domaine [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est une excellente condition d’avoir désiré tout pour se contenter de presque rien.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il faut [...] savoir vivre dans le présent, dans la minute même. Ne pas craindre l’avenir, mais ne pas lui accorder non plus une excessive confiance, car son existence même est incertaine.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les hommes sont drôles : quand on ne vient pas assez vite leur voler leur liberté, ils se la volent eux-mêmes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce qui a paru hardi est, vingt ans après, devenu anodin.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On ne respectera jamais trop le génie, l’intelligence et les hautes manifestations de la sensibilité humaine.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il ne faut pas confondre les actes immoraux et les délits. Les uns relèvent du Code ; les autres, de la conscience ou de l’opinion.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’intelligence est désintéressée. Elle trouve son but dans la manifestation même de son activité ; ce n’est que par surcroît et comme par accident qu’elle devient pratique.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le génie s’accompagne presque toujours d’une forte propension au jeu ; les grands hommes, en leurs moments de détente, se conduisent volontiers comme des enfants [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est le privilège des grandes intelligences qu’elles gardent toujours la faculté du sourire et parfois du rire. L’enfant ne s’est pas aboli entièrement dans l’homme mûr ; il s’y dissimule [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Demeurer stationnaire, quand il s’agit de l’intelligence, c’est décroître, car, à mesure que s’accumulent les années, le monde extérieur projette sur elles une ombre de plus en plus épaisse.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
En général, l’homme de génie [...] est celui qui réussit à maintenir constant son niveau intellectuel, étant donné que ce niveau est naturellement très élevé.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La critique est peut-être le plus subjectif de tous les genres littéraires ; c’est une confession perpétuelle ; en croyant analyser les œuvres d’autrui, c’est soi-même que l’on dévoile.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Une pensée fausse n’est jamais bien écrite, ni mal écrite une pensée juste. Il y a là quelque chose d’inséparable.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est une croyance des professeurs de littérature qu’il y a, en art, le fond et la forme [...]. Contenu et contenant sont inséparables ; ils naissent ensemble et grandissent ensemble [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Avouer que l’on ne peut affirmer est une attitude plus loyale que d’affirmer sans preuves. Or, quand on affirme, quand on proclame la Vérité, c’est toujours sans preuves.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce que la vie refuse, ce qu’elle reprend, on le demande à la mort.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Toute vérité n’est pas bonne à subir. Nous sommes les enfants du passé. C’est vrai, mais il vaut peut-être mieux l’oublier que de s’en souvenir trop.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce qui caractérise l’homme, c’est précisément cette faculté de modifier, en le répétant à l’infini, le geste héréditaire.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Douter de soi : accident terrible, mais qui n’arrive qu’aux âmes supérieures, à celles qui [...] cherchent, avec une obstination candide, la triste et introuvable vérité.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le bonheur, chance ou veine n’ont pas, en littérature, un rapport très exact avec le talent, et encore moins avec le génie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La femme, même dans l’extrême civilisation, est toujours beaucoup plus naturelle que l’homme, beaucoup plus près de la vie, plus physique, en un mot.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Une vue de la littérature, isolée de l’histoire des nations, [...] créerait un prodigieux mensonge.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il y a toujours chez une nation, au moment des catastrophes et des plus grands événements, un prêtre qui prie, un poète qui chante.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Même au moment des plus tumultueuses catastrophes politiques, il y a encore des retraites [...] où l’on peut vivre en paix, prier, rêver, faire des vers.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Jusqu’à trente ans, le Français est poète ; au delà, il devient homme d’État et aspire à gouverner son pays.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
« Mon nom mourra sans gloire », c’est-à-dire : je voudrais que mon nom vive dans la gloire, mais j’ai trop d’orgueil pour laisser soupçonner mon désir aux hommes que je méprise.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Que chaque jour de ma vie, heureux jusqu’à son déclin, soit une rose cueillie qui s’effeuille dans ma main.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Tout passe, et tout s’éteint ; les siècles écoulés dans un gouffre éternel vont se perdre sans cesse sur les siècles accumulés.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La Rose nous peint la beauté, mais le talent est l’immortelle.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La Révolution ne semble pas avoir suscité d’émotions chez des hommes capables de les transposer en poésie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La mort de quelques hommes de plus ou de moins ne change ni la couleur des fleurs ni celle des yeux.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il est un saule pour le sage, il est un saule pour l’amant. Le premier convient à mon âge ; mais, hélas ! que l’autre est charmant.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Je voudrais trouver un réduit fait pour l’amour et pour l’étude. [...] petite alcove où la lumière ne s’introduise qu’à moitié, de peur d’éblouir le mystère.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Avec la liberté des mœurs, enfin reconquise, la vie reprend son cours normal ; la poésie est possible. Si elle ne fleurit pas, c’est désormais sans excuse.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Mieux que les livres, l’Almanach des Muses est un bon miroir de la poésie de cette époque. Elle est précieuse, cette petite collection, bosquet chétif, mais vert, de palmiers dans les sables.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Sans les poursuites judiciaires, [une œuvre] eût peut-être attendu bien des années avant d’atteindre à cette célébrité européenne où elle monta tout à coup.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La postérité, qui tient peu compte des fonctions, ne retiendra que le tortionnaire de la littérature.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Il] obéissait au régime qui poursuivait toute indépendance d’esprit, toute littérature où [...] l’on relevait la moindre apparence d’insoumission.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Le censeur] eut la loyauté de reconnaître que le livre était plein de talent. Il est vrai qu’il ajoutait : il n’en est que plus dangereux.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On accusait [l'œuvre] de calomnier la France et de l’avilir aux yeux de l’étranger, rengaîne que nos moralistes reprennent [...] à propos de toute œuvre un peu hardie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La bêtise étant ce qui se renouvelle le moins.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Le critique] n’a rien compris, rien, au personnage. Il reproche sans cesse à l’auteur de ne pas avoir fait une épouse modèle, une impeccable mère de famille.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce magistrat [...] n’admet pas un instant qu’on ait le droit de raconter [de banales histoires].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il trouve dans ce récit, où la personnalité de l’auteur disparaît pourtant si complètement, une « glorification de l’adultère ».
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
En n’usant presque d’aucun lieu commun, d’aucun cliché, [...] en choisissant un à un ses mots, [l'auteur] avait donné à la moindre de ses descriptions une valeur de nouveauté.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est la merveille de ce livre que rien n’y est nouveau, et que tout y est renouvelé.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ils se révoltaient contre l’écrivain qui, en peignant la vie avec exactitude et avec art, semblait la mettre à nu.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La vérité est que tout roman bien écrit, c’est-à-dire d’un style original, paraît toujours immoral.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un pareil système appliqué aux œuvres de l’esprit [...] conduirait à un réalisme qui serait la négation du beau et du bon.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Voilà à quoi servent les [censeurs]. Ils servent à quelque chose.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Faites comme tout le monde.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La noblesse inattendue d’une telle parole nous impressionna vivement[...]
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’amour du style simple, de l’ironie douce, du sous-entendu mi-tendre, mi-polisson[...]
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L'art des hypothèses romanesques, des déductions fantaisistes ou précipitées[...]
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Il y a des] habitudes d’esprit en désaccord avec ce que [les maîtres] attendent d’un disciple.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Sois raisonnable, écris d’abord ce que l’on t’a demandé, — et je te rendrai ton joujou.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Pauvre grand homme ! Le voilà [...] au pays des Ombres !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il a quitté les joies de sa vie, après en avoir compris le néant[...]
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
...après avoir senti l’universelle vanité de tout, de la gloire et des banquets, de l’amitié et de l’interview, de la bonté et de la philologie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Au seuil de son éternité, quelque part dans les espaces, il a fait connaissance [...]
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Cependant, je le crains, — l’entrevue a dû être orageuse.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[On] comprit que l’entretien était terminé, et il prit congé, avec un sourire entendu, [...] en promettant le secret le plus absolu.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La femme parfaite est un type plus élevé de l’humanité que l’homme parfait : c’est aussi quelque chose de plus rare.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’homme a un rôle immense dans la vie de la femme, mais il est passager ; tandis que le rôle naturel de la femme est durable.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’homme ne représente que lui-même ; la femme représente toute la postérité.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La société est bâtie sur la femme ; elle en est la pierre angulaire.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[La femme] déchoit chaque fois qu’elle abandonne son métier de femme pour imiter les hommes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Pour la femme, la perfection est unique : elle est parfaite, quand elle est femme profondément [...] et qu’elle remplit avec joie tous ses devoirs de femme.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La femme, même dans l’extrême civilisation, est toujours beaucoup plus naturelle que l’homme, beaucoup plus près de la vie, plus physique, en un mot.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Parler de la femme comme d’une abstraction est absurde. L’homme, non plus, n’est pas une abstraction ; mais il peut vivre dans l’abstraction, et cela est impossible à la femme.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les femmes [...] sont rarement éprises des choses, plus souvent des personnes…
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un système de philosophie n’est que l’expression d’une physiologie particulière.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les femmes sont plus franches et plus naturelles, voilà tout. [...] Elles ne sont fourbes que lorsque l’homme les contraint à se défendre contre lui.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il y a beaucoup d’hommes trompés ; il y a encore plus de femmes. Elles le savent et, moins bêtes que les hommes, se fâchent moins souvent qu’eux.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les jeunes filles inexpérimentées se flattent de l’idée qu’il est en leur pouvoir de faire le bonheur d’un homme ; plus tard, elles apprennent que cela équivaut à le déprécier.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Tous les gens mariés sont suspects.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce qui est suspect, à la vérité, c’est l’opinion sur les femmes et sur l’amour d’un homme, fût-il un grand philosophe, qui ignore et l’amour et les femmes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Quand un homme, passé la cinquantaine, essaye de démêler les idées de son enfance d’avec ses idées présentes, il n’y réussit pas très bien [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Nous ne saurons jamais rien sur la vie psychique des enfants [...], parce que nous ne pouvons rien comprendre que par analogie, et qu’il n’y en a aucune entre un homme et un enfant.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[L'homme et l'enfant] vivent dans des mondes tellement différents que l’on ne peut avoir connaissance de l’autre que par une intuition très rare.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les écrits sur l’enfant n’ont bien souvent vu dans ce petit être que l’homme en réduction, au lieu du jeune animal [...] qui possède toutes les puissances humaines, mais seulement à l’état virtuel.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La jalousie n’est nullement un indice d’amour [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La jalousie naît du sentiment de la propriété et d’une crainte de perdre cette propriété qui est un bienfait effectif.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On ne s’habitue jamais à la jalousie ; on la supporte, on n’en guérit jamais, tant que la cause subsiste.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un enfant a toujours à se plaindre de ceux qui contrarient sans choix ses volontés.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il faut qu’un homme sur le retour s’éprenne d’une femme ou d’une terre et on ne sait lequel de ces deux goûts a les conséquences les plus fâcheuses.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La même nouvelle exalte rarement dans le même sens un geôlier et un prisonnier, une victime et un bourreau.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce qui s’est opposé une fois à notre volonté ne peut être que haïssable.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Comme il arrive souvent, on sépare fort bien l’idée religieuse, l’art religieux, les cérémonies religieuses de l’idée détestée du clergé.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il y a tant de couches successives dans la psychologie d’un homme [...] qu’il peut bien localiser un fait mais non localiser un sentiment.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un sentiment pénètre à travers les assises successives de l’homme, et il est souvent impossible de remonter à son origine vraie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce livre est la plus extraordinaire enquête qu’un homme ait jamais tentée sur son passé avec les seules ressources du souvenir, et peut-être la plus sincère qui ait été faite.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce qui rend suspectes au public les études littéraires sur le moyen âge, c’est surtout l’appareil d’érudition dont on se plaît à les entourer.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Des spécialistes écrivent pour des spécialistes et ne quittent guère le ton de la science.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
la matière littéraire appartient à quiconque se croit assez doué de goût et de sentiment pour en juger la forme et en apprécier la beauté...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Discourir sur ce que l’on sait trop bien, quel ennui ! Tandis que débrouiller ses idées à mesure qu’on les expose donne au moins les joies de la trouvaille...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les femmes, certaines femmes du moins, aiment avec leur imagination bien plus qu’avec leurs sens...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Plus l’amour se distingue de la fonction et plus il comporte de noblesse.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un sentiment ne se détruit pas avec des raisonnements...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Aimée et chantée par lui, elle vivra, peut-être éternelle, dans la mémoire et dans l’amour des hommes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Selon la nature, ils sont séparés, selon la civilisation et selon la poésie, ils sont unis.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un bien d’amour donné et reçu secrètement en vaut cent, et un jour bien employé vaut un an...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
J’à couards n’ara belle amie. (Jamais couard (timide, timoré) ne réussira en amour.)
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce que tu aimes en moi, c’est l’odeur de mes livres !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est le point mort du roman, c’est-à-dire son point le plus haut, son moment d’immobilité, entre ciel et terre, l’instant où les amants sont comme suspendus dans l’espace...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce qu’il y a toujours de moins bon et de moins intéressant dans les romans, comme dans la vie, [...] c’est la conclusion.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La vie fournit rarement à un homme de génie un roman aussi harmonieusement construit.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les diverses formes de l’art ont leur destinée. Il est rare qu’elles fleurissent toutes au même moment dans le même milieu.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le génie naît quand il veut, c’est-à-dire sans que l’on puisse établir une relation quelconque entre son apparition et l’état présent de la civilisation.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Si la mode est à la peinture, la sculpture la plus miraculeuse ne sera pas admirée comme elle le serait, si la sculpture répondait au goût dominant.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] ce qui détermine [...] le développement d’un grand génie [...], c’est peut-être moins la force incluse dans son génie même que l’influence qu’exercent sur lui des milliers de sensibilités qui attendent de son œuvre le frisson esthétique.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le plus fort de ces trois facteurs, c’est le moment ; on peut se soustraire au milieu [...] l’heure est toujours la maîtresse.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On ne sort du banal que pour entrer dans le baroque, de l’imitation que pour s’engager dans l’absurde. On fait du grandiose ou du joli [...] mais sans jamais atteindre la beauté.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Pourquoi ? C’est que notre sensibilité n’est plus touchée par l’architecture. Cela nous intéresse encore ; cela ne nous émeut plus.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le sens de l’architecture nous manque et son sentiment. D’autres sens et d’autres sentiments se sont développés en nous, étouffant celui-là.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On pourrait croire [...] que le sentiment architectural est lié au sentiment religieux. Ce n’est vrai qu’en partie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Si leurs cathédrales sont magnifiques, c’est qu’ils ne pouvaient les faire différentes. Ce qu’ils construisaient pour se loger eux-mêmes n’était pas moins beau que ce qu’ils édifiaient à la gloire de Dieu.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Voilà le point capital de l’explication [...] : on ignorait la nature. Incapables de jouir de la terre [...], ils étaient obligés, pour exciter leur sensibilité, de se créer un monde factice, d’ériger des forêts de pierres.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Repoussé par l’hostilité de la nature, l’homme se construisit donc des paysages factices.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] les belles cathédrales ont été élevées par un peuple chantant et dansant, heureux de satisfaire sa sensibilité, ivre de l’œuvre qui la contentait si pleinement.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La nature a remplacé l’art.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Nous n’avons plus d’architecture créée parce que nous avons découvert l’architecture naturelle.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
En vingt ans, le monde des hommes s’est renouvelé [...]. Quand on regarde autour de soi, un jour de recueillement, on ne retrouve presque plus rien de ce qui charmait et de ce qui orientait notre jeunesse.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Le poète symboliste] ne laisse voir que la seconde image [de la comparaison], celle qui a servi à éclairer et à poétiser la première.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il semble que toutes les choses de la vie ayant été dites mille et mille fois, il ne reste plus au poète qu’à les montrer du doigt en murmurant quelques mots pour accompagner son geste.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[L'obscurité d'un style] ne semble pas avoir d’autre mystère ; [l'artiste] y a été mené par un excès de délicatesse, un excès d’art.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il est bon, peut-être, d’avoir ressenti l’orgueil de l’obscurité spontanée du style, pour jouir pleinement des joies d’une clarté tempérée.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le génie de l’écriture est peut-être de [...] connaître la proportion [entre le connu et l'inconnu] et de ne pas savoir qu’on la connaît.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ainsi se noue, de génération en génération, la tradition de la pensée [...], et ceux même qui s’en croient en dehors ne sont en réalité qu’un des chaînons de la chaîne éternelle.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il est bien inutile aujourd’hui d’amasser contre [un grand artiste] le tas des critiques raisonnables. Il est encastré dans les admirations qui se sont élevées autour de lui à la hauteur d’une montagne.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les hommes [...] sont simplificateurs. Un écrivain, pour qu’on en retienne le nom, ne doit avoir qu’une qualité.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce n’est pas tant le désir du mieux qui détermine [les révolutions] que le besoin du nouveau.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
J’admets que [certaine] poésie n’est pas pour la foule, mais laquelle l’est, sauf quelque [...] chanson de mélancolie ou de sourire faciles ?
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Que peut-il, hélas, rester d’un poète, après que la couleur de sa sensibilité n’est plus à la mode ? Quelques vers détachés, souvent et pas plus.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est étonnant, la divine musique que peuvent faire douze syllabes françaises !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La science complète des revues est difficile, et [...] c’est pourtant la seule source authentique, depuis un siècle, de notre histoire littéraire.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Cette œuvre d’érudition est une œuvre de goût, aussi de bonne littérature : elle mérite de rester.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Des savants et des poètes [...] entreprirent de faire pénétrer dans la littérature générale les légendes particulières d'une race.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’origine réelle d'une légende [...] remonte sans doute aux temps obscurs d’une civilisation autonome.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Tristan boit par erreur un philtre [...] qui doit l’attacher éternellement à la femme qu’il a choisie. De là les fatales amours.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le tragique de la scène est ici : Tristan se présente méconnaissable devant la reine.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il doute d’Iseut, se croit abandonné, trahi. Il veut qu’elle le reconnaisse à des signes moins matériels, au seul rappel de leurs amours passées, au son de son âme plutôt qu’au son de sa voix.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’épreuve ne réussit pas : il se désole, s’indigne, oppose à son amie oublieuse la fidélité de son chien.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Moi, je vous ai connu aussi vite que lui peut-être, mais je n’ai pas voulu en croire mon instinct. Nous sommes épiés, enveloppés de ruses. Je me gardais et je vous gardais.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ni les rappels de la vie passée ne me prouvaient rien : quelqu’un pouvait avoir surpris nos secrets.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ni le son de votre voix : un enchanteur pouvait la contrefaire.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
N’avais-je pas juré que, le jour où je le verrais, je ferais aussitôt tout ce que vous me manderiez, que ce fût sagesse ou folie ?
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[La version de l'histoire] qui satisfait l'esprit est celle où Iseut n’est pas humiliée, ni Tristan suspect d’avoir joué son amie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Tel est, à mon sens, la forme première de l’épisode, bien qu’aucun texte ne la conserve ; seule elle satisfait l’esprit.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
N’importe, nous avons désormais un Tristan et Iseut.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La littérature s’est enrichie d’un beau roman à la fois ancien et nouveau.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Rivarol est l’Hercule de la plaisanterie et s’il daigne vous répondre, il peut dissoudre d’un mot les restes de votre existence.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
J’appelle un chat un chat et Coquillard un sot.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’esprit de Rivarol est d’une telle qualité d’eau qu’on distingue très vite, même inexpert, ses diamants d’entre les petits cailloux où il les mêle.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’impertinence n’est pas l’ironie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les femmes ont bien plus de souplesse que de faiblesse dans le caractère, et, à la constance près, on peut tout attendre d’elles.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Dès qu’une femme plaît, elle est partout à sa place.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Pourquoi ne pas laisser croire à une femme qu’on l’admire quand on ne fait que la désirer ?
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
En elles [les femmes], tout est instinct, et, par conséquent, rien n’est coupable.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On ne trouvera qu’agréments dans les femmes quand on ne cherchera que des femmes en elles.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] ce qu’elles [les femmes] entendent le moins est presque toujours ce qui les flatte le plus.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Enfin, si nous voulons les rendre heureuses sans nous rendre ridicules, faisons tout pour elles et rien par elles.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’idée que l’amour doit être une école de vertu semble bouffonne [...], et c’est le bouffon qui verse la sagesse.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Tout n’est que contradiction, et les hommes sont tellement divers qu’on ne peut les connaître que un par un. La science de l’homme est chimérique [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Vint la Révolution. Ses premières années furent spirituelles et, comme l’esprit est une arme de défense, [...] c’est presque exclusivement le camp contre-révolutionnaire qui eut de l’esprit.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il faut [...] de si fortes raisons pour vivre, qu’il n’en faut pas pour mourir.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’histoire de la littérature [...] n’a presque jamais été considérée qu’au point de vue de la morale et de l’éducation.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Jamais [certains] ne consentiront à dissocier dans un grand écrivain le génie littéraire et la valeur morale, la valeur de soumission à la coutume.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On cherche toujours [chez un grand écrivain] l’accord d’un beau talent et d’un beau caractère.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On imite une manière, on n’imite pas une nature.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il faut s’élever au-dessus des règles qui ont toujours quelque chose de sombre et de mort.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’est [...] de liens que les liens volontaires.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La liberté d’écrire avec, pour seul guide, la loi qu’on se pose à soi-même [...] la liberté de vivre, sans autre norme que le sentiment de sa propre conduite.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Il y a des] égoïstes sensibles, [...] qui souffrent du malheur de ceux qui les aiment, parce que cela trouble leur propre quiétude.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Nulle vocation particulière que pour la beauté, et la grâce plus belle encore que la beauté.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On y voit le reflet du feu intérieur et les sombres attraits d’un cœur mélancolique.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[On prétend que] le moi est haïssable, [mais] il n’y a que le moi d’intéressant, parce qu’il n’y a que le moi de vivant.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il prend la vie comme elle est, et la peint telle qu’il la voit. Mais comme on sent que ça lui est indifférent !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est une idée bien singulière de vouloir faire [d'un artiste] un moraliste. Il ne perçoit le bien et le mal que dans leurs rapports avec lui-même.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[L'artiste] est d’une inconscience magnifique. Il est la nature même.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Machiavel fut le moins machiavélique des hommes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’y a pas de machiavélisme sans hypocrisie, et Machiavel fut le moins hypocrite des hommes, comme il fut peut-être le plus maladroit.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] lorsqu’on a lu Hérodote, on a tout lu et que rien ne peut plus vous étonner.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Quelque chose change cependant, c’est notre manière de voir et de comprendre les choses, car il y a une mode pour la sensibilité et pour l’intelligence [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce qu’admira une génération ou une époque, la génération ou l’époque suivante ne manque pas de le mépriser [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] la gloire d’aujourd’hui est l’ignominie de demain et réciproquement, mais que ce qui fut glorieux un jour peut très bien le redevenir [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Heureux cependant qui aurait des principes assurés, des principes que l’on se transmettrait, comme jadis les meubles de la maison.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce qui charma une aristocratie tombe aux plaisirs du peuple, et c’est parmi les plaisirs du peuple que parfois l’aristocratie vient chercher les siens.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’expérience [...] montre qu’il n’est arrivé de faire de grandes choses qu’aux princes qui ont fait peu de cas de leur parole et qui ont su tromper les autres [...].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Machiavel ne méconnaît pas la morale, mais il met la vérité au-dessus de la morale.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
D’ailleurs il ne dit pas qu’il est bien de ne pas tenir sa parole, il dit que cela est utile, que cela est profitable.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] dans la pratique, les nations ne se comportent pas entre elles comme les particuliers honnêtes se comportent entre eux.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Machiavel n’est pas un théoricien, c’est un observateur.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Notre religion n’a glorifié que les hommes humbles et contemplatifs, non les hommes d’action.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’ensemble des hommes, pour aller en Paradis, songe plus à souffrir les coups qu’à s’en venger.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il aime la poésie, mais d’abord la méthode.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] le travers ancien de donner une interprétation, voire une sorte de traduction offensante, de poèmes contemporains...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il y a quelque effroi à regarder le mécanisme de ce cerveau qui s’impose [...] de telles tortures pour n’éveiller rien que d’innocentes images.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce désordre, qui n’est peut-être qu’un ordre trop personnel...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
De bonne heure, il a voulu faire des vers qui ne ressembleraient à ceux de personne...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] le seul moyen pour [un] génie, dont la matière était limitée [...], de donner l’impression du nouveau, était d’en [...] raréfier l’expression.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] à force de comparer entre eux [...] les mots du dictionnaire, on finit par leur attribuer [...] une valeur esthétique absolue, à part de leur valeur d’usage.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Quand on réfléchit trop sur le mécanisme des langues, on peut arriver à concevoir l’inutilité même de ce mécanisme...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La page imprimée prend à la fois une valeur de tableau pictural et de table de valeurs. Les mots vivent, les lettres, jusqu’aux blancs...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le dieu est malade, se débat contre l’impossibilité de trouver une expression adéquate à sa pensée. C’est douloureux, et j’aime mieux l’homme.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La valeur d’une pensée est dans son expression ; c’est le sel de l’expression qui lui confère [...] la saveur.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il ne faut jamais séparer [la pensée et l'expression] : séparés, ils tombent à rien, la pensée à la banalité, l’expression au néant.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] il se trouve que le poète, qui s’emprisonnait en soi, s’épand vers la sympathie de tous les cœurs.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il y a exactement sous ces syllabes ce que vous y trouverez, mais il faut chercher vous-même.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est le sort des poèmes, devenus oraculaires, qu’on y entend ce qu’on a besoin d’y entendre.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’art est au-dessus de la décence.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Nous avons oublié. Ils se souviennent.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La Belgique aime toujours beaucoup la France, — mais de loin.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ni bonne, ni grande, ni mesquine, ni méchante, — elle vécut.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
À force de durer, [on] semble quelqu’un.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les grands souverains sont nécessairement aussi rares que les grands artistes ou les grands savants.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La médiocrité ordinaire des rois n’est pas plus un argument contre la royauté que la médiocrité des peintres contre la peinture.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le hasard de la naissance est moins cruel que les chances de l’élection.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Si nuls que soient les rois, ils valent mieux, tombés du ciel, que surgis du marécage ; mais les grenouilles ne sont jamais contentes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce qui le caractérisa, c’est la haine de la poésie et de la haute littérature.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’y a qu’un mot pour dire le grand homme, le surhomme : — Napoléon.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il faut adorer l’esprit ; — c’est une des deux ou trois manifestations supérieures de l’humanité.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les cristaux ont une sorte de vie. Un cristal blessé à la pointe cicatrise sa plaie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Tel intellectuel] est célèbre à Salamanque et inconnu à Paris. Cela explique son aigreur et son attitude réactionnaire.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Une civilisation toute neuve se développe [...], non sous l’influence de l’Espagne, mais sous l’influence de l’Europe.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La Révolution est un spectacle, mais presque sans spectateurs, car la salle veut imiter les acteurs [...]. Tout le monde s’agite, tout le monde crie ; la haine se mêle à l’enthousiasme.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Même dans les scènes les plus désordonnées, il y a toujours un témoin ou deux [...] qui, plongés dans la foule, ne font point partie de la foule : ayant été témoins, ils seront juges.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Voir, c’est voir sous une certaine lumière ; connaître, c’est connaître sous un certain sens.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’intelligence, sous peine de se faner presque aussitôt, ne peut se séparer de la sensibilité, qui est sa racine.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La force des États repose presque tout entière sur un ensemble de traditions sociales auxquelles on ne peut toucher sans provoquer la ruine de l’édifice.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les hommes ne sont ni ne seront jamais égaux, mais ils voudront le devenir et ne croiront avoir réussi qu’après avoir supprimé toutes les supériorités sociales.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Le législateur] croit perpétuellement assurer la paix et il déchaîne la guerre ; c’est qu’il légifère sur l’homme abstrait [...] et qu’une telle variété d’homme n’existe pas.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’existe que l’homme social, l’homme encastré dans la société comme un arbre dans une forêt. [Certains] s'imaginent qu'ils peuvent détruire la forêt sans toucher aux arbres.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Leur] premier soin est d’enlever [...] l’autorité ; mais ils sont incapables de la prendre eux-mêmes. Alors, la souveraineté tombe en quenouille : l’anarchie commence.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ou le [dirigeant] aura une armée ou l’armée aura un [dirigeant] ; et dans les deux hypothèses, c’est le début d’une dictature militaire.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’est si mauvais poète qui n’ait des caudataires.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Malheur à [un dirigeant] s’il n’est pas toujours vainqueur.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Une] manière de critiquer, c’est la bienveillance excessive, l’éloge outré, la douce ironie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Voyez-vous ces [gens] qui se cotisent pour entendre un bon mot !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Dans une révolution], le [mauvais poète] aurait fait décapiter [le bon critique].
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
N’est-ce pas le propre de certaines pudeurs d’être toujours singulières et toujours impudiques ?
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il y a une fatalité du caractère, [...] qui est l’explication de tout, et qui domine tous nos actes comme tous nos jugements.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[On ne découvre l'autre] que plus tard, comme une terre inconnue, en même temps qu’on se découvre soi-même.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’est pas de génie sans continuité, et même quand il ne procède que par éclairs, ils sont d’une nappe un peu plus large que de pauvres feux follets.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est avec une réflexion bien douloureuse [...] que je m’aperçois que j’ai perdu de ma sensibilité.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’année dernière, je n’aurais pas survécu à un coup aussi terrible.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[L'écrivain] s’émeut quand il écrit [...] mais s’il s’oublie, quelle sécheresse !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les pensées [de certains] ne sont que des sentiments ; elles sortent avec difficulté de leur âme.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Certaines personnes] sont d’une tendresse brusque et dissimulée : elles paraissent et disparaissent ; leurs joies et leurs chagrins sont énigmatiques.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[...] rendre un peu de repos à une imagination malade et sortie des voies de la nature.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce fut le secret de son cœur, et peut-être celui de sa démence.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Cela] a d’ailleurs un côté déplaisant comme ont en toutes les choses trop naturelles.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Si une femme ne perd vraiment sa virginité qu’avec le plaisir...
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. [...] le féminisme était une idée fort répandue au temps de Louis XIV, déjà connue sous Louis XIII, presque vulgarisée sous Louis XV.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Il faut] se défaire des préjugés.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[L'auteur] se propose de montrer, non pas que les deux sexes sont équivalents, mais qu’ils sont égaux, que la femme est capable de la même culture que l’homme, des mêmes travaux, des mêmes vertus.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Dieu] les a créés parfaits chacun à sa manière, et tout ce qui dépend de leur constitution particulière doit être considéré comme faisant partie de leur perfection.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est [...] sans raison que l'on s'imagine que les femmes ne sont pas si parfaites que les hommes, et que l'on regarde en elles comme un défaut ce qui est un apanage essentiel à leur sexe.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La beauté étant un bien aussi réel que la force et la santé, la raison ne défend pas de s’en prévaloir.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Si l'on voulait juger de son prix par les passions qu’elle excite, [...] on trouverait qu’il n’y a rien de plus estimable, n’y ayant rien de plus effectif.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les femmes sont, de même que les hommes, aptes à tous les métiers supérieurs, à tous les emplois.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ce serait chose plaisante de voir une femme enseigner dans une chaire l’éloquence ou la médecine [...] conduire une armée ; parler devant les Républiques ou les Princes comme chef d’une ambassade.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Cet usage nous surprendrait, mais ce ne serait qu’en raison de sa nouveauté.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Si, quand ces divers emplois ont été créés, on y avait appelé les femmes, nous y serions accoutumés [...] et il ne nous semblerait pas plus singulier de les voir siéger au Parlement que derrière un comptoir.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un curé du temps de Louis XIV donne à nos partis les plus avancés des leçons d’audace.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L'outrance même de la satire montre combien [...] les mœurs ont changé.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La femme, vers la moitié du dix-huitième siècle, s’est libérée [...] de l’esclavage domestique ; elle est devenue « la maîtresse de maison », celle qui commande, celle qui est responsable.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il y a des changements de mœurs qui, lorsqu’ils sont dans l’air, y restent longtemps ; d’autres y restent toujours.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On ne peut plus concevoir que le génie littéraire soit incarné dans un homme qui se livre en toute simplicité au métier dans lequel il est tombé, mais qui le fait supérieurement.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Un homme [...] qui n’envie rien parce que son imagination possède tout, pour qui la vie n’est qu’un espace de temps que les amours et la taverne remplissent mal.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Cette vie est admirable par sa simplicité. Elle est si dénuée de l’apparence même du théâtral et du charlatanisme, si doucement pliée à la nécessité et à l’ordre.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[On est] fermement convaincu [...] qu’il doit y avoir un rapport logique entre les choses et les êtres.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On ne se retire pas dans la solitude bavarde d’une petite bourgade quand on a écrit Hamlet.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
C’est notre manie de la documentation qui nous fait croire qu’il faut connaître un pays pour oser y mettre les scènes d’une action dramatique.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’était pas tisserand, il était brodeur. Il lui fallait un thème, il lui fallait une toile.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
À bien réfléchir, [l'invention] est [...] insignifiante, comme elle est illusoire. On ne trouve guère, on retrouve.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ses excursions se firent toutes à l’intérieur du cœur humain ou sur les ailes de la fantaisie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’erreur [...] de toute la critique littéraire [...] est de vouloir absolument retrouver l’homme dans l’œuvre.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On n’arrive jamais à prouver que l’homme représente l’œuvre et que l’œuvre représente l’homme.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le génie de l’homme est l’illogisme même et [...] plus grand est ce génie et moins il est d’accord avec la logique de la vie.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le génie est la révolte ; [...] il se révolte même contre lui-même, et son œuvre ne raconte sa vie que dans la mesure où il a été dominé par elle.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Pour employer le jargon philosophique, il y a les génies objectifs et les génies subjectifs.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
J’aime ceux qui montent, ceux qui deviennent, ceux qui se réalisent, plus que ceux qui éclatent.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La sensibilité est personnelle ; l’expression est empruntée.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Tous les organismes sensitifs connaissent ces états où l’on souffre et où l’on se délecte de sa souffrance ; mais on ne s’en délecte que parce que l’on en prévoit la fin.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La douleur, comme la joie, n’est qu’une manière de sentir, indépendante des causes logiques que le vulgaire attribue à nos grimaces ou à nos sourires.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Mais qu’importe la sincérité d’une attitude, si l’attitude est belle ?
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le poète [...] doit être un comédien. Et peut-être que sa comédie sera meilleure si elle n’est pas vécue trop profondément.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les grandes douleurs sont muettes ; celles des poètes sont abondantes en paroles, parfois éloquentes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[La poésie] s’enroule d’un pas hiératique et mesuré autour d’une idée ou d’un sentiment, comme une procession autour d’une basilique.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La Grèce des poètes d’aujourd’hui n’a plus rien de classique. C’est une terre de rêve où l’on va jouer avec les nymphes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Viens, la douceur de vivre éclot dans nos pensées.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Rien n’est plus difficile à un poète, c’est-à-dire à un homme d’une grande sensibilité, que l’objectivité pure.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Cet arbitraire se retrouve dans presque toutes les créations des poètes.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’y a peut-être que Shakespeare dont la personnalité paraisse entièrement absente des œuvres qu’il créa.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On a reproché [à l'artiste] une certaine froideur, qui n’est [...] qu’une certaine discrétion. Les confidences et les familiarités répugnent à son goût.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’a pas la naïveté de ces poètes qui croient découvrir la volupté ou la douleur.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[L'artiste] est [...] représentatif d’une phase du goût, d’un moment de la beauté poétique.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Si l’on rencontre quelquefois, en matière criminelle, des faits impénétrables à la sagacité humaine, le mystère dont ils restent entourés est un avertissement qu’ils doivent être réservés au jugement de Dieu.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il serait curieux de rechercher l’origine de cette opinion singulière qui [...] a faussé la littérature, l’art et les mœurs, et a créé cet être factice, la Jeune Fille.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Mais les romans les mieux construits ont des lacunes et des invraisemblances ; le génie lui-même ne pense pas à tout.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Quelle civilisation que celle où un marchand de parapluies est, dans tous les cas possibles, le juge absolu, le juge de la vie et de la mort !
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La littérature vue en perspective n’est pas tout à fait la même que vue au jour le jour. [...] Après une année, tel livre a acquis une valeur plus grande, ou moindre, que celle qu’il avait le jour de sa parution.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La lecture fermente dans le cerveau, comme la nourriture dans l’estomac ; — et les suites sont un surcroît de forces, ou une rancœur.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il n’est rien de tel, pour comprendre un mécanisme, que de conférer l’horloge normale avec l’horloge désordonnée.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les vues d’ensemble sont toujours plus ou moins romanesques ; ce sont des constructions. La réalité n’est pas construite.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
En général toute l’histoire connue, approuvée, populaire, est apocryphe. Mais il est assez probable que celle que l’on met à la place n’est guère plus certaine. Tout est possible et rien n’est vrai.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il y a des silences trop profonds qui parlent plus haut que les plus hautes paroles.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’intelligence, sous peine de se faner presque aussitôt, ne peut se séparer de la sensibilité, qui est sa racine.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’Assemblée [...] légifère sur l’homme abstrait, l’homme naturel, et [...] une telle variété d’homme n’existe pas : il n’existe que l’homme social.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
La civilisation et ses raffinements nécessaires représentent toujours la décadence pour le peuple, qui est toujours [...] incivilisé et grossier.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il faut au miracle un air ingénu que nulle habileté n’imite en perfection, il lui faut la marque vive de la bêtise populaire, qu’il représente cette sorte d’absurdité merveilleuse particulière à l’imagination des foules.
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Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Ou le Roi aura une armée ou l’armée aura un Roi ; et dans les deux hypothèses, c’est le début d’une dictature militaire.
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Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On s’est efforcé, depuis une centaine d’années, d’identifier deux états qui n’ont pourtant que peu de rapports ensemble, l’état d’amour et l’état de mariage.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Les moralistes, ne pouvant vaincre l’amour [...], l’ont mis dans le mariage, où ils étaient sûrs de le déshonorer et même de l’assassiner.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’amour est passager et le mariage est permanent. Ce sentiment et cette institution sont à peu près contradictoires.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’amour n’est délicieux que dans ses commencements, ou bien il faut avoir le génie d’aimer pour en renouveler constamment la ferveur.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’amour ne dure pas, il se renouvelle. Or, le mariage s’oppose à ce renouvellement. Donc l’amour et le mariage sont incompatibles.
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Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il faut, pour être un amant, des qualités spéciales dont la première est la sensibilité, c’est-à-dire l’aptitude à la tendresse.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Le lien amoureux sort de la forge solide à supporter tous les chocs ou fragile à céder à la moindre poussée. C’est une chance à courir [...].
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Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Qui dira [...] la beauté du désir qui s’exalte en se crucifiant ?
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
[Le Don Juan] a connu beaucoup de femmes, il n’a pas connu la femme, qui ne se donne jamais toute du premier coup.
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Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
L’être qui donne du plaisir est aussi celui qui donne du bonheur, et [le véritable amant] sait que le bonheur ne s’épuise pas comme on vide un verre de vin.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Il arrive nécessairement [...] qu’on repasse si souvent par les mêmes sentiers que les feuilles, les fleurs et les odeurs s’effacent, pâlissent, s’atténuent.
1926
Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
On n’est pas arrivé à obtenir le synchronisme de deux pendules. Comment pourrait-on l’exiger de deux cœurs ?
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Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Écrire sur l’amour, c’est surtout résumer ses expériences, ou ses espérances [...], c’est, en un mot, se raconter soi-même.
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Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
De l’avantage qu’il y aurait, pour la culture du bonheur, à donner à la femme l’initiative du choix en amour.
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Source: Promenades Littéraires (Gourmont)
Sur les trois mots qui synthétisent l’amour : désirer, posséder, regretter.
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Source: Promenades Littéraires (Gourmont)